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Ayant embrassé le protestantisme, il devint un des principaux lieutenants de l'amiral de Coligny. Il défendit en 1562, pendant 20 jours, la ville de Bourges, pour le parti des religionnaires de France, et s'empara de Valenciennes en 1570, pour celui des huguenots des Pays-Bas (3).

Le roi Charles IX, sans déclarer la guerre aux Espagnols, encourageait alors les partisans huguenots à porter leurs armes dans les Pays-Bas ; ce prince permit donc à Ivoy d'aller avec 7,000 hommes au secours de Mons assiégé par les Espagnols; mais, trahi par la fortune ou même par le roi, Ivoy fut enveloppé, sa petite troupe taillée en pièces et lui-même pris par les ennemis qui le conduisirent à la citadelle d'Anvers où, peu de temps après, ils l'étranglèrent dans son lit. (11 juillet 1572) (4).

Il ne laissa pas d'enfants.

FRANÇOIS.

Ce seigneur jouit d'abord de quelque faveur auprès des rois : Henri II le nomma capitaine du Louvre le 14 avril 1543, et lui accorda une pension de 1100 livres le 12 mars 1548; François II le fit chevalier de l'ordre de Saint-Michel dans l'abbaye de Poissy, en compagnie de Crèvecœur et d'Humières (1560) (1).

(1) Davila, Hist. des guerres civiles de France, t. 1°, liv. 3 (1562). Ivoy ayant rendu aux catholiques la ville de Bourges qu'il était chargé de défendre avec 2,000 hommes de pied et quatre compagnies de cavalerie, fut accusé d'avoir trahi son parti en écoutant les propositions que lui faisait le duc de Guise pour la reddition de la place. Mais il est difficile de croire à une pareille félonie, car, peu après, ce capitaine commandait avec le brave La Noue l'armée de l'amiral, et il ne cessa depuis de servir fidèlement sa cause.

Yvoy se fit nommer Genl's après la mort de François de Hangest, son frère.

(2) Mémoires du maréchal de Saulx-Tavannes. Telle n'est pas l'opinion de Davila. « Yvoy, dit cet auteur, t. 1°, liv. 5, ayant échoué au siège de Mons, se jeta dans la Picardie, où après avoir perdu ses gens que Villiers, gouverneur de Chaulnes, lui tailla en pièces, il perdit aussi la vie avec plusieurs capitaines.

On voit, dans l'église de Bosmont, près de Marle, une inscription du temps qui narre la défaite de Mons et la mort de Genlis. (3) Mémoires du prince de Condé, t. vi.

Il était encore gentilhomme ordinaire de la chambre du roi à 1150 livres de pension le 10 mai 1559, capitaine de 50 lances et gouverneur et bailli de Chauny en 1560 (1).

François de Hangest commandait une compagnie de cavalerie dans un combat qui eut lieu en octobre 1557, près de Chauny, entre les Espagnols qui occupaient cette ville et la garnison française de la Fère (2).

Il se trouva dans toutes les guerres de son temps en Italie et en Flandre. Ses relations avec le prince de Condé, alors chef des protestants de France, l'engagèrent ensuite dans les guerres de religion (3).

Après avoir embrassé la réforme, il devint colonel-général de l'infanterie des protestants et défendit la place de Montreuil contre les Anglais, qui l'y assiégèrent inutilement.

Genlis et son frère Ivoy étaient, selon Davila, des chefs de grande réputation dans le parti; Genlis surtout se distinguait par une bravoure extraordinaire; mais après la prise de Bourges par les catholiques, le prince de Condé ne tint plus aucun compte de ces deux seigneurs, qui avaient cependant déployé la plus grande valeur à la défense de cette ville (1562) (4).

