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l'intestin, le rectum, la prostate, les testicules, sans trouver un foyer néoplasique primitif visible à l'œil nu ou sensible à la palpation. Absence de tuberculose viscérale. Double bronchopneumonie de la base.

La moelle est extraite facilement; le canal osseux, les méninges et l'axe nerveux ne présentent rien d'anormal; Il en est de même du bulbe, du cervelet et du cerveau qui ont été débitées en coupes successives après durcissement.

La seule lésion consiste en une tumeur logée dans la calotte des

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pédoncules cérébraux (fig. 7). Avant tout durcissement, cette tumeur est arrondie, polycyclique, molle, d'aspect caséeux au centre, avec quelques dilatations vasculaires à la périphérie. Les nerfs de la troisième paire sont grisâtres, aplatis; ce caractère est surtout marqué pour le nerf de la troisième paire gauche, moins net pour celui de la troisième paire droite, les autres nerfs craniens ont leur aspect habituel.

Après durcissement dans les réactifs habituels, cette tumeur, nous a paru solitaire dans un examen minutieux macroscopique de tous les organes et de l'axe encéphalo-médullaire, elle a la forme d'une grosse olive placée au centre de la calotte des deux pédoncules cérébraux, en avant de l'aqueduc de Sylvius dont elle est séparée par une distance de 3 à 4 millimètres environ. Son extrémité supé

rieure n'atteint pas la couche optique, son extrémité supérieure se trouve à la hauteur du noyau d'origine de la quatrième paire ; son axe général est parallèle à celui du tronc cérébral et placé, dans sa partie toute inférieure, dans le cinquième supérieur de la protubérance, dans sa presque totalité dans la calotte du pédoncule. Son plus grand diamètre, un peu supérieur à celui d'une pièce de cinquante centimes, est au niveau des noyaux des troisièmes paires où sa circonférence antérieure affleure sous la pie-mère interpédonculaire. au fond du sillon qui sépare les deux points de sortie des troisièmes paires.

Sur une coupe colorée par le Weigert-Pal, passant à ce niveau de développement maximum, on voit la tumeur dessinée par une zone décolorée, arrondie, à bords polycycliques taillés à pic, comme on l'observe dans une lésion de déficit par ramollissement. Si nous suivons son pourtour pour étudier les parties du tronc cérébral lésées, nous voyons sa partie antérieure affleurer sous la pie-mère de l'espace interpédonculaire, ensuite le bord de la tumeur se diriger vers la gauche (2 millimètres environ), intéressant ainsi toute la zone de sortie de la troisième paire gauche, en coupant le ruban de Reil médian gauche dans son tiers externe, passer à 3 millimètres sous l'aqueduc de Sylvius et au-dessus du noyau de la troisième paire gauche, redescendre ensuite en intéressant la partie interne du noyau de la troisième paire droite, suivre la direction de sortie des fibres de cette troisième paire, sectionner dans son milieu le noyau rouge droit, enfin venir aboutir de nouveau au fond de l'espace interpédonculaire en respectant la sortie de la troisième paire droite.

Ainsi sont englobées dans la tumeur : A, à gauche : 1o en totalité, le trajet de la troisième paire (noyau et fibres); 2o en totalité, le noyau rouge; 3° la moitié interne du faisceau sensitif. B, à droite: 1° la partie interne du noyau et des fibres de la troisième paire; 2o la partie interne du noyau rouge.

Sont au contraire tout à fait épargnés, les pieds des deux pédoncules, les rubans de Reil latéraux, les tubercules quadrijumeaux. Nous étudierons : 1° la nature de la tumeur; 2° les effets produits par la tumeur.

1° Nature de la tumeur. La tumeur est constituée par une masse centrale nécrosée entourée de tubes à cellules cylindriques amenant la destruction progressive du tissu nerveux voisin.

Sur des coupes perpendiculaires à leur axe, ces tubes revêtent deux aspects. On voit tantôt un petit tube à lumière centrale vide, à paroi formée par de hautes cellules cylindriques, les cellules néoplasiques, tantôt un tube plus volumineux.

