Imágenes de páginas
PDF
EPUB

parrochiale de S. Laurens les Paris, certifie avoir leu et publié par trois dimanches consécutifs au prosne de la messe parrochiale célébrée en la ditte eglise ce présent mémoire... En témoignage de quoi j'ai délivré ce présent certificat, ce huitième jour d'aoust mille six cents vingt et huit. LUYNES. »

Enfin les frères de Saint-Lazare exerçaient encore le droit de licence, comme le montre un acte du 10 septembre 1356 dont nous détachons cet extrait :

.....à laquelle prinse et adcensement, faire comme dit est, fut accordé que iceuls mariés, leurs hoirs ou aians cause ne pourront, à nul jour ne à nul temps, bracier ou faire bracier ne vendre cervoise oudit lieu adcensé, et aussi n'y pourront vendre ne faire vendre vin, ne autre bevrage, tant comme isceulx prieur, frères et seurs, vendront ou feront vendre aucuns vins en taverne en leur hostel, se ce n'estoit par le congié et licence du prieur, freres et seurs, du dit hostel St Ladre, excepté tant que, durant la foire du Lendit et le jour de St Lorens, chascun an, yceulz preneur ou les aians cause d'eulx pourront vendre vin et faire taverne, ou dit lieu adcensé, sans le congié des dicts prieur, freres et seurs, et sans ce qu'ilz le puissent contredire ne empeschier en aulcune manière.

Tels étaient les droits, telle était la juridiction civile et ecclésiastique de Saint-Lazare.

Je vais donner maintenant une liste des prieurs aussi complète que j'ai pu la dresser. Les noms marqués d'un astérisque indiquent les prieurs que j'ai empruntés à l'abbé Lebeuf, ne les ayant pas vus figurer dans les textes originaux avec cette adjonction; ma liste est plus complète que la sienne, elle remonte surtout plus haut. Les chiffres n'indiquent que les époques extrêmes où je les ai rencontrés:

Hervé Ier, 1160, prieur.

Hymbert, 1178-1180, prieur.

Raoul, 1191, prieur entre 1180 et 1191; il est qualifié « maître », en 1181, dans une charte de Philippe-Auguste.

Daniel, 1193-1194, prieur.

Hervé II, 1203, prieur-maître.

Guy, 1216-1249, prieur-maître.

Étienne, 1263-1270, maître-proviseur.

Symon de Châteaufort, 1270-1272, maistre-proviseur.

Philippe, 1285-1297, maistre proviseur.

Germain du Breuil (de Brolio), 1308-1315, maistre et pourveeur.

Philippe de la Villette, 1318, maistre.

Pierre de Tartchasteau, 1339, maistre et pourveeur.

*Jehan Binel, 1348.

Thomas le Bois, 1364-1382, humble prieur perpetuel.
Richard Espriert, 1395, humble prieur.

*Guy Auseustre, 1414.

Anceau l'Englois, 1428-1444, prieur.

*Ancelin, 1450.

Jehan Cappel, 1452-1485, prieur administrateur et gouverneur.

G. Laurenceau, 1485-1501, prieur administrateur.

Clément Letellier, 1501-1506, prieur administrateur.

Macé Berthault, 1506-1510, prieur. *Nicolas Dupont, 1511-1515, prieur.

Jehan Coulon, 1515-1518, prieur.

Jehan Herpin, 1518-1520, prieur.

Jehan Fabry, 1520-1524, humble prieur.

Jehan Goudequin, 1525-1556, prieur.

Pierre de la Marche, 1564, prieur.

René de Hectot, 1566-1590, prieur.

Jehan Lieuvret, 1592-1611, prieur.

Adrien Lebon, 1611-1632, humble prieur.

En 1632 la maison fut vendue aux prêtres de la Mission, et là s'arrête mon travail.

Jules BOULLÉ.

LA FOIRE SAINT-GERMAIN

SOUS LES RÈGNES

DE CHARLES IX, DE HENRI III ET DE HENRI IV.

L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés avait essuyé de grandes pertes pendant les guerres du xive et du xve siècle. L'abbé Robert de l'Espinasse, par une imprudente administration, acheva de compromettre les intérêts de la communauté. Plus habile et plus heureux, son successeur, Geoffroy Soreau', sollicita et obtint du roi Louis XI, au mois de mars 1482, des lettres patentes qui conféraient aux religieux le droit de tenir, chaque année, du premier au huit octobre, dans le faubourg Saint-Germain, une foire3 franche, dont ils percevraient tous les revenus.

Cependant cet octroi suscita un conflit de priviléges, et l'abbaye rencontra de puissants obstacles. Les moines de Saint-Denis, qui s'étaient, de tout temps, montrés jaloux de sauvegarder la fortune de leurs foires, se hâtèrent de former opposition devant le

1. Les deux éditions du Gallia Christiana, dom Bouillard, Félibien, Du Breul ont, par erreur, appelé cet abbé Geoffroy Floreau. Geoffroy Soreau, successivement abbé commendataire de Saint-Crépin de Soissons (1447), évêque de Nîmes (1450), conseiller du roi (1452), évêque, comte et pair de Châlons (1453), abbé de Saint-Germain-des-Prés (1482), appartenait à la célèbre famille des Sorel. Voy. Recherches historiques sur Agnès Sorel, par Vallet de Viriville, dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 3o série, t. I, p. 297 et suiv.

2. Dom Bouillard, Histoire de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, pièce justificative CXX. Félibien, Histoire de Paris, preuves, t. I, p. 564. 3. Nous ne nous occupons ici que de la seconde foire Saint-Germain ; quant à l'ancienne, qui fut cédée au roi, par l'abbaye, en juin 1285, nous en faisons l'objet d'une monographie spéciale.

