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permettent donc, dans un cas donné, d'éliminer un certain nombre d'hypothèses et de restreindre, par conséquent, le champ du diagnostic.

A côté de ce simple examen, se bornant à constater la présence ou l'absence d'éléments figurés, il nous a semblé que d'utiles renseignements pourraient peut-être résulter de l'examen systém atique et répété du liquide céphalo-rachidien chez certains malades.

Aussi, avons-nous fait un choix de paralytiques généraux que nous soumettons périodiquement à la ponction. Nous nous sommes demandé, en effet, si le nombre des lymphocytes progressait en raison directe de la maladie 1; s'il y avait variation dans la formule cytologique dans les phases si diverses de la paralysie générale, ou encore au moment des ictus, fréquents chez le paralytique? Peut-être aussi, puisque le traitement spécifique parait devoir rentrer en faveur, aurait-on pu trouver là un certain contrôle des effets produits par ce traitement dans certains cas de paralysie générale.

Nos observations sont encore trop peu nombreuses, et surtout suivies pendant un laps de temps trop court, pour que nous puissions répondre catégoriquement à ces multiples questions (nous nous proposons du reste de les publier avec les développements qu'elles comportent). Toutefois, il y a un fait qui nous paraît bien certain, c'est que le nombre des lymphocytes dans la paralysie générale ne semble pas progresser en raison des symptômes cliniques tant physiques que psychiques. Nous avons ponctionné des malades tout au début de leur maladie, dont le diagnostic même était encore très hésitant. Dans certains cas, nous avons trouvé une très grande abondance de lymphocytes, tandis que chez d'autres paralytiques malades depuis longtemps, déprimés et cachectiques, le nombre des lymphocytes était sensiblement inférieur à celui trouvé chez les malades précédents.

Nous nous proposions de remettre à l'épreuve le traitement spécifique avec le contrôle du cytodiagnostic, mais il semble bien, d'après les observations précédentes, qu'il ne puisse donner de renseignements sur le bon ou sur le mauvais résultat de la médication.

Quant aux variations de la formule leucocytaire avec les diverses phases cliniques ou les ictus de la paralysie générale, nos observations, trop peu nombreuses encore, ne nous permettent de tirer encore aucune conclusion définitive si ce n'est que l'abondance des leucocytes dans le liquide céphalo-rachidien recueilli par la ponction chez les P. G. semble plus fréquente au début de l'affection et dans les phases de poussées aiguës.

Il ne s'agit évidemment pas d'une énumération exacte, démontrée presque chimérique, mais d'une évaluation approximative, suffisamment exacte toutefois pour le but recherché.

L'anxiété impulsive au point de vue médico-légal.

M. GARNIER (de Paris). L'anxiété est assez fréquemment génératrice du crime, et ce qui constitue l'intérêt du fait, c'est que l'acte criminel issu de l'anxiété morbide est en bien des cas accompli en dehors de l'influence de conceptions délirantes. Sous l'empire d'une souffrance morale indiquée, mais non accompagnée de délire, une explosion subite a lieu, sorte de convulsion mentale qui se traduit par une fureur destructive.

Après cet éclair de violence, cette décharge motrice, il y a comme une détente qui n'est pas sans analogie avec ce que l'on observe chez les obsédés impulsifs post actum. On se trouve alors en présence d'une personne inquiète et surtout étonnée, qui manifeste la première sa stupéfaction d'avoir commis un tel acte de violence et qui, tout en ayant conscience de l'acte accompli, ce qui la différencie du comitial, ne s'y reconnait pas elle-même, ce qui la distingue du délirant persécuté qui, lui, prétend sa conduite justifiée.

Le magistrat interroge et constate une lucidité à peu près entière, et si les circonstances sont telles qu'une apparence de mobiles puisse être trouvée, la situation devient très délicate pour l'expert. Il importe donc que le médecin sache que dans la mélancolie sans délire, alors que la maladie est beaucoup plus morale qu'intellectuelle, il existe un vertige mental particulier dans lequel des actes homicides ou suicides peuvent être exécutés avec tous les caractères des actes réflexes.

