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M. Bonnet, secrétaire général du Congrès, remercie les savants du monde médical d'avoir répondu à son appel; il exprime toute sa gratitude au Conseil général et à son éminent président, M. Dubost, et porte un toast en l'honneur de M. Vallon, son ancien maître. - M. Giraud rappelle qu'au congrès qui se tint à Lyon, il y a onze ans, les congressistes avaient fait une première visite à l'asile de Saint-Robert. Il est heureux de constater les améliorations apportées pendant cette période et les progrès réalisés. — Enfin la série des toats est close par M. Vallon, qui porte la santé de l'un de ses plus brillants élèves, M. le Dr Bonnet.

Inutile de dire que ces divers toasts ont été vivement applaudis et que celui de M. Dupré a eu les honneurs du ban. Après le banquet, les congressistes se sont réunis dans une des salles de l'asile pour la continuation de leurs travaux.

Séance du 4 août 1902 (soir).

Traumatisme et folie.

MM. MARIE et PICQUÉ. · Résumé: Dans les psychoses et comme pour les névroses, il est fréquent d'entendre invoquer par les malades ou leur famille, l'influence des traumatismes généraux ou locaux. L'examen des aliénés montre d'autre part souvent qu'ils portent, en effet, des traces de traumatismes variés. Ges traumatismes peuvent être divisés en deux grandes classes, traumatismes consécutifs à la folie, traumatismes antérieurs.

Les premiers peuvent être accidentels ou directement en rapport avec la folie précédente. Ils peuvent dans un cas comme dans l'autre être sans influence ou réagir à leur tour sur la psychose antérieurement existante. Parfois ils l'aggravent en y surajoutant des complications variées parfois ils peuvent faire disparaître certains phénomènes pathologiques agissant comme une intervention opératoire voulue.

Les traumatismes antérieurs ou psychoses peuvent être sans action sur elles ou au contraire préparer le terrain en créant un locus minoris resistensiæ.

Enfin il est des cas où le traumatisme antérieur semble en rapport étroit avec la psychose consécutive et dans un rapport de cause à effet. Les observations publiées ne sont pas démonstratives; de nouvelles études sont à faire dans cette voie. Les traumatismes antérieurs aux troubles mentaux et nerveux peuvent appeler l'intervention chirurgicale. Celle-ci peut être faite avant l'apparition des troubles mentaux et nerveux pour remédier aux conséquences ordinaires du traumatisme.

Dans le cas d'intervention précoce, la psychose post-opératoire peut être liée à l'opération seule et à ses suites ou bien encore au traumatisme mental, ou à l'un ou l'autre. Elle peut rester aussi sans rapport autre que de coïncidence. Une première intervention opératoire peut, sans compliquer l'état mental ou nerveux, rester sans action curative il ne s'ensuit pas qu'une intervention nouvelle ultérieure ne reste pas indiquée.

Les applications futures de la chirurgie aux psychoses tireraient profit de l'étude des suites lointaines qu'on en peut observer dans les services d'asile comme des recherches fort minutieuses qu'on y peut faire.

Dans l'étiologie de toutes ces catégories de psychoses, l'élément traumatique peut intervenir parfois d'une façon prépondérante; cet élément étiologique, souvent méconnu, mérite cependant une place à part. L'observation individuelle plus minutieuse des malades des asiles doit conduire à l'utilisation plus fréquente des ressources de la thérapeutique chirurgicale dans le traitement des psychoses tant aigues que chroniques. Ce rapport des psychoses avec le traumatisme doit de même conduire le chirurgien, dans les premières périodes du traumatisme à ne négliger aucune indication opératoire.

M. A. MARIE montre une série de moulages de calottes crâniennes trépanées.

Suites éloignées du traitement chirurgical de l'idiotie

et de l'épilepsie.

M. BOURNEVILLE (de Paris) appelle l'attention sur les résultats éloignés du traitement chirurgical de l'idiotie et de l'épilepsie et relate un certain nombre d'observations qui prouvent que dans l'épilepsie dite essentielle, après une diminution passagère des accès à la suite de la trépanation, ceux-ci réapparaissent plus nombreux qu'auparavant et s'accompagnent rapidement d'une profonde déchéance des facultés. Les résultats, dans l'épilepsie partielle ou jacksonienne, ne sont pas plus satisfaisants lossqu'on suit les malades prétendus guéris pendant quelques années. Seule, l'épilepsie d'origine traumatique paraît rester tributaire de la chirurgie, mais encore faut-il que l'intervention soit précoce et que plusieurs années ne se soient pas écoulées depuis l'apparition des premiers accès.

