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ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE.

La paralysie générale d'après les données de la clinique psychiatrique de l'Université de Moscou;

PAR LES DOCTEURS

SERGE SOUKHANOFF,

Privat-docent de la faculté de médecine, médecin de la clinique psychiatrique de Moscou.

Et PIERRE GANNOUCHKINE.

Le nombre des malades qui ont visité la salle de consultation de la clinique psychiatrique de Moscou, depuis sa fondation, c'est-à-dire depuis le mois de novembre de 1887 jusqu'au 1er janvier de l'année 1901, a été de 3.916 personnes dont 2.493 hommes et 1.423 femmes.

De tous ces malades il y en avait 682 qui souffraient de paralysie générale, 590 hommes et 92 femmes. Si nous prenons les chiffres des dernières douze années et si nous les partageons en trois périodes chacune de quatre années, nous recevrons les données suivantes :

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Ces données ont été examinées par nous : 1o concernant le rapport du nombre de paralytiques généraux au nombre de tous les malades psychiques qui ont été à la consultation, et 2° concernant le rapport du nombre des paralytiques hommes au nombre des paralytiques femmes.

Si nous faisons les chiffres absolus, que nous venons de citer, relatifs, nous aurons les résultats suivants :

Sur 100 malades psychiques (des deux sexes), il revient
de paralytiques.

Sur 100 malades psychiques hommes

femmes

17,42

23,67

6,47

C'est-à-dire que les paralytiques font presque un cinquième de tous les malades psychiques; si nous prenons seulement les hommes, alors nous verrons qu'un quart de tous les malades psychiques hommes souffrent de paralysie générale, les femmes n'en font que 6,5 p. 100.

En répartissant tous nos malades par des périodes de quatre années, nous obtenons les chiffres suivants :

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Ces données indiquent très nettement, que le nombre des paralytiques généraux s'accroît dans les dernières années non seulement d'une manière absolue, mais aussi, ce qui est plus grave, encore relativement; ce qui est à remarquer encore, c'est que le nombre des femmes paralytiques pendant les quatre dernières années a augmenté de beaucoup.

La plupart des auteurs s'occupant de la statistique de la paralysie générale, mettent sur la première place le rapport

du nombre des hommes paralytiques au nombre des femmes paralytiques; nous nous permettons, pourtant, de supposer que le rapport de ce genre ne peut avoir de signification que lorsqu'il est comparé avec le rapport du nombre de tous les malades psychiques hommes au nombre de toutes les malades psychiques femmes. Chez nous, pour chaque paralytique femme il revient 6,41 paralytiques hommes, c'est-àdire que le nombre des hommes aliénés est plus que six fois plus grand, que celui des paralytiques femmes, et que pour chaque femme aliénée il revient 1,75 d'hommes aliénés, c'est-à-dire que la quantité des hommes aliénés est presque deux fois plus grande que celle des femmes aliénées.

De cette comparaison il s'ensuit que si la quantité de tous les malades psychiques des deux sexes était égale, le nombre des paralytiques hommes serait plus que trois fois plus grand que celui des paralytiques femmes.

En partageant ces mêmes données par périodes de quatre années nous aurons les résultats suivants :

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Ces données nous permettent de faire deux conclusions, à savoir premièrement, le rapport du nombre de tous les malades psychiques du sexe masculin au nombre de toutes les malades psychiques du sexe féminin oscille comparativement peu (en limites très médiocres), ce qui confirme encore plus la régularité de la conclusion, faite par nous, concernant la quantité des malades des deux sexes. Secondement, ces données indiquent sur une augmentation très marquée

du nombre des femmes paralytiques les dernières quatre années.

Concernant la division des malades, atteints de paralysie générale en groupes d'après l'âge, nous nous sommes dirigés par les considérations suivantes vu le nombre médiocre des malades en question avant l'âge de vingt ans, nous les avons inclus dans un groupe à part, de même que les malades de ce genre, chez lesquels la paralysie générale a manifesté après soixante ans, ont été aussi placés dans un groupe particulier. Tous les autres malades ont été répartis encore en huit groupes, ayant chacun une période de cinq

années.

De 673 paralytiques (hommes et femmes ensemble):

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Si nous prenons les hommes et les femmes à part et si nous les répartissons de la même manière, nous verrons, qu'ayant le nombre de paralytiques hommes 581 et le nombre de paralytiques femmes 92.

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que

la plus

Des données que nous venons de citer, on voit grande quantité de paralytiques hommes et de paralytiques femmes se rencontre dans l'âge de trente-un à trente-cinq ans et de trente-six à quarante ans ; chez les hommes le plus

grand nombre de malades revient au second de ces groupes et chez les femmes au premier.

De plus, on voit encore que le nombre de femmes paralytiques dans l'âge le plus jeune et le plus vieux est plus grand que celui des hommes à l'âge correspondant.

Vu la rareté comparative des cas de paralysie générale dans l'âge très jeune, nous allons citer in extenso trois cas de paralysie générale juvénile.

OBSERVATION I. Malade B..., jeune fille de seize ans, paysanne, s'adressa à la salle de consultation de la clinique psychiatrique de Moscou le 10 mars 1899. Son père s'adonnait aux boissons fortes et avait supporté le delirium tremens. Son grand-père maternel buvait aussi et a eu dans la vieillesse une maladie mentale.

La syphilis héréditaire est probable. La malade vint au monde à terme, commença à marcher tôt. Lorsqu'elle était dans sa troisième année, elle eut un accès avec perte de conscience, convulsions et écume aux lèvres; ensuite, elle n'eut plus d'accès semblable, elle supporta la rougeole. C'était une fillette vive qui ne présentait rien d'extraordinaire; elle apprenait bien. Deux ans de cela elle a fini son cours à l'école diocésaine. En automne de l'année 1897, elle entra au service d'un magasin, où elle resta jusqu'au printemps de l'année 1898. Au mois de mai de 1898 la malade commença à manifester des bizarreries et devint entêtée, irascible, se querellait avec sa mère, souvent était de mauvaise humeur, pleurait beaucoup, était triste, voulait se jeter dans la rivière, dormait peu. L'été la malade ne faisait presque rien, rarement prenait son ouvrage, embrouillait son tricot et sa broderie; sa mauvaise humeur continuait. En automne l'état psychique de la malade resta le même. En hiver il empira; la malade commença souvent à pleurer en prenant sa tête dans les mains; tantôt elle devenait gaie, riait à chaque propos, tantôt se mettait à pleurer; elle grondait sa mère et la battait. La malade manifestait souvent le désir de s'évader de la maison. La mère remarquait que les facultés intellectuelles de sa fille s'affaiblissaient visiblement.

Etat présent. La face a l'aspect d'un masque. La malade marche assez mal; ses mouvements sont atactiques; tremblement de la langue, des mains et des muscles faciaux, lorsqu'elle parle. Les réflexes rotuliens sont très affaiblis; les pupilles sont étroites; la pupille droite est plus large que la gauche, réagit mal à la lumière. L'écriture est troublée. Le discours paralytique. La malade parle peu et fait l'impression d'être démente.

OBSERVATION II. Malade P..., fille de vingt ans, paysanne, s'adressa dans la salle de consultation de la clinique psychiatrique

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