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BIBLIOGRAPHIE.

VIII. Le liquide céphalo-rachidien; par J.-A. SICARD, chef de clinique des maladies nerveuses à la Salpêtrière ; 1 vol. de l'Encyclopédie Léauté, chez Masson, 1902.

Cet ouvrage paraît avec une préface du Pr Brissaud, qui, par certains côtés, l'a aussi inspiré. Il a toutes les qualités d'un livre viable: clarté d'exposition, précision du détail; et surtout il vient à son heure. La préface en est, en quelque sorte, le premier chapitre. Dans cette étude embryologique le Pr Brissaud établit l'unité d'origine et de fonctions des cavités nerveuses; ses conclusions confirment l'expérimentation et la clinique.

M. J.-A. Sicard a divisé son livre en quatre chapitres. Le premier, que tout étudiant doit lire, a trait à la technique de la ponction lombaire. Il y a là un exposé fort clair de la rachiponction préparation du malade, points de repère, instrumentation, acte opératoire, incidents, suites de l'intervention; tous points qui ont trait à la pratique journalière des maladies nerveuses.

Une deuxième partie précise les indications thérapeutiques de la ponction lombaire. M. J.-A. Sicard les divise rationnellement en deux groupes l'un agissant par soustraction du liquide céphalorachidien; l'autre par injection sous-arachnoïdienne de substances diverses. Les périodiques de ces dernières années sont pleins de faits qui proclament les résultats favorables de la soustraction de liquide céphalo-rachidien dans l'hydrocéphalie, la chlorose, l'urémie, la méningite non tuberculeuse; par contre on sait l'insuccès de la méthode dans le tabes, la paralysie générale, certains néoplasmes cérébraux. Tous ces résultats sont consignés dans cette partie du livre. De même la méthode des injections liquides ou gazeuses, avec ses indications et ses résultats est brièvement exposée. Enfin M. J.-A. Sicard a écrit quelques pages sur deux questions à lui familières : la sérothérapie tétanique sous-arachnoïdienne et la rachicocaïnisation. La troisième partie résume l'histologie de la cavité sous-arachnoïdienne. A noter un intéressant exposé de la circulation lymphatique dans le névraxe.

C'est au quatrième chapitre que l'auteur a donné les plus larges développements. Après avoir étudié le liquide céphalo-rachidien avec ses caractères physico-chimiques, M. J.-A. Sicard en rappelle la mécanique circulatoire, le rôle de dissémination, les processus de sécrétion et de résorption. Puis du liquide normal il passe à l'étude du liquide pathologique et dans des pages d'un grand inté

rêt, il en expose les caractères bactériologiques (dans les méningites surtout) et les caractères cytologiques.

La cytologie du liquide céphalo-rachidien est, vraisemblablement, appelée à un grand avenir. Déjà elle a éclairé d'un jour nouveau les processus méningés les plus divers, et l'auteur après un court résumé de la technique histologique et un exposé critique de la méthode, en analyse les résultats dans nombre d'affections (méningites aigües, paralysie générale, tabes, syringomyélie. méningo-myélite syphilitique et tuberculeuse, tumeurs da nevraxe, hémiplégie, poliomyélites, polynévrites, épilepsie, neurasthénie, etc...).

M. J.-A. Sicard conclut à l'importance, pour le médecin, de l'étude de la cavité sous-arachnoïdienne et du liquide céphalorachidien. Déjà le diagnostic y puise de précieux renseignements; et sans doute la thérapeutique de l'avenir trouvera dans la voie arachnoïdienne, de puissants moyens d'action sur certains troubles du névraxe.

En somme, petit livre dont la lecture s'impose au clinicien et à l'étudiant. Le premier y trouvera le reflet des travaux du Pr Brissaud, du Dr Widal et de l'auteur; l'enseignement du Pr Raymond. Le second, sous une forme concise, lira avec fruit un chapitre nouveau dont s'est enrichie la clinique dans le diagnostic des maladies nerveuses. L.-E. MOREL.

IX. Rapport médical et compte moral et administratif de l'asile de Blois pour 1901; par le Dr DoUTREBENTE, médecin-directeur. Population de l'année, 568; existants fin 1901, 435; admissions, 106, dont 97 pour le département; 13 p. 100 d'alcooliques; sorties, 87; décédés, 56.

Le service médical comprend un médecin en chef, un médecin adjoint et un interne. A eux trois, ils ont à prendre les observations de deux malades nouveaux, en moyenne, par semaine. Il s'agit là d'un asile normal.

