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observé, avec M. Hagniez, un exemple, concernant une femme de trente ans qui s'est présenté à nous avec les signes, somatiques et psychiques, de la paralysie générale, auxquels s'étaient ajoutés, sous l'influence d'un surmenage récent, les symptômes d'un état temporaire de confusion mentale, d'hébétude et d'obtusion intellectuelle. De plus, la malade présentait l'apparence extérieure la plus complète d'une grossesse avancée (volume et forme de l'abdomen, démarche); les règles étaient abolies depuis six mois; aussi la conviction d'une grossesse de cet âge était-elle absolue chez cette femme et dans son entourage on avait préparé la layette, etc.

A l'examen direct, on constata une vacuité absolue de l'utérus, qui était gros comme une noix; les organes génitaux et périgénitaux étaient normaux. La patiente, informée de cet état de choses, sourit avec incrudulité et continua, les semaines suivantes, à se croire enceinte. Au terme approximatif de la prétendue grossesse, les règles réapparurent, mais les symptômes extérieurs de grossesse persistèrent encore quelque temps.

Ce fait représente donc une combinaison intéressante de fausse grossesse somatique et de délire démentiel de grossesse au cours de la paralysie générale.

Paralysie générale précoce chez un débile hérédo-syphilitique.

J'ai observé, avec

MM. ERNEST DUPRÉ et PAGNIEZ (de Paris). M. Pagniez, une hérédo-syphilitique de vingt-trois ans qui a succombé, au bout de trois années, à une paralysie générale à forme démentielle simple, non délirante. L'autopsie a confirmé le diagnostic, et l'examen histologique a montré les lésions cérébrales. hépatiques, rénales de la maladie. L'anamnèse a permis d'établir, en outre, que la patiente était une débile et que l'hérédo-syphilis provenait de la mère, qui, étant nourrice, avait eu un chancre du mamelon. Ce cas est analogue à ceux qui ont été déjà publiés par différents auteurs, notamment par MM. Toulouse et Marchand, cas qui établissent, d'une part, le róle de l'hérédo-syphilis dans l'étiologie de la paralysie générale, et, d'autre part, la fréquence de cette affection chez les débiles.

Etude histologique de l'écorce cérébrale dans 18 cas de méningite.

MM. MAURICE FAURE et LAIGNEL-LAVASTINE ont recherché dans le laboratoire de M. Ballet les altérations corticales de 13 cas de méningite tuberculeuse, 2 à pneumocoques, 1 à entérocoques et 1 à bacille d'Eberth. Ces lésions, ni constantes, ni régulières, siègent en général au voisinage des foyers méningés et sont d'autant plus accentuées que l'évolution a été plus longue.

A. Lésions interstitielles. L'écorce, abaissée ou refoulée, à vaisseaux très dilatés, est infiltrée de cellules rondes qui pénètrent à une plus ou moins grande distance des vaisseaux.

B. Lésions cellulaires. Les cellules nerveuses, devenues globuleuses, ont leurs grains chromophiles diminués de volume et comme effrités. Le noyau est un peu coloré, les prolongements påles, les bords échancrés (neuronophagie). Ces lésions étaient très accentuées dans 4 cas, légères dans 8, à peu près nulles dans 6. Dans ces derniers cas, la méningite n'avait été que l'épilogue rapide d'une tuberculose pulmonaire chronique à la 3o période. Au contraire, dans les 4 cas où les lésions furent très accentuées, il y avait eu méningite tuberculeuse à évolution clinique classique.

L'activité locale de la circulation cutanée de la main dans l'hémiplégie organique et le syndrome de Raynaud, par LAIGNEL-LAVASTINE (de Paris).

Avec M. Hallion, nous avons montré que le temps que met à disparaitre la tache blanche produite sur la peau par une compression légère varie avec l'activité de la circulation locale. Par exemple, l'effacement de la tache produite par la compression du pouce pendant trois secondes sur la peau de la face dorsale du premier espace interosseux de la main est beaucoup plus rapide quand la main est rougie par immersion dans l'eau chaude que lorsqu'elle l'est par immersion dans l'eau froide. En même temps que nous étudiions la tache blanche au laboratoire du professeur François Franck au Collège de France, nous notions à l'hôpital, dans les services de MM. les professeurs Raymond et André Petit, des variations chez les malades. A titre d'exemples, nous rapportons aujourd'hui quelques résultats observés dans l'hémiplégie organique et le syndrome de Raynaud.