Genlis en conçut un ressentiment si vif qu'il abandonna son parti pour un moment, et se jeta avec sa troupe dans Paris que les protestants devaient attaquer (1562) (4). Il ne tarda pas

(1) Même ouvrage; P. Anselme; dom. Labbé. Le 15 décembre 1558, François de Hangest, capitaine de 50 lances, donne quittance de 45 livres pour neuf jours de son état, et le 12 novembre 1565, de 450 livres pour le quartier d'avril précédent. Ces deux quittances sont signées de Hangest » et portent un sceau figurant une croix chargée de cinq coquilles.

(2) Commentaires de François de Rabutin, t. vn, p. 574 et suiv. (3) Colliette. t. III, liv. xIx; M. le Pasteur Rossier, Hist. des protestants de Picardie, p. 69.

Quelques-uns racontent que, dans sa jeunesse, Calvin visitait fréquemment au château de Genlis les frères de Hangest, et qu'il jeta dès lors dans leur esprit le germe des principes novateurs. D'au tres historiens prétendent que Genlis se rendit aux sollicitations du ministre de l'Epine, qui prêchait alors la réforme dans le Vermandois.

(4) Davila, Hist. des guerres civiles de France, t. I, liv. m.

néanmoins à revenir au milieu de ses coréligionnaires, et assista à la bataille de Saint-Denis, où il eut le commandement de l'aile droite de l'armée protestante, et où il commença le combat par une charge furieuse à la tête de 5 ou 6 cornettes (10 novembre 1567) (1).

La même année il prend la ville de Bray, sur laquelle il lève une contribution de 10,000 écus, enlève Chauny, Coucy, Vailly et Bruyères qu'il met à feu et à sang; puis, de concert avec Bouchavesnes, Harcourt et Crécy, il s'empare de Soissons le 27 septembre 1567, au milieu de la nuit, y détruit les autels et les images des saints, dont il brûle les reliques, et chasse les chanoines de leurs maisons (2).

L'année suivante, il lève dans la Picardie au nom du prince de Condé 12 ou 15 cornettes et 2,000 arquebusiers, qu'il réunit à Genlis et à Chauny, et avec cette troupe il va rejoindre le prince d'Orange dans le Brabant (3).

On n'est point fixé sur les circonstances ni sur le lieu de sa mort. Belleforest, écrivain d'une exactitude douteuse, rapporte qu'il mourut de la rage dans la ville de Strasbourg, en 1569, après avoir pillé l'église Saint-Hubert des Ardennes; mais suivant la Popelinière, auteur calviniste, il succomba à un accès de fièvre chaude au siège de Bersabre? (14 février 1569) (4).

En lui finit la maison de Hangest-Genlis, car il mourut sans lignée, de même que ses quatre frères.

Il laissa la réputation d'un huguenot fanatique, mais aussi d'un brave et habile capitaine. Les pillages qu'il commit au nom du protestantisme ne l'enrichirent point; bien au contraire il laissa des dettes considérables, et pour les acquitter on vendit la terre de Genlis, ainsi que tous les fiefs qui en

(1) La Popelinière, Hist. des troubles advenus en France depuis 1562, p. 68 et suivantes.

(2) Colliette, t. III, liv. xIx; Hist. des protestants de Picardie, par M. le pasteur Rossier.

(3) La Popelinière, p. 201.

(4) Brantôme dit que Genlis mourut en Allemagne où il conduisait les troupes Huguenottes.

dépendaient. Valentine des Ursins-Traisael, sa veuve, eut pour son douaire la seigneurie de Fresnoy, dont elle fit hommage au roi le 18 septembre 1577 (1).

Avant de devenir la possession de la famille Bruslart, Genlis changea plusieurs fois de maître, comme on le voit par les titres suivants :

3 mai 1577, hommage fait au roi par Magdeleine de Lannoy, pour Simon de Lorges, chevalier, à cause des terres de Genlys et d'Abbécourt (2).

10 décembre 1577, même acte présenté par Jean de Montenay, chevalier, pour Genlis, Abbécourt, Bichancourt, le Bac, Arblincourt, etc. (3).

