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VILLEQUIER-AUMONT.

CHAPITRE PREMIER.

I

Le Village.

Connu dès le XIIe siècle sous le nom de Genlis (Genly, Janlis, Jehanly, Genliacum), ce village reçut en 1774 celui du duc de Villequier-Aumont, qui en possédait alors la seigneurie.

Des souvenirs historiques bien dignes de fixer notre attention se rattachent aux anciens seigneurs de Genlis et à l'hôpital fondé par l'un d'eux dans cette localité au commencement du xine siecle, et converti plus tard en abbaye de Prémontré.

On y remarque aujourd'hui l'église paroissiale, quelques vestiges de l'ancienne abbaye et surtout le château moderne et son vaste parc, restes du domaine seigneurial. Une magnifique pièce d'eau, des parterres, des pelouses, des bosquels embellissent le parc et en font une des propriétés les plus agréables des environs de Chauny.

Les eaux du parc, qui baignent les murailles de l'ancien château, les étangs du seigneur et ceux de l'ancien abbaye, que l'on voyait autrefois non loin de là, donnaient aux alentours de Genlis l'aspect d'un marécag; c'est pourquoi les annalistes de l'ordre de Prémontré comme cent ainsi la notice de l'abbaye « Genliacensis abbatia in oppido cognomine. marchionatus titulo, insigni aeris intemperie, ambientis paludis vaporibus male sano, in Picardiæ sito finibus... » (1).

(1) Annales de Prémontré, sous le titre : « Genliacum filius Cuissiaci, diocesis Noviom, circariae Flandriae. »

Par sa proximité de la ville de Chauny, Genlis fut souvent exposé aux ravages de la guerre.

En 1472 le village fut pillé et brûlé par les troupes de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Les Espagno.s l'occuperent au mois de septembre 1557, après la bataille de Saint-Quentin, et en juillet 1653, pendant les troubles de la Fronde.

A la suite des dévastations commises par les soldats du prince de Condé, la terre demeura inculte pendant plusieurs années et la misère devint affreuse. Des actes du temps nous apprennent que le seigneur de Genlis se montra charitable envers ses malheureux vassaux, et qu'en 1655 la dame de Genlis obtint de la reine-mère un secours de quatre pistoles pour les habitants de Guyencourt, hameau voisin.

Au siècle dernier, les marquis de Genlis cherchèrent à donner de l'extension au commerce de leur bourg; dans ce but, Charles Bruslart, l'un d'eux, y crea en 1736 un marché le lundi de chaque semaine et quatre foires par an. Des lettrespatentes accordées à cet effet furent enregistrées au Parlement au mois de juin de la même année. Cette foire était encore fréquentée en 1792.

Genlis ressortissait au bailliage de Chauny, et dépendait, pour l'administration civile, de l'élection de Noyon, généralité de Soissons.

La nouvelle division administrative qui suivit la Révolution de 1789 fit Genlis le chef-lieu d'un canton qui comprenait, en 1794, 8 communes et 3503 habitants:

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(1) Au xve siècle il y avait dans cette localité un office de tabellion. Jehan Doulers, fellion royal à la Neuville-en-Beine, reçut en 1492 un acte pa legael les habitants d'Ugny andonnaient à leur seigneur la pàture d'hôteileric. (Transaction en re M de Combes et le chapitre de Noyon, pour le fief de Vuatomprė. - 17 juillet 1770.)

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Mais cet ordre de choses ne tarda pas à être modifié, el Genlis, de même que les communes voisines, fut incorporé dans le canton de Chauny.

II

L'Eglise paroissiale.

L'église de Genlis, dédiée à Saint-Martin, est de fondation antérieure au XIIe siècle.

Les possessions de cette église, qui consistaient en un domaine et divers revenus assez considérables, furent inféodées par les évêques de Noyon aux comtes de Vermandois, sous la seule réserve du patronage de la cure.

En 1177, Odon, chanoine de Noyon, devenu par sous-inféo

(1) Antérieurement à l'an 1282, Bernard du Plessier fonda à Ugny, vers La Neuville, une maladrerie sur l'emplacement de laquelle on avait élevé une croix en 1770.

(2) Guyencourt, hameau situé près de Genlis, eut jadis une église et un presbytère avec la grange dimeresse. L'église sous le vocable de Saint-Quentin était un prieuré-cure dépendant de l'abbé de SaintEloi-Fontaine, qui désignait un des religieux de cette maison pour le desservir. Le hameau du Plessier-Godin faisait partie de cette paroisse. Le prieur de Guyencourt jouissait d'un revenu de 800 livres en 1770, et percevait la dime jusque sur une partie du territoire de Genlis. Une sentence du bailliage de Chauny, obtenue le 24 juillet 1719 par Hubert de la Vallée, alors titulaire, condamne Pierre Bruslart, marquis de Genlis, à lui payer, à raison d'une hottée sur quatorze, la dîme d'une vigne qu'il avait fait planter à Genlis depuis 4 ou 5 ans.

