Dans la session de 1860, la Députation permanente avait proposé au Conseil provincial de Namur d'allouer une somme de 400 francs, destinée à couvrir une partie des frais à résulter de la publication de documents inédits concernant l'histoire et la législation de la province. Cette proposition, renvoyée à l'examen de la première commission, y reçut un accueil des plus favorables, et son rapporteur, M. le comte de Villermont, fit valoir, dans les termes suivants, les motifs qui devaient engager le Conseil à voter l'allocation projetée : 1 > Votre première commission ne pouvait manquer d'ac» cueillir avec empressement la proposition de faciliter 1 Procès-verbaux des séances du Conseil provincial de Namur, session de 1860, p. 91 et suiv. > l'exécution d'un travail éminemment patriotique, fécond " en résultats utiles, et destiné à répandre de vives lu >mières sur les parties les plus obscures et les plus » intéressantes de notre histoire. » Quel que soit le dédain affecté du siècle pour les " > traditions, le culte du passé, le respect des ancêtres, " » la curiosité des origines ont de trop profondes racines " » dans le cœur de l'homme, pour s'y éteindre jamais. Et » eût-on le malheur d'y parvenir, eût-on le malheur de » descendre à ce degré d'abaissement moral et intel» lectuel qui renie le passé et fait des efforts désespérés pour s'attacher à ce présent, qui échappe sans cesse, » la nature même de l'homme se révolterait contre cet "9 outrage aux lois nécessaires de toute existence indivi> duelle ou collective. Si nouvelles que semblent les lois, " » les idées, les institutions, elles se rattachent toutes » aux lois, aux idées, aux institutions du passé, comme » l'arbre à ses racines. On ne s'en peut rendre un compte " > exact, en acquérir une claire intelligence qu'en remon> tant avec elles le cours des âges. Le fruit atteste son > germe, le fleuve le plus grandiose accuse aussi bien son humble source que les modestes affluents dont le » concours fait sa majesté. » C'est ce sentiment si profondément ancré dans la > nature humaine qui, dans ces derniers temps, a donné > aux études historiques un si prodigieux élan. On a > cessé de se borner à copier les écrivains antérieurs, de » se donner la commode mais servile besogne d'accepter aveuglément les données communes; on a voulu re» monter aux sources, et les archives ouvertes dans tous » les pays, sauf peut-être un seul, ont généreusement livré leurs immenses richesses aux nobles mais trop > rares pionniers de la science. Le passé n'a eu qu'à se louer de ce grand mouvement de liberté de rechercher, » et le présent y puise, outre une connaissance plus com plète de lui-même, les plus salutaires enseignements. Les préjugés les plus tenaces ont été ébranlés, la » lumière longtemps étouffée par l'ignorance et les pas»sions, éclaire de plus en plus les intelligences, et l'on " peut affirmer que, depuis cinquante ans, l'histoire se » reconstruit de nouveau sur les bases les plus solides. » Ce travail ne s'est pas fait sans lutter, car les préjugés ne se déracinent pas facilement, " " » La vérité a surmonté tous les obstacles, mais il lui en reste encore beaucoup à vaincre. Il ne suffit pas qu'elle luise pour quelques esprits, il importe de la populariser, d'en mettre les éléments non » pas seulement au service de quelques rares esprits stu dieux et doués d'autant de loisirs que de patience; il |