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» Théodore, Nathan, fils de Zacharie, Samuel surtout, » le plus important de tous, Selamias et Mardochée.

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Plusieurs parmi eux sont fort riches et généreux » envers les pauvres; ils secourent tous ceux qui vien

» nent à eux 1. »

Ces indications d'un témoin oculaire sont précieuses; et rien n'établit mieux qu'elles l'ancienneté de notre existence commerciale. Aussi, dès le XIIe siècle, éprouvait-on le besoin d'instituer à Montpellier des consuls de mer. C'est au XIIe siècle également que furent conclus nos premiers traités de commerce. Les conventions relatives au commerce abondent dans nos archives; seigneurs et évêques leur font large part. Un accord de 1140, entre l'évêque de Maguelone Raymond Ier et le seigneur de Montpellier Guillem VI, consacre le droit d'aborder librement et de séjourner, à volonté, dans leurs ports respectifs 2. Quelques années antérieurement, le comte de Melgueil Bernard IV avait renoncé au droit de naufrage, c'est-à-dire à la bar

1 Benjam. Tutel. Itinerar., Antuerp. 1575 et Lips. 1764. Cf. Hist. gen. de Lang., II, 516, et Hist. de la Comm. de Montp., Introd.

2 « De portu ita dictum est, quod naute iiberam habeant facultatem apellendi Tavanum, vel ad portum de Latis, si voluerint; et, si in portu de Latis, propter loci securitatem, remanere voluerint, nullo modo prohibeantur. » Transaction de septembre 1440, Arch. impér. de Paris, Trésor des chartes, J, 340, et Arch. mun. de Montp., Mém. des Nobles, fol. 20 ro. Cf. Hist. gén. de Lang., II, 429, et Pr. 491, où Taranum est dénaturé en Tavarum.

bare coutume pratiquée par la plupart des seigneurs féodaux, de s'approprier les dépouilles des naufragés que la tempête poussait sur leurs domaines; et cette renonciation fut renouvelée en 1149, moyennant finance, par sa fille la comtesse Béatrix, agissant de concert avec son second époux Bernard Pelet.

Un des obstacles qui entravaient le plus le développement du commerce, c'était la c'était la perception multipliée des péages sur les routes. Chaque seigneur avait son bureau, et y trouvait une source lucrative de revenus 2. Il fallait acquitter pour les marchandises un impôt fixé d'avance, et l'acquitter souvent plus

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1 Arch. mun. de Montp., Mém. des Nobles, fol. 36 ro et vo; et Arch. départ. de l'Hérault, Cartul. de Mag., Reg. A, fol. 168 vo. Cf. Hist. gén. de Lang., II, 410, 465, et Pr. 524 sq. Le concile de Rome de 1078 avait frappé d'anathème quiconque spoliait les naufragés. Voy. Sacros. concil. Labb. X, 370. Cet usage inhumain subsista toutefois long-temps encore. Voy. Pardessus, Lois maritimes, II, cxv sq., ct Hist. gén. de Lang., V, 205, où se lit la curieuse scène de pillage qu'offrirent en 1561 les gens de l'évêque d'Agde à l'égard d'une ambassade envoyée d'Orient à notre roi Charles IX. La ville de Narbonne avait supprimé une des premières cette coutume barbare. Voy. Port, Essai sur l'histoire du commerce maritime de Narbonne, pag. 42.

2 Même les seigneurs ecclésiastiques. Le Registre B du Cartulaire de Maguelone, conservé dans nos Archives départementales, donne le tarif des péages dus à l'évêque de ce diocèse, en qualité de comte de Melgueil et de Montferrand. Le Registre C, fol. 195 ro, contient un autre tarif pour le passage des étangs, en faveur de l'évêque et du prévôt de Maguelone. Il a été publié par M. Pagezy, page 79 de son Canal maritime du Lez.

d'une fois, eu égard à l'excessif morcellement du territoire. Les voyageurs payaient même çà et là pour leur personne. Les seigneurs affermaient ordinairement le produit de ce double impôt. Ils y trouvaient leur compte, et le commerce aussi : car ils s'assuraient de la sorte une rente annuelle ou beaucoup d'argent d'un seul coup; et comme ils réglaient par contrat la somme à percevoir sur hommes et marchandises, chacun savait à quoi s'en tenir. On voit, par exemple, le 28 janvier 1176, le vicomte Roger II, fils de Raymond-Trencavel ler, engager à Elzéar de Castries, moyennant cinq mille sous melgoriens, le péage de la route de Béziers à Montpellier, avec stipulation expresse de treize deniers à percevoir, soit par paquet, soit par balle de marchandise, soit aussi par cavalier, le piéton ne devant payer que trois deniers et une pougeoise, et avec tarif de trois deniers par charge de fer. Elzéar était assujetti, en revanche, à garder et entretenir à ses frais la route de Béziers à Montpellier, en pourvoyant à ce que les voyageurs pussent la parcourir d'un bout à l'autre en sûreté. Les héritiers devaient prendre le même soin, mais se borner à exiger la moitié du tarif, si à la mort d'Elzéar Roger Il ne s'était pas racheté de son engagement'. Bérenger de Puisserguier tenait à ferme, en vertu d'une inféodation analogue, la leude des chemins

