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juin, nous ne saurions dire en quel endroit; une aide de 60,000 1. t. y fut votée. La moitié en fut affectée à la solde des gens d'armes et de trait, réunis à l'armée que le comte de Salisbury avait amenée d'Angleterre, et qu'il devait conduire sous les murs d'Angers, et aussi aux munitions d'artillerie nécessaires pour quatre mois de siége (59).

Le paiement de cette aide se fit avant le 25 août 1428, conformément aux lettres patentes de Henri VI, données à Paris le 4 juin, et au mandement des commissaires du roi du 31 juillet (60).

Vers le mois de septembre, le clergé de toute la province, représenté par les évêques, les abbés, les prieurs et les députés des chapitres, fut convoqué par le régent dans la chapelle de l'hôtel de l'archevêché. Jean Chevrot, vicaire et official de l'archevêque, présida l'assemblée. On demanda une somme de 30,000 1. t., à titre de don gratuit : c'étaient 10,000 l. de plus que l'année précédente (61). Consultés à ce sujet par leurs délégués, les chanoines de Rouen furent unanimes pour leur prescrire cette déclaration, qui prouve le ferme attachement de ce corps aux principes proclamés en son nom l'année précédente:

« Messieurs vouldroient complaire en toutes cho«ses au Roy et à monseigneur le Régent et à ceulx « de leur Conseil, et congnoissent bien les grans la«bours et painne que ilz seuffrent de jour en jour

(59) Bib. Imp.., S. F., 4770. 9456 [5], 209. Arch. Imp., K, 648.

(60) Arch. Imp., K, 648.

(61) Arch. de la S.-Inf., Registres capitulaires de la Cathédrale de Rouen, 8 juillet 1429.

« pour le bien de la chose publique; mais ils ne << voient point que ilz peussent accorder la de<< mande par eulx faicte ne autre subside, sans auto« rité du pape. Mais pour leur complaire, pourveu « que il leur appare du consentement du pape, par << bulle non révoquée, nonobstant leurs pouretés, « sont d'acort de acorder un xe pour tous autres << subsides, pourveu que il y ait commissaire sur les <«< impotens, et que il soit reçeu par gens d'église, <«<et que chascun ne soit tenu fors pour soy. » Le dixième fut accordé sous cette forme et à ces conditions par le clergé, lequel ne manqua pas à cette occasion de rappeler l'état de détresse où il se trouvait réduit par suite de la guerre, misère telle que la plupart des ecclésiastiques avaient à peine de quoi vivre. L'argent du dixième devait être employé à la deffense du païs, et par espécial pour l'expulsion des adversaires estans en la place du Mont-Saint-Michel. La bulle parvint à Paris dans le courant du mois de mars 1429; mais quelle ne fut pas la surprise du clergé de voir que, au lieu d'un dixième accordé à grand'peine, il était question d'en lever trois : l'un pour le pape, afin de subvenir aux frais de la guerre de Bohême, et deux autres pour le duc de Bedford? Dès le 8 du mois d'avril, un mandement de Henri VI, daté de Paris, donna l'ordre de procéder à la levée de ces impositions. Les commissions furent adressées à neuf receveurs spéciaux choisis vraisemblablement parmi les ecclésiastiques, ainsi qu'on en avait exprimé le désir (62). Le chapitre de Rouen protesta;

(62) Bib. Imp., 9436 [5], 706. «A messire Jehan Gaultier, « presbtre, curé de la paroisse Saint-Michiel, à Rouen, auquel ont << été payez la somme de c s. t., à lui tauxez par messieurs du

quelques chanoines finirent pourtant par approuver la concession d'un dixième au pape; mais tous furent d'accord pour trouver illégal le second dixième exigé par Bedford. Ils déclarèrent qu'à leurs yeux l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qu'il avait fait nommer juge apostolique pour toutes les questions auxquelles la perception des dixièmes donnerait lieu, n'avait point à cet égard une autorité suffisante, et qu'on interjeterait appel de ses sentences et de ses