Parlement. Ils alléguaient que la foire de Saint-Germain, dont l'ouverture devait avoir lieu le 1er octobre, causerait un notable dommage à celle de Saint-Denis, qui commençait le 9 du même mois; ils réussirent, après deux ans de procédures, à faire changer l'époque de la tenue du nouveau marché, qui fut définitivement fixée au 3 février. De son côté, le chapitre de Notre-Dame de Paris revendiqua le droit de poids et mesures sur les marchandises des forains; mais il fut débouté de ses prétentions qu'il ne put clairement justifier. Enfin la Chambre des Comptes attaqua, comme préjudiciables au trésor royal, les franchises de la foire, qui se tint longtemps par provision; elle ne consentit à les entériner qu'en 15231, et avec certaines restrictions, bien que Charles VIII, en 1485, et Louis XII, en 1499, eussent confirmé les lettres de Louis XI.

Pour établir le marché qui leur était concédé, les religieux de Saint-Germain choisirent l'emplacement qu'occupaient autrefois les jardins du roi de Navarre2; ils y construisirent des halles pouvant abriter trois cent quarante loges. Peu à peu ils agrandirent cet emplacement, et l'approprièrent à sa destination, par l'achat de quelques terrains et de plusieurs passages. En 1512, comme les murs qui formaient l'enclos menaçaient ruine, l'abbé, Guillaume Briçonnet, résolut de donner à la foire une installation en accord avec l'importance qu'elle avait acquise, et, faisant abattre les premières constructions, il édifia les halles qu'on remarquait encore au siècle dernier, et que consuma un terrible incendie, dans la nuit du 16 au 17 mars 1762.

C'était un vaste corps de bâtiment en pierre, de forme rectan

1. Félibien, Histoire de Paris, preuves, t. I, p. 565.

2. L'hôtel de Navarre et ses dépendances avaient été cédés à l'abbaye, le 2 avril 1399, par Jean, duc de Berry, en échange d'une rente sur l'hôtel de Nesle (Dom Bouillard, Histoire de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prez, pièce justificative CXV). Plusieurs rôles des redevances payées au receveur de la communauté en 1404, 1405 et 1411 (Archives nationales, K 966) prouvent qu'au xv siècle, les jardins furent loués à des particuliers. Lors de l'établissement de la foire, ils étaient acensés à un sieur Benoize qui les rendit aux religieux. Quant à la maison dite l'hôtel de Navarre en la grande rue des Boucheries », elle était louée, par un bail du 12 janvier 1461 (Archives nationales, K 966), à un nommé Etienne Sandrin, tuilier. En 1489, l'abbaye racheta de ce dernier, pour faciliter l'accès de la foire, « une entrée, allée et passage dans la cour de ladite maison aboutissant au clos et jardin de Navarre (Archives nationales, L 80g). »

MÉM. III

13

gulaire, appuyé de contre-forts, comprenant environ trente-quatre toises et demie, du nord au sud, sur quarante-neuf et demie, de l'est à l'ouest. La charpente de la toiture se composait de deux grands combles à pignon, très-exhaussés et reliés entre eux par cinq petits combles transversaux. « Les gens de métier, disait Sauval, y admirent quantité de traits de leur art; aussi est-elle très-célèbre, autant pour sa grandeur que pour sa magnificence, car c'est peut-être le plus grand couvert qui soit au monde'. » Onze allées, larges de neuf pieds et tirées au cordeau, divisaient l'intérieur du marché : les cinq allées, se dirigeant du nord au sud, étaient appelées première, deuxième, troisième, quatrième et cinquième traverse; les six autres, se dirigeant de l'est à l'ouest, se nommaient la première, c'est-à-dire la plus voisine de la rue du Four, rue de Normandie; la seconde, rue de Paris; la troisième, rue de Picardie; la quatrième, rue de la Chaudronnerie; la cinquième, rue de la Mercerie, et la sixième, rue de la Lingerie. La partie de la foire qui se prolongeait jusqu'à la rue de Bucy et jusqu'au passage de la Treille, s'appelait le Préau.

Chaque loge se composait d'une boutique, surmontée d'une chambre. Au milieu des pâtés ou carrés que formait la réunion de plusieurs loges, on avait ménagé des cours et creusé des puits afin de remédier aux dangers du feu.

Ainsi établie au cœur d'un quartier fréquenté, entre les rues Guisarde, du Four, des Boucheries, des Quatre-Vents, de Tournon2 et des Aveugles, à proximité de trois portes de Paris, qui offraient de faciles dégagements pour l'entrée et pour la sortie des marchandises, la foire Saint-Germain se trouvait dans les meilleures conditions de prospérité. Elle fut bientôt le centre d'importantes transactions commerciales. Dès 1499, les drapiers s'y rencontraient en grand nombre; les draps sortaient des manufactures de Rouen, de Gournay, de Caen, de Darnetal, d'Argentan, d'Amiens, de Beauvais, d'Abbeville, d'Aumale, de Blangis, de Meaux, de Senlis et de Paris. Toutes les industries étaient représentées à la tenue de 1511, et les négociants étrangers y affluaient. Le commerce artistique se montrait déjà; il y occupa, plus tard, le

1. Antiquités de Paris, t. I, p. 665.

2. Entre la rue Garancière et la rue de Tournon s'étendait une vaste plaine, où se faisait le commerce des vins, des chevaux et du bétail à pied fourché. On l'appelait le champ crotté, le pré crotté, ou le champ de foire.

« AnteriorContinuar »