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M. P. HARTENBERG (de Paris). La névrose d'angoisse, décrite par Freud (de Vienne), est caractérisée par les symptômes sui

vants:

a) Surexcitation nerveuse générale ; b) Etat d'angoisse chronique ou « attente anxieuse >> ; - c) Accès d'angoisse aiguë paroxystique, avec dyspnée, palpitations, sueurs profuses, etc.; – d) Equivalents de la crise d'angoisse et crises rudimentaires, tels que troubles cardiaques, troubles respiratoires, troubles digestifs, vertiges, paresthésies, phénomènes musculaires, phénomènes sécrétoires, phénomènes congestifs, troubles urinaires, variations de la nutrition générale, etc. e) Phobies et obsessions. · De tous ces symptômes, le plus constant et le plus significatif est l'angoisse. Les désordres fonctionnels sont plus ou moins variables, s'associent diversement entre eux et peuvent se remplacer les uns les autres. Les phobies se développent à la faveur de l'angoisse, et leur objet, qui n'est que la forme intellectuelle dans laquelle l'angoisse se justifie, dépend du hasard des circonstances.

Je puis citer trois observations de malades atteints de cette forme de névropathie, et chez lesquels on ne trouve aucun des stigmates

de l'hystérie ni de la neurasthénie. En revanche, on constate les grands symptômes cliniques qui caractérisent la névrose d'angoisse: attente anxieuse, crises d'angoisse aiguë, équivalents de crises, phobies et obsessions. En conséquence, je crois légitime de classer ces malades sous le diagnostic de névrose d'angoisse.

Note sur l'évolution des obsessions et leur passage au délire.

M. SEGLAS expose le résultat de ses observations personnelles sur cette question qu'il a déjà abordée depuis 1889, dans différentes occasions. Contrairement à l'opinion généralement admise en France, il est toujours d'avis que l'obsession vraie est susceptible, à l'occasion, d'évoluer, de se transformer, d'aboutir au délire proprement dit.

Il convient tout d'abord d'éliminer les observations d'idées obsédantes, ou mieux fixes, prépondérantes et celles dans lesquelles il n'y a entre l'obsession et les symptômes délirants qu'un simple rapport de coexistence.

Les formes psychopathiques auxquelles peut aboutir l'obsession sont la mélancolie, la confusion mentale et le délire onirique, les délires systématisés. Le passage à la mélancolie peut se faire d'une façon indirecte ou directe par accentuation progressive des symptômes de l'obsession. Lorsqu'il s'agit d'accès aigus, ils revêtent en général la forme anxieuse : les idées morbides ne sont que la transformation délirante des anciennes idées obsédantes, comme cela s'observe aussi d'ailleurs dans les cas tendant plutôt à la chronicité, dans lesquels on voit l'auto-accusation délirante succéder au simple scrupule conscient et obsédant.

Les états de confusion mentale peuvent être plus ou moins accentués ils représentent comme l'exagération de l'état d'aboulie, d'impuissance intellectuelle habituelle aux obsédés. Parfois, ils peuvent aller jusqu'à la stupeur complète.

Les délires oniriques représentent l'exagération de l'autre face de l'état mental des obsédés constituée par l'automatisme de l'idéation, le mentisme. Non seulement ces délires ont les carac tères du rêve, mais ils peuvent eux-mêmes avoir leur origine dans un rêve et se présenter comme des rêves prolongés. Ils s'accompagnent toujours d'un certain degré de confusion mentale

L'obsession une fois acceptée par le sujet peut devenir l'origine d'interprétations variables et passer au délire systématisé. Le thème délirant est très variable; les idées de persécution sont les plus fréquentes, expliquant en général une idée de contrainte qui peut aller jusqu'au délire de possession avec dédoublement de la personnalité.

A côté de ces cas, il en est d'autres moins caractérisés, constituant des faits de transition. Les obsessions qui paraissent le plus

susceptibles de subir ces transformations sont les obsessions dites intellectuelles et en particulier celles que l'on réunit sous le nom de maladies du doute. La maladie du doute elle-même mériterait peut-être déjà une place à part dans le cadre des obsessions. D'ailleurs, les éléments de pronostic ne doivent pas être tirés de la forme de l'obsession, mais du complexus symptomatique et de l'état mental sous-jacent dans chaque cas particulier : troubles de la synthèse mentale, plus ou moins complexes dans le domaine de la perception, de la mémoire, paramnésies, contraste psychique, illusions, pseudo-hallucinations, hallucinations sensorielles et motrices diverses; fréquence des paroxysmes obsédants, intensité et durée des troubles émotionnels.

