III. Philippus, Dei gratia Francorum rex, notum facimus universis tam presentibus quam futuris, quod cum dilectus et specialis amicus noster, Johannes, tituli sanctorum Marcellini et Petri presbyter cardinalis, domum de Cardineto que fuit Fratrum ordinis Heremitarum sancti Augustini, et in qua fratres ipsi morari solebant, sitam Parisius in vico Sancti Victoris, contiguam ex una parte domibus Sancti Victoris et ex alia parte domui Bonorum Puerorum, et a parte inferiori domibus Sancti Bernardi et muris civitatis cum quibusdam aliis domibus contiguis, jardinis, plateis et pertinenciis domorum ipsarum dudum acquisierit ac domos ipsas cum appendiciis et pertinenciis supradictis pro usu et inhabitacione pauperum magistrorum et scolarium Parisius studencium concesserit et deputaverit intuitu pietatis; Nos ejus laudabile in hac parte propositum commendantes, illudque benevolo prosequentes affectu, ejus in hac parte devotis precibus annuentes, acquisitionem predictam laudamus, volumus et approbamus expresse, et ex certa scientia auctoritate regia confirmamus... Actum in abbatia Sancte Marie Regalis prope Pontissaram, anno Domini millesimo trecentesimo undecimo mense junii. (Archives nationales, trésor des Chartes, reg. JJ, 46, pièce 20.) IV. Extrait d'une lettre de deux professeurs du Collège du Cardinal Lemoine à l'archevêque de Paris (1699). Monseigneur, Le cours de l'affaire dans laquelle se sont trouvés insensiblement engagez la pluspart des Professeurs du collége du Cardinal Lemoine contre Mr leur Principal, leur ayant fait connoistre que c'étoit à Votre Grandeur à qui il falloit s'adresser en qualité de supérieur dudit collége comme à l'arbitre des differents qui y arrivent, nous venons avec confiance en la bonté de nôtre cause, vous prier, Monseigneur, de vouloir bien examiner par vous même si nous avons tort ou raison. Quelque soit le succès de notre entreprise, nous nous réjouissons d'avoir pour juge un Prélat aussi éclairé et aussi zélé que Vous l'êtes, Monseigneur, pour que tout soit dans l'ordre. Avant que Vôtre Grandeur puisse juger de ce dont il s'agit, il est nécessaire qu'on lui fasse un récit également fidele et succint de ce qui a donné occasion à l'affaire qui nous fait recourir à elle. Le 13 mars il arriva audit College un désordre dont on a parlé dans tout Paris. Mr le Principal voulant punir quelques philosophes qui manquoient de respect pour lui et qui avoient rompus (sic) quelques carreaux de vitres et une serrure dans ledit collége, s'avisa de faire venir six soldats aux gardes armés, lesquels furent bientôt suivis de quelques autres. M. le Principal étant entré en Logique à la teste de cette troupe lorsque tout étoit fort calme, les soldats tirèrent l'épée, et Mr le Principal désigna ceux qu'il vouloit faire prendre. Ils se saisirent de deux; mais il n'en resta qu'un entre leurs mains. Ils menèrent ce malheureux dans l'appartement de Mr le Principal qui avoit dessein de lui faire donner le foüet; mais les soldats refusant leur ministère pour cela, il lui fit ôter son justaucorps, et lui donna lui-même, à ce qu'on dit, plusieurs coups d'une discipline faitte de cordes. Après ce traittement, les soldats le conduisirent comme un criminel, l'épée tirée, hors du collége, par la porte qui mène à celle de Saint Bernard, n'ayant pour tout habit qu'une veste. Cette scène s'étant passée en Logique, il voulut en donner une seconde en Physique; mais les physiciens qui avoient entendu le bruict qu'on venoit de faire chez leurs voisins, se barricadèrent dans leur classe, craignant qu'on en voulût aussi à quelques uns d'entre eux. Ils avoient raison de craindre; car effectivement l'orage vint fondre sur eux un moment après. Mr le