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» haï molt chiaus de Flandres et lor abatoit lor maisons » et lor castiaus à terre, et lor toloit lor possessions, et les > chaça hors d'Engleterre; et Guillaume de Lo meismes > cacha-il hors de sa terre, dont s'en vint li hardis princes » Guillaumes de Lo et repère en Flandres entour vii ans, » et molt douna de son avoir as églyses et as povres, ensi » que nous-meismes le véismes, et moru à son castiel à Lo » et fu ensevelis honnerablement en l'églyse Saint Piere l'apostle, le viiiisme jour devant février. Explicit des contes de Flandres. »

» Nous avons donc reconnu une version nouvelle de la chronique intitulée Li générations, li parole et li lignie de le lignie des contes de Flandres, et il devient inutile désormais de nous en occuper, d'autant plus que, malgré tout le mérite du manuscrit de Paris, celui de Bruxelles paraît être d'une plus haute antiquité. J'ajouterai cependant que la Bibliothèque de La Haye possède une copie fort soignée de cette chronique, faite par Gérard lui-même, d'après le manuscrit de la Bibliothèque de Bruxelles. Mais elle n'a plus aucun intérêt pour nous.

> Le second manuscrit signalé par M. Ed. Le Glay, porte à la Bibliothèque nationale le n° 8380. C'est encore une de nos vieilles connaissances. Le vénérable M. Van Praet nous en a donné l'analyse dans sa notice sur Louis de Bruges et ses manuscrits. Il en résulte « que ce n'est pas autre chose que la chronique de Flandre imprimée par Denys Sauvage en 1562, et dont il jugea à propos de rajeunir le langage, supprimant même quelques détails intéressants, tels que la description des obsèques de Louis de Mâle, et la relation de la mort de François Ackerman en 1587, ainsi que d'un de ses domestiques. >>

» Cette opinion de M. Van Praet a fait loi par sa vraisem

nce. Pourtant il n'est pas prouvé que le manuscrit de ris soit justement celui qui a servi à Denys Sauvage. Les ranchements dont on accuse cet éditeur ne seraient pas tifiables; car ni le sujet, ni la longueur des détails ne urraient être allégués comme excuse. Ce qui est plus obable, c'est que Denys Sauvage s'est servi d'un autre anuscrit de cette chronique. On sait même que son mascrit appartenait à la maison de Poupet. Il est vrai que père Lelong assure que l'original de la chronique puée par Denys Sauvage se trouvait à la Bibliothèque du i; et sans doute, c'est pour ce motif qu'on prétend qu'il servi à cet éditeur. Mais il existe bien d'autres manuscrits cette chronique, et je ne sais pourquoi il faudrait absoment que Sauvage n'eût connu que le n° 8580 de la BiHothèque nationale.

› Le commencement de la chronique de Flandre, dite de enys Sauvage, est comme suit : « On trouve en lisant les histoires qu'au temps de Charlemaigne, le très-fort roy de France, fut une terre brehaigne, peu valant et pleine de paluz, en laquelle terre demoura un très-noble baron qui fut nommé Liédric. Ce Liédric, ayant pourpris grande partie d'icelle terre, un jour assembla la pluspart de son lignage, et avec eux s'en ala devers ledit roy de France. » Elle s'arrête p. 250, à la mort du roi Louis d'Anjou : « Et e fut en l'an 1583, le xiiiie jour de septembre. »

› Cette première partie qu'il faut considérer comme le exte primitif, M. Van Praet l'a donc retrouvée dans le mauscrit 8580 de Paris; mais je la retrouve, moi, dans plusieurs manuscrits de Bruxelles, qui paraissent plus anciens que le manuscrit français, d'abord à cause du langage, et uis à cause de l'époque où ils s'arrêtent. Voici d'abord le n° 14910 de Bruxelles :

« On troeve lisant ke el tamps Charlemaine le très-fort > roy de France, fu une terre brehaigne pau vaillant et > plaine de palus, en laquelle terre demoura un très-nobles > barons et fu nommez Liedrix. Cilz avoit pourquis grant > partie de celle terre, etc. »

> Evidemment ce texte-là est plus ancien que celui de Sauvage, et nous croyons qu'il est bien du XIVe siècle. Quant au manuscrit 8580, on sait qu'il faisait partie de la librairie de Louis de Bruges; c'est un beau XVe siècle, dont le style a été retouché aussi à cette époque. Le chapitre viTMxii du manuscrit 14910 termine la chronique. En voici les dernières lignes « En l'an de grâce 1342, environ la Tous› sains, assambla ly rois de France ses os et entra en la > terre de Bretaigne à l'encontre du roy d'Engleterre; mais > li cardinaulz qui ceste chose apperçurent ne finèrent de > chevauchier par grans journées contre leur coustume. Si > vindrent en Bretaigne. Mais onques ly roys d'Engle>> terre ne voult souffrir que en son ost entrassent. »

» Peut-être, M. Van Praet aurait-il été moins sévère à l'égard de Denys Sauvage, s'il avait comparé son texte avec celui du manuscrit 10196 (Bibl. Nation.), qui s'arrête justement à l'an 1383, comme le texte imprimé (1).

