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doit jamais oublier qu'ils peuvent coexister avec une lésion organique, et l'auteur cite un cas, très probant, où des phénomènes indubitablement hystériques ont accompagné, et masqué pendant un certain temps, une tumeur cérébrale. Le premier diagnostic d'hystérie avait été l'expression de la vérité, mais non de toute la vérité.

Le principal intérêt de ce cas est dans la nature même de l'altération de la sensibilité au froid. L'analgésie thermique n'est peutêtre pas très rare dans l'hystérie, mais elle est presque toujours associée à l'analgésie, ce qui était le cas chez le malade dont il s'agit ici pour les extrémités inférieures, mais non pour le tronc et les extrémités supérieures.

L'auteur ne se souvient pas qu'il ait été publié des cas de cette dissociation de la sensibilité au froid dans l'hystérie; mais on l'a observée dans certaines maladies organiques des centres nerveux, et Déjérine et Thuilant notamment ont observé cette dissociation dans la syringomyélie : chez leur malade toutefois il y avait perte complète de la sensibilité sur une surface très étendue. En fait, dans le cas qui vient d'etre rapporté par l'auteur, la thermo-anesthésie au sens propre du mot n'existait pas. Il s'agissait plutôt d'une hyperesthésie à l'égard des sensations causées par le froid, lesquelles étaient perçues sous la forme de sensations de chaleur. Toutefois à cette anomalie sensorielle se joignaient des phénomènes de nature franchement anesthésique.

R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XI. Contribution à la pathogénie de l'épilepsie; par Z. BYCHOWSKY. (Neurolog.Centralbl., XIX, 1900.)

Il s'agit d'un homme vigoureux de vingt-huit ans, indemne de toute tare héréditaire ou personnelle qui, depuis plusieurs années passe six à huit heures par jour dans une atmosphère imprégnée de vapeurs de tabac. Il traite à chaud des feuilles de tabac brutes par des procédés chimiques afin d'obtenir un produit de prix modique, inoffensif et aromatique. Pour que personne ne lui vole son secret, il opère dans un local clos, dénué de ventilation. Cela lui rapporte annuellement 15 000 marks. Mais il y a gagné une conjonctivite et les autres accidents du nicotinisme. Depuis deux ans il éprouve des attaques d'épilepsie de plus en plus fréquentes et violentes, ce qui est conforme aux expériences de Schtscherbak (Vratsch., 1887). Il cesse de s'exposer aux vapeurs toxiques, et l'épilepsie disparaît sans autre traitement; il y a dix-huit mois de cela. Les autres phénomènes du nicotinisme chronique, tels que vertiges, dyspnée, constipation, ont aussi presque disparu.

P. KERAVAL.

XII. Contribution à la connaissance de l'hémiatrophie faciale progressive; par A. HOFFMANN. (Neurolog. Centralbl., XIX, 1900.)

Deux observations. La première, chez un jeune garçon de dix ans, est une hémiatrophie consécutive à un traumatisme; blessure au-dessous du rebord de l'orbite par suite d'une chute. Dans la seconde, il s'agit d'une femme de quarante-deux ans, qui d'abord pendant seize années, a été affligée d'une névralgie du trijumeau à gauche; elle entraina l'atrophie de la moitié correspondante de la face; c'est en un cas semblable que Mendel a montré une dégénérescence du trijumeau. Mobius regarde cette maladie comme une atrophie primitive de la peau, causée par des processus toxiques. C'est impossible à admettre chez notre jeune garçon, car sa blessure guérit rapidement et parfaitement. L'origine nerveuse est évidente dans la seconde observation. Notons les résultats favorables de l'électricité galvanique chez le jeune homme; il en est d'ailleurs ainsi parfois dans la sclérodermie en plaques, qui présente quelque ressemblance avec cette affection. M. Hoffmann avait proposé à la malade, qui souffrait terriblement, l'extirpation du ganglion de Gasser; elle refusa, il ne l'a plus revue (photographies). P. KERAVAL.

XIII. Contribution clinique et expérimen à la question de la sécrétion des larmes; par G. KOESTER. (Neu. Centralbl., XIX, 1900.)

