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syphilis crée, dans ces cas, un lieu de moindre résistance où l'infection secondaire s'installe, évolue et forme la lésion tabétique. Les origines infectieuses ou toxiques du tabes nous semblent donc trop complexes pour que sa pathogénie puisse être résolue à l'aide d'une seule notion: la notion de spécificité syphilitique.

Quant à la question du terrain elle nous parait aussi d'une importance capitale, et quand on observe un grand nombre de tabétiques rassemblés, on ne peut qu'être frappé de l'analogie de leur caractère, de leurs mœurs et de leur constitution physique et mentale. Il nous semble que l'intérêt prochain de cette question est d'arriver à établir la proportionnalité de chacune des variétés pathogéniques du tabes et de ces différences, afin de leur appliquer des traitements variés et convenables, pour chaque groupe de cas, au lieu de merculariser systématiquement et intensivement tous les tabétiques, ou de n'en mercurialiser aucun, suivant que l'une ou l'autre idée théorique nous guide, ou que l'une ou l'autre influence nous a entraînés.

Extension durable ou prolongée du gros orteil associé au signe de Bubinski.

M. PAILHAS (d'Albi). — J'ai eu l'occasion en ces derniers temps, d'observer quatre cas d'extension persistante du gros orteil dans lesquels se manifestait aussi, de la façon la plus nette, la réaction réflexe qui caractérise le signe de Babinski.

L'intérêt de ces observations m'a paru résider: 1o dans la correlation existant entre le signe de Babinski et cette extension durable ou prolongée du gros orteil qui semble n'être qu'une amplification ou une exagération, en durée surtout, de ce même signe 20 dans le fait que l'extension du gros orteil est, dans les états cérébraux, un accident de contracture susceptible de se montrer associé à d'autres phénomènes du même ordre, mais pouvant aussi se montrer à l'état isolé et de façon à indiquer la tendance aux contractures; 3o dans cet autre fait que l'extension durable du gros orteil semble établir, par assimilation, la véritable signification du signe de Babinski, en le représentant comme un indice d'hypertonus musculaire dépendant, soit d'une altération du système pyramidal, soit, ainsi que chez le jeune enfant, d'une dispo. sition fonctionnelle toute physiologique et explicable par la relative prépondérance des centres spino-basilaires, à cet àge; 4o dans cette constatation que, dans les lésions organiques du système pyramidal, le réflexe de Babinski tout comme l'extension persistante du gros orteil, ne se produisent pas en raison directe de l'intensité des altérations cliniquement observées, puisque dans deux cas d'hémiplégie complète, nous avons vu ces signes s'accuser bien plus du côté non paralysé.

Sur une corrélation entre un certain écartement involontaire du petit doigt de la main et des troubles du langage articulé

M. PAILHAS (d'Albi). Ce syndrome a été noté dans diverses affections de l'axe cérébrospinal paralysie générale, démences alcoolique et sénile, aphémie congénitale. L'auteur estime que cette corrélation de troubles fonctionnels ne peut qu'être rapportée à une connexité de lésions des centres qui président aux langages articulé et graphique. M. ARNAUD a vu un sujet atteint de crampes des écrivains qui eut ensuite de l'embarras de parole. Ce fait lui semble venir à l'appui des idées émises par M. Pailhas sur la corrélation des centres de l'écriture et de la parole.

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Cure de désintoxication.

M. BONNET. La maladie de la fonction précède celle de l'organe; d'où la nécessité d'agir vite et de débarrasser l'organisme des substances qui l'intoxiquent. Ce ne sont ni les calmants, ni les antispasmodiques, qu'il faut prescrire; ce sont des trompel'œil qui ne font qu'augmenter l'intoxication. Ce qu'il faut, c'est cet ensemble de mesures que je groupe sous le nom de cure de désintoxication, et que je pratique systématiquement chez tous mes malades. Elle est constituée par le régime lacté, auquel j'associe la lactose et quelquefois la théobromine ou la diurétine, par l'alitement, les purgatifs et même les injections de sérum. Depuis que j'ai adopté cette pratique, la durée du traitement a notablement diminué.

M. OBREJA. Je félicite M. Bonnet et approuve sa méthode, car le coefficient uro-toxique est d'une grande importance dans l'aliénation mentale.