En terminant, M. Séglas indique le mécanisme qui préside à la transformation de l'obsession vers les différentes formes délirantes et dont l'origine dernière doit être recherchée suivant lui dans cette dissociation de la conscience personnelle, qui existe toujours en germe chez les obsédés, dans son obnubilation passagère et son asservissement plus ou moins durable.

Desencombrement d'un usile d'aliénés français.

M. DOUTREBENte. Depuis vingt-deux ans, j'ai cherché à désencombrer l'asile de Blois par l'élimination progressive des aliénés de la Seine et par la construction des nouveaux bâtiments, dans lesquels nous installions, non pas des malades nouveaux, mais des malades extraits des services encombrés 1. Nous avons aussi construit deux infirmeries, au rez-de-chaussée, en rendant impossible la construction d'un étage au-dessus. Nous construisons, en ce moment, un quartier, dit de traitement, en plein champ, pour les aigus et incurables. L'asile de Blois, qui avait à notre arrivée 565 malades, n'en contient plus aujourd'hui que 324, soit 239 en moins; il est donc passé maintenant dans la catégorie des petits asiles, résultat que, systématiquement, nous voulions obtenir.

M. BOURNEVILLE. - On ne peut que féliciter M. Doutrebente de la tâche qu'il a entreprise et menée à bien. Elle est conforme aux véritables intérêts des malades. Les asiles encombrés sont malsains, et loin de favoriser la guérison ou l'amélioration des malades, il

1 C'est là une recommandation que nous avons faite maintes fois à nos confrères afin qu'ils s'opposent à la construction de greniers pouvant donner l'idée d'en faire des dortoirs, soit pour les malades tranquilles, soit pour le personnel. On trouvera des renseignements à cet égard dans les procès-verbaux de la Commission de surveillance des asiles de la Seine.

ARCHIVES, 2 série, t. XIV.

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aggrave leur état mental et les rend plus aptes à contracter des maladies intercurrentes, d'où une morbidité et une mortalité plus grandes.

L'une des causes de l'encombrement provient de ce que la plupart des asiles reçoivent des malades de plusieurs départements. Il faut donc que tous les départements aient leur asile spécial pour désencombrer les asiles actuels. Chaque asile public doit d'abord faire face aux besoins des malades de son département, les y recevoir facilement au début de l'aliénation. C'est ce qu'exigent la sécurité publique, l'intérêt des malades qui, traités vite et bien, ont plus de chances de guérisou, l'intérêt des finances départementales et municipales parce qu'il y aura moins d'incu

rables.

Les constructions nouvelles doivent être faites pour assister les malades, en plus grand nombre, grâce à l'alcoolisme, et non en vue de recevoir un plus grand nombre d'aliénés de la Seine, d'en tirer bénéfice puisque le prix de journce payé par ce département est notablement supérieur à celui qui est payé par le département. Ici, à Saint-Robert les premiers paient 1 fr. 50, les seconds 1 fr. Les constructions que font trop d'asiles pour héberger les malades de la Seine ont pour conséquence de rendre très défectueux les asiles dont les services généraux deviennent insuffisants. C'est là une spéculation que ne devrait pas tolérer l'administration supérieure. Elle devrait intervenir pour que tous les départements possèdent les ailes dont ils ont besoin. Les transferts des malades de la Seine, de Begord à Saint-Lizier, de Nancy à Pau, constituent une mesure barbare, et pour les malades et pour les familles. A tous les médecins qui sont ici de faire comprendre à leurs préfets. à leurs commissions de surveillance, à leurs conseils généraux, qu'il est de leur devoir d'imiter ce qu'a réalisé M. Doutrebente, à Blois, de rendre leurs asiles normaux.

Les aliénés convalescents; par le D' LARRIVÉ (de Meyzieux).

Au cours de sa dernière session, le conseil supérieur de l'Assistance publique s'est occupé de la question du retour des aliénés guéris à la vie libre, Il a adopté le texte du contre-projet de M. Lefevre dont voici les termes.

« Dans les établissements destinés au traitement des aliénés, il doit être créé des quartiers de convalescents où les malades jouiront d'un régime spécial et d'une liberté spéciale réglés par le mẻdecin. Les aliénés convalescents pourront bénéficier de sorties d'essai. >>

Depuis longtemps nous avons reconnu l'utilité de cette mesure d'adoucissement au régime des aliénés améliorés. Les résultats obtenus sont des plus satisfaisants. C'est pourquoi notre établisse

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