Est-ce le facial et non le trijumeau qui préside à la sécrétion des larmes? Voici ce que dit la clinique. Dans la paralysie faciale, on observe, du même côté, soit, le plus rarement, une exagération de la sécrétion des larmes, soit, surtout, une diminution et même une suspension de cette sécrétion. Celle-ci généralement s'accompagne de diminution de l'excitabilité électrique du tronc du facial, ou de réaction dégénérative typique, tandis que l'hypersécrétion, coïncide avec l'hyperexcitabilité électrique du tronc du nerf. Au moment de la guérison, on voit rétrocéder successivement les troubles de l'ouïe et de la sueur, du goût, de la salive, de la sécrétion lacrymale. Finalement, l'excitabilité électrique revient à la normale, mais après la réinstallation de l'incitabilité volontaire.

Dans la paralysie faciale rhumatismale, il ne survient de trouble lacrymal que lorsque la paralysie siège dans le voisinage du ganglion géniculé (trouble simultané des larmes et du goût). Dans la paralysie faciale d'origine basale, on observe également le trouble de la sécrétion lacrymale, mais naturellement sans trouble concomitant du goût. D'autres observations cliniques permettent de formuler que les fibres lacrymales arrivent du bulbe dans le tronc du facial de concert avec les fibres sécrétoires de la salive. An niveau

du ganglion géniculé, elles se détachent en avant, et s'en vont par le grand nerf pétreux superficiel vers le ganglion sphéno-palatin. Le trijumeau ne joue, par rapport à la sécrétion lacrymale chez l'homme, qu'un rôle réflexe; il est la branche conductrice centripète de l'arc réflexe, tandis que le facial représente la branche centrifuge sécrétoire dans un nerf moteur. Le larmoiement unilatéral de l'œil dans la névralgie unilatérale de la 5e paire, plaide en faveur de cette opinion. Le facial est donc, chez l'homme, le nerf des larmes.

Voici, par contre, de nouvelles expériences qui prouvent que, chez le chien, le chat, le macaque, le facial n'a rien à voir avec la sécrétion des larmes. On n'obtient pas de sécrétion lacrymale de l'excitation de la corde du tympan avant son entrée dans la scissure de Glaser, ni de celle du bout périphérique ou central du facial dans le trou stylomastoïdien. L'élongation de ce dernier ne détermine pas de sécrétion lacrymale unilatérale. L'excitation du facial à la base du crâne après sa sortie du cerveau, ne produit qu'une salivation profuse. On a beau exciter isolément corde du tympan ou facial, on ne voit point les larmes couler ni déborder dans l'angle interne de l'œil. La destruction, chez tous ces animaux, du facial jusqu'au ganglion géniculé, n'entraîne pas la dégénérescence du grand nerf pétreux superficiel ou du nerf lacrymal. Quel est donc, chez ces animaux, le nerf des larmes ? Il est probable, notamment chez le chat, que le sympathique exerce une influence sur la sécrétion lacrymale. L'excitation du bout périphérique du nerf lacrymal provoque aussi la formation des larmes dans l'œil du même côté. L'excitation des racines du trijumeau, après section préalable à la base du crâne, est demeurée négative, à cause de l'épuisement des animaux par de longues vivisections; impossible de spécifier si l'excitation du nerf lacrymal tenait à celle des fibres du trijumeau, ou du sympathique mélangées.

P. KERAVAL.

XIV. Les paralysies laryngées et leur importance en médecine générale; par W.-J. GLEITSMANN. (The New-York Medical Journal, 14 décembre 1901.

Bonne revue des notions que nous possédons actuellement sur les paralysies laryngées et sur l'utilité qu'il y a pour le laryngologiste à connaître exactement la physiologie du système nerveux.

R. M. C.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

Séance du 28 avril.

PRÉSIDENCE DE M. MOTET.

Sur les éléments de nos images mentales.

M. J. PHILIPPE présente à la Société les résultats d'un certain nombre d'observations sur les images mentales visuelles, étudiées au point de vue des éléments qui les composent et de manière à préciser certaines données, pour l'examen clinique des aphasies d'évocation et de la confusion mentale.