De la responsabilité des demi-fous devant les tribunaux et de la responsabilité des tribunaux devant la société, par E. VERRIER.

Etudes sur les miracles de la Salette.

M. ROUBY (d'Alger) signale la possibilité de l'existence de troubles mentaux chez plusieurs personnages ayant joué un rôle dans l'histoire de la Salette. Etude critique documentée, très intéressante.

Les ongles chez les aliénés.

M. PIERRET (de Lyon) fait sur ce sujet une communication très intéressante que nous reproduirons.

Etats neurasthéniques et neurasthénie.

M. LE DT MAURICE DUCOSTÉ (Bordeaux). M. Ducosté fait une classification des états névrosiques actuellement rassemblés sous l'étiquette de neurasthénie. Les « états neurasthéniques » et la <«<< neurasthénie constitutionnelle » méritent absolument d'être conservés comme individualités cliniques. Mais il faut bien s'entendre sur la siguification des états neurasthéniques. Ce ne sont que des symptômes d'une affection somatique, symptômes derrière lesquels il faut chercher la base organique, la paralysie générale particulièrement (Voisin, Ballet, Fournier, Levillain, Magnan et Sérieux, Régis) dont la phase prodromique neurasthéniforme est extrêmement importante à connaitre pour établir un pronostic ferme. Ces états neurastliéniques et mieux neurasthéniformes peuvent apparaître au début, au cours, ou à la fin (psychoses asthnéiques de la convalescence de Kraepelin) des affections les plus diverses, et en dehors de leur importance pratique, ils en ont une doctrinale, en ce sens « qu'ils ne sont que des symptômes et ne peuvent aucunement plaider en faveur de l'entité « neurasthénie ». La neurasthénie dite constitutionnelle a des caractères bien connus sur lesquels il est inutile d'insister. C'est un type clinique très net. A côté des états neurasthéniformes et de la neurasthénie constitutionnelle, il y a, pour M. Maurice Ducosté, un type spécial de neurasthénie « qui, aussi bien par son étiologie que par ses symptômes et son évolution, nécessite d'ètre décrit avec soin ».

Etiologie: Pas d'hérédité, choc émotionnel, nécessaire et suffi

sant.

Symptomatologie: Stigmates physiques et mentaux vulgaires de la neurasthénie vraie, frustes parfois, et diversement associés les uns aux autres. et en plus (ce qui est essentiel) interprétation pessimiste des symptômes neurasthéniques, interprétation qui touche à tous les faits de la vie du sujet et qui a pour origine et base intellectuelle l'idée qui s'est associée à l'émotion causale. La guérison est de règle, les stigmates neurasthéniques disparaissent d'abord, l'état mental avec sa systématisation pessimiste ne cédant qu'en dernier lieu. Une observation détaillée et très nette à l'appui. Plusieurs autres, « dont les grandes lignes ont la même rectitude »>.

La pathogénie ne peut encore être que soupçonnée. Peut-être les théories de Lauge, de Mosso, de Sergi, de Ribot, les expériences de G. Dumas et de ses collaborateurs donneront la clef de ces phénomènes psychiques intéressants.

En somme, pour M. Ducosté, il y a 1o des états neurasthéniques, symptômes d'affections diverses; 2o la neurasthénie constitutionnelle, apanage des dégénérés, des héréditaires et 3° une neu.

rasthénie, sans hérédité névrosique ou vésanique, qui emprunte à la neurasthénie classique ses stigmates physiques, mais qui s'en distingue par un état mental spécial. C'est ce que l'auteur appelle la neurasthénie à interprétation pessimiste. Le diagnostic n'est délicat qu'avec la période d'incubation du délire clinique à évolution systématique, tel que l'ont décrite Magnan et Legrain.

Sclérose en plaques infantile à forme hémiplégique d'origine
hérédo-syphilitique probable.

M. Georges CARRIER (de Lyon). Il s'agit d'une malade dont l'affection a évolué de l'âge de sept à dix-sept ans. Dans les antécédants héréditaires, on releva un père syphilitique et alcoolique, une mère nerveuse arthritique, un grand-père maternel cérébral. Ses frères et sœurs étaient tous morts en bas-âge, entre un et deux ans. Rien de particulier dans ses antécédents personnels. Elle a été à l'école où elle a appris à lire et à écrire.