Acte du 28 janvier 1475 (4476), Cartulaire des Trencavels, fol. 167 ro. Cf. Hist. gen. de Lang., III, Pr. 437. Voy. Pièces justificatives, III.

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de Béziers à Narbonne et de Saint-Thibéry à Marseillan .

Nos seigneurs, néanmoins, finirent par comprendre jusqu'à quel point ces entraves paralysaient l'essor du commerce; et l'intérêt qu'ils avaient à l'encourager leur suggéra la pensée de notables réductions. Le comte de Toulouse Raymond V, traitant, à titre de comte de Melgueil, avec le seigneur de Montpellier Guillem VIII, promet de renoncer aux nouveaux péages et de se borner à maintenir les anciens 2. Guillem VIII se lie, de son côté, par une promesse du même genre 3. C'était justice; il régnait tant d'abus

1 Actes du 17 octobre 1479 et de juin 1184, Cartul. des Trenc., fol. 168 et 169 ro. - P. J. III.

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Ego vel alius comes Melgorii, per nos vel per alium, non accipiemus in caminis de Sostanzones et episcopatus Magalone ullum guidaticum nec pedaticum, excepto pedatico veteri, quod est de IIII or denariis in Carnone, et excepto pedatico veteri de camino Montisferrandi usque ad Aganticum, et de Agantico usque ad Montempessulanum. » Acte de mars 1189 (1190), Arch. mun. de Montp., Mém. des Nobles, fol. 37 ro. Cf. ibid., fol. 27 ro, et Hist. gén. de Lang., III, Pr. 466. Le comte Raymond II de Melgueil, dans un accord avec Guillem V de Montpellier, avait déjà, vers 1103, renoncé à certains droits de leude, qu'il avait établis « de ipsos averos que passara per caminis ni per las vias que veniunt ad Montepistellario», et s'était engagé à ne les prendre a ni de jouis ni de christians. » Mém. des Nobles, fol. 27 ro. Cf. Hist. gen. de Lang., II, Pr. 363.

3 « Juro tibi (Raymundo) quod de cetero in antea usaticum, pedaticum, guidaticum non capiam nec capere faciam vel permittam in toto Sustancionensi, exceptis usaticis antiquis, sicut in

sous ce rapport! Aussi papes et évêques s'efforcèrentils de les réprimer. Alexandre III tenta en 1165 une démarche de cette nature auprès du comte de Melgueil Bernard Pelet 2, et Innocent IV en 1249 embrassa dans le même sens la cause des marchands de Montpellier vis-à-vis des nobles de la province de Narbonne 3. Le concile de Latran de 1179 et les conciles de Montpellier de 1195 et de 1214 en firent autant, en statuant sur la police des péages, et en remettant en vigueur, avec

cartis continetur de pedaticis compositis; et juro tibi quod, si aliquis homo vel femina aliquid ibi caperet preter usatica vetera, ero tibi domino comiti inde fidelis adjutor et amicus, donec ille desistat, et guerra que inde orta esset componeretur. » Acte du 29 mai 1190, Mémorial des Nobles, fol. 38 ro (rapporté à l'année 1194 par les Bénédictins, Hist. gén. de Languedoc, III, 93, et Spicileg., III, 556, de concert avec De Grefeuille, Hist. de Montp., 1, 48).

1 Ils ne demeuraient pas toujours impunis; témoin ce texte de la chronique du Petit Thalamus, sous la date de 1217 : « En aquel an, prezeron li homes de Montpellier Madieyras, que son en Larzac, e deroqueron lo castel, e cremeron los vals; car lo senhor del castel raubava los camins. »

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2 Bulle du 17 janvier 1165, Mém. des Nobles, fol. 13 vo. Cf. Gariel, Ser. præsul. Magal., I, 213, et Hist. gén. de Lang., II, Nous avons déjà parlé de cette démarche dans notre Étude sur les comtes de Maguelone, de Substantion et de Melgueil, de même que dans notre Histoire de la Commune de Montpellier nous avons enregistré la protection accordée en 1162 par cet éminent pontife aux hommes et aux marchands de cette ville.

3 Bulle du 16 août 1249, Arch. mun. de Montp., Grand Chartrier, Arm. E, Cass. V. — P. J., XVII.

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