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quent pour le tact et la douleur, celle-ci pour la sensibilité géni

tale.

XXVI. Un enfant d'idiote; par le Dr LEY (Bull. de la Soc. ment. de Belgique, décembre 1901).

Il s'agit d'un enfant de dix ans, issu d'une mère idiote violée dans un cabinet d'aisances par un individu resté inconnu qui lui barbouilla ensuite la vulve avec de la graisse à voitures. Placé à l'école d'enseignement spécial, cet enfant qui jusque-là n'avait rien appris et n'était bon à rien, s'est très amélioré au point de vue intellectuel et moral. Les moyens employés ont été, outre la discipline générale de l'école, la gymnastique rythmée au son de la musique, l'enseignement attrayant et intuitif, etc. L'auteur fait suivre cette observation des reflexions suivantes :

Au point de vue social: il est immoral et dangereux pour la société de laisser, surtout dans les classes pauvres, les filles idiotes vivre dans leur famille en butte aux attentats d'individus sans scrupule. Il est certain que si la fécondité des idiotes n'était pas, sinon nulle, du moins très diminuée, le nombre de ces malheureuses devenant enceinte, serait encore plus considérable.

Au point de vue clinique : il est intéressant de voir que des individus aussi tarés peuvent donner naissance à un produit qu'on eut pu supposer beaucoup plus mauvais. Notons aussi que le premier diagnostic qu'on pose sur l'état mental d'un enfant est souvent trompeur et que ce n'est qu'après toute une période d'observations et après tentative d'éducation qu'on peut établir un diagnostic définitif. Le diagnostic et le pronostic du médecin en cette matière ont en général une tendance trop pessimiste.

Au point de vue éducatif : le traitement médico-pédagogique intégral a fait ses preuves dans l'éducation des dégénérés. La gymnastique rythmée au son de la musique est un moyen puissant d'éveiller et de fixer l'attention. Tout cela est appliqué à Bicêtre. Lorsque le pouvoir d'attention s'accroit, la sociabilité de l'individu augmente corrélativement. G. D.

XXVII. Un cas de polynévrite avec psychose; par J. CROCQ. (Journ. de Neurologie, 1902, no 10).

Il s'agit d'une femme de soixante-sept ans qui fut prise de violentes douleurs dans les membres supérieurs, puis dans les membres inférieurs. Ces douleurs furent suivies quelque temps après d'une atrophie avec parésie des quatre membres, exagération des réflexes rotuliens, abolition des réflexes plantaire et achilléen, etc. En même temps on constata des troubles de la mémoire portant à la fois sur les faits récents et les faits anciens et, des fausses réminiscences et un certain degré de désorientation.

Ces différents accidents ne peuvent être attribués, d'après l'auteur, qu'à la maladie de Kirsakow et en raison de l'àge avancé de la malade on est en droit de craindre que ni la psychose ni la polynévrite ne disparaissent complètement.

G. D.

XXVIII. Un cas de personnalité multiple; par A. GILBERT (de Portland) (Medical Record, 9 août 1902).

VI observations d'épilepsie psychique ayant occasionné des personnalités successives avec automatisme ambulatoire et psychisme partiel sous trois formes distinctes et réciproquement amnési

ques.

XXIX. Note sur deux cas de folie consécutive à la chorée; par ROTHSAY C. STEWART (The Journal of Mental Science. Juillet 1901).

L'un de ces cas s'est terminé par la guérison, et l'autre par une amélioration. Les cas de folie choréique paraissent avoir quelques symptômes communs : le changement de caractère et la tendance au soupçon à l'égard des personnes de l'entourage, en même temps que de la diminution de la mémoire et de la faculté d'attention.

Arudt dit que la chorée ne peut exister sans une altération plus ou moins accusée des facultés intellectuelles, altération souvent assez légère pour échapper à l'observation et se traduisant surtout par l'incohérence des idées et l'inattention à l'égard des choses ambiantes. Le siège de ces troubles se trouve probablement dans l'écorce, mais ici les faits ne sont pas assez uniformes pour être probants. On a tenté d'expliquer la chorée par des embolies fines, et Letschenow avance que la lésion se trouve dans les couches optiques. Clouston a publié deux cas de folie choréique étroitement associée au rhumatisme, mais sans souffle cardiaque, et il admet l'hypothèse étiologique d'une altération du sang. Leube admet cette altération chimique et l'influence du sang ainsi modifié sur certaines parties du système nerveux. La lésion anatomique la plus fréquemment rencontrée à l'autopsie est l'endocardite avec petites végétations sur une ou plusieurs valvules, mais on a publié des faits qui paraissent démontrer que l'endocardite est souvent consécutive à la chorée.