Quant à l'idiotie, on sait que son traitement chirurgical reposait sur une hypothèse erronée, celle de la synostose prématurée des os du crâne; aussi est-il aujourd'hui à peu près complètement abandonné.

M. OBREGIA. J'ai eu de mon côté l'occasion de suivre pendant plusieurs années cinq épileptiques qui avaient subi une double ré

section du sympathique cervical. Chez tous ces malades, les accès comitiaux disparurent pendant quelque temps à la suite de l'opération, mais pour réapparaître ensuite tout aussi intenses et tout aussi fréquents. Je fus obligé d'avoir recours au bromure de potassium aux doses de 6 à 12 et 14 grammes par jour. Gràce à ce traitement intensif, 2 de ces malades peuvent être considérés comme guéris, car, bien qu'ayant cessé de prendre du bromure depuis un an, ils n'ont pas eu de nouvel accès; 2 sont encore actuellement en traitement; le cinquième a succombé en état de mal.

De l'utilité de la ponction lombaire pour le diagnostic
de la paralysie générale.

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MM. A. JOFFROY et E. MERCIER. Dans un grand nombre de cas, le diagnostic de la paralysie générale, impossible par les anciens moyens d'investigation, peut être fait grâce à la ponction lombaire, car dans les conditions où se pose habituellement ce problème clinique, la constatation de nombreux éléments blancs dans le liquide céphalo-rachidien permet d'affirmer la paralysie générale, tandis que leur absence permet de rejeter ce diagnostic.

A l'appui de cette affirmation, les auteurs de la communication apportent leur statistique personnelle et des exemples empruntés aux leçons cliniques faites à l'asile Sainte-Anne pendant l'année -scolaire 1901-1902, leçons qui doivent former la base d'un travail plus développé sur les applications de la ponction lombaire en psychiatrie.

La statistique comprend 120 ponctions lombaires faites chez 91 malades différents, la plupart avec numération des éléments blancs. Il a été fait 70 ponctions chez 48 paralytiques généraux. Le nombre des éléments était généralement compris entre 10 et 100 par millimètre cube. Dans 4 ponctions faites sur 3 paralytiques, on a trouvé un nombre d'éléments comparable à celui qu'on trouve chez les sujets sains. Mais les auteurs montrent que ces trois malades n'étaient pas dans les conditions d'évolution que rencontre le clinicien dans le cas où le diagnostic est difficile. Ils pensent qu'au début de la paralysie générale l'augmentation du nombre des éléments est un symptôme constant.

Ils ont trouvé encore un nombre élevé d'éléments dans 4 cas de tabès avec troubles mentaux, et dans un cas d'excitation maniaque associé à une méningo-myélite syphilitique dont les symptômes disparurent en même temps que l'excitation sous l'influence du traitement spécifique.

Chez 18 vésaniques appartenant aux diverses variétés de psychoses, chez 1 épileptique, dans 1 cas de crises épileptiformes liées à l'albuminurie, 2 cas de ramollissement cérébral et 1 cas d'hydrocéphalie, le nombre des éléments n'était pas augmenté. Il n'était

pas augmenté non plus chez 1 alcooliques auxquels furent faites 17 ponctions, et qui comprenaient 8 cas d'alcoolisme subaigu, 4 d'alcoolisme chronique et 2 de psychose polynévritique de Korsakoff.

La ponction lombaire permet de distinguer la paralysie générale des diverses formes de l'alcoolisme, et surtout de ces accès d'alcoolisme subaigu qui éclatent dans le cours de l'alcoolisme chronique. A diverses reprises, les auteurs se sont trouvés en face de malades présentant, avec un délire plus ou moins analogue au délire alcoolique, de la confusion, de l'amnésie, des troubles de la parole et parfois de l'inégalité pupillaire. Suivant que la ponction faite à l'entrée dans le service leur révélait un nombre anormal d'éléments blancs ou une quantité normale, ils faisaient, dans des cas par ailleurs tout à fait semblables, tantôt le diagnostic de paralysie générale, tantôt celui d'alcoolisme, et l'évolution ultérieure de la maladie leur a toujours donné raison. Or, avant l'emploi de la ponction lombaire, le diagnostic immédiat était impossible dans

ces cas.

