Imágenes de páginas
PDF
EPUB

V

généreuses dispositions de quelque riche ami de la science le soin de faire continuer après nous l'édifice, par l'établissement d'un prix analogue à celui dont la périodicité assure la publication successive des annales du commerce marseillais'. Le plus difficile en pareille œuvre est de commencer.

Une seconde partie ainsi conçue nous permettrait de joindre dans une même étude l'histoire du commerce de Cette à l'histoire du commerce de Montpellier, et d'assigner leur place à une foule de questions qu'il nous a paru inopportun d'effleurer dans ces deux premiers volumes, où elles eussent constitué une sorte d'anachronisme. Les théories qui intéressent le plus le monde commercial et industriel d'aujourd'hui n'entrent, pour la plupart, dans le domaine de la science qu'avec l'administration de Colbert, c'est-à-dire précisément à la date qui sert de clôture à ce premier travail. Nous avons cru devoir les réserver, soit pour ne pas avoir à nous répéter, soit afin de mieux en embrasser l'ensemble. Les origines dont nous offrons ici le tableau n'en comportaient pas la mise en scène; et on eût

Le baron Félix de Beaujour a, personne ne l'ignore, fondé un prix de 5,000 fr., à décerner tous les cinq ans à l'auteur du meilleur ouvrage sur le commerce de Marseille. Le prix a été obtenu, en 1833 par M. J. Julliany, en 1846 par M. S. Berteaut, et en 1857 par MM. C. Bousquet et T. Sapet. Ce sont déjà trois monuments élevés à la gloire de Marseille.

été en droit de nous objecter comme un manque de méthode leur introduction prématurée.

A chaque période son caractère et ses habitudes. Faire un crime au moyen âge de n'avoir pas connu les principes modernes est une méprise trop fréquente. Qui obligera-t-on à l'éviter, si les hommes dont la mission est d'enseigner l'histoire commettent eux-mêmes la faute d'y tomber?

Tout nous commandait donc de nous abstenir de mêler ici l'époque moderne au moyen âge. L'époque et les principes modernes pourront avoir leur tour dans une continuation. Les deux volumes actuels devaient restreindre leur rôle à éclaircir les origines.

Ils forment, par suite, à eux seuls, un ensemble distinct, un livre complet en son genre. Ils serviront de couronnement à notre Histoire de la Commune de Montpellier. Aussi avons-nous cru devoir nous contenter de renvoyer à cette Histoire pour maintes circonstances réduites ici à l'état de simples allusions. Nous y renvoyons surtout pour les textes originaux, résolu à ne transcrire parmi nos Pièces justificatives que des documents neufs 1. C'est à la fois

Deux seuls documents, parmi les deux cent cinquante-un que nous donnons en entier, avaient déjà été produits avant nous. Nous avons cru devoir les rééditer, pour en offrir une leçon plus complète ou plus exacte.

le moyen de simplifier notre publication, et de laisser voir d'un coup-d'œil le surcroît que nous ajoutons au trésor de la science. Les érudits sont devenus avares de leur temps; il convient de leur épargner la fatigue du double emploi.

Nous nous sommes particulièrement attaché à produire celles des pièces inédites qui à l'avantage de renseigner touchant l'histoire particulière réunissent celui d'intéresser l'histoire générale. Telles sont, par exemple, les lettres de nos rois. Nous en rapportons un certain nombre, omises dans le Recueil des Ordonnances, et dont nous avons retrouvé les parchemins dans les diverses Archives. Est-il nécessaire de dire que nous avons toujours adopté l'orthographe des manuscrits? Nous nous sommes borné à les rectifier l'un par l'autre, quand nous avons pu nous procurer plusieurs expéditions d'une même pièce.

Peut-être nous reprochera-t-on d'avoir prodigué les textes. Mais ce reproche ne saurait venir d'esprits vraiment versés dans l'érudition. C'est surtout aux documents originaux que les Mémoires de Capmany sur le commerce et la marine de Barcelone doivent d'être aujourd'hui recherchés et il en est de même de la plupart des ouvrages soit des Bénédictins, soit de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. On ne refera pas de long-temps,

il y a apparence, l'Histoire du commerce de Montpellier. Nos textes offriraient, dans tous les cas, de précieux matériaux à un ouvrier plus habile, qu'un incendie ou un malheur quelconque risquait hier encore d'en priver à toujours.

A une époque de positivisme comme celle où nous vivons, et au début de la nouvelle ère commerciale dont l'Europe salue avec joie l'avènement, la publication des documents commerciaux des siècles antérieurs est de nature à rendre quelques services. La connaissance approfondie du passé renferme en elle le meilleur moyen d'apprécier le bienfait du régime qui s'inaugure sous nos yeux.

Le département de l'Hérault se devait, du reste, à luimême d'achever son œuvre. N'a-t-il pas réclamé un des premiers, par l'organe de ses principaux mandataires, en faveur de la liberté commerciale? On sera moins étonné de son rôle de féconde initiative dans cette voie d'avenir, quand on lira ici rassemblés les titres nombreux que lui avaient légués les âges précédents à une mission dont le succès constituera auprès de la postérité un de ses plus légitimes motifs d'orgueil.

1 Voy., parmi les procès-verbaux du Conseil-général de l'Hérault, les vœux émis dans les sessions antérieures à 1860, et les remarquables discours de son président, M. Michel Chevalier.

Nous nous dispensons, en vertu d'un sentiment d'économie méthodique dont les lecteurs exercés nous tiendront compte, de redire ici ce que tout le monde sait concernant l'histoire générale du commerce. Elle a été suffisamment traitée; et les hommes sérieux nous auraient reproché de nous arrêter à des choses aujourd'hui presque élémentaires.

Il nous eût fallu, si nous nous étions lancé dans ces redites, étendre outre mesure les dimensions de ce travail. L'histoire du commerce de Montpellier est, à certains égards, pour la période que notre livre embrasse, l'histoire même du commerce de la France, puisque, jusqu'à l'acquisition de Marseille en 1481, c'est par Aiguesmortes et Montpellier qu'a eu lieu la plus grande partie du commerce français avec les régions méditerranéennes. A combien de pages inutiles ne nous eût pas assujetti, si nous avions pu la concevoir, la pensée de revenir, ne fût-ce que d'une manière succincte, sur tant de faits déjà incorporés au domaine de la science!

Une sobriété de rédaction analogue distingue la carte qui accompagne ce premier volume. Nous la devons à l'obligeance de M. Régy, ingénieur en chef du service maritime du département de l'Hérault. Il eût été facile de la dresser sur un plan beaucoup plus vaste, qui aurait englobé tous

« AnteriorContinuar »