III

Famille Bruslart (4) 1583-1772.

A partir de cette époque l'histoire des seigneurs de Genlis n'offre plus qu'un mince intérêt; aussi passerons-nous rapidement sur les détails biographiques se rattachant aux personnages qui se sont succédé dans cette seigneurie de 1583 à 1772.

I. Pierre Bruslart, seigneur de Crosne, qui acheta la terre de Genlis en 1583, avait été secrétaire des commandements de la reine Catherine de Médicis et secrétaire d'Etat du roi Charles IX. Il était fils de Noël Bruslart, seigneur de Crosne et de la Borde, procureur général au Parlement de Paris, et descendait de Jacques Bruslart, baron de Hez et d'Agnez, président en la chambre des requêtes sous Philippe-de-Valois (5).

Le 21 mars 1583 et le 8 mai suivant, il prêta au roi l'hommage requis en qualité de seigneur de Genlis (6).

(1) P. Anselme, t. vi, p. 744 et suivantes.

(2) Archives nationales, sect. adm., P.P. 2, f° 105. (3) Archives nationales, sect. adm., P.P. 1, f 120.

Cette famille portaient : « de gueules à la bande d'or, chargée d'une trainée de barillets de sable. La Chesnaye-des-Bois, t. шI,

p. 295; P. Anselme, t. vi, p. 532.

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(5) Haudiquer de Blaucourt, Nobiliaire de Picardie. Blanchard, Hist. des présidents à mortier.

(6) Archives nat., sect. adm., P.P., 1, fo 220, vo.

Il mourut le 12 avril 1608 à l'âge de 73 ans et fut inhumé dans sa chapelle en l'église Saint-Benoit, de Paris; il avait épousé Madeleine Chevalier, fille de Joseph Chevalier, vicomte d'Abbeville, et d'Agnès de Chambly.

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II. Gilles Bruslart, fils aîné du précédent, portait en 1609 les divers titres de « chevalier, gouverneur et bailli de Chauny, seigneur de Genlis, d'Abbécourt, de Bichencourt, de BacArblincourt, de Marizel, de Quierzy, de Camelin, de la Jonquière, du Sart, de Savriennois et Flavy-le-Martel en partie. »

Marié d'abord à Anne de Halluyn, fille de Charles de Halluyn, marquis de Piennes et d'Anne de Chabot, il épousa en secondes noces Claude aux-Epaules, fille de François auxEpaules, seigneur de Pissy et de Gabrielle de Laval.

Il eut de son premier mariage Florimond Bruslart, à qui il laissa la seigneurie de Genlis, et de sa seconde femme deux autres fils:

Charles Bruslart, conseiller aumônier ordinaire du roi, abbé de Joyenval, prieur de Léon en Bretagne, mort le 14 mai 1669. Et René, chevalier, baron de Pissy, lieutenant, puis capitaine aux gardes.

III. Pierre Bruslart, chevalier et conseiller d'Etat du roi, seigneur de Genlis, de Bichancourt, de Marizel, de Crosne, etc. (1634).

IV. Florimond Bruslart, chevalier, seigneur de Genlis et autres lieux, baron d'Abbécourt, seigneur de Triel, lieutenant des gens-d'armes de Gaston, duc d'Orléans, devint vers 1670 lieutenant-général des armées du roi ; c'est en sa faveur que la terre de Genlis fut érigée en marquisat (1).

Il mourut au château de Genlis le 10 janvier 1685, à l'âge de 83 ans, après avoir été marié deux fois.

Charlotte de Blécourt, fille et héritière de Louis de Blécourt, seigneur de la Tour-Brunetel et de Béthancourt-en-Vaux, et de Charlotte de Gomer, qu'il avait épousée en 1630, mourut

(1) Haudiquer de Blaucourt, Nobiliaire de Picardie.

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