Le nombre des épileptiques, dits non aliénés, est de 31 (16 hommes et 15 femmes). Relevons cette opinion que nous avons toujours soutenue avec bien d'autres : « Il est de toute importance, en médecine mentale, de pouvoir traiter les aliénés au début de la maladie : le meilleur traitement, c'est l'isolement de la famille et des habitudes antérieures, isolement qui doit être pratiqué aussi rapidement que possible dans un établissement spécial ».

La proportion des guérisons est de 39,21 p. 100. De 1891 à 1900, sur une population moyenne de 479 malades, les décès ont été en moyenne de 54. « Nous sommes heureux de constater, dit M. Doutrebende, à l'époque où l'on s'occupe tant des moyens de combatire l'extension de la tuberculose que sur 56 décès (en 1901), il n'y a

que deux cas de tuberculose, soit une proportion de 3,57 p. 100. Nous n'avons pas, à l'heure actuelle, un seul cas de tuberculose chez les femmes et du côté des hommes il n'y a qu'un seul cas avéré et deux cas douteux ».

L'asile contient encore 25 aliénés au compte du département de la Seine (il y en avait 48 précédemment). Il n'en prend plus, ce qui a permis de supprimer l'encombrement et d'assister, comme on le doit, les malades du département.

Il n'y a pas d'aliénés condamnés. Pour les hommes et les femmes, le service de nuit est assuré par un veilleur et une veilleuse, contrôlés automatiquement par les postes du système Collin-Wagnert. Ce personnel nous semble insuffisant pour assurer la sécurité des malades. Il y a un aumônier (1,600 fr.), les frais de culte figurent pour 786. Il y a là une économie à réaliser, ainsi que cela a lieu dans certains asiles dont nous parlerons.

Un point intéressant à relever concerne la boulangerie. Voici ce qu'écrit M. Doutrebente: « Il a été fabriqué 148.496 kilogr. de pain, pendant l'année 1901, et dépensé 36,244 fr. 51 pour cette fabrication, d'où le prix du kilogr de pain pour l'année 1901 ressort à 0 fr. 24408. La moyenne du prix du pain vendu par les boulangers de la ville de Blois a été de 1 fr. 50 les 5 kilogr., soit 0 fr. 30 le kilogr. Notre prix de revient étant de 0 fr. 24 408, c'est un bénéfice de 0 fr. 05592 par kilogr. que l'asile a réalisé en fabriquant son pain, soit, pour 148.496 kilogr. un bénéfice net de 8 303 fr. 79. » Nous signalons ces résultats à l'attention de l'Administration préfectorale de la Seine et du Conseil général, qui ont une tendance à créer une boulangerie à l'asile de Vaucluse où le pain, fourni par l'adjudication serait, d'après des renseignements qui nous ont été donnés, de médiocre qualité. Le prix moyen de revient de la journée, en 1901, a été de 2 fr. 5442. Relevons en terminant ce fait que le médecin-directeur utilise ses malades le plus possible dans l'intérêt de leur traitement et dans celui de l'asile et qu'il parvient, par sa bonne administration, à assurer un parfait entretien de son établissement, et, en outre, chaque année à faire des constructions nouvelles. M. Doutrebente montre par ses communications scientifiques au Congrès des aliénistes et neurologistes et par sa gestion, qu'on peut être à la fois un bon médecin et un bon administrateur.

Pour compléter cette rapide analyse, nous croyons utile de reproduire textuellement les renseignements que, sur notre demande, M. Doutrebente a bien voulu nous adresser. Il dit :

<< Toutes les constructions neuves ont été faites à nos frais et avec nos propres ressources et à l'aide d'emprunts départementaux que nous amortissons et dont nous faisons le service des intérêts. L'asile de Blois a coûté au département depuis 1840, 300 000 fr. seulement. Depuis, l'asile s'est construit, agrandi, réparé

et amélioré sans aide; il a acheté et payé son pensionnat et l'a agrandi,; je n'ai fait d'ailleurs que suivre les errements de mes prédécesseurs et j'ai fini de payer les gros emprunts faits quelque temps avant mon arrivée, soit 300 000 fr. en deux emprunts.

<< Depuis mon arrivée, nous avons terminé le pensionnat, refait la ferme et construit deux pavillons d'isolement. A l'asile nous avons installé une buanderie modèle, un laboratoire et une salle d'autopsie, 8 chambres d'isolement; 60 lits nouveaux pour 2 services d'hommes et 2 grandes infirmeries pour hommes et femmes avec 9 chambres d'isolement...

«En principe, toutes les autopsies sont faites ici, à moins d'opposition formelle des familles, ce qui est fort rare d'ailleurs, l'interne tient un cahier spécial où il consigne le résultat. En 1901, ce service a été fort bien fait par M. Vernet, qui a fait une belle thèse sur notre hospice d'épileptiques simples.

