Imágenes de páginas
PDF
EPUB

historiens nationaux peuvent utiliser et de donner un aperçu des bases de notre travail. Des notes complèteront les indications des sources où nous avons puisé et permettront aux critiques d'y avoir recours.

Malgré toutes nos recherches, il reste encore beaucoup à découvrir. Cibrario et Jacquemoud n'avaient indiqué, en 1843, que trente-un abbés antérieurs à la réunion du monastère à la Sainte-Chapelle de Chambéry; les publications récentes et nos explorations d'archives nous ont permis de porter ce nombre à quarante, et quelques-uns sont peutêtre encore inconnus. L'abbaye royale d'Hautecombe fut trop célèbre dans les premiers siècles de la monarchie, pour que des découvertes nouvelles de titres épars ne viennent pas établir de plus en plus son importance due, à notre avis, moins au nombre de ses religieux, qui ne fut point aussi grand qu'on le croit généralement, qu'à la célébrité de plusieurs de ses abbés et aux libéralités des principales familles anciennes de la province, dont plusieurs y avaient un tombeau. Ainsi, pendant que pos comtes erraient de ville en ville, pendant que les barons et seigneurs féodaux chevauchaient sans cesse pour éviter l'ennui et l'isolement des châteaux, la nécropole d'Hautecombe était un centre permanent des plus respectables et des plus attachants souvenirs.

HISTOIRE

DE

L'ABBAYE D'HAUTECOMBE

Ire PARTIE

L'ancien Monastère.

Miremur periisse homines! Monumenta fatiscunt,
Mors etiam saxis, nominibusque venit.

( AUSONE.)

CHAPITRE Jer

Excursion de Chambéry à Hautecombe et à Cessens.

- Emplacement

de l'ancien monastère. Ses moines venaient-ils de l'abbaye

d'Aulps?

Leur genre de vie.

- Durée de ce premier établisse

ment.

Le voyageur, qui de l'ancienne capitale de la Savoie se dirige sur Lyon, peut choisir aujourd'hui entre divers genres de locomotion. S'il est désireux de pittoresques paysages, il laissera la foule se presser dans les wagons du chemin de fer et rejoindra les rives du plus grand des laes savoisiens, au Bourget, tout près des ruines du château d'Amédée V. Là, quittant la voie de terre, il montera sur le pont du bateau à vapeur, qui lui fera parcourir dans toute leur étendue le lac et le canal de Savières; puis, se confiant au cours impétueux du Rhône, il pourra, au sortir de nombreux méandres, saluer avant la fin du jour la statue de Fourvières.

Peu d'instants après la levée de l'ancre, la silhouette d'une vaste construction, se détachant des flancs du Montdu-Chat, se sera montrée à ses regards dans la direction du nord-ouest. Arrivé au milieu de cette nappe liquide, en face du coteau de Saint-Innocent, étalant sur la rive orientale ses riches vignobles émaillés de villas et d'antiques Souvenirs, le voyageur aura pu embrasser d'un coup d'œil

toute la rive opposée, et il aura remarqué qu'elle ne forme qu'une immense falaise, interrompue vers le nord par un ressaut peu élevé au-dessus des eaux et couvert de cultures. Sa base, découpée en mille criques capricieuses, présente des promontoires de toutes formes, et sur l'un des plus saillants s'élève un majestueux édifice accosté d'une haute tour; c'est la royale abbaye d'Hautecombe.

Hautecombe! Quelle dénomination parut jamais plus inexacte à celui qui a observé la topographie des lieux, comme nous venons de le faire! Mais si, guidés par le sens de cette vieille locution', nous consultons les traditions locales et si nous les confrontons avec les anciens documents, nous apprendrons que les rives du lac du Bourget n'ont vu s'écouler que la seconde période de l'existence du monastère, dont les débuts eurent lieu sur le revers de la montagne qui nous montre à l'est ses flancs abrupts et déchirés.

Un ancien récit, conservé aux archives de Turin, conforme aux données d'Alphonse Delbene sur les origines d'Hautecombe, en expose ainsi la fondation : « L'an 4401, quelques hommes, animés de l'esprit de Dieu, désirant embrasser la vie érémitique, arrivèrent à un lieu, alors plein d'horreur et de solitude, appelé Hautecombe. Là, ils bâtirent un oratoire et menèrent une vie sainte et solitaire jusqu'à la fin de l'année 4423 du Seigneur, où, suivant les conseils de saint Bernard, qui alors passait dans cette direction, et à cause d'une lumière qui, pendant la la nuit, se rendait de l'ancien monastère au lieu nommé Charaïa, situé de l'autre côté du lac du Bourget, ils se

1 Haute vallée. Le mot combe, admis dans l'ancien français, est encore en usage dans le patois du pays.

« AnteriorContinuar »