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XV ET XVI SIÈCLES.

ROGER DE COLLERYE est le nom d'un ecclésiastique qui étoit secrétaire de Jean Baillet, évêque d'Auxerre en 1494, ainsi qu'il paroit par un acte imprimé ici dans les Preuves, pag. 299, col. 2. Il continua de faire la même fonction sous l'évêque suivant nommé François de Dinteville, selon qu'il est marqué à la tête de ses poésies imprimées à Paris en 1536. Le même titre marque qu'il les composa en sa jeunesse, cependant on n'y trouve presque que des sujets dont l'époque concourroit avec le temps de l'épiscopat de M. de Dinteville, auquel temps il n'étoit plus jeune. La plupart de ses poésies sont comiques. On peut voir plus au long ce quien est dit dans le IIe volume du Mercure de décembre 1737, et dans le premier volume de juin 1738. J'ai eu quelque raison de le croire natif de Paris, quoiqu'en quelqu'endroit de ses ouvrages, il se dise venu d'Angleterre ; je ne le compte, au reste, parmi les écrivains d'Auxerre, que parce qu'il a composé ses ouvrages dans cette ville ou au château de Régennes. Il dit, dans un endroit de ses poésies, qu'il se retiroit quelquefois au village de Ladu, qui est du diocèse de Sens, et peu éloigné de Régennes.

GERMAIN DE BRIE, né à Auxerre, d'une (1) honnête famille, est un de ceux qui dans le XVe siècle apportèrent le bon goût d'Italie en France. Il avoit étudié la langue grecque à Padoue, sous Marc Musurus, et avoit demeuré à Rome sous Jules II, avec le cardinal d'Albi, et y avoit fait amitié avec Augustin Trivulce, depuis cardinal. Il fut reçu chanoine de la cathédrale d'Auxerre le 28 août 1515 (2), par résignation de Guillaume Buiet, et résigna en 1520, la même prébende à Jacque Joce. Dès l'an 1512, il étoit secrétaire de la reine Anne et archidiacre d'Albi; il parvint à un canonicat de NotreDame de Paris, en 1519, par permutation pour un prieuré. Il joignoit une grande politesse à une érudition choisie; sa maison étoit l'asile de tous les savants de son temps. Il reçut souvent chez lui l'illustre grec Janus Lascaris, aussi distingué par sa naissance que par son bon goût pour les lettres. Il fut en relation, non-seulement avec le cardinal d'Albi, mais encore avec ceux du Bellay (3), Aleander et Sadolet, avec le chancelier du Canai, qu'il pleure comme son protecteur, écrivant de Blois à la reine (4); avec Poncher, Langey, Erasme, Vulteius, Ducher, Bourbon, Linacer, Dampierre, de Loinel, Tusanus, Christophe Longueil; Budé et lui (5) s'écrivoient réciproquement en grec. Il eut un démêlé avec Thomas Morus, au sujet de la description qu'il fit du combat donné en 1593, entre la flotte françoise et celle d'Angleterre (6), et un autre avec Erasme sur la secte des Cicéroniens. Ses poésies furent imprimées en 1549. Il traduisit du grec en latin plusieurs ouvrages de saint

(1) Le titre de Nobilissimus adolescens est donné à Nicolas à Prato, parent de de Brie, par Jean l'Ange, en sa dédicace des hiéroglyphes d'Orus à Jean de Mauléon, évêque de Comminges, de l'an 1521.

(2) Comptes de la fabrique de la cathédrale.

(3) Append. ad synodicon Paris. p. 572. (4) Mireus de Script.

(5) Guillaud, théologal d'Autun, epistola prævia comment. in Paulum, les appelle Galliarum in re litteraria principes.

(6) Cette description est imprimée sous le titre Chordigera flagrans.