« Un service d'idiots des deux sexes a été installé pour 30 idiots dans les anciennes infirmeries (provisoires); ils seront placés près l'hospice d'épileptiques dans quelques années et remplacés par un service de vieillards.

X. Rapport medical sur l'asile d'aliénés de Saint-Yon (Stine-Inférieure) pour 1901, par M. le Dr GIRAUD, médecin-directeur, et MM. TRENEL et HAMEL, médecins-adjoints.

M. le Dr Giraud fai collaborer ses médecins-adjoints à la rédaction de son rapport. On ne peut que l'en féliciter. Cela démontre que médecin en chef et médecins-adjoints peuvent travailler utilement ensemble.

La population de l'asile était de 1.265 malades au 1er janvier 1901 et de 1.259 à la fin de l'année. Admissions, 221 (dont 6 femmes alcooliques); sorties, 123; décédées, 104. Nous avons, disent les auteurs, comme les années précédentes, suivi, pour établir le relevé des admissions, la classification du Congrès international de 1889, en ajoutant toutefois un type ne rentrant dans aucune autre catégorie : la confusion mentale ». Cette classification devrait être adoptée, jusqu'à nouvel ordre, par tous nos collègues des asiles. Elle faciliterait les comparaisons.

« La caisse de secours fondée pour venir en aide aux aliénés nécessiteux sortant de l'asile, a continué de fonctionner régulièrement. En 1901, 37 aliénées sortantes ont été assistées. Six ont reçu simultanément un secours en argent et un secours en nature. Vingtsix ont été assistées par un secours en argent. Cinq ont reçu simplement un secours en nature. La somme distribuée en argent a été de 705 francs, et 152 objets de vêture ont été donnés. Tous ces secours sont indépendants du pécule de sortie. L'actif de la caisse de secours commune aux deux asiles de Quatre-Mares et de Saint

Yon était, au 31 décembre 1901, constituée de la manière suivante :

Livrets de Caisse d'épargne.
Espèces en caisse

Total. .

14 472 fr. 62
539 fr. 46

15 012 fr. 08

« Le vestiaire affecté aux secours en nature pour les femmes, comprenait au 31 décembre 1901: 413 objets de vêture. »

La tuberculose pulmonaire ne figure que pour 7 cas sur 104 décès. Nous devons citer en terminant les renseignements sur l'école des enfants idiotes, créée par M. Giraud. « L'école ouverte en 1891 pour les enfants continue de fonctionner régulièrement. Au 1er janvier 1901, 30 élèves étaient inscrites, réparties en deux classes. Dans le cours de l'année, l'école a reçu 10 élèves nouvelles ; 8 élèves sont sorties, soit pour rentrer dans leur famille, soit pour passer dans les quartiers d'adultes. Des appareils ont été installés (balançoires-tremplin, barres parallèles), pour apprendre l'usage de leurs membres aux jeunes idiotes ne sachant pas marcher. On n'a pas à enregistrer, cette année, de certificats d'études pour les jeunes malades dont l'éducation est plus avancée». Ce que fait M. Giraud à St-Yon pour les enfants idiotes devrait être réalisé dans tous les asiles.

B.

XI. Rapport médical sur l'asile public d'aliénés de Quatre-Mares pour l'année 1901; par LALLEMANT, médecin-directeur et THIBAUD, médecin-adjoint.

La population, le 1er janvier 1901, s'élevait à 820. Il y a eu 261 admissions, 118 sorties, dont 52 par guérison et 44 par amélioration ou rémission, 140 décès, dont 9 par tuberculose. Les admissions de 247 en 1892 ont monté à 261 en 1901. « Le nombre des alcooliques, loin de diminuer a augmenté cette année; il est à présumer, cependant, qu'il viendra à décroitre dans les années qui vont suivre, si la consommation de l'alcool continue à baisser, comme cela est constaté depuis la nouvelle loi sur le régime des boissons. Parmi les causes présumées de l'aliénation, les excès alcooliques ont été relevés 86 fois. « Pour les alcooliques aigus, qui guérissent aussitôt qu'ils sont privés d'alcool, il est regrettable que nous n'ayons pas le droit de les retenir à l'asile pendant six mois au moins après la disparition des troubles délirants, afin de tâcher de leur faire perdre l'habitude de boire.

Il arrive souvent que les malades améliorés ne faisant plus de progrès dans la voie de la guérison, trouvent bénéfice à être réintégrés dans leur milieu familial. Il en est ainsi dans la mélancolie et les états de confusion mentale. Dans ces cas nous engageons les familles à les reprendre, sans attendre la guérison complète.

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