Principal se présenta avec sa suite, commanda qu'on ouvrît la porte, la voulut faire enfoncer, trouvant de la résistance. Le professeur qui craignoit qu'il n'y eût du sang répandu si les soldats entroient, parce qu'il les voyoit animés et résolus à se deffendre, tint bon à la porte. On fit apporter une échelle pour entrer par une croisée au dessus de la porte, où il n'y a qu'un chassis de papier. Un soldat des plus hardis étoit prest de jetter bas le chassis pour se faire passage. Le tumulte étoit si grand que les voisins et les passants s'attroupoient aux portes. Les uns étoient montés sur les piles de bois, et les autres avoient mis la teste aux fenestres pour estre témoins de ce tragique spectacle. Il seroit infailliblement arrivé du malheur, si les professeurs des autres classes qui furent obligés de sortir, n'eussent contenu les écoliers dans le devoir, et s'ils n'eussent empesché l'exécution du projet de Mr le Principal. Ils firent retirer les soldats, et ce ne fut pas sans s'attirer beaucoup d'insultes de la part de ces gens la. A la fin, Mr le Principal se rendit à la raison qu'il n'avoit pas voulu écouter dans la première chaleur. On lui fit sentir qu'il perdoit entièrement le collége par un tel procédé; qu'il y avoit des voyes plus douces et de moindre éclat dont on se servoit dans l'Université, quand il s'agissoit de punir un ecolier. Nos remontrances produisirent l'effet que nous en espérions. Il donna ordre aux soldats de s'en aller, promit aux physiciens qu'il ne leur feroit rien, et le trouble cessa de la sorte. La frayeur et la consternation de tous les esprits, loin de diminuer, redoubla par les réflexions qu'on eut le tems de faire au danger auquel avoit exposé et les maistres et les disciples l'imprudence de leur chef: les uns et les autres en étoient également indignés. Les parents des Ecoliers furent bien plus irrités, quand ils apprirent ce qui s'étoit passé. Ceux de l'ecolier qui avoit été maltraité formèrent aussitost leur plainte chez un commissaire, et en suitte chez Mr le Recteur qui nous fit appeller le landemain (sic) pour rendre témoignage de ce que nous scavions. Nous ne trahimes ni la vérité, ni nos sentimens. On ordonna dans cette première assemblée une descente sur les lieux; elle se fit quelques jours après; nous nous y trouvâmes et on nous demanda ce que nous croyions devoir contribuer à l'établissement d'une bonne discipline; nous dîmes de vive voix ce que nous en pensions, et en conséquence de ce, nous fîmes les demandes qui sont le sujet de la contestation d'aujourd'hui. On dit de présenter requeste: nous l'avons donnée, signée de six de nos confrères. Mr le Principal s'est soumis à la juridiction du tribunal de Mr le Recteur, puisqu'il a comparu trois ou quatre fois sans demander de renvoy. Cependant lorsqu'il a préveu que le tribunal ne lui seroit pas favorable, il a eu recours à un déclinatoire fondé sur un arrest du Conseil d'Etat du Roi qu'il dit avoir, par lequel toutes les affaires concernant ledit college sont renvoyées par devant vous, Monseigneur, et ses deux autres supérieurs, savoir Mrs les doyen du Chapitre de Notre Dame de Paris et chancelier de ladite Université. Le tribunal lui a demandé coppie de l'arrest, et c'est ce qu'il n'a pas encore exécuté depuis près d'un mois. Voila, Monseigneur, en quel état est cette affaire. La quinzaine de Pasques n'a pas été un tems propice à la poursuivre. Mr le Principal s'en est servi à détacher le plus qu'il a pu de nos confrères, les uns par des motifs d'interest particulier, et les autres en les intimidant. Il y en a qui se sont retirés ou qui n'ont point voulu prendre de parti sous prétexte qu'on n'obtiendroit rien. Celui qui porta la parole