La ponction lombaire permet aussi de distinguer la paralysie générale, au début, d'une psychose, et en particulier d'un accès curable de manic ou de mélancolie, alors que le diagnostic sans aide serait tout à fait impossible.

Les auteurs citent l'exemple de deux hommes arrivés à l'âge moyen de la vie, qui tous deux furent atteints d'un accès d'excitation maniaque sous l'influence duquel ils commirent des incorrections très comparables. A l'examen, tous deux présentaient de l'excitation sans affaiblissement intellectuel, sans troubles de la mémoire. La parole était normale, comme l'écriture; chez tous deux il y avait une légère inégalité pupillaire, avec un réflexe

lumineux normal.

Il eût été impossible de différencier ces deux malades sans la ponction lombaire, qui révéla un nombre anormal d'éléments chez l'un, un nombre normal chez l'autre. Le premier était un paralytique général; le second, au contraire, devait être regardé comme curable.

La présence des éléments blancs chez un aphasique permet d'attribuer l'aphasie à la paralysie générale dans certains cas où sans la ponction lombaire, le diagnostic avec le ramollissement cérébral

serait très difficile.

Mais il y a des cas très rares où la ponction lombaire ne peut servir au diagnostic de la paralysie générale. Ce sont ceux où il existe une autre affection capable d'expliquer la présence des éléments blancs. Par exemple, lorsqu'un tabétique présente des troubles mentaux, on doit se demander s'il s'agit de troubles passagers, ou si l'on doit incriminer des lésions cérébrales de paralysie générale. Ici la ponction lombaire est impuissante, puisque le tabes suffit à expliquer la présence des éléments blancs.

En somme, d'après cette communication, la présence de nombreux éléments blancs dans le liquide céphalo-rachidien est le plus constant et le plus précoce des signes physiques de la paralysie générale, et sa découverte a fait faire un progrès considérable à la question si importante du diagnostic de cette affection.

Discussion: M. JOFFROY. Je désire attirer l'attention sur les 4 ponctions négatives faites chez des paralytiques généraux. Elles ont porté sur 3 malades. L'un de ces malades est entré à la clinique il y a sept ans avec tous les signes de la paralysie générale, puis après une période d'amélioration son état est resté stationnaire. Deux ponctions faites à six mois de distance dans le cours de la septième année de la maladie n'ont pas révélé d'éléments. Il ne faudrait pas en conclure que dans ces paralysies générales prolongées, l'absence des éléments soit constante, car chez un autre malade dont l'état reste stationnaire depuis treize ans, une première ponction fut négative, mais une deuxième, faite six mois après, révéla de nombreux éléments. D'ailleurs la quatrième ponction négative montre qu'on peut rencontrer cette absence des éléments dans des cas récents à évolution rapide. Ainsi pas plus qu'aucun autre symptôme de la paralysie générale, la présence des éléments n'a une valeur absolue.

M. ARNAUD a vu un sujet atteint de crampes des écrivains qui eut ensuite de l'embarras de parole. Ce fait lui semble venir à l'appui des idées émises par M. Pailhas sur la corrélation des centres de l'écriture et de la parole.

M. DOUTREBENTE. Je demande à M. Joffroy de nous dire s'il pourrait nous fournir des renseignements sur les antécédents vésaniques héréditaires des deux paralytiques dont la maladie dure depuis cinq et onze ans.

M. JOFFROY. L'un de mes malades avait des antécédents héréditaires manifestes, il était fils d'un déséquilibré.

M. DOUTREBENTE. Je remercie M. Joffroy de ce renseignement. qui me confirme dans l'opinion émise par moi il y a trente-deux ans dans ma thèse, quand j'ai dit, le premier en date, que la forme chronique et rémittente de la paralysie générale se rencontrant chez les héréditaires vésaniques.

MM. MARIE et DUFLOT. Il y a bientôt deux ans que Widal, Sicard, Ravaud, ont fait connaître et rendu praticable à tous la ponction lombaire. Depuis cette époque, tout a été dit sur la nature de cette opération, les méthodes d'examen du liquide, les renseignements cliniques qu'une ponction peut donner en neurologie et en psychiatrie. On a tenté la ponction lombaire dans toutes les maladies susceptibles d'irriter les méninges et par suite de faire apparaitre des éléments figurés dans le liquide céphalo-rachidien. La présence ou l'absence de ces éléments dûment constatées

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