Jean-Chrysostôme. Ce fut Erasme qui lui envoya de Fribourg plusieurs épitres de ce saint docteur, qui n'avoient jamais été traduites; ayant fait part de cette réception à François Ier, ce prince l'excita à les donner en latin, en lui promettant une récompense. En 4531, furent imprimées à Paris, chez Wechel, huit de ses lettres latines adressées à Antoine du Prat, archevêque de Sens, au cardinal de Tournon, au cardinal d'Aigremont, évêque de Tarbes, à Georges d'Armagnac, évêque de Rodez, deux à Erasme, une à Jérôme Vida, une à Jacques Salodet, évêque de Carpentras, et la dernière à Lazare Baïf, ambassadeur du roi à Venise. Son imprimeur, qui le qualifie simplement d'aumônier du roi, a joint à ces lettres une description poétique de Fontainebleau et plusieurs épigrammes sur une statue donnée au roi, le tout du même auteur. Dans la lettre à Vida (4), de Brie lui mande qu'un jour François Ier, en présence de la cour et de Jean Colin son lecteur, qu'il qualifie de nostras, lui demanda ce qu'il pensoit des poésies de Vida, et surtout de ses églogues. De Brie, ayant répondu qu'il n'en avoit pas encore vu les églogues, le roi qui les avoit écrites de sa main dans un livre, ordonna aussitôt à Colin de lui prêter ce volume. A cette occasion, de Brie excite Vida à composer une pièce de vers à la louange de François Ier (2).

Le nom latin de Brixius qu'il se donne, l'a fait méconnoitre et a été cause que plusieurs ont cru qu'il s'appeloit Brice et non pas de Brie: mais les monuments de son temps et de son pays, les registres des cathédrales dont il fut chanoine, sont plus croyables que les étrangers éloignés de son siècle. Le nom de ses parents se voit encore au vitrage de la chapelle de Sainte-Geneviève en l'église de Saint-Eusèbe d'Auxerre, paroisse de ses ancêtres. Ainsi Rabelais avoit grande raison de l'appeler Germain de Brie (3). L'acte de sa réception à Notre-Dame de Paris, écrit son nom de cette sorte, de Brye, etle qualifie prêtre. Dans le même temps qu'il étoit chanoine, il posséda le prieuré de Saint-Martin de Bretencourt proche Dourdan (4). Il mourut le samedi 27 juillet 4518, dans le bourg de Brezolles, diocèse de Séez. Ce sont les termes des registres du chapitre de Paris.

Dom Georges Viole a remarqué (5) que, dès l'an 1477, il y avoit eu à Auxerre un célèbre dominicain nommé Jacques de Brie, professeur en théologie.

JACQUES COLIN est compté parmi les poètes du XVIe siècle dans ce quatrain de Pierre Grognet (6):

Et ung autre Jacques Colin
Peult estre dit Dieu Apolin
Tant en savoir comme éloquence
De tel peu trouverez en France.
On l'a veu de si bel arroy

Qu'il est admis lecteur du Roy, etc.

(1) Ex. epist. II, ad. Erasmum.

(2) V. la Bibl. de Bourgogne pour le reste

de ses ouvrages.

(3) Pantag. I, 4. chap. 21.

4 Registr. Capit. B. Maria Paris.
(5 Vie de saint Germain, p. 252.
(6) Mercure, juin 1739, vol. I, p. 1099.

On voit par là que c'est celui-là même qui fut abbé de Saint-Ambroise à Bourges. Le P. Nicéron (1) dit qu'il étoit d'Auxerre.

[JACQUES COLIN, né à Auxerre à la fin du XV° siècle, est mort vers 1547.

Il était secrétaire et lecteur du roi François Ier, qui l'aimait beaucoup et le gratifia de plusieurs bénéfices, notamment de Saint-Ambroise de Bourges. Il protégeait beaucoup les gens de lettres qui lui donnèrent en récompense les plus grands éloges. Il composait des vers en français et en latin.

Il a traduit d'Homère en vers français la description des armes d'Achille et d'Oride: le procès d'Ajax et d'Ulysse pour ces armes. Lyon, 4547 in-16, réimprimé en 1549. On lui attribue aussi une traduction du courtisan de Balthé de Castiglione, de laquelle parut une 2e édition, Lyon, 4538, in-8°].

ROBERT POURCIN est mis au nombre des poètes Auxerrois par Pierre Grognet, qui commence ainsi l'un de ses quatrains (2).

Robert Porcin de vers Auxerre,

Bien set coucher sa rime en serre.

J'ai trouvé le nom de ce poète parmi les chanoines d'Auxerre sous le règne de François Ier. Son décès est marqué dans les registres du chapitre au 8 février 4537. Il étoit aussi curé de Saint-Bris. Il fut inhumé à Saint-Regnobert dans une chapelle qu'il avoit fait bâtir (3). Il y a apparence qu'il fut l'un des auteurs de la vie de saint Germain, mise en vers françois pour être déclamée aux représentations théâtrales de ces temps-là.

