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cins scientifiques, on a composé des volumes; mais on n'a point avancé la science.

Au moment où je m'élève contre cette espèce de piraterie scientifique, on ne manquera pas de m'objecter que mon ouvrage, surtout la partie statistique, n'est qu'un composé de citations. Oui sans doute, j'ai cité et toujours cité; et si ce premier essai a un mérite, il ne l'empruntera que du rapprochement de ces citations mêmes car je n'ai pas eu d'autre dessein, que de faire ressortir, par-là, les calculs, tantôt trop exagérés, tantôt trop affaiblis, sur l'état de la même puissance; exemple, la Russie:

Busching porte sa popula

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Mentelle, à . 29,000,000. Enfin d'autres auteurs (*) à 30,000,000. Ainsi, le lecteur peut comparer et opposer les résultats les uns aux autres et les juger. Mais pourquoi, me dira-t-on, n'avez vous pas établi vous-même la concordance? Je me suis bien gardé de l'entreprendre, et de prétendre me donner comme autorité cette tâche immense est réservée aux savans, ou plutôt aux hommes d'état.

Il est difficile, en effet, pour ne pas dire impossible, à de simples particuliers réduits à des livres et à leurs propres moyens, de produire quelque chose de satisfaisant : nul n'y parviendra, si les gouvernemens eux-mêmes ne le secondent. Mais on conçoit que les gouvernemens, les gouvernemens faibles, sur-tout, peuvent avoir des motifs pour se refuser à la communication de ces connaissances. Qu'on juge de la difficulté, lors même qu'ils travaillent pour leur propre compte, d'obtenir des résultats satisfaisans,

(*) Le Tableau général de la Russie moderne, ouvrage intéressant qui vient de paraître, la porte à trente-six millions. (Tome 1, page 154).

par ce que nous voyons se pratiquer France, où l'on rencontre si peu d'hommes, notamment dans les campagnes, pourvus de l'intelligence nécessaire pour commencer le travail fondamental, en donnant des notions justes sur le pays qn'ils habitent; notions sans lesquelles il est pourtant impossible d'arriver à un état certain de la masse générale.

La France entre aujourd'hui dans la carrière; je ne serais pas étonné de la voir bientôt surpasser ses devancières; aucun intérêt ne doit lui faire désormais un besoin de cacher sa véritable position; elle est forte, et le gouvernement peut, sans risque

de

compromettre sa force, éclairer en cette partie les recherches des savans.

Lucien Bonaparte, lorsqu'il était ministre de l'intérieur, sut donner aux esprits une impulsion utile vers ce but, en exigeant de tous les préfets qu'ils connûssent leurs départemens. Il est tems, disait-il, de substituer des connaissances positives à des théories. Plusieurs ont déjà répondu à cet appel, et le gouvernement, en don

nant une grande publicité à leurs travaux, les a mis à même de recevoir de leurs concitoyens le tribut de reconnaissance qu'ils ont su par-là mériter.

Le ministre actuel (Chaptal), suit le même plan avec une constance, bien louable, et ses efforts auront sans contredit le succès qu'il a droit d'en attendre. « Je vois avec plaisir que vous avez intention de publier des Annales Statistiques; (écrivait dernièrement le ministre aux rédacteurs): les écrits de ce genre, en mettant sous les yeux de tous, les faits les plus simples et les plus communs, éclairent chaque individu sur ses propres intérêts; ils fortifient le patriotisme; ils inspirent un noble orgueil, en exposant toutes les richesses de la France, ses moyens et ses ressources...... Je suis persuadé que votre travail sera utile, et je le seconderai avec intérêt; vous pouvez y compter ».

Lorsque les tableaux statistiques auront été recueillis, on aura fait beaucoup sans doute; mais ce ne sera pas tout encore, si l'on ne travaille continuellement à les per

fectionner, en les contrôlant de tems à

autre.

Je comparerais volontiers la statistique à l'astronomie. L'astronomie se compose de faits; elle est devenue une science, lorsque par la série d'observations faites pendant une suite d'années et même de siècles, on a pu poser, comme vérité mathématique, des faits constamment répétés et physiquement démontrés. Ainsi la marche est tracée pour la statistique. Que tous les cinq ans, par exemple, ou après tel période qu'on jugera à propos de fixer, une société de savans détermine le point où l'on est ; ces premiers pas faits seront autant de jalons plantés sur la route: alors, non-seulement on ne rétrogradera plus, mais même on ne restera pas stationnaire; car les hommes qui succéderont, certains de l'avenir et du présent, avanceront, en consignant dans les annales de la statistique les observations de leur tems. Alors on n'accréditera plus, avec l'auteur de l'Annuaire de la République française, des erreurs capitales, sur la foi d'auteurs qui ont souvent manqué

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