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sinon même tout à fait exceptionnel, puisqu'il consiste en un papillome primitif épithélioïde, qui a détruit le noyau rouge mais respecté entièrement les fibres pyramidales, donnant lieu ainsi à une variété un peu particulière de syndrome de Weber; il soulève donc deux discussions intéressantes, l'une d'histologie, l'autre de physiopathologie.

OBSERVATION. - T..., cinquante-sept ans. Début de la maladie en novembre 1900, par céphalées. Bientôt paralysie de toutes les branches de la troisième paire gauche; peu après, parésie des branches de la troisième paire droite. Pus de lésions du fond de l'œil. Légère faiblesse du bras et de la jambe droite. Exagération de tous les réflexes tendineux sans trépidation spinale, sans signe de Babinski. Asynergie cérebelleuse à droite. Troubles de la parole. Hypoesthésie du côté droit. Néoplasme ayant détruit le noyau rouge gauche et une grande partie du noyau rouge droit.

T..., cinquante-sept ans, charbonnier, ne présente ni antécédents héréditaires ni antécédents personnels dignes d'être signalés; il a un fils bien portant. Pas de syphilis, pas d'alcoolisme. La santé générale est bonne jusqu'au 30 novembre 1900. Ce jour-là, le malade éprouve une céphalée intense, mais sans fièvre, sans vomissements; cette céphalée persiste avec la même intensité une semaine durant, puis la paupière gauche tombe tout d'un coup et le malade entre alors dans notre service à la Salpêtrière.

En décembre 1900, le malade est atteint d'un syndrôme de Weber un peu particulier consistant en troubles oculaires et en troubles de la motilité (fig. 4).

1° Troubles oculaires. L'oeil gauche est en ptosis paralytique avec contraction intense du frontal pour essayer de relever la pau. pière. L'œil est en strabisme externe permanent. On constate une paralysie complète de toutes les branches de la troisième paire gauche; la pupille est en myosis, elle a perdu ses deux réflexes accomodateur et lumineux. La sixième paire et la quatrième paire sont normales. Le fond de l'œil ne présente pas traces de névrite. Absence d'hémiopie.

L'œil droit montre déjà une légère parésie de tous les muscles innervés par la troisième paire droite.

L'étude du réflexe lumineux consensuel montre que: 1° l'excitation de l'œil droit amène une contraction de la pupille droite, mais non de la gauche ; 2° l'excitation de l'œil gauche est sans effet sur la pupille gauche, mais fait contracter la pupille droite.

Ces troubles ont persisté toujours avec la même intensité; au surplus, la parésie de la troisième paire droite s'est fortement exagérée dans les derniers jours de la maladie mais n'a jamais été

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Fig. 4.

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Paralysie de la troisième paire gauche avec ptosis, démarche cérébelleuse. Ataxie du bras droit (Photographie instantanée pendant la marche).

aussi complète qu'à gauche; c'est ainsi que le ptosis et le stra

bisme externe n'étaient absolus que dans ce dernier côté. Vers la fin, les deux sixièmes paires ont paru parésiées; il a donc semblé qu'il existait à ce moment une légère paralysie des mouvements associés de lateralité (examen de M. Sauvineau) (fig. 5 et 6).

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Ptosis et strabisme externe paralytique de l'oeil gauche. Ptosis léger de l'œil droit.

2o Troubles de la motilité. Il n'existe pas à proprement parler une paralysie motrice. La force musculaire est bien conservée à droite et à gauche. Les divers mouvements segmentaires de la main, de l'avant-bras, du bras, du pied, de la jambe sont exécutés avec une bonne énergie. Le malade peut se lever, s'asseoir sur son lit sans peine. Dynamomètre: 35. Les réflexes rotuliens sont

exagérés des deux côtés, mais sans trépidation spinale. Le réflexe cutané plantaire se fait en flexion à gauche, la recherche donne des résultats douteux à droite. Les réflexes cutanés sont nettement diminués à droite. La sensibilité est légèrement émoussée à droite.

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En résumé, il existe un très léger degré d'hémiparésie motrice droite. Cendant le malade présente de gros troubles moteurs ainsi faits:

a) La démarche est titubante; les jambes sont écartées, les pas irréguliers, inégaux, le poids du corps portant surtout sur la jambe gauche et la jambe droite étant lancée irrégulièrement dans la

marche; le malade talonne de cette jambe comme un tabétique. Les oscillations sont telles pendant la marche avec des propulsions ou des rétropulsions comme si le malade ne pouvait assurer son centre de gravité que l'on craint, à chaque instant, une chute du sujet.

b) La station verticale est aussi fort difficile; elle n'est possible que si les jambes sont bien écartées: dès que les talons sont réunis on voit se produire de nombreuses oscillations en différents sens. L'occlusion de l'œil droit (l'oeil gauche est un ptosis permanent) ne parait pas avoir une grosse influence sur ce trouble de l'équilibre.

c) Les mouvements des mains présentent une légère incoordination: la main droite plane au-dessus des objets à saisir et présente alors des mouvements irréguliers qui rappellent ceux de la sclérose en plaques.

d) Le mouvement associé de flexion de la cuisse sur le bassin existe à droite.

e) Lorsqu'on dit au malade, étendu sur le sol, de soulever la jambe droite, on voit cette jambe prise d'oscillations irrégulières; ensuite lorsqu'on commande de la laisser retomber sur le sol, le malade la laisse tomber brusquement. Ces phénomènes ne se produisent pas du côté gauche.

f) Il est impossible au malade de se relever tout seul; il est pris de titubation avec grands mouvements incoordonnés de la jambe droite.

9) La parole est lente, monotone, explosive, ressemblant beaucoup à celle de la sclérose en plaques.

Il n'existe ni paralysie faciale, ni paralysie du voile du palais, ni déviation de la langue, ni troubles laryngés.

L'intelligence est intacte; la santé générale est bonne; l'appétit excellent. Les urines ne renferment ni sucre, ni albumine.

Le malade est soumis sans succès à un traitement mercuriel intensif. La maladie progresse. La parole devient de plus en plus difficile; on voit survenir une légère parésie du facial inférieur droit. L'asynergie cérébelleuse devient de plus en plus prononcée et gagne même le côté gauche, à tel point que le malade reste toute la journée immobile dans son lit, cependant on ne constate pas, au sens strict du mot, une paralysie motrice des membres. Les céphalées sont toujours intenses, mais sans vomissements, sans œdème papillaire. La parésie se prononce de plus en plus du côté de la troisième paire droite et le malade meurt le 20 mars 1901, quatre mois environ après le début de l'affection.

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Autopsie. Les organes ne présentent pas de lésion macroscopique intéressante. Nous avons examiné avec soin les poumons, le cœur, le foie, l'estomac, le pancréas, la rate, les reins, la vessie,

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