Imágenes de páginas
PDF
EPUB

nière que ceux qui dominent la plate-forme, en avant de la grotte d'Aile-Froide. Ce nom vient donc probablement du mot de la basse latinité cappa, dont on a fait chape; cappa signifiait cape, chaperon, capeluche. Ce dernier mot, qu'on trouve au XVIe siècle, dans la satire Ménippée, diffère peu de Chapelue (1).

Avant de finir, nous tenons à relever une erreur que commettent ceux qui, acceptant sans contrôle les affirmations des historiens protestants, rangent le Queyras parmi les vallées alpines qu'ont occupées les sectateurs de Valdo (*).

Le protestantisme, il est vrai, s'introduisit dans cette vallée de 1560 à 1565, et s'y propagea rapidement. Ce fut là, comme nous pourrions en produire les preuves, le résultat de la violence et non point, comme à Freyssinières et ailleurs, l'effet de vieilles habitudes et d'un penchant naturel vers l'hérésie. Que quelques individus, originaires du Queyras, aient adopté l'hérésie vaudoise, comme, par exemple, Jean de Molines, nous le voulons bien les communications entre le Queyras et les vallées vaudoises de Luserne et de Saint-Martin étant si faciles et si fréquentes. Mais, qu'un groupe plus ou moins nombreux de Vaudois se soit fixé dans le Queyras, avant l'apparition du protestantisme, nous ne pouvons le croire, et voici pourquoi :

1. Dans son Histoire des Eglises vaudoises, le pasteur

[ocr errors]

(1) Dans le patois du Briançonnais, le mot chàpo indique un toit qui déborde le mur d'une manière notable. La grotte du Pelvoux est aussi désignée sous le nom de Capescure, grotte obscure. () M. Muston, ouv. cité, t. 1, p. 57.

Gilles, en désignant les vallées qni servirent de refuge aux pauvres de Lyon, dit qu'elles « furent six: Freyssi«nières, Vallouise delà les Alpes, en Dauphiné; Valclu«son, aussi en Dauphiné, mais deçà les Alpes; trois en << Piémont Luserne, qui comprend Angrogne, Pérouse <«<et Saint-Martin » (1). Comme on le voit, il n'est pas question du tout de la vallée du Queyras;

2o Le corps de troupes catholiques licencié après l'expédition de Vallouise traversa le Queyras, comme nous l'avons vu, sans être inquiété. S'il y avait eu des Vaudois, n'aurait-il pas été attaqué, comme il le fut par les Vaudois du val Saint-Martin? Au reste, le pasteur Gilles nous apprend que les vallées du Dauphiné, voisines de celles de Saint-Martin et par lesquelles le détachement de sept cents hommes pénétra dans cette dernière, «< estoient peuplées de papistes » (2);

3o Si le Queyras avait eu des Vaudois, Albert de Catane. n'aurait pas manqué de les faire poursuivre, comme ceux des autres vallées alpines, afin de remplir d'une manière complète la mission qu'il avait reçue, contre tous les hérétiques des Alpes piémontaises et dauphinoises. Et, cependant, aucun historien n'a signalé sa présence dans le Queyras. Du reste, les procédures faites à Embrun contre les Vaudois ne font aucune mention des habitants de cette contrée.

(') Hist. des Eglises vaud., p. 8.

(3) Hist. des Eglises vaud., chap. IV, p. 26,

DU

Capitaine Jean-Baptiste GENTIL

DE FLORAC

(1585-1650)

Par M. J. ROMAN

Membre correspondant

Séance du 28 novembre 1884

Deux capitaines, portant l'un et l'autre le nom de Gentil, ont joué un certain rôle en Dauphiné pendant les guerres de religion. Ils suivaient des partis différents.

L'un, Pons de Gentil, né à Tallard et avocat au Parlement de Grenoble, combattit dans les rangs des catholiques. Il prit les armes en 1562 et, assisté de quelques compagnons d'exil, il reconquit, le 13 juillet de cette année, sur les protestants, le bourg de Tallard dont il avait été chassé à cause de ses opinions religieuses, par les soldats du capitaine Furmeyer. Tallard fut repris par

les protestants le 23 août 1568, et, en haine de leur parent, dix-huit membres de la famille de Gentil furent massacrés.

Lorsque la paix de 1570 lui permit de rentrer dans sa patrie, Gentil chercha vainement à tirer vengeance de cette cruauté, se dévoua plus que jamais à la défense de Tallard et repoussa pendant plusieurs années avec succès les entreprises que Lesdiguières ne cessait de diriger contre cette forte place.

Il eut l'honneur de prononcer, le 21 septembre 1581, en présence du duc de Mayenne, une harangue dans laquelle il retrace l'historique de ces divers événements, puis, après la conclusion de la paix définitive, il fut nommé juge royal à Corps, fonctions qu'il conservait encore en 1600, c'est-à-dire jusqu'à une extrême vieillesse (1).

Le second capitaine Gentil n'était pas originaire du Dauphiné, mais il y joua un rôle sous les ordres de Lesdiguières (2). Il se nommait Jean-Baptiste, était né à

(') Harangue de Pons de Gentil au duc de Mayenne (Lyon, Benoît Rigaud, 1583). Papiers sur la famille de Gentil, à M. Roman.

(2) La partie de ce travail relative à Jean-Baptiste Gentil est tirée des trois mémoires suivants, dont je ne connais qu'un seul exemplaire Les prinses des villes et places exécutées par le capitaine Gentil pour le service du Roy pendant les derniers troubles in 8", s. 1. n. d., postérieur à 1594). Au Roy et à Nosseigneurs du Conseil (in-8', s. 1. n. d., postérieur à 1598). Remonstrances que faict Jean-Baptiste Gentil, sieur de Planchoury, à Nosseigneurs du Conseil (in-8°, s. 1. n. d., postérieur à 1610).

Florac en Gévaudan, d'une famille originaire de Gênes. Le nom de son père et l'époque de l'arrivée de ses aïeux en France ne me sont pas connus; je n'ai rien trouvé non plus sur le rôle militaire qu'il joua antérieurement à 1585. Il faut cependant qu'avant cette époque il eût acquit une certaine réputation comme artificier, on disait alors pétardier, car les chefs protestants tels que Lesdiguières et Chambaud se le disputaient, ainsi que nous allons le voir.

Avec nos armes modernes, le rôle du pétardier n'a plus sa raison d'être; mais il avait, au xvie siècle, une importance extrême il consistait à ouvrir le passage aux soldats qui tentaient de s'emparer par surprise d'une ville ou d'un château. Les engins qui servaient pour cet objet étaient de deux sortes: le canon et le pétard. Le canon avait à peu près la forme d'un mortier, c'est-à-dire qu'il était court, large et épais; il était muni de deux ailettes percées d'un trou, près de son orifice. Le pétardier se glissait près de la porte, il appliquait son canon en le maintenant à l'aide de deux forts clous plantés dans les ailettes, et y mettait le feu. La porte volait généralement en éclats, et quelques soldats d'élite, cachés tout auprès, accouraient au bruit de l'explosion, égorgeaient le corps de garde et se maintenaient jusqu'à l'arrivée du gros des assaillants. Si l'on se heurtait à une seconde porte, il fallait recommencer l'opération.

Parfois la charge du canon était trop forte ou trop faible pour enfoncer une porte dont l'épaisseur n'était pas exactement connue; dans le premier cas, elle y perçait un trou rond enlevé comme à l'emporte-pièce; dans le second, elle l'ébranlait sans la renverser. Le pétardier employait alors un autre engin, le pétard, que l'on

« AnteriorContinuar »