pour tous devant le tribunal n'a pas signé la requeste pour cette raison. Pour nous, Monseigneur, qui sous une cause commune, nous voyons abandonnés de nos propres confrères, nous faisons plus de fond qu'eux sur votre équité, etc., etc. Signé L. BEGUIN, professeur de 5o. GUGUET, professeur de 3o. MÉM. III 6 TRATACI PUBLICS DE LA VILLE DE PARIS AU MOYEN AGE Tor le monde sait quelle emension on prise de nos jours les travaux exécutés pour l'assainissement et la transformation de Paris. Il est intéreunt, en regard de cene grande opération que Fon connait au moins dans ses résultats d'opposer ce que tentaient au moyen âge les rois de France et les chefs de la municipalite parisienne, pour fonder, entretenir et administrer une ville où il y avait tant à faire. Ce n'est pas un exposé complet des agrandissements, percements, constructions, etc.. faits dans Paris à cette époque, que nous voulons présenter. Les extensions successives de la ville ont déjà été suffisamment décrites par quelques-uns de ses historiens'. Des documents en petit nombre, dont certains inédits, sinon inconnus, au moyen desquels nous tenterons d'exposer aussi complètement que possible la direction, le genre, le mode d'exécution et la valeur des travaux pour les temps dont nous nous occupons, voilà la base de cette étude. Nous n'avons pas dú prendre le mot travaux publics dans le sens moderne et très-extensif qui lui a été donné, mais le restreindre à ce qui concerne aujourd'hui la voirie, les ports, pontset-chaussées de la ville et le service de la navigation, c'est-à-dire 1. Félibien et Lobineau, Histoire de Paris, t. I, p. 1 et seq.; Delamare, Traité de la Police, t. I, p. 70 et seq. LES TRAVAUX PUBLICS DE PARIS AU MOYEN AGE. 83 à ce qui est véritablement travail pour le public, pour tous. En principe, cela ne comprenait pas la construction ou l'entretien des églises, palais, écoles, hospices, etc., qui dépendaient alors des individualités ou des communautés : l'Eglise, l'Université, les seigneurs, agissant concurremment et en dehors de la royauté et des municipalités. L'histoire des monuments de Paris, qui a déjà donné lieu à tant de monographies ou de chapitres spéciaux dans de nombreuses publications, ne rentre donc pas dans notre cadre qu'elle élargirait outre mesure, et cependant le titre d'essai sur les travaux publics de Paris au moyen âge se justifie malgré les proportions restreintes de l'œuvre. I. LE PRÉVOT DE PARIS ET LE PRÉVOT DES MARCHANDS. PAVAGE, NETTOYAGE, SALUBRITÉ. La municipalité parisienne, depuis le temps où elle apparaît dans l'histoire, c'est-à-dire, sous les premiers rois de la race capétienne, a exercé, dans une mesure de plus en plus croissante et mieux définie, le gouvernement et la police des travaux publics de la ville de Paris. Le prévôt des marchands et les quatre échevins, assistés d'un clerc ou greffier et de conseillers, dont le nombre ne nous paraît fixé à vingt-quatre qu'à partir de l'année 1296', formaient ce que nous appelons la municipalité parisienne, et ce qui fut connu alors sous les noms de hanse, marchandise, prévôté de l'eau de Paris, prévôté des marchands. Nous ne nous arrêterons pas ici sur la justification de ces appellations diverses, que nous étudierons complètement dans un mémoire spécial aux origines de la municipalité de Paris. Il suffit de rappeler que la prévôté des marchands porta tout d'abord les dénominations qui précèdent, parce que, conjointement et préalablement à l'administration de la ville, elle avait l'exercice et presque le monopole du commerce qui se faisait par la Seine et ses affluents. 1. Sentence du Parloir aux Bourgeois du 12 juillet 1296. - Ms. des Coutumes de Paris (Archives nationales, KK 1337). |