AVANT-PROPOS. Esquisser à grands traits l'historique de la Gaule, celtique puis romaine; indiquer l'origine et les établissements des Bourguignons; traiter ensuite en détail du Comté de Chalon, des Comté et Pays de Charollais, dégager de ce fond de tableau, au fur et à mesure des siècles et des événements, les destinées de la petite ville de Paray-le-Monial, telle m'a semblé la marche rationnelle à suivre dans le travail que j'entreprends. Des documents existent; des chroniques nous sont parvenues; compilations indigestes souvent, défectueuses dans leur ensemble, mais précieuses en tant que renseignements. C'est un terrain vierge à explorer. Il m'a paru intéressant d'extraire de ces recueils, quelque peu oubliés de nos jours, sinon inconnus du plus grand nombre, ce qui se rapporte au sujet qui m'occupe. Toute question de décentralisation est à l'ordre du jour. Une étude pleine d'une attachante actualité est celle des annales des cités et des monastères semés sur le sol de la France par les conquérants, les rois ou de pieux fondateurs. Il est intéressant de faire abstraction, pour un instant, de notre unité nationale, de reconstituer l'autonomie primitive de provinces, de villes qui eurent naguère leur place marquée, leur rôle assigné par leur action propre, leur influence, les faits dont elles furent le théâtre. Il ne faut pas que la nuit du tombeau ensevelisse à tout jamais la mémoire des hommes dont la vie fut glorieuse ou utile à leurs semblables. C'est aux fils de ceux qui tinrent une place honorable dans l'histoire de leur pays, qu'il appartient de sauver leur souvenir de l'oubli. C'est aux vieilles familles du Charollais, de Paray notamment, dont les noms se présenteront dans cet écrit, que revient de droit la dédicace d'une notice inspirée par une pensée de justice et d'hommage envers des temps et des générations qui ne sont plus. Celtes. Romains. Eduens. - Bourguignons. CELTES. Dès l'antiquité la plus reculée, la région comprise entre l'Océan, les Pyrénées, les Alpes et le Rhin était occupée par les Celtes. Les Galls, fraction la plus importante de la race celtique, donnèrent à cette contrée le nom de Gaule. Les Celtes n'eurent point d'historiens'; la tradition seule leur survécut. Des légendes éparses recueillies par les auteurs anciens, des constructions grossières, ou mieux des ruines, ont transmis leur souvenir. Les siècles passèrent sans les arracher à leur barbare ignorance. Disséminés dans des forêts immenses, ils vécurent d'une existence à demi sauvage, soumis aux influences de leurs anciens et de leurs druides, adonnés aux sanguinaires pratiques de l'idolâtrie. Plus tard, les Cimbres et les Belges, issus de la même souche celtique, envahissent la Gaule. Les habitants primitifs sont refoulés, réduits à une portion de leur territoire. L'histoire, dès ce temps, nomme Gaulois 1 Les Celtes, et non les Phéniciens, inventèrent l'art d'écrire; néan moins, ni les Celtes ni les Gaulois ne laissèrent des monuments écrits. (ST. BELLANGER, La Touraine.) |