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nications telles que celles de Faville sur les aliénés migrateurs, de M. Motet sur les violences commises par les persécutés en liberté, de Lasègue qui vint défendre l'œuvre qu'il avait créée quelque trente ans avant. Mais c'est la discussion célèbre sur le délire chronique de Magnan qui porta le plus de lumière dans cette question éminemment complexe. Le litige qui suivit l'exposé de la question fait par M. Garnier, porta surtout sur les deux derniers stades de la maladie isolée par M. Magnan : celui où commencent à apparaître les idées de grandeur et celui de démence terminale. Signalons l'intervention de MM. Magnan, Garnier. J. Falret, Ball, Briand, Cotard, Christian, Ballet.

Les questions touchant la classification ont dès longtemps sollicité la sagacité des aliénistes.

En 1860, une discussion eut lieu à propos de la classification de Morel, dans laquelle M. J. Falret prit une part prépondérante s'attachant à démontrer l'importance « des méthodes naturelles, c'est-à-dire des modes de classement reposant sur un ensemble de caractères subordonnés et coordonnés et se succédant dans un ordre déterminé, et non des systèmes artificiels qui rapprochent les faits à l'aide d'un seul ou d'un petit nombre de caractères. >>

En 1888, lorsqu'il s'est agi de donner l'opinion de la Société sur les bases d'une classification des maladies mentales, un débat s'engagea, et dès le commencement il était facile de prévoir qu'il ne pouvait aboutir : les tenants d'une classification étiologique se trouvèrent aux prises avec les partisans d'une classification anatomo-pathologique, et ni les uns ni les autres ne voulurent s'entendre avec les défenseurs d'un classement purement empirique. La question, on le sait,resta ouverte.

La psychiatrie est une branche de la médecine. Aussi les questions de thérapeutique ont-elles de tout temps sollicité l'attention des membres de la Société. L'emploi du bromure de potassium dans le traitement de l'épilepsie; les bains prolongés ; l'opium et ses alcaloïdes dans la thérapeutique des états mélancoliques; les médicaments hypnotiques, voila quelques-uns des principaux sujets de discussion. La question du no-restraint, soulevée en Angleterre par Conolly, donna lieu à un échange d'opinions contradictoires. Bouchereau et M. Magnan et leurs étèves représentaient d'abord à eux seuls la minorité, mais on sait combien l'expérience leur donna finalement raison. La Société s'occupa aussi des sorties provisoires des aliénés, de la colonisation, de la création d'asiles pour aliénés criminels, de la séquestration des alcooliques, de l'assistance des épileptiques.

Les problèmes les plus délicats de la médecine légale furent traités par la Société. Citons les questions suivantes : la responsabilité partielle des aliénés, la responsabilité de l'homme ivre,

la question de l'interdiction des aliénés, la discussion sur les aliénés criminels, et le mariage ou le divorce des aliénés.

La Société médico-psychologique s'occupa toujours avec sollicitude des intérêts professionnels. Sous son patronage se fonda l'Association mutuelle des médecins aliénistes de France.

Inutile de rappeler le soin qu'elle apporte à la distribution de ses prix, à sa participation aux congrès et cette sorte de piété filiale et de solidarité professionnelle dont elle fait preuve quand il s'agit d'honorer ses morts.

Nous ne saurions mieux faire que de terminer en citant ces mots de M. Ritti: « Nous avons reçu des générations qui nous ont précédés dans cette Société, non seulement la vie, mais tout un riche héritage de traditions et de labeur. Le flambeau de la science, pris des mains de nos maitres et qui nous a éclairés, il est de notre devoir de l'entretenir pieusement, pour le transmettre, brûlant d'un éclat plus vif, à ceux qui nous suivront. Ainsi seulement nous aurons vraiment mérité de nos prédécesseurs, et nous nous montrerons dignes d'être, à notre tour, honorés par nos succes

seurs. >

Il est inutile d'ajouter que ce retour sur le passé de la Société que l'éloquent secrétaire général faisait effectuer à ses collègues a été fréquemment interrompu par de chaleureux applaudissements. Le soir, un banquet réunissait, chez Marguery, la plupart des membres de la Société auxquels s'étaient joints les lauréats du prix Aubanel. M. B.