Le début de l'affection se fit à sept ans par une monoplégie brachiale droite qui survint brusquement et qui rétrocéda. A l'âge de onze ans, apparurent des crises épileptiformes à la suite desquelles survint progressivement, en l'espace d'un an, une hémiplégie droite avec aphasie et contractures, accompagnée d'obtusion intellectuelle avec gâtisme et coprophagie. Jusqu'à sa mort, qui survint cinq ans après, ces symptômes restèrent permanents, sauf l'obtusion intellectuelle et le gàtisme, qui disparurent.

Les symptômes qu'elle présentait alors étaient caractérisés par une hémiplégie droite avec contractions; paralysie faciale très peu accentuée, secousses convulsives dans la langue au début des mouvements, paralysie légère du voile du palais; diminution de l'acuité visuelle à droite et turgescence des vaisseaux papillaires; dents mauvaises avec sillon d'Hutchinson. Intelligence débile. Aphasie motrice permanente. Déformation du thorax et de la colonne vertébrale déviés à droite. Réflexes exagérés aux deux membres supérieurs et inférieurs. Trépidation épileptoïde des deux côtés. Léger tremblement intentionnel du bras gauche. Pas de troubles de la sensibilité. Crises épileptiformes à caractère jacksonien survenant irrégulièrement et commençant par le pied droit.

A l'autopsie et à l'examen histologique, on releva des plaques de sclérose disséminées dans tout l'axe cérébro-spinal, mais surtout caractésistiques au niveau de la moelle, où elles occupaient des localisations diverses suivant les différents étages médullaires.

Les cellules du cortex présentaient les différents degrés de l'atrophie; celles de la moelle étaient intactes, sauf une légère diminution de volume. Les lésions des vaisseaux étaient caracté

risés par un épaississement très accentué de leurs parois; rien du côté de l'adventice, qui était très mince. Prolifération névroglique très marquée dans la substance blanche cérébrale et médullaire.

Cette observation présente plusieurs particularités intéressantes: 1o l'âge de la malade dont les troubles ont débuté à sept ans ; 2o le début mono, puis hémiplégique ; 3o le tableau clinique caractérisé par la prédominance exclusive et permanente des phénomènes hémiplégiques et de l'aphasie avec spasmodicité et crises épileptiformes jacksoniennes; 4° l'évolution de l'état mental, qui a été caractérisé par l'état transitoire de l'obtusion intellectuelle, du gåtisme et de la coprophagie; 5o la vérification nécropsique et histologique qui seule permit le diagnostic exact et qui révéla un processus de dégénérescence sans systématisation aucune, ayant débuté par les fibres à myéline, et des lésions vasculaires chroniques qui indiquent l'importance pathogénique des vaisseaux dans la sclérose multiloculaire; 6' l'importance étiologique de l'hérédosyphilis dans le développement de la sclérose en plaques chez les jeunes enfants.

De la sortie refusée des aliénés, par BIAUTE.

Traitement de la paralysie générale.

M. DEVAY (de Lyon) a soumis au traitement spécifique mixte intensif, depuis 1896, 90 cas de paralysie générale. Il expose les résultats de cette méthode thérapeutique systématique dans 21 cas qui ont subi une modification, une amélioration ou une rémission. En se basant sur ces résultats, il arrive à formuler son opinion sur la théorie de la nature parasyphilitique de la paralysie générale, aussi bien que du tabes, théorie qui a été préjudiciable au traitement de ces affections. Toute paralysie générale doit être soumise à un traitement intensif mixte, calomel 0,10 centigrammes par injection intra-musculaire chaque semaine, et iodure de potassium à dose progressivement croissante jusqu'à 14, 16 et même 20 grammes par jour.

M. A. MARIE préconise l'emploi du sérum ioduré dans la paralysie générale; il ne détermine pas les congestions, ni les accidents comateux dont on l'accuse.

Fausse grossesse dans la paralysie générale.

M. DUPRÉ. On sait que chez les paralytiques généraux (hommes ou femmes) les délires de grossesse ne sont pas rares; on sait également que chez les hystériques les cas de fausse grossesse sont très fréquents, mais nous ne connaissons pas de fausse grossesse chez des paralytiques générales non hystériques. J'en ai

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