Imágenes de páginas
PDF
EPUB

<< voyage d'Amiens, aux expéditions de Champagne et << de Brie. » Il chargeait, en conséquence, l'abbé du Mont-Saint-Michel de se rendre en Normandie avec Raoul Le Sage et Hamon de Belknapp, pour adviser estre mis sus, requerir, demander et, se mestier estoit, imposer certain aide de 60,000 l. t. sur les gens des trois états (39).

Au mois de décembre, les députés furent convoqués à Caen, par devers le duc de Bedford (40). Le choix qui fut fait de cette ville peut tenir à l'entrevue qui devait avoir lieu à Caen et aux BassesMarches du Cotentin, le 20 novembre, entre le régent et les ambassadeurs du duc de Bretagne (41); Walter de Hungerford, Raoul Le Sage, l'abbé du Mont-Saint-Michel et Raoul Roussel assistèrent à cette conférence, dont nous ne saurions au juste indiquer le but ni les résultats. Peu de jours après, les états furent réunis. On leur demanda de nouveaux secours pour le paiement des soudoyers du duché, pour le siége du Mont-Saint-Michel, d'Ivry, de Dreux, Gaillon, Nogent-le-Rotrou, Senonches et Beaumont-le-Vicomte. On parla aussi de la nécessité qu'il y avait d'entretenir et soutenir justice et d'extirper les brigands. Les états votèrent 200,000 1. t. Le clergé accorda encore un dixième.

(39) Bib. Imp., 9436 [4], 62, 63.

[ocr errors]

14 septembre 1424).

(40) Bib. Imp., S. F. 4770, (pièces du 15 août et du 24 septembre 1424). Arch. Imp., K, 648 (pièces du 25 août et du Arch. de la S.-Inf., ÉTATS, nos 10, 14. - « Et là fu ordéné une taille en la duchée de Normandie, tant «sus l'église, sans le congié du pappe, comme sur le demourant: « 200,000 1. lesquiex furent poiez à Noel l'an 1423. » P. Cochon, p. 449.

(44) Bib. Imp., 9436 [4], 345, etc.

Dans cette assemblée, on adopta un règlement pour la répression du brigandage; il y est fait allusion dans les endentures conclues entre le gouvernement et les capitaines et les baillis. Le texte de ce règlement ne nous est pas connu; nous savons seulement qu'une de ses dispositions était que toute personne saisie en état de brigandage devait être remise aux mains de la justice, à laquelle était réservé le soin d'examiner si c'était un malfaiteur à punir ou un homme de guerre à rançonner (42): dans le dernier cas seulement, le prisonnier était rendu à ceux qui avaient opéré la capture. Ce fut peut-être aussi conformément à un vœu des états que Jean Falstalf, grand maître d'hôtel du régent, fut nommé « gouverneur et superviseur de toutes les villes, «< chasteaux et païs subgiez au Roy, ès bailliages de « Rouen de là la rivière de Seine, du côté de la ville « de Pont-de-l'Arche, Caen, Alençon, païs subgiez, «< comté du Maine, pour recevoir et ouïr toutes ma« nières de complaintes, punir et faire punir, et cor

riger tous ultempteurs et malfaicteurs, et garder, << tenir, et faire exécuter les ordonnances du Roi. »> Outre ses retenues comme capitaine de Fresnay-leVicomte et d'Alençon, Falstalf entretenait 40 lances et 2 chevaliers avec 3 archers ou arbalétriers par lance (43).

Ces mesures furent à peu près complétement infructueuses. Tant que dura l'occupation anglaise,

(42) Arch. Imp., K, 648. Mandement de Pierre Poolin, lieute nant du bailli de Rouen aux sergens du bailliage. Pont-de-l'Arche, 4 mai 1428.

(43) Bib. Imp., 9436 [4], 262, 263.

les brigands ne cessèrent de répandre l'effroi dans les campagnes de la Normandie. Maintes fois les états se préoccupent de ce terrible fléau; maintes fois, en retour des subsides qu'on lui accorde, Bedford et ses successeurs renouvellent l'engagement d'assurer la liberté des chemins, de procurer aux marchands et aux cultivateurs la paix et la sécurité; mais ce ne fut là qu'une vaine promesse bien loin d'aller en diminuant, le mal ne fit que s'accroître à mesure que les Français reprirent le dessus, que le lien de la discipline se relâcha dans l'armée anglaise, et que la misère devint plus profonde et plus générale.

Indépendamment de ces aides levées sur toute la province, nous avons à mentionner pour cette même année quelques impositions particulières.