Séance du 30 juin 1902. PRÉSIDENCE DE M. MOTET.

LE PRÉSIDENT annonce, en termes émus, la perte faite par la Société, en la personne d'un de ses plus anciens membres et de son ancien président, le Dr Jules Falret, qui succombait le lendemain du jour où la Société célébrait le cinquantenaire de sa fondation. LE PRÉSIDENT donne ensuite lecture du discours prononcé sur la tombe au nom de la Société médico-psychologique et de la Société de médecine légale qu'il a associées dans son suprême hommage à Jules Falret.

La séance est ensuite levée en signe de deuil.

Délire et insuffisance hépatique.

MM. VIGOUROUX et JUQUELIER, à propos de quelques malades chez lesquels ils ont constaté la coïncidence d'insuffisance hépatique passagère et de troubles mentaux également passagers, établissent une relation de cause à effet entre les deux manifestations morbides. Après un rapide historique où sont mentionnés en par

ticulier les travaux de M. Klippel, du Pr Joffroy, de M. L. Levi, de MM. Ballet et Maurice Faure, MM. Vigouroux et Juquelier rappellent les signes habituels (cliniques et urinaires) de la petite insuffisance hépatique (subictère, anorexie, constipation, fétidité des selles, diminution d'urée, urobilinurie, glycosurie alimentaire, etc).

Ils ont retrouvé la plupart de ces signes chez des sujets présentant des troubles psychiques, intermittents ou passagers, et n'accusant de lésion hépatique que par cette altération fonctionnelle de la cellule. Cette altération prévue par M. Klippel dans les cas aigus que cet auteur rapporte put être vérifiée par lui à l'autopsie. Les auteurs, à cause même du genre de malades auxquels ils se sont adressés, n'ont pu faire de constatations anatomiques, mais ils ont vu l'insuffisance hépatique évoluer parallèlement avec les troubles psychiques; ils ont vu en particulier disparaitre la glycosurie alimentaire, qui leur servait de pierre de touche quand disparaissaient les troubles mentaux (confusion mentale, délire onirique. hallucinations provoquant le délire, excitation, etc.)

Si cette auto-intoxication hépatique frappe des cerveaux prédisposés (dégénérescence, alcoolisme), il n'est pas pourtant sans intérêt de la diagnostiquer, puisque sa connaissance permet :

1o D'instituer une thérapeutique immédiate plus rationnelle; 2o D'indiquer au malade un régime hygiénique destiné à éviter le retour des crises d'insuffisance.

Le malade guéri devra non seulement éviter le surmenage cérébral en tant que dégénéré, mais il devra encore surveiller son régime alimentaire en tant qu'hépatique latent.

Les observations rapportées sont réparties en trois groupes : 1o Celles où l'auto-intoxication d'origine hépatique a frappé un sujet anciennement alcoolique, bien qu'abstinent depuis quelque temps;

2o Celles où des accès intermittents de confusion mentale avec délire hallucinatoire ou agitation ont évolué parallèlement avec des accès également intermittents d'insuffisance hépatique;

3o Celles où des signes d'insuffisance hépatique s'observent chez des délirants actuellement en évolution, et où cette insuftisance hépatique a servi de guide au point de vue thérapeutique.

L'état mental de ces malades présente une grande diversité. Mais, d'une façon générale, les auteurs retrouvent chez eux les caractères des délires toxiques et infectieux (confusion mentale, cauchemars, hallucinations, perte de conscience, agitation motrice et automatique).

Signes physiques de démence précoce.

M. MASSELON, au nom de M. SÉRIEUX et au sien, fait une communication sur les signes physiques de la démence précoce. D'après

