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ARCHIVES DE NEUROLOGIE

THÉRAPEUTIQUE.

Nouvelle contribution à l'étude de l'épilepsie vertigineuse et à son traitement par le bromure de camphre;

Par BOURNEVILLE et AMBARD.

Depuis bien des années le bromure camphre est employé dans le service des enfants de Bicêtre'. Les résultats thérapeutiques obtenus soit dans la chorée, soit contre l'insomnie, et les cauchemars, soit surtout dans l'épilepsie ont été consignés dans des thèses inaugurales ou des notes insérées dans les Compte rendus annuels. Aux faits anciens, nous allons en ajouter quelques-uns qui nous paraissent de nature à encourager les médecins praticiens à recourir à ce médicament,

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BIBLIOGRAPHIE. Bourneville, Communications à la Société de biologie, 1874 et Progr. med., 1874, 1875, résumées dans la thèse de M. le Dr Pathault, 1875. Revues des travaux publiés sur le bromure de camphre (Progr. méd., passim); — Cornet, Traitement de l'épilepsie, 1889 (avec observations de notre service); Bourneville, Observation de chorée guérie par le bromure de camphre, avec spécimens de l'écriture (Compte rendu du service de Bicêtre pour 1885, p. 49); - Du bromure de camphre dans l'épilepsie (Compte rendu de 1889, p. 33). De l'emploi thérapeutique du bromure de camphre (érections douloureuses et cystalgie, accidents dus à la dentition, spermatorrhée, insomnie, hystérie, délirium trémens), et en particulier dans l'épilepsie vertigineuse, 5 observations (Compte rendu de 1895, p. 218); Chorée, bromure de camphre, guérison. En collaboration avec M. Katz. (Compte rendu de 1898, p. 3).

* Dernièrement, nous avons vu une malade de Pologne atteinte d'une affection douloureuse de la vessie, à laquelle le professeur Lotar a donné, avec succès, des capsules de bromure de camphre du Dr Clin.

ARCHIVES, 2 série, t. XIV.

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moins employé qu'il ne devrait l'être, non seulement dans l'épilepsie, mais dans un grand nombre d'affections du système nerveux.

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SOMMAIRE. Père, excès de boissons. Oncle paternel, excès de boissons, mort de tuberculose. Renseignements insuffisants sur le reste de la famille. Mère sujette à des céphalalgies. Un frère et une sœur, morts de méningite. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de cinq ans (père plus àgé).

Notre malade première dent à sept mois. Propre à dix mois. Premières convulsions à sept mois. Tics convulsifs de l'épaule đu côté droit. Convulsions fréquentes de sept mois à trois ans. Début de l'épilepsie à neuf ans. Accès et vertiges nombreux. Irritabilité, jalousie, turbulence. Description des accès et des vertiges. Procursion. Bromure de camphre. Diminution progressive et, enfin, disparition des vertiges. Sortie, mariage.

Du... (Rachel), née le 14 juin 1883, entrée le 27 mai 1895 à la Fondation Vallée, en est sortie le 5 février 1901.

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Antécédents héréditaires. Père mort à trente-huit ans d'une hernie étranglée; pas de rhumatismes, pas de convulsions, pas de maladies vénériennes, ni de fièvre typhoïde. Il buvait beaucoup, mais n'était que rarement ivre. [Père: pas de renseignements. Mère: soixante-quatorze ans, rhumatisante. Grands parents inconnus. Une sœur et sa fille bien portantes. Un frère mort de tuberculose.] Mère fièvre typhoïde à douze ans, pas de troubles intellectuels consécutifs; céphalalgies mais pas de migraines, ni de syphilis, ni alcoolisme, vive et emportée. [Père : sobre, mort à cinquante-neuf ans. Mère morte à quarante-cinq ans, de cause inconnue. Grands parents, pas de renseignements. Un frère vingt-huit ans, sobre. Deux sœurs rien à signaler. Pas d'idiots, d'épileptiques, de malformés dans le reste de la famille.]

Pas de consanguité. Inégalité d'âge de cinq ans. (Père plus âgé). Dix enfants: 1° garçon, dix-neuf ans, sain; 2° fille morte en venant au monde, à terme; la mort a été attribuée par la mère à une chute; 3° garçon mort à vingt-deux ans d'une méningite qui a duré onze mois; 4° fausse couche de trois mois, suite d'une peur; 50 garçon, fièvre typhoïde à sept ans et demi, intelligent; 6° fille morte à six semaines de cholérine; 7° notre malade; 8° garçon, dix ans, rien à signaler; 9° fille, sept ans, otite suppurée; 10° fille morte à deux mois et demi de méningite.

Notre malade. Rien de spécial à la conception 1. - Grossesse absolument normale, ni chutes, ni émotions, ni frayeurs, ni éclampsie. Accouchement à terme en une heure. Elle a perdu beaucoup d'eau; présentation du sommet. Pas d'asphyxie, pas de cordon. Nourrie au sein par sa mère jusqu'à dix-sept mois. Prise du sein normale, pas de cris. Première dent à sept mois. Dentition complète à dixhuit mois. Elle a commencé à parler à huit mois, a été propre à dix mois. Ni bave, ni succion, ni onanisme.

Premières convulsions à sept mois, avec la première dent, pendant trente minutes. Aurait été toute raide, sans secousses, yeux grands ouverts. Depuis lors, jusqu'à trois ans, au moins cent convulsions. C'est la première qui a été la plus longue. Les premières convulsions n'ont pas modifié l'intelligence. A la suite des premières convulsions, à sept mois, l'enfant, au dire de sa mère, aurait conservé un mouvement spasmodique de l'épaule droite.