Le fief de Guyencourt relevait de la chatellenie de Chauny. Oudard de Guyencourt est cité dans le cartulaire de PhilippeAuguste comme vassal de cette chatellenie (vers 1200).

M Louise-Charlotte-Gabrielle de Tesagne d'Armentières, épouse de Messire François-Jean-Baptiste de Combes, chevalier, seigneur de Montharlem, dame d'Ugny-le-Gay, du Plessier-Godin et de La Neuville, était en possession de ce fief en 1770.

dation possesseur de « l'autel » de Genlis, le donna avec toutes ses dépendances, hôtes, terres. prés, eaux et dimes, au monastère de Cuissy et particulièrement aux pauvres

femmes converses de Rouez », ordre de Prémontré; sur la dime. Odon réserva pendant sa vie seulement sept muids de froment et trois muids d'avoine, que les religieuses devaient conduire à la maison de Noyon, chaque année le jour de la Purification. Philippe d'Alsace, comte de Flandre et de Vermandois, et la comtesse Elisabeth, sa femme, de qui Odon tenait cet autel en fief, octroyèrent leur approbation. L'évêque de Noyon, en autorisant la même libéralité comme seigneur suzerain, transmit à l'église de Rouez « personatum et cantuarium cum prœ· sentatione presbyterii » (1).

Depuis ce temps, deux prètres ou chanoines de l'observance de Prémontré desservirent alternativement, de semaine en semaine, l'église de Genlis et la chapellenie que le seigneur de la paroisse, Aubert de Hangest, y avait fondée en 1328.

En 1422, la prévôté de Rouez ayant été transportée à Genlis où elle succéda à la communauté des Augustines, l'abbé de Cuissy abandonna à la prévôté de Genlis, alors sous sa dépendance, l'autel » du même lieu avec le patronage et les droits y attachés. La nomination à la cure devint ainsi une des prérogatives du prévôt ou de l'abbé de Genlis, mais il n'y eut, de fait, aucun changement, car deux chanoines réguliers continuèrent de desservir la paroisse.

Comprise dans le diocèse de Noyon, cette paroisse faisait partie du doyenné de Chauny et renfermait les hameaux suivants: Hatiémont (Ha!erimont), Rouez (Poesium), ancienne possession des Prémontrés de Cuissy, le moulin de Guiencourt et les Censes de Touvent et de Follemprise.

Le revenu de la cure était de 1,400 livres en 1770.

(1) Carta Rainaldi, Noviomensis episcopi, an. 1177. Annales de Prémontré, l. le, prob. col. LXXVIIJ.

III

Le Château.

Malgré les changements et les restaurations qu'il avait subis à des époques différentes, l'ancien château de Genlis a conservé jusqu'à la révolution les caractères d'une demeure féodale.

Il s'élevait au milieu de deux grands canaux dont les eaux se renouvelaient à volonté, et comprenait deux ailes de bâtiments avec deux étages solidement construits à la moderne, en briques et pierres de taille, et flanqués de quatre grandes tours; on y arrivait par un pont-levis; deux portes, l'une en bois et l'autre en pierres donnaient accès dans l'intérieur (1).

La chapelle fondée dans ce château en 1408 par le seigneur de Genlis, Jean III de Hangest était desservie par l'un des curés de la paroisse.

En 1307, Aubert IV de Hangest fit reconstruire de fond en comble le château de Genlis que son père, Aubert III, avait restauré en 1291 (2).

IV

La Seigneurie.

Au moyen âge, le fief de Genlis était mouvant de la châtellenie de Chauny; mais en 1699 le roi Louis XIV ayant cédé au marquis de Guiscard le domaine utile de cette châtellenie, Genlis en fut distrait et ne releva depuis que de la tour du Louvre, comme fief immédiat de la couronne.

Cette seigneurie, restreinte dans l'origine au seul territoire de la paroisse, acquit de l'importance sous les sires de Han

(1) Vente du marquisat de Genlis au marquis de Villequier devant Doilot, notaire au Châtelet de Paris, du 5 octobre 1772.

(2) Une vue de l'ancien château de Genlis se trouve dans l'ouvrage de M. Peigné-Delacourt, intitulé : « Pouillé illustré du Diocèse de Noyon,»

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