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donc incomplète. M. Lannois rapporte une observation analogue à celle de M. Brissaud; il s'agit d'une paraplégie spasmodique qu'il considère comme due à une section médullaire, alors que la sensibilité au contact a persisté jusqu'à la mort. La lésion était donc incomplète.

M. de Buck s'appuie sur les arguments invoqués par MM. Brissaud, Raymond et Cestan pour admettre que les réflexes parcourent la voie extra-pyramidale ou rubro-spinale. J'ai répondu à ces objections; j'ajouterai que la très intéressante observation de MM. Raymond et Cestan, parue dans le dernier numéro des Archives de Neurologie, prouve nettement que la destruction des noyaux rouges n'abolit pas les réflexes tendineux.

M. van Gehuchten me reproche d'avoir cherché à prouver expérimentalement l'importance de la circulation aortique sur la nutrition de la moelle lombaire. D'après lui, ce fait est depuis longtemps établi. Pour motiver mes recherches, je n'ai qu'à faire remarquer qu'actuellement encore, et malgré mes expériences, MM. Jendrassick, Brissaud et Mendelssohn pensent que cette circulation se fait en grande partie, par les artères spinales antérieures.

Mon savant compatriote m'objecte encore que la seule voix anatomique descendante reliant les ganglions lombaires à la moelle est, dans l'état actuel de nos connaissances, la voie rubro-spinale. Il me reproche de supposer une voie reliant les corps opto-striés aux cornes médullaires, alors que la voie rubro-spinale est connue. Je commencerai par dire que l'observation si démonstrative de MM. Raymond et Cestan prouve que la voie rubro-spinale n'est pas celle des réflexes et que, par conséquent, j'ai bien fait de ne pas adopter la théorie de van Gehuchten, qui se trouve aujourd'hui renversée. J'ajouterai que nos connaissances anatomiques concernant les voies centrifuges des corps opto-striés sont presque nulles, et dans tous les cas très confuses. Il suffit pour s'en rendre compte, de parcourir le remarquable ouvrage de Dejerine. Dans ces conditions, m'inspirant des données concernant la physiologie comparée du système nerveux dans l'échelle animale, données qui, de l'avis des plus savants physiologistes, accordent aux corps opto-striés un rôle important dans les fonctions motrices, je ne crois pas faire une erreur anatomique en supposant l'existence de fibres descendantes reliant des corps opto-striés aux cornes antérieures de la moelle.

La paralysie générale au début devant les magistrats.

M. MAXWELL, avocat général à la cour de Bordeaux, où il a prononcé, à propos du fratricide un discours qui a eu un grand retentissement, a fait, au Congrès des aliénistes de langue française, une communication que l'on pourrait appeler sensationnelle.

Après avoir rappelé combien est délicate la tâche du médecin-expert, les déboires qui l'attendent souvent aussi bien de la part du minis tère public que de la défense, M. Maxwell s'est exprimé dans les termes suivants, que nous avons tenu à reproduire textuellement. Il y a des cas où je voudrais que le médecin fut toujours consulté. Ils concernent une catégorie de malades qui sont ordinairement plus dangereux pour eux-mêmes et pour leurs proches que pour la sécurité générale. Ils ne sont pas habituellement des impulsifs, capables de commettre de graves attentats contre les personnes. Les meurtres sont rares chez eux; mais les outrages publics à la pudeur, les faux, les abus de confiance, les vols et toute une série d'infractions moins graves, leur sont coutumières. Je veux parler des paralytiques généraux au début de leur maladie.

Il arrive souvent aux juridictions répressives d'avoir à juger des hommes de vingt-cinq à cinquante ans qui ont eu, jusqu'au delit poursuivi, une excellente conduite. Brusquement un de ces hommes commet quelque acte immoral punissable, quelques larcins stupides, quelques faux grossiers; il comparait devant le juge d'instruction d'abord, devant les juges ensuite. Les preuves de sa culpabilité ne sont même pas dissimulées; il ne témoigne qu'un repentir insuffisant; il fait même quelquefois une détestable impression par l'attitude indifférente qu'il conserve. Il s'intéresse plus aux menus incidents de l'audience qu'à sa situation propre, il parait être un spectateur plutôt qu'un acteur du drame judiciaire qui se passe.