De trois à neuf ans, aucun accident convulsif, ni cauchemars, ni terreurs, ni vertiges. Le premier accès est survenu dans les conditions suivantes: A la fête de la place d'Italie, l'enfant demandait un sou pour monter sur les chevaux de bois. Sa mère refuse, l'enfant persiste dans sa demande et tout d'un coup tombe raide; elle resta quarante-huit heures sans connaissance. Un médecin, pendant ce temps, tenta vainement de la ranimer. Elle se réveilla spontanément, appela sa mère et demanda à manger. Elle fut menée à la Salpêtrière où Charcot ordonna des douches et du bromure. Nouvel accès trois jours après, sans cri. Elle se laissa glisser le long d'un mur, resta raide, puis elle ronfla. Ni bave, ni écume, ni évacuations: durée cinq minutes. Pas de folie pré-ou post-épileptique. Sa mère n'aurait pas constaté de vertiges et cependant on les a notés dés l'entrée. Pas d'atteinte de l'intelligence. Aucune maladie infectieuse, ni accidents scrofuleux; plusieurs bronchites légères.

Etat actuel. L'enfant parait en bonne santé, son attitude est normale. La physionomie intelligente. Lèvres et conjonctives bien colorées.

Tête Cheveux châtains bien plantés. Crâne, configuration arrondie, symétrique. Front bombé. Visage ovale, cicatrice à la partie gauche du front, suite de chute. Arcades sourcillières normales, symétriques. Sourcils abondants, châtain foncé, bien plantés. Paupières mobiles et régulières. Yeux normaux. Nez droit. Pommettes régulières. Voûte du palais, amygdales, langue, normales. Dents bien plantées, saines. Menton rond. Oreilles régulières, lobule bien détaché. Tronc bien conformé. Membres supérieurs et infé

Le père, comme nous l'avons dit, commettait de fréquents excès de boisson, et les rapports sexuels avaient souvent lieu quand il avait bu.

rieurs normaux, ainsi que les réflexes; onychophagie bilatérale. Tous les ongles sont rongés dans une longueur qui varie de 5 à 6 millimètres. L'auscultation et la percussion ne décèlent rien de particulier.

Puberté. - Aisselles et pénil glabres. Seins: 7 centimètres de large sur 6 1/2 de haut. Grandes lèvres peu développées. Petites lèvres normales. Hymen, fissure antéro-postérieure. Pas d'hémorrhoïdes. Anus glabre. Non réglée. Pas d'onanisme.

Caractère variable, triste si on la laisse seule, pas d'accès de colère. Pas de perversions des instincts. Vagues tendances au suicide, aurait essayé de se jeter par la fenêtre, au dire de sa mère. — Digestion et respiration normales. Sujette à paresser. — Sensibitité spéciale et générale normales. Aucun signe d'hystérie. Sommeil bon, naturel. Sentiments affectifs excellents. Parole et voix nettes. Propre, soigneuse de sa personne.

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Traitement Douches froides en jet en éventail de quarante secondes. Badigeonner les doigts avec de la teinture de coloquinte. École, ouvroir, gymnastique.

Septembre. Rachel est de plus en plus turbulente et irritable. A la moindre remarque, elle répond impertinemment, hausse les épaules, menace de se plaindre à ses parents. Elle est encore plus insupportable depuis l'entrée à la Fondation de sa sœur, dont elle est jalouse, s'empare de la plus large part des friandises apportées par sa mère. Si on fait une caresse à sa sœur, elle la regarde d'un il méchant, la bat sans motif. On est obligé de les séparer au dortoir et au réfectoire. R... déclare qu'elle n'aime pas sa sœur et ne peut pas la voir. Elle est foncièrement paresseuse, ne travaille ni à l'ouvroir ni à l'école, taquine ses compagnes ou dort sur la table.

En raison de ses vertiges on lui donne des capsules de bromure de camphre, deux la première semaine, quatre la seconde,.. dix la cinquième, on suspend une semaine et on recommence.

19. R... dont les vertiges sont très nombreux, a son premier accès aujourd'hui, précédé d'une série de vertiges. Pendant cinq minutes, elle est restée debout, immobile, le regard fixe, le visage pâle. Puis elle a dit : Oh! que j'ai mal au cœur! J'ai mangé trop de poires. On l'a couchée et, au bout de quelques secondes, rigidité générale, secousses très fortes des quatre membres, face pâle puis violacée, bave assez abondante, ronflement. Au bout de deux minutes environ elle est revenue à elle : Où suis-je ? J'ai mal au cœur ; j'ai mangé trop de poires, je n'en mangerai plus. >> Ensuite elle a vomi beaucoup. Elle s'est endormie deux heures après. La nuit a été bonne. Cet accès, le premier, depuis l'entrée, paraît avoir été provoqué par une indigestion.

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Suivant la règle, la température rectale s'est élevée sous l'influence de l'accès.

Octobre. Les vertiges, très nombreux, viennent à toute heure. Ils sont, toutefois, moins fréquents la nuit ou passent inaperçus. Voici en quoi ils consistent secousses, regard fixe, yeux grands ouverts, nez pincé, face pâle. Si elle est debout, elle marche, va et vient, court dans le préau ou le jardin, sans s'en rendre compte. Si elle est assise, elle se balance d'avant en arrière. Loin de laisser tomber les objets qu'elle tient à la main, elle semble les saisir plus fortement. Lorsqu'elle revient à elle, elle secoue la tête, est surprise et étonnée, comme si elle sortait d'un rêve. Lui parle-t-on, elle répond: << Eh bien! me voilà, ça y est... », et elle reprend l'ouvrage qu'elle faisait auparavant. Durée de quelques secondes à une ou deux minutes. Pas d'aura.

Dans les vertiges qui s'accompagnent de procursion, si, à ce moment, elle tient un enfant par la main, elle l'entraîne dans sa

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