Chez 10 hemiplegiques d'origine organique nous avons comparativement examiné des deux côtés la tache blanche, le pouls capillaire et la tension artérielle.

Les résultats different selon l'âge de l'hémiplégie. Au lendemain de l'ictus on trouve du côté malade une tache plus courte et un pouls capillaire plus ample que du côté sain. Inversement chez les hémiplégiques spasmodiques observés de six mois à douze ans après l'ictus, on trouve du côté paralysé la tache blanche plus longue, la tension artérielle plus basse, le pouls capillaire à oscillations plus petites ou nulles. Enfin, il est dans l'hémiplégie organique une période intermédiaire très courte où l'on trouve des deux côtés les mêmes résultats. C'est ce que nous avons constaté chez une femme de quarante-cinq ans, atteinte depuis deux mois d'hémiplégie gauche avec exagération des réflexes d'origine syphilitique. Cette asymétrie dans la durée de la tache blanche observée dans

ARCHIVES, 2 série, t. XIV.

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l'hémiplégie organique, nous ne l'avons pas retrouvée dans 2 cas d'hemiplegie hystérique.

La tache blanche, d'une longueur souvent considérable dans le syndrome de Raynaud au stade de cyanose, est modifiée d'une façon caractéristique par un bain à 45o. Alors qu'elle devient immédiate au niveau des parties saines, elle diminue à peine au niveau des doigts malades. C'est donc là un procédé facile pour délimiter exactement les parties saines des parties malades. Dans les mêmes conditions le pouls capillaire n'apparait dans l'eau chaude qu'au niveau des parties saines.

En résumé: 1o la tache blanche, indice de la circulafion locale, permet de distinguer la rougeur par paralysie vaso-motrice de la rougeur par vaso-dilatation active;

20 Elle subit des modifications de même sens que celles du pouls capillaire dans l'hémiplégie organique ou le syndrome de Raynaud plus courte que du côté sain au lendemain de l'ictus, elle devient plus longue quand l'hémiplégie date de quelque temps après être passée par un stade intermédiaire où elle était égale des deux côtés.

Les obsessions et la psychasténie, par P. JANET.

Le délire des négations de Cotard n'est-il qu'un syndrome ?

M. CASTIN (de Montdevergues), dans une communication, tend à démontrer que le délire des négations de Cotard n'est pas seulement un synchrome, mais une affection mentale distincte avec une étiologie, une symptomatologie, une évolution, un pronostic et même une anatomie, pathologique tout à fait spéciales. Cette affection serait secondaire à des accès successifs de mélancolies simple et anxieuse, ou bien à l'hypochondrie systématique, telle que l'a décrite M. Séglas.

Dans le chapitre des symptômes l'auteur établit une filiation des idées de négation et de leurs « idées corollaires », et insiste tout particulièrement sur les signes physiques, sur l'anxiété, l'insomnie, la constipation et les phénomènes d'opposition. L'attitude et l'expression d'horreur de ces malades seraient tout à fait caractéristiques.

Le pronostic est très sombre, comme il découle d'un tableau où l'auteur a recueilli les terminaisons relatées dans 32 cas dont 8 personnels; 12 fois cette affection se termina par la mort six mois au plus après l'internement du malade (7 fois par cachexie et 5 fois par maladies intercurrentes).

Après avoir établi les difficultés du diagnostic, M. Castin discute la question au point de vue nosologique.

Sur le symptome calotonique.

M. CROCO (de Bruxelles). La catotonie, dont l'autonomie est, depuis longtemps, contestée en France, est encore considérée, en Allemagne et en Belgique, comme une entité morbide bien définie. Des discussions intermidables surgissent constamment à ce sujet, la cause en est dans le fait que les auteurs adoptent des définitions différentes. Les définitions modernes prouvent combien les partisans, convaincus de l'autonomie de la catotonie, ont restreint le cadre de leur entité morbide dont il ne reste finalement que les phénomènes moteurs. Ces phénomènes constituent, non pas une maladie, pas même un syndrome, mais seulement un symptôme susceptible de se montrer au cours d'affections mentales diverses. Voici les photographies d'un cas typique de catotonie chez une hystérique; l'examen de l'urine a démontré une perturbation profonde de la nutrition générale caractérisée par la diminution de la quantité des urines, hyperchlorurie considérable, hypophosphaturie et diminution de la quantité d'urée.