PIERRE GROGNET s'est qualifié lui-même Altissiodorensis dans plusieurs de ses ouvrages, parce qu'il étoit né dans le diocèse d'Auxerre; sa prédilection pour la vallée d'Aillant, marquée dans sa description poétique de plusieurs lieux de France, insinue qu'il en étoit au moins originaire, s'il n'y étoit pas né; et peut-être étoit-il de Parly ou de Toucy. Dans sa requête au prévôt de Paris, de l'an 1533, pour l'impression de ses livres, il écrit son nom comme il est ci-dessus. C'est donc en vain qu'on a prétendu que son vrai nom étoit Gromet. L'adoucissement qu'il y apportoit quand il écrivoit en latin, étoit de dire quelquefois Petrus Grosnetus. Il a même donné, à la fin de ce volume de l'an 1533, une pièce de vers françois au sujet de ces deux manières d'écrire son nom; malheureusement il ignoroit qu'au XIIIe siècle Groignet signifioit grand, car il n'eut pas manqué d'en profiter. Il borne ses qualités à celles de maître ès-arts, et licencié en chacun droit; quelquefois aussi il se qualifie prêtre et chapelain d'Auxerre. Je renvoierai aux Mercures de France de l'année 1737, ceux qui seront curieux de savoir les seigneurs auxquels il écrivoit au sujet de ses ouvrages. J'ai trouvé depuis dans l'édition d'un de ses livres de l'an 1534, une épitre adressée à Toussaint de Mallesec, seigneur de Chasteluz, et dans un autre de 4538, une lettre latine à Jean de Salazar, grand archidiacre de Sens, l'un de ses Mécènes, qui ne dédaigna point de lui

(1) Tome 26.

(2) Mercure, juin 1739, I vol., pag. 1099. (3) Registr. Sancti-Regnob.

(4) Ex. mss. n. 2, in-4°. B, Maria Paris. p. 232.

(5) Pag. 469, 1094, 1119, 1508.

répondre par deux distiques; une autre à Jean Ferrand, aussi archidiacre de Sens et official, et à la fin du livre, une autre adressée nobili adolescentulo magistro Thomæ à Prato, eccl. cathed. Silvanectensis canonico ac thesaurario.

Ses principaux ouvrages poétiques sont les mots dorez de Caton mis en vers françois; un catalogue des poètes de son temps, et d'autres plus anciens, sous le titre, de la louange des bons facteurs, de la louange des femmes, dédié à la reine Alienor; et bonne doctrine pour les filles; la louange et description de plusieurs bonnes villes et cités du noble royaume de France; adages, proverbes, et dits moraux; à la fin desquels des poésies sur l'histoire de son temps. Manuel des vertus morales et intellectuelles, dont l'édition latine de 1538 sous le titre d'Enchiridion, est dediée à Antoine du Prat, chancelier de France. On peut voir le reste dans la Croix du Maine, etc.

EDME DE CASTANEA, de Toucy, au diocèse d'Auxerre, composa en vers un ouvrage dont Grognet, son compatriote, parle et qu'il appelle Compendiole (4). Grognet a fait imprimer, à la tête de son recueil in-8°. une pièce de cet auteur qui marque la foiblesse de certains poètes de ces temps-là, c'est-à-dire de l'an 1530 ou environ.

GUILLAUME LE MARCHANT, chanoine d'Auxerre, reçu en 1538 (2), passe pour avoir rédigé la vie de François de Dinteville, évêque d'Auxerre, premier du nom, mort quelques années auparavant (a). On lui fut aussi redevable d'avoir transmis par sa plume, à la postérité, plusieurs livres concernant les rites de l'église d'Auxerre.

JEAN FOUCHER, Auxerrois, avocat en parlement, vivoit en 1549. On connoit trois ouvrages de lui, savoir: Exercendarum causarum civilium quotidianarum formula, etc. Lugduni, 1540, in-16.

Præsulaticum Gallicorum, præfecturarumque ritus judiciales. Paris, Gautherot, 4543, 1549, in-8°.

Arbor omnium actionum civilium. Gesner a connu cet ouvrage. Voyez Lipenius, Bibliotheca juridica, p. 471.