Quand une image est assez nette pour être décrite, on distingue deux principaux genres d'éléments les uns forment le corps de l'image, les autres en sont en quelque sorte le vêtement, les dehors.

Ces derniers ne proviennent pas de la perception originelle qui a donné naissance à l'image; ils ont été rajoutés à celle-ci après coup, à mesure que nous nous en servions pour diverses opérations mentales. Ce sont donc des éléments étrangers ou extérieurs: ils comprennent (en venant du dehors) d'abord des éléments que l'on peut appeler logiques, parce qu'on ne se les représente pas, tout en sachant très bien qu'ils appartiennent à l'image puis des éléments que l'on se représente bien dans l'image, mais que l'on sait empruntés à d'autres images et rapportés à celle-ci pour la compléter - enfin des vides, des espaces blancs où l'on ne voit rien, tout en sachant qu'il y avait quelque chose à cette place dans la perception primitive.

Ces éléments étrangers font cependant partie de l'image, puisqu'ils se présentent toujours lorsque nous l'évoquons en essayant de la visualiser mais ce ne sont pas eux qui réflètent les perceptions originelles d'où procède l'image.

Les éléments propres de l'image comprennent d'abord une silhouette générale, qui offre l'ensemble, les grandes lignes et parfois la teinte même de l'image que l'on essaie de visualer : le plus souvent nous nous contentons de cette silhouette quand nous évoquons une image pour une opération mentale cela permet à la fois d'aller plus vite et d'employer encore des images déjà réduites à cette simple silhouette. Quand on veut préciser

davantage, on trouve des éléments encore vagues, mais cependant plus particuliers et plus nets: par exemple, dans une page d'impression, des lettres dont on distingue bien la forme et le caractère, mais sans pouvoir les lire. Enfin l'élément vital de l'image; ce sont les restes directs des perceptions primitives, ceux qui sont en quelque sorte l'écho de la sensation originelle par exemple, les mots que l'on peut lire à leur place, sans le secours du contexte, dans une page évoquée; les détails que l'on peut dessiner directement, tant on les visualise nettement.

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Ces divers éléments sont d'ailleurs éparpillés on trouve un détail visualisé à côté d'un élément logique, etc., et tout cet ensemble offre assez l'aspect d'une mosaïque brisée, dont les morceaux sont parfois mal rejoints. On voit par là qu'il s'est fait tout un travail, transformant profondément l'image primitive on a rajouté, retranché, changé, et c'est maintenant un tout disparate. Ce qui explique que l'image puisse disparaître par fragments, subsister incomplète, et cette constatation peut éclairer certains points de l'histoire des aphasies, et surtout des aphasies d'évocation.

M. SOLLIER ne voit pas très bien la différence qui peut exister entre l'image mentale et le souvenir dont cette image est au moins la base.

M. J. PHILIPPE. L'image mentale et le souvenir se différencient surtout par la différence de netteté qui existe entre l'image et le souvenir. L'une est très floue (l'image), tandis que l'autre (le souvenir) est très précis.

M. VALLON demande si les observations de M. Philippe ont été toutes prises sur le même sujet.

M. PHILIPPE. J'ai étudié sept sujets appartenant tous à un milieu assez élevé (étudiants, artistes, médecins).

M. VALLON Voudrait savoir si l'intensité de la mémoire à une influence sur l'intervention plus ou moins rapide des éléments logiques.

M. J. PHILIPPE a surtout observé des sujets visuels chez qui les éléments logiques interviennent très activement; mais les individus peuvent se modifier et devenir des auditifs ou des parleurs. Il n'y a donc pas de rapport fixe entre le degré de la mémoire et la rapidité de l'intervention des éléments logiques.

M. BALLET désirerait avoir un exemple concret de ce que M. Philippe appelle les éléments logiques.

M. J. PHILIPPE. J'ai demandé à un étudiant de me décrire une page du dictionnaire de physiologie de Richet, qu'il a eu entre les mains et parcouru. Il me répondit: Je ne me rappelle pas la dispo

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