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à mon armée que j'ay esté contraint de mettre sur pieds pour me porter contre ceux qui sont ligués et levés contre mon autorité; je suis tellement asseuré de vostre fidellité et affection à mon service que je ne doubte point que, en ceste occasion comme en touttes les autres qui se sont présentées, vous ne m'en rendiez les effects que je doibs attendre d'un fidelle serviteur. Mais parce que je sçay quelle est vostre expérience, je desire que vous veniez me servir près de moi en ceste mienne armée, où je me promets que vostre présence ne me sera point inutille. Je vous despesche ce porteur vostre fils exprès pour vous faire sçavoir sur cela mon intention et vous faire entendre de mes nouvelles, afin aussi qu'il vous accompagne en vostre voyage de deça, ou que pour le moins, à son retour, il me rapporte de vos nouvelles. Il vous entretiendra de l'heureux succès de mon voyage et de mes armes et de tout ce qui se passe de deça. Sur lequel me remettant, je prie Dieu, capitaine Gentil, vous avoir en sa sainte garde.

Escript au Mans, le xxxo jour de juillet 1620.

LOUIS, PHELYPEAUX.

Le vieux capitaine obéit; il vint trouver le roi accompagné de deux de ses fils et se distingua à l'affaire du Pontde-Cé.

Le 7 septembre de la même année, Louis XIII lui accorda des lettres d'état qui le mirent à l'abri de toute poursuite ultérieure de la part de ses créanciers, pour le récompenser de ce qu'il l'avait servi depuis les derniers. mouvements avec ses deux fils et l'avait accompagné dans son voyage en Guienne.

Gentil n'était déjà plus jeune à cette époque; il se re

tira dans ses terres et y vécut jusqu'aux environs de 1650; il avait donc environ quatre-vingts ans à sa mort. Il avait épousé Françoise de Paris qui lui donna au moins. quatre fils: Jean, maître de paume du roi; Antoine, courrier de cabinet; Léon, mort ainsi que ses deux frères aînés sans postérité, et enfin, Claude, seigneur de Faux, Nozières et Planchory, qui épousa Lucrèce de Bonial. La descendance de la famille Gentil s'éteignit par Françoise de Gentil, qui épousa, le 17 août 1723, Jacques d'André. Le capitaine Gentil fut, ainsi qu'on peut en juger, l'un de ces soldats d'aventure comme en produisirent tant les guerres de religion; on ne peut lui refuser beaucoup de courage, de l'habileté et de l'instruction. Il fut recherché par les plus célèbres capitaines de son temps, par Chambaud, Châtillon, Lesdiguières et par Henri IV et Louis XIII; ce qui donne une assez haute idée de son mérite. Ses relations avec Lesdiguières le rattachent en quelque sorte au Dauphiné, et c'est ce qui m'a engagé à esquisser sa vie d'après les mémoires qu'il nous a laissés. Du reste, ces mémoires sont d'une telle rareté qu'ils sont connus d'un très petit nombre de lecteurs et ont pour ainsi dire tout l'attrait de l'inédit.

DOCUMENTS

RELATIFS AUX

ÉTATS DE DAUPHINÉ

Tenus à Romans, au mois de mars 1438

PUBLIÉS PAR

M. R. DELACHENAL

Archiviste paléographe, Membre correspondant.

Séance du 28 novembre 1884

Les documents, à l'aide desquels on pourrait écrire l'histoire des Etats de Dauphiné, sont très dispersés, et ce n'est pas toujours aux archives de Grenoble qu'on aurait le plus de chance de les retrouver. Il en était déjà ainsi à l'époque où l'intendant Fontanieu rédigeait le Cartulaire de la province, dont l'administration lui était confiée. Parmi les pièces qu'il a analysées, un petit nombre seulement étaient relatives aux Etats de Dauphiné, et il est à remarquer qu'elles ne provenaient pas de l'un des dépôts d'archives établis à Grenoble. La plupart avaient été communiquées à Fontanieu par un érudit parisien, le

célèbre Dom Pernot, bibliothécaire de Saint-Martin-desChamps (1).

L'histoire des Etats de Dauphiné serait mieux connue qu'elle ne l'est, si nous possédions une suite de procèsverbaux, suffisamment détaillés, indiquant la composition de chacune des assemblées, l'objet de sa convocation et les résolutions qui y ont été prises. Mais les documents de cette nature sont très rares. Fontanieu semble n'en avoir connu qu'un seul, qu'il a transcrit intégralement, non point dans son Cartulaire, mais dans l'un des portefeuilles qui renferment les actes du règne de Charles VII (2). Quand je parle d'une transcription intégrale, j'entends qu'il a copié tout ce qu'il a eu entre les mains, c'est-à-dire un manuscrit dont une bonne partie avait disparu. Le document, que Fontanieu a sauvé d'une destruction complète, contenait une sorte de procès-verbal, ou de résumé sommaire, de ce qui s'était passé à l'assemblée des Etats, réunis, en 1437, à la Côte-Saint-André.

(1) On trouve fréquemment, soit dans le Cartulaire de Dauphiné, soit dans les Portefeuilles de Fontanieu, la mention suivante : Communiqué par le R. P. Dom Pernot, bibliothécaire de SaintMartin-des Champs. Cf., Cart. de Dauph., t. VIII (Bibl. Nat., fonds latin, 10961), 7 mai 1424, 11 sept. 1425, 4 août 1433, etc. Voy. également Portefeuilles de Fontanieu, t. 113-114, 7 mai, 28 mai, 13 juin, 17 juin 1424.

On ne doit pas oublier un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Bonamy, qui, comme Dom Pernot, a communiqué à Fontanieu plusieurs pièces se rapportant aux Etats de Dauphiné (Cart. de Dauph., t. VIII, 19 mai, 1er juin 1434. - Portefeuilles, t. 117-118, 19 mai, 1er juin 1434).

(*) Portefeuilles, t. 117-118.

Il faisait connaître les noms des représentants du clergé, de la noblesse, des bonnes villes et des châtellenies du Dauphiné. On peut le définir en disant que c'était une expédition de l'acte authentique, par lequel on constatait le résultat du vote final, c'est-à-dire le chiffre auquel s'élevait le don volontaire octroyé par les Etats (instrumentum concessionis subsidii).

Malheureusement, les lacunes trop considérables de l'original enlèvent à la copie de Fontanieu presque toute importance, et c'est ailleurs qu'il faut chercher le compte rendu complet, quoique très abrégé, d'une réunion des trois Etats du Dauphiné, au xvo siècle.

Un volume manuscrit, qui faisait partie de la collection de Gaignières (1) et qui est conservé aujourd'hui à la Bibliothèque nationale (2), renferme, par je ne sais quel hasard, plusieurs de ces comptes rendus. Ce ne sont point des copies de date récente, mais des originaux réunis, sans motif apparent, à des pièces de provenances très diverses.

Le plus intéressant de ces procès-verbaux, le plus développé, offre, par sa rédaction et par les renseignements qu'il fournit, une très grande analogie avec le document dont Fontanieu n'a connu que des fragments. Il n'en est pourtant pas une copie, car il porte une date différente et concerne les Etats tenus à Romans, au mois de mars 1438. Mais on retrouve dans la rédaction des deux actes le même plan et les mêmes formules. Les différences que l'on constate tiennent aux circonstances

(') Ancien fonds Gaignières, no 2900.

(') Fonds français, no 20600.

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