Dans les deux cas rapportés par l'auteur il y avait eu plusieurs attaques de chorée, ce qui peut, suivant lui, faire penser à une altération de la composition du sang. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XXX. Phtisie et folie : étude principalement basée sur les statistiques de mortalité comparée pour l'Irlande; par Thomas DRAPES (The Journal of Mental Science. Octobre 1901).

C'est une question très importante que celle de savoir s'il y a un

lien entre la phtisie et la folie, ou en d'autres termes, si c'est parce . qu'ils sont aliénés que les aliénés sont particulièrement exposés à la tuberculose. C'est au moyen des statistiques que l'auteur se propose de l'étudier, sans méconnaitre tout ce que les inexactitudes de chiffres, ou la forme même donnée aux statistiques peuvent introduire dans cette méthode de causes d'erreur.

LIrlande paraît être un terrain particulièrement favorable à la tuberculose si l'on prend l'année 1899, la dernière dont les statistiques soient publiées, on note les chiffres suivants, pour un million d'habitants en Angleterre 1336 décès par phtisie pulmonaire, et en Irlande 2092, tandis que le taux de la mortalité générale est sensiblement égal dans les deux pays (18,3 p. 1000 en Angleterre, et 17,6 en Irlande). Si l'on étend maintenant ces recherches aux asiles, on trouve une mortalité de 98,7 dans les asiles d'Angleterre et de 72,1 dans les asiles d'Irlande; et si l'on compare ces chiffres avec les proportions correspondantes pour la population générale (18,3 pour l'Angleterre et 17,6 pour l'Irlande), on constate que, chez les aliénés, la mortalité est, en Angleterre et dans le pays de Galles cinq fois et demi, en Irlande plus de quatre fois égale à la mortalité de la population générale.

En ce qui touche la phtisie dans les asiles voici les résultats : pour 10 000 personnes on trouve dans les asiles d'Angleterre 141,41 décès par phtisie au lieu de 13,36 dans la population générale, et dans les asiles d'Irlande 204,69 décès au lieu de 20,92 dans la population générale. En chiffres ronds, la mortalité par phtisie dans les asiles d'Angleterre et d'Irlande est environ dix fois supérieure à la mortalité de même origine en dehors des asiles. Il ne faudrait pas conclure pourtant de ces chiffres que la mortalité par phtisie chez les aliénés est dix fois supérieure à celle des personnes saines d'esprit : il est évident en effet que la « population » des asiles diffère de la « population » en général, en ce que cette dernière comprend tous les vivants de tout âge, tandis que la population des asiles ne renferme que des sujets pris à peu près exclusivement dans certaines limites d'âge. Exception faite pour les idiots, on ne trouve guère dans les asiles de sujets âgés de moins de quinze ans, et les individus au-dessous de quinze ans forment à peu près un tiers du total général de la population: en rectifiant les chiffres d'après ces données la mortalité phtisique des asiles n'est plus dans le rapport de 10 à 1 vis-à-vis de la population générale, mais dans le rapport de 7,5 à 1 environ.

On a voulu donner une grande importance à ce fait que sur les certificats de décès des asiles, la phtisie n'est pas toujours donnée comme cause de mort, le malade succombant à une maladie intercurrente et la phtisie n'étant constatée qu'à l'autopsie : l'argument aurait sa valeur, si les choses ne se passaient absolument de la même manière en dehors des asiles.

On a dit aussi que pour parvenir à une appréciation exacte, il faudrait prendre pour base de la comparaison « le rapport dans chaque cas particulier des décès annuels par phtisie avec la moyenne des populations considérées ». Cette manière de voir de M. Crookshank est trop dogmatique et ne saurait être acceptée : la population générale se compose de sujets en majorité bien portants, celle des asiles se compose de sujets affaiblis : la comparaison est légitime. Il est beaucoup plus logique de considérer le pourcentage du décès par une maladie donnée dans ses rapports avec la mortalité par toutes causes; c'est ce qu'a fait le Dr Grimshaw, et c'est en étudiant ces recherches judicieusement conduites que l'auteur a commencé à mettre en doute la légitimité de l'opinion qui fait de la folie une prédisposition à la phtisie. En étudiant la fréquence de la tuberculose en Irlande, M. Grimshaw dit qu'elle est de toutes les maladies qui règnent en Irlande la plus destructive, et que les ravages dépassent la somme de ceux que causent les autres maladies infectieuses réunies. Il reste donc à rechercher si réellement ces ravages sont encore plus considėrables dans les asiles.