» Le n° 10291 (Bibl. de Bruxelles) est une copie incomplète du même ouvrage, commençant au milieu du chapitre V: Riqueus qui sentoit sa venue, et finissant aussi en 1342. Il ne faut pas s'arrêter le moins du monde à une note qui termine le manuscrit, et qui semble annoncer quel en est l'auteur; la voici : « En l'an mil CCCCLXXIX, le pénultième jour de jenvier, moy Jennyn Wafelaert, fils

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(1) Bulletins de la Commission d'histoire, t. VI, p. 161.

Guillaume Wafelaert, à ceste heure demourant en la ville. de Lille en la maison Jehan d'Astiches, lieutenant de gouverneur de ladite ville, escrisis ceste livre, nommés les Chronikes de Flandres abbroghiés. » Voilà un escrisis qui n'en dit pas plus que celui de Jean le Tartier, et qui comme le sien ne tire pas à conséquence. Cette note nous suggère néanmoins une autre observation : si l'on appelait cet ouvrage les Chronikes de Flandres abbroghiés, il existait donc une autre chronique plus détaillée dont celle-ci n'était que l'abrégé; où est-elle ?

» Un autre manuscrit de Bruxelles (n° 10252) nous présente aussi le même ouvrage avec un changement d'orthographe. Celui-là s'arrête à l'année 1556: « Celle bataille (de Poitiers) fu l'an mil CCC LVI, ou mois de septembre, » chapitre qui répond à la page 195 de l'édition de Denys Sauvage.

» Sans doute, il existe dans d'autres bibliothèques plus d'une autre version de cette chronique de Flandre, et il ne serait pas difficile de les retrouver, quoi qu'en disent les bibliographes; mais je pense qu'elle doit pour le moment céder le pas à celle dont je vous ai parlé en premier lieu, et qui est un ouvrage éminemment national.

» Un grand in-f° du xe ou du XIVe siècle intitulé: Chronique générale depuis César jusqu'à l'année 1151, mérite que je le mentionne particulièrement, à propos de l'histoire de Flandre. Il figure à la Bibliothèque royale sous le n° 9005. Laissons d'abord de côté toute la première partie, et passons au folio 145 recto.

» Le chroniqueur, après avoir rapporté l'enlèvement de la reine Judith par Bauduin Côte-Ferrée, ajoute ceci : « Pour >> chou que je vous ai parlé dou conte Bauduin de Flandres > et parlerai encore de ses successeurs, vous dirai-je dont

» il vinrent. Au tans que Charles, li grans rois, ot régné » en France xxv ans, entreprist Liedris li sire de Harle»bieke la tierre de Flandres à gouvrener. Ele estoit basse » et plaine de palus, il i abitoit poi de gent. Ce fut l'an > del incarnation Nostre-Signeur DCCXCII, el tans pape » Adriien. Il fu hardis et entreprendans, et quant il ot > conquise cele sauvage terre, il se fist apieler quens. » Quant il moru, ses fils Odacres tint la terre après lui. » Cil Odacres engendra Bauduin coste fiérée, de cui nous > avons touchié desus, qui espousa Judith, fille Charlon » le chauf. Cil Bauduins ot de Judith un fil qui ot non » Bauduins li Chaus. »

>> Si l'on compare ce récit à la manière dont commencent les autres chroniques, on y trouvera sans doute une différence dans la forme et dans l'expression, quoique le fond soit le même, et l'on pourra se demander si ce ne sont pas là les chroniques complètes, dont le texte de Denys Sauvage n'est que l'abrégé. Nous verrons au reste plus loin à quelles autres conjectures elles donnent lieu. J'ai donc pensé qu'il pourrait vous intéresser de trouver ici quelques extraits de cet ouvrage en ce qui concerne la Flandre. La comparaison ne sera certes pas au désavantage de l'auteur.

» Fo 146 vo Si vous dirons de Bauduin le Cauf, conte de Flandres. Quant Bauduins li quens Coste-Ferée fu mors, il rechut la conté. Il ot grant descort contre le roi Oedon, de France, et contre Charlon le Simple après, et tout pour l'ochoison dou castiel de Saint-Vast d'Arras. De quoi il avint que Wanemers de Lillers, sénescaus de Flandres, ocist Foukon, l'archevesque de Rains, pour chou que li quens li metoit sus que il l'avoit grevé enviers le roi. De quoi Wanemers fu escumenizés grant pièce. Après moru li quens Bauduins li Caus l'an del incarnation

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