Au mois de juin, les habitants des vicomtés d'Auge, de Pont-Audemer et d'Orbec votèrent pour la fortification et l'emparement de Honfleur, 1,500 1. t., qui furent perçues avec l'aide de 60,000 I. t. Il est probable que ce subside fut renouvelé peu de temps après, aux états de Caen du mois de décembre. Ce qui est certain, c'est qu'une nouvelle imposition de 1,500 1. affectée au même objet fut levée en vertu de lettres de Bedford, datées de Caen du 19 décembre 1423, en même temps que les 80,000 1. qui formaient le premier paiement de l'aide de 200,000 1. L'année suivante, des lettres du roi (Paris, 13 mai 1424) ordonnèrent de procéder à l'assiette de 1,125 l. octroyées par les députés des mêmes vicomtés pour l'achèvement de la Tour Frileuse à Honfleur, commencée du temps de Henri V. Ces allocations furent insuffisantes; il fallut prendre sur le troisième paie

ment de l'aide de 200,000 1. 400 1. pour mener à fin les travaux (44).

1424

Cette année fut marquée par un désastre à ajouter à ceux d'Azincourt et de Crevant. Peu de jours après la reddition d'Ivry, le jeudi après la mi-août 1424, l'armée française commandée par le connétable de Buckam fut battue sous les murs de Verneuil par les troupes du duc de Bedford. Cet événement, qui semblait présager la ruine prochaine de Charles VII et de la nationalité française, fut habilement exploité par le régent. La victoire de Verneuil ouvrait la route de Paris aux Normands. Les états de la France et de la Normandie y furent convoqués au mois d'octobre par les ducs de Bedford et de Bourgogne (45). En associant ainsi son allié au gouvernement du royaume, Bedford donnait une nouvelle preuve de son habileté consommée. Par cette marque de déférence, par la manière dont il l'accueillit et le fêta à Paris, il le rattacha au parti de l'Angleterre, dans un moment où l'imprudente conduite du duc de Glocester pouvait faire craindre qu'il ne s'en affranchit pour toujours.

[ocr errors]

(44) Arch. de la S.-Inf. ÉTATS, no 8. Lettres de Bedford, Caen, 149 décembre 1423. - Bib. Imp., 9436.[4], 151, 152. (45) Bib. Imp., S. F., 4770. — Ibid. 9436, 363. Arch. Imp., K, 648, Journal d'un Bourgeois de Paris (édit. de 1729) 104, 102. M. Teulet, Catalogue de pièces relatives à l'Angleterre contenues dans les cartons des rois de France, p. 369. Cet

-

Les états s'ouvrirent le 1er octobre (46); on exposa aux députés que les dépenses avaient considérablement dépassé le chiffre de l'aide accordée au mois de décembre de l'année précédente. Ce déficit s'expliquait par la nécessité où l'on s'était trouvé de lever, en sus du nombre affecté à la défense de la Normandie, de nouvelles compagnies pour le siége de Guise, Senonches, Nogent-le-Rotrou, Beaumontle-Vicomte, Rambouillet, Rochefort, le Mont-SaintMichel, pour la journée d'Ivry et pour la bataille de Verneuil, éclatant fait d'armes dont, après Dieu, on était particulièrement redevable à la haute vaillance de Bedford et au zèle des sujets du roi. Pour solder ces compagnies victorieuses, il avait fallu prendre sur les fonds des garnisons, en sorte qu'il ne restait plus rien pour payer à celles-ci l'arriéré de leurs gages. Les députés reconnurent la nécessité d'un nouveau subside; ils accordèrent une somme de 60,000 1. t. dont on devrait faire trois parts: 50,000 1., auxquelles on joindrait les revenus de la Normandie et pays de conquête, des termes Saint-Michel et Saint-Remi, et autres arrérages, serviraient à payer les garnisons; 3,000 1. seraient employées aux travaux de Honfleur et de Harfleur, et le reste à la solde des troupes qui assiégeaient le Mont-SaintMichel par terre et par mer. La construction d'un château fort sur le quai de Harfleur avait été décidée, il y avait quelques mois à peine; l'emplacement

ouvrage a été publié en Angleterre. Nous n'en connaissions qu'un exemplaire, lequel a été offert par l'auteur aux Archives impériales. · Ce serait rendre un service signalé à l'histoire de notre province que de donner une seconde édition de cet important catalogue.

(46) Bib. Imp., 9436 [4], 7.

« AnteriorContinuar »