Dans ce dernier cas, la paroi est formée soit par une seule couche de cellules cylindriques, soit par plusieurs couches de cellules

cubiques, qui se stratifient de manière à constituer un véritable bourgeon externe d'envahissement. Mais en outre la lumière du tube est occupée par une véritable papille. Cette papille, qu'un léger espace sépare de la couche des cellules néoplasiques, présente au centre un vaisseau rempli de sang avec des parois plus ou moins nettes; autour du vaisseau se dispose une infiltration de cellules rondes et de fibrilles donnant l'aspect d'un tissu myxomateux. Les coupes parallèles à l'axe montrent une semblable disposition soit petit tube de cellules, soit gros tube avec papille centrale autour d'un vaisseau sanguin. En étudiant les divers points de la préparation on voit nettement que ces différences d'aspect, tube vide ou tube plein, dépendent de l'orientation de la coupe, suivant que le tube a été sectionné plus ou moins loin de son diamètre maximum transversal ou longitudinal. Sur les coupes parallèles à l'axe, on voit parfaitement les tractus centraux vasculo-conjonctifs s'anastomoser, de même on peut apercevoir la couche de cellules épithéliales, pousser des prolongements sous forme de bourgeons externes, d'abord pleins, puis pénétrés par la papille vasculo-conjonctive, à la façon des doigts de la main qui pénètrent dans un gant. Il s'agit donc d'une variété de néoplasme papillomateux et très végétant, se présentant sous la forme de collerette de grosses cellules entourant un tractus vasculo-conjonctif et s'agrandissant par une série de bourgeons externes. Les cellules néoplasiques sont cylindriques, très hautes, à extrémités limitées par un plateau sans prolongement, touchant ainsi par simple contact le tissu nerveux avoisinant. Elles ont un protoplasma bien coloré, sans vacuoles, sans granulations; elles possèdent un noyau volumineux ovalaire, riche en substance chromatine; ce noyau est placé toujours à la même distance de la base et du sommet et comme les cellules ont la même hauteur et le même aspect, il en résulte une apparence d'une glande tubulaire, lorsque le centre du tube n'est pas occupé par la papille vasculaire (fig. 8).

A certains endroits, les cellules subissent une multiplication active, revêtent le tube, de deux ou trois couches de cellules qui deviennent alors plus petites et cubiques, enfin on peut apercevoir comme nous l'avons signalé plus haut des proliférations plus accentuées encore sous la forme de petits bourgeons qui vont pénétrer dans le tissu nerveux avoisinant; ce caractère est surtout évident dans la zone périphérique d'envahissement.

L'espace intertubulaire est rempli par le tissu nerveux complètement dégénéré sans fibres à myéline, sans éléments nerveux, sans réaction névroglique proprement dite, mais avec une quantité énorme de corps granuleux bien visibles par la méthode de Marchi, dont on peut encore colorer les noyaux. Ainsi, nous pouvons affirmer, après avoir employé les méthodes de Marchi, de WeigertPal, du picro-cannin, de l'hémateine éosine, que ce néoplasme a

totalement détruit la zone indiquée ci-dessus, qu'il a complètement respecté au contraire le tissu nerveux qui l'entoure. Il a produit un véritable ramollissement localisé, dont on comprend d'ailleurs fort bien la pathogénie puisque les vaisseaux nutritifs sont entourés

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d'une barrière épithéliale et qu'on n'aperçoit pas des néo-vaisseaux; à l'action nécrosante du néoplasme lui-même s'est donc adjoint un élément mécanique qui nous explique fort bien comment a pu se produire par le fait d'une tumeur une lésion de déficit bien localisée; c'est là un fait important que nous voulons déjà souligner. Cette tumeur est-elle primitive ou secondaire? L'aspect des cellules néoplasiques, très élevées, cylindriques, rangées en tubes

fait songer tout d'abord à un néoplasme secondaire à un cancer primitif glandulaire, peut-être intestinal. C'est là une hypothèse très acceptable. Mais il existe des raisons qui permettent de croire à un néoplasme primitif. Le malade est mort cinq mois après le

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début de la maladie; le cancer secondaire du pédoncule aurait donc pu atteindre le volume d'une grosse olive sans qu'il nous ait été possible de trouver le cancer primitif? Nos recherches ont été il est vrai faites uniquement avec la vue et le palper; il faudrait donc admettre un foyer primitif microscopique alors que le foyer secondaire est appréciable avec les moyens de recherche ordinaires.

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