La question est de savoir si la catotonie est, selon l'opinion de Régis, due aux troubles nutritifs ou si les troubles nutritifs sont la conséquence de la vapeur. La catotonie s'accompagne d'hypothermie, de cyanose des extrémités, d'abaissement des fonctions circulatoire et respiratoire; ces troubles généraux et trophiques sont plutôt la conséquence que la cause de la catotonie; peut-être en est-il de même des troubles urinaires. Discussion: MM. Dupré et Régis.

De la paralysie générale chez les dégénérés.

M. DE PERRY (Bordeaux). J'apporte au Congrès quelques observations qui viennent corroborer l'aspect spécial que l'on a attribué à la paralysie générale chez les dégénérés. Les antécédents psychopathiques antérieurs sont fréquents. Les signes somatiques sont moins accusés au début. Le délire expansif est plus pâle parce qu'il évolue sur un terrain congénitablement stérile. L'évolution de la maladie semble plus longue que chez les hommes normaux et n'en a pas les caractères.

M. DUPRÉ Communique une observation qui confirme la marche rapide attribuée généralement à la paralysie générale chez les débiles. Il rapporte aussi le cas d'une femme qui, au cours d'une paraylisie générale, cultiva dans son délire une fausse grossesse, au point d'en imposer à tout son entourage; elle en présentait, du reste, tous les signes extérieurs gonflement des seins, augmentation de volume du ventre.

Des agents physiques et mécaniques dans le traitement
des hémiplégies organiques.

M. E. DESCHAMPS (de Rennes). — Cette thérapeutique est rationnelle; en obéissant à des conditions faciles à déterminer, on peut toujours intervenir sans s'exposer à aggraver l'état du patient. Le danger d'augmenter les contractures règle l'électrothérapie de l'hémiplégie. En localisant l'excitation galvanique ou faradique, on peut faire réapparaitre les contractions musculaires normales et voir diminuer la contracture; la diffusion du courant aux antagonistes plus excitables ne pourrait qu'augmenter la contracture. La gymnastique sous la forme de mouvements actifs on passifs rend des services, à la condition qu'on développe simultanément les deux systèmes de muscles antagonistes et qu'on ne dépasse jamais le moment du système le moins favorisé. Les mouvements faits avec effort doivent être soigneusement évités.

Du processus histologique de l'atrophie musculaire.

M. G. DURANTE. L'auteur élimine les atrophies dégénératives, qui sont des dégénérescences toxiques analogues à celles des autres organes, pour n'étudier que l'atrophie simple telle qu'elle s'observedans les affections des nerfs, des centres et dans la myopathie progressive.

Dans la fibre musculaire, il faut distinguer la fibrille striée ou myoplasma, portion différenciée et fonctionnelle, et le protoplasma non différencié, ou sarcoplasma, régissant la nutrition, la défense et la dégénération de l'élément.

Comme dans toute cellule, dans la fibre striée considérée à l'état normal et à l'état pathologique, il y a inversion dans l'importance réciproque de la portion différenciée et de la portion non différenciée. Le sarcoplasma, très réduit à l'état normal, réagit sous l'influence du moindre état pathologique et prolifère.

Le processus conduisant à l'atrophie simple peut être divisé en trois périodes:

1o Le début, caractérisé par ce que G. Durante a appelé la régression plasmodiale, est constitué par l'hyperplasie locale ou diffuse du sarcoplasma avec prolifération des noyaux. Localisée, elle forme des taches claires ou grenues, des amas protoplasmiques, des bourgeons superficiels' chargés de noyaux qui peuvent s'isoler dans le tissu conjonctif voisin. Généralisée, elle rend les fibres volumineuses et leur donne un aspect trouble, finement grenu, qui n'est pas de la dégénérescence, mais ce que l'auteur distingue sous le nom de tumefaction trouble. Telle est la cause de la formation des fibres hypertrophiées qui marquent la première phase inconstante de l'atrophie.

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