Ici se placent des chiffres et des tableaux, documents intéressants, mais naturellement impossibles à analyser, sauf pour en faire ressortir quelques points saillants: ils démontrent clairement au moins deux choses : d'abord que la mortalité relative par phtisie chez les adultes jeunes, à la période que l'on pourrait appeler période d'élection de la phtisie, est à peu près égale à l'asile ou hors de l'asile; et ensuite que la mortalité par phtisie chez les malades âgés est plus considérable à l'asile que hors l'asile. Les statistiques ne donnent malheureusement pas la durée du séjour à l'asile au moment de la mort; mais on peut légitimement admettre que les malades qui meurent après quarante-cinq ans ont pour la plupart fait à l'asile un séjour d'une certaine durée ; et on est amené à reconnaître que l'élévation du taux de la mortalité par phtisie dans les asiles n'est nullement due à une prétendue influence prédisposante de la folie, mais aux conditions de la vie dans les asiles; ce qui revient à dire que la « phtisie des aliénés » n'existe pas, mais qu'il existe une «< phtisie des asiles >>. Et l'on trouvera une preuve de plus de l'exactitude de cette manière de voir, c'est l'extrême variabilité de la mortalité des asiles comparés entre eux, la différence pouvant atteindre la proportion de 1 à 4 (14,4 à 60 p. 100).

et

Si, comme les arguments qui viennent d'être exposés d'autres encore que l'on pourrait invoquer le démontrent, la phtisie est généralement acquise à l'asile, il n'y a plus à désespérer de voir diminuer les ravages de cette maladie. L'hygiène et la prophylaxie suffiront à cette tâche; et l'auteur, en terminant, indique quelques-unes des conditions les plus fàcheuses parmi

celles et elles sont nombreuses et d'ordre divers risent dans les asiles la contagion de la tuberculose.

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R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XXXI. Friedrich Nietzche: Étude de pathologie mentale, par William W. IRELAND (The Journal of Mental Science, janvier 1901).

Friedrich Nietzche descendait d'une famille noble polonaise que les persécutions religieuses avaient forcé de chercher un refuge en Allemagne son père était ministre luthérien et sa mère la fille d'un ministre. Il naquit le 15 octobre 1844 à Röcken, dans la Saxe prussienne. Son père souffrit pendant onze mois d'une affection cérébrale et mourut quand il avait cinq ans. Olla Hausson nous apprend que depuis plusieurs générations, dans la famille de sa mère comme dans celle de son père il y avait une prédisposition à la folie. L'enfant ne parla qu'à deux ans et demi et montra de bonne heure un goût marqué pour la solitude: il était pieux et studieux, il fit ses études aux Universités de Bonn et de Leipzig où il montra de l'aversion pour la boisson et le tabac dont ses camarades abusaient. Il avait vingt-quatre ans lorsqu'il fut nommé professeur de philologie à l'Université de Bâle, ce qui lui fit délivrer par l'Université de Leipzig le grade de docteur en philosophie sans examen ni thèse. Il aimait beaucoup la musique et passait ses moments de loisir dans la maison de Richard Wagner, à Lucerne. Il aimait aussi beaucoup la poésie, et faisait des vers assez obscurs, et où il y avait, dit M. Ireland, « plus de fumée que de flamme ». Il fit la campagne de 1870 dans le corps des ambulanciers, et contracta en France la diphtérie et le choléra nostras, regagua à grand peine Erlangen, où il arriva épuisé, et sa santé ne se rétablit jamais complètement. (Une blessure qu'il s'était faite en sautant sur un cheval difficile l'avait rendu impropre au service militaire actif). A dater de ce moment il commença à souffrir tous les quinze ou vingt jours, de migraine, de céphalalgie violente avec nausées et rétrécissement du champ visuel, le tout souvent accompagné d'anxiété mentale. Il était atteint de myopie héréditaire. Sa sœur nous le représente comme peu démonstratif, mais sensible et plein de compassion, et de manières douces. En 1876 il obtint un congé d'un an pour rétablir sa santé et passa l'hiver à Sorrente; mais sa maladie le suivait partout, et en 1879 il dut renoncer à sa chaire et reçut une pension de 3 000 francs. Son ami Burckhardt, professeur d'histoire de l'art, déclare que Bâle n'a jamais possédé un pareil professeur, et il paraît avoir eu une grande influence sur les jeunes étudiants. Il vécut alors une vie vagabonde en Suisse et en Italie, surtout dans l'Engadine et à Gênes. Sa vue devint si mauvaise qu'il dut renoncer à la lecture; mais son état s'améliora et il conçut le plan d'étudier les sciences naturelles.

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