Si elle est trop marquée, cette indifférence peut frapper l'esprit des magistrats, car ils ont trop d'expérience pour ne pas avoir alors quelques soupçons d'un trouble mental; mais souvent ces troubles ne sont qu'ébauchés. Il faudrait l'œil d'un aliéniste pour les apercevoir; le magistrat, dont ce n'est pas l'affaire n'y saurait rien découvrir, il est tenté, au contraire. de voir du cynisme dans l'indifférence du coupable. Ses soupçons seront d'autant moins éveillés que souvent l'escroquerie, le vol, l'abus de confiance ou le faux, paraitront déterminés par les besoins d'argent du coupable dont les affaires seront embarrassées ou dont les dépenses auront été exagérées; le mobile de l'infraction sera manifeste. Le prévenu sera condamné et l'on enverra dans une prison un individu qu'on aurait dû mettre dans un asile.

Je souhaiterais donc que juristes et médecins légistes s'entendissent pour insister sur la nécessité d'une observation médicale sérieuse, de tous les prévenus qui comparaissent pour la première fois devant la justice après une longue vie d'honnêteté antérieure. Je suis persuadé que l'expérience personnelle des médecins légistes est conforme à la mienne : dans la catégorie des condamnés dont je m'occupe, il y a une très forte proportion de paralytiques géné

raux.

Je reconnais cependant qu'il est difficile de déterminer des juges à consentir aux dépenses d'un examen médical, toujours long, toutes les fois qu'ils se trouveront en présence d'un prévenu de vingt-cinq à cinquante ans sans antécédents judiciaires. Il faut donc leur donner des indications sommaires permettant de découvrir, dans les circonstances de l'infraction et dans l'interrogatoire du prévenu, les signes d'un trouble mental possible. Il me semble que le Congrès ferait une œuvre utile et pratique s'il pouvait donner la sanction de son autorité à l'établissement de règles simples, élémentaires, que chaque juge d'instruction devrait connaître.

Peut-on établir ces règles? Il me semble que oui. Je crois, en effet, que le juge devrait soumettre le prévenu à un examen médical, toutes les fois qu'il se trouverait en présence d'un individu de l'âge indiqué s'étant toujours bien conduit antérieurement et qu'il constaterait, en outre :

1° Que le prévenu a tardivement manifesté des idées d'ambition ou de fortune, des goûts de dépenses ou de spéculation;

2o Qu'il a commis l'infraction maladroitement, sans dissimuler, par exemple, les objets volés, sans prendre les précautions dont un délinquant a, d'ordinaire, le soin de s'entourer pour cacher sa faute.

2o Qu'il témoigne une indifférence inexplicable chez un délinquant poursuivi pour la première fois.

4° Qu'il marque des troubles quelconques de la mémoire. J'insisterais volontiers sur cette dernière circonstance. Je pense que nous avons dans l'état de la mémoire un réactif d'une très grande sensibilité, réactif qu'un juge d'instruction peut commodément employer. Ce magistrat devra donc se rendre un compte sommaire de la nature des souvenirs du prévenu, et rechercher si celui-ci a : 1o de l'amnésie ou de la dysmnésie des faits récents contrastant avec un souvenir bien complet des faits passés depuis longtemps; fréquemment le malade, même à la période paralytique, ne pourra pas indiquer le quantième du mois et le jour de la semaine. il ne saura pas ce qu'il a mangé à son déjeuner du matin et à son diner de la veille. Il aura oublié les courses faites, les affaires traitées dans les dernières journées.

2o Si, en écrivant, il oublie des lettres ou des syllabes, ou fait des fautes d'orthographes qui ne lui étaient pas coutumières ;

3o S'il fait des erreurs de calcul grossières par exemple dans la table de multiplication. Il conviendrait que le juge ne se contentât pas d'une simple question, mais demandat au prévenu une série de calculs simples, comme de réciter la table de Pythagore; la fatigue mentale se manifeste chez le malade au bout de quelques instants, et les erreurs apparaissent aussitôt ;

40 Enfin, si sa conception des idées abstraites est intacte. Je reconnais que sur ce point l'examen est toujours difficile et rare

ment possible, à moins qu'on ait affaire à un prévenu ayant reçu une certaine instruction et auquel on pourra demander quelques notions générales.

Il est bien entendu que je me borne là à exprimer un vou; si le Congrès s'y associe, il resterait à confier à des hommes plus compétents que moi le soin de formuler avec plus d'exactitude et de précision que je n'ai pu le faire, les trois ou quatre règles simples, élémentaires, faciles à expliquer, à l'aide desquelles le juge d'instruction pourrait rapidement jauger l'état mental du prévenu. H est évident que ces règles ne peuvent être qu'indicatrices, elles auraient cependant l'avantage de permettre aux magistrats de se rendre approximativement compte de la nécessité d'une expertise. L'avocat, d'ailleurs, devrait connaitre ces règles élémentaires, il pourrait provoquer l'expertise si le juge d'instruction ne l'ordonnait pas d'office. Je demande donc aux membres du Congrès de commencer ce petit livre élémentaire dont je parle, et que tout magistrat, tout juge d'instruction surtout, devrait connaitre aussi bien que son Code civil. Combien d'erreurs judiciaires seraient ainsi evitées et combien de paralytiques généraux, irresponsables, échapperaient à des condamnations imméritées. Mais, pour être utile, ce petit livre devrait exprimer l'opinion générale des principaux aliénistes.