de nombreuses observations, les auteurs notent la fréquence de troubles pupillaires variés, de troubles des réflexes et de la sensibilité cutanée. Ils notent par ordre de fréquence troubles de l'accommodation, du réflexe lumineux, dilatation pupillaire, déformation pupillaire, inégalité pupillaire. Les réflexes tendineux sont exagérés dans le tiers des cas. La sensibilité est diminuée dans plus de la moitié des cas, ainsi que le réflexe plantaire; le réflexe crémastérien, le réflexe abdominal sont très souvent abolis, MM. Sérieux et Masselon ont noté aussi parfois du dermographisme. M. SÉGLAS ne croit pas que les signes physiques de la démence précoce aient une constance aussi grande que MM. Sérienx et Masselon l'affirment. Les troubles de la sensibilité cutanée sont peutêtre plus apparents que réels et dus surtout au ralentissement des fonctions psychiques de ces malades. Les réflexes tendineux lui paraissent bien, par contre, en général exagérés, surtout chez les catatoniques. Pour les signes pupillaires, il faut craindre des erreurs possibles d'interprétation chez ces malades difficiles à examiner; il admet cependant la fréquence de la dilatation pupillaire; les signes pupillaires sont d'ailleurs variables et probablement transitoires. M. Séglas met en garde contre les erreurs possibles dues à la coexisteuce d'une maladie du système nerveux. Il cite un fait où un myosis d'origine syphilitique apparut au cours d'une démence précoce.

M. DENY rapporte un cas analogue à cette dernière observation. M. TRÉNEL pense que les signes pupillaires sont peut-être moins importants que ne l'admettent les auteurs. Il a constaté la dilatation pupillaire, mais celle-ci n'est peut-être qu'une sorte d'attitude de l'œil, pour ainsi dire, les malades laissant errer leur regard vaguement fixé dans le lointain. Cela paraît surtout net chez les catatoniques. Il semblerait d'ailleurs que cette dernière forme parait plus rare en France qu'en Allemagne. Marcel BRIAND.

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE

Séance du 2 juillet 1902. - PRÉSIDENCE DE M. GOMBAULT.

Trophonévrose hémiatrophique totale et familiale.

MM. RAYMOND et SICARD présentent deux malades, le frère et la sœur atteints d'atrophie distribuée selon la forme de l'hémiplégie c'est-à-dire atteignant tous les muscles d'un même côté y compris la face. L'hémiatrophie est donc totale. Le processus a eu une marche lente à début insensible. Chez l'un des malades il a mis

quatorze ans à évoluer avant d'arriver à l'hémiatrophie totale et a commencé par le membre inférieur gauche, s'étendant ensuite au membre supérieur, au tronc et à la face. Il y a donc là un type nouveau d'atrophie à forme hémiplégique, et une notion nouvelle familiale.

Hémihypertrophie congénitale.

M. Gilbert BALLET présente un malade atteint d'hémihypertrophie congénitale du côté gauche du corps. La face est plutôt moins développée à gauche qu'à droite, par contre le membre supérieur gauche est plus long que le droit, la mamelle gauche notablement plus développée que celle du côté opposé, mais c'est surtout au membre inférieur qu'on constate cette hypertrophie, la cuisse et la jambe gauches sont plus longues que celle de droite, ce qui occasionne une attitude vicieuse quand le malade est debout (inclinaison du bassin à droite, scoliose compensatrice à gauche). La circonférence de la cuisse et de la jambe dépasse aussi celle des segments correspondants du côté opposé.

Au niveau du membre inférieur gauche, on constate un développement énorme des veines, avec ulcères variculeux et troubles trophiques secondaires, de plus, sur la moitié gauche du thorax, existe une tache næviforme très étendue.

Le malade est un bégayeur et il a de l'incontinence nocturne d'urines.

Il existe dans la science un certain nombre de cas analogues (Trélat et Monod, Finlayson, S. Adams, etc.,) de cette hémihypertrophie du corps avec développement anormal (Cirsoïde) des veines et des capillaires. Il s'agit là d'une malformation congénitale.

Thorax en entonnoir.

MM. KLIPPEL et LEPAS montrent deux malades atteints de la malformation dite thorax en entonnoir. L'un des malades présente de l'atrophie des pectoraux et de la cyanose des mains, ni l'un ni l'autre ne portent des signes de rachitisme.

Edème hystérique.

M. DUFOUR présente une jeune fille atteinte d'un œdème douloureux du bras gauche à disposition segmentaire couvert d'une éruption médicamenteuse. Cet œdème a fait croire à une phlébite alors qu'il s'agit seulement d'une manifestation hystérique.

Tachicardie et tremblement.

M. VAQUEZ présente un homme atteint d'accès de tachycardie avec angoisse, suffocation et augmentation de volume du cœur à la suite d'efforts. L'accès terminé tous les signes d'insuffisance tri

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