Hubert Susan, poète Soissonnois, qui a vécu sous François Ier et qui avoit beaucoup de relations a Auxerre, suivant ce qui se voit à la fin de l'édition d'Héric par Pesselière, a adressé, sur la fin du second livre de ses poésies, des vers à Jean Foucher, son parent, dont il loue quelques ouvrages.

GUILLAUME VINCENT, de Clamecy, au diocèse d'Auxerre, a composé un écrit qui a pour titre Convoi de Pallas, qu'il a dédié au roi Henri II, en 1552 (3). L'épigramme sur la ville de Clamecy qui se trouve dans les der

(1) Mercure, juin 1739, vol. 1, p. 1160. (2) Registr. capit. 27 sept,

(3) Bibliot. de du Verdier.

(a) Il annonce à la fin de son œuvre écrite en 1548, qu'il l'a composée par ordre de son supérieur l'évèque F. de Dinteville, deuxième du nom (N. d. EN

nières éditions seulement des poésies de Grognet, porte à croire que ce fut lui qui l'y fit insérer.

Pierre Venelle, de Clamecy, secrétaire de M. de la Ferté, fit imprimer en 4558, un ouvrage intitulé les prouesses de la cavalerie légère de France (4)

PIERRE PESSELIÈRE OU PASSELIÈRE, moine de Saint-Germain d'Auxerre, né, comme on croit, au village de Gurgy, à une lieue et demie de la même ville, vivoit au milieu du XVIe siècle, et fut prieur de cette maison depuis l'an 1544. jusqu'en 1597. Il traduisit le traité de saint Jean Chrisostôme, quod nemo læditur nisi a seipso. Il publia le premier la vie de saint Germain, écrite en vers par Héric au IXe siècle (2). Il donna aussi au public le Commentaire de Claude de Turin sur l'épitre aux Galates, dans l'opinion que c'étoit l'ouvrage d'un Claude d'Auxerre. On s'est trompé en la Bibliothèque de Bourgogne, en lui attribuant le livre des miracles de saint Germain, publié par le P. Labbe (3), puisqu'il est surement du moine Héric. Au lieu de cela, Pesselière est auteur d'une note que j'ai fait imprimer parmi les Preuves de l'histoire de la prise d'Auxerre, page xj. Voyez aussi ces Mémoires, tome I, page 608.

HÉLIE LE BRIOIS, lieutenant particulier à Auxerre, fit imprimer à Paris en 1563, in-4o, Nouvelles coutumes du comté et bailliage d'Auxerre, anciens ressorts et enclaves d'iceluy. Il y mit un avertissement latin qui fut réimprimé en 1598, in-4°. Il est parlé de cet avertissement page 85 de la Bibliothèque des coutumes par MM. Berroyer et Laurière.

PIERRE LE BRIOIS, frère du précédent, fut lieutenant-général et président au bailliage et siége présidial d'Auxerre; et mourut en 1562. Gruter (4) a conservé de lui quelques vers latins que cet auteur avoit insérés à la tête du livre de Jean Foucher, intitulé Ritus judiciales, imprimé en 1549.

LOUIS DE CHARMOY, avocat à Auxerre, composa dans le XVIe siècle un ouvrage intitulé le Monologue du bon vigneron. Je ne sais s'il est imprimé (a). On lui attribue deux pièces qui sont à la tête de la Coutume d'Auxerre, édition de 1581, la première porte ce titre au peuple Auxerrois, touchant l'abbreviation des procès par l'omologation des présentes coutumes.. ; la seconde consiste en douze vers françois, et cinq vers latins. Il ne désigne son nom que par ces lettres initiales L. de Ch.

NICOLAS DE CHARMOY, père du précédent, avocat au parlement, a fait des

(1) Bibl. de la Croix du Maine.

(2) Voy. du Verdier et la Caille, histoire

de l'imprimerie de Paris.

(3) Bibl. nov. mss t. I.
(4) Delic. poet., pag. 707.

(a) Cet ouvrage en vers, plein de bons sentiments, a été imprimé à Auxerre en 1607, chez Vatard, à la suite de celui de Me Jehan Pinard. Il y a une nouvelle édition de 1851. L. de Charmoy a publié aussi deux pièces de vers séparées (N. d. E.)

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