Le massage chez les tabétiques, par Maurice FAURE et COURTENSOUX.

La massothérapie est souvent employée et mal comprise dans le traitement du tabes. A titre de stimulant de la circulation et de l'innervation, un massage modéré et méthodique peut sans doute aider au maintien de la nutrition générale et par conséquent empêcher ou atténuer l'amaigrissement ou l'atrophie musculaire chez les tabétiques comme chez d'autres malades, mais cela à la condition que ce massage tiendra compte des réactions propres au tabétique, lequel ne saurait être massé comme un homme bien portant. Le pétrissage, le tapotement vigoureux ou même simplement les séances trop longues ou le massage trop étendu augmentent la fatigue habituelle du malade, son impotence musculaire et son incoordination.

Certaines manoeuvres doivent être absolument proscrites chez le tabétique; tels sont les mouvements passifs exécutés avec plus ou moins de force et qui exagèrent les saccades et la brusquerie habituelles aux gestes des ataxiques, les exercices d'assouplissement qui ne font qu'augmenter la laxité ligamenteuse et musculaire, qui est précisément un des stigmates les plus gênants de l'ataxie, enfin tous les exercices de force au cours desquels le tabétique. dont la sensibilité profonde est troublée ou abolie, contusionne ses nerfs, arrache ses ligaments et déchire ses muscles, sans même s'en apercevoir.

C'est à ce titre de stimulant de la sensibilité cutanée (en frictions, effleurages, percussion légère), à titre de stimulant de la sensibilité profonde et surtout de la nutrition musculaire (pressions douces, mobilisation prudente) que ce massage sera utile aux tabétiques. Il leur servira aussi contre les paralysies, les atrophies. les fractures et les entorses qui surviennent quelquefois au cours du tabes et qu'il faut soigner par les procédés usuels.

Enfin, il ne faut point confondre le massage avec la mécanothérapie et la rééducation, qui en sont des méthodes bien différentes dans leurs principes et leur application. Le massage n'a point à connaître de machines et d'appareils destinés à produire des mouvements passifs, lesquels sont du ressort de la mécanothérapie, et n'ont d'ailleurs que peu d'emplois chez le tabétique, et peuvent ètre dangereux. Il n'a pas à connaitre davantage des mouvements volontaires qui, employés sans méthode, ne donnent que des résultats insignifiants et qui, lorsqu'ils sont méthodiques et coordonnés, sont du ressort de la rééducation. Cette technique vise d'ailleurs la cure de l'incoordination, de l'impotence motrice, du relâchement musculaire, sur lesquels le massage n'a aucune prise et qu'il ne doit point chercher à atteindre, car il ne peut que les augmenter s'il est mal compris ou mal pratiqué.

La pathogénie de l'épilepsie, par Maurice FAURE.

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Les origines du tubes.

M. Maurice FAURE. Il n'est pas contestable qu'à l'origine de la grande majorité des cas de tabes on relève la syphilis; mais il n'est pas contestable, non plus, que les cas où il est impossible d'admettre la syphilis sans baser le diagnostic sur une pétition de principe ne sont pas exceptionnels.

Il est des cas de tabes qui semblent n'être que l'expression locale d'une dégénérescence générale sénile (polysclérose) et où l'action d'une cause unique et spécifique se confond dans l'ensemble des actions causales de la sénilité. Il est aussi des cas où d'autres infections que la syphilis semblent avoir agi et avoir, à elles seules, engendré le syndrome tabétique ainsi la tuberculose, la malaria, l'alcoolisme, etc.

Enfin, des infections, si fréquentes chez les tabétiques, qu'on peut les admettre comme de règle, semblent jouer aussi un rôle pathogénique actif, même chez les tabétiques spécifiques, et peutêtre surtout chez eux, car souvent chaque accident tabétique a accompagné ou suivi l'apparition d'une de ces infections, alors que pendant la période où la syphilis était seule, aucun accident tabétique n'était apparu. Ce sont surtout la grippe ou l'influenza, les infections rhumatismales, la blennorragie. Il semble que la

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