« grand Conseil en Normandie, pour certain voyage par lui fait << dudit lieu de Rouen à Paris, audit mois de mars. » Il devait aller à Rome chercher les bulles; mais, comme il était à Paris, elles furent apportées par un chevaucheur du roi, qui revenait d'Italie, 787.- -«A maistre Pasquier de Vaulx, chanoine de Paris et docteur « en décret, auquel le Roy notre sire, par ses lettres données à « Paris, le ixe jour de mars mil cccc XXVIII, par l'adviz et déli<< bérations de mondit seigneur le Régent, mande être payé par ledit <<< receveur des deniers de ladite recepte, tant en son nom comme << pour maistre Jehan Vivien, conseiller et procureur du Roy notre << dit seigneur en court de Romme, la somme de CL salus d'or, « pour cause de l'expédition de certaines bulles octroyées du con<< sentement de N. S. P. le pape, pour avoir et lever au prouffit << du Roy notre dit seigneur, pour les affaires du duchié de Nor<< mandie, deux dixièmes consentiz et accordez par les prélas dudit <<< duchié. >> «A maistre Gilles Tisserant, maistre ès ars et estu<«<diant en l'université de Paris, serviteur de Mgr. l'évêque de « Beauvais, conseiller du Roy, payé par l'ordonnance de nos sei«gneurs du Grand Conseil du Roy en Normandie, XII 1. pour la << façon et escripture et expédition de ix procès et commissions à "yceulx appartenans, pour les receveurs particuliers touchans les « bulles dessus dictes des deux dixièmes accordez au Roy par les « gens d'église du pays de Normandie, dont mondit seigneur de « Beauvais est esleu juge. >>

Un des receveurs du dixième fut Nicolas Caval, chanoine de Rouen. Conformément à la délibération du chapitre, il y eut dans chaque diocèse des commissaires sur les impotens, qui furent désignés par l'évêque de Beauvais. (Arch. des Hospices de Rouen, Lettres de décharge accordées par les commissaires, 22 novembre 1430.) Dans cette affaire des dixièmes, le duc de Bedford fut secondé avec un zèle remarquable par l'abbé du Mont-Saint-Michel. Il lui témoigna sa reconnaissance en l'exemptant du paiement de cette contribution. (Arch. de la S.-Inf, ÉTATS, no 35, Lettres du duc de Bedford du 21 janvier 1429 (v. s.). — V. Pièces justificatives, no XXIII.)

contraintes au souverain pontife, ou au prochain Concile général (1er, 2, 6, 8 juillet 1429).

Cette conduite du chapitre est un remarquable indice de l'opposition qui se produisait au sein du clergé. Le même sentiment s'était fait jour dans la délibération du tiers état aux états du 8 septembre 1428 (63). Le roi avait fait exposer aux députés «< les grans désir et affection que lui et son oncle << avoient de songneusement et délivrément, par la « grâce de Notre Seigneur, entendre à entretenir l'ar«mée présentement estant remise sus pour le reboute<«<ment de ses ennemis et recouvrement de plusieurs «ses païs, villes et forteresses sous le gouvernement « de son oncle, par son très chier et très amé cousin <<< le comte de Salisbury, et spécialement pour le re« couvrement d'Angers et de la place du Mont-Saint« Michel, entretenir la justice, extirper les brigans << et répulser telement que ses bons, vrais et loyaux << sugez pussent faire seurement leurs marchan«< dises et labours. » Pour l'exécution de ce programme, on demandait aux états une somme de 200,000 1. t., payable à trois termes durant une année, à commencer à la Saint-Michel 1428. Les députés n'octroyèrent que 180,000 1. Il est vrai qu'ils supplièrent le régent d'agréer le subside ainsi réduit et se déclarèrent prêts, en cas de refus de sa part, à se conformer entièrement à son bon plaisir; mais Bedford crut prudent de les ménager : il se contenta de la somme votée; là-dessus 140,000 1. furent affectées à la solde des gens d'armes et de trait qui te

(63) Bib. Imp., S. F., 4770. Arch. Imp., K, 648. Arch. de la S.-Inf., ÉTATS, nos 24, 27, 29, 34. D. Lenoir, 66.

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naient garnison dans le pays et veillaient à la sûreté des chemins; le reste dut être employé au paiement de quatre mois de service de 200 lances et de 600 archers destinés au siége d'Angers.

Ce subside de 180,000 1. fut levé par parties égales, à trois termes, fixés au 20 décembre 1428, au 15 avril et au 12 juillet 1429, par lettres royaux du 14 septembre 1428 (Rouen), 27 février et 12 juillet 1429 (Paris) (64).

Des motifs qui nous échappent, une influence à laquelle le duc de Bedford regrettait plus tard avec amertume d'avoir cédé (65), amenèrent une importante modification dans le plan des opérations militaires pour l'année 1428-1429. On renonça au projet de passer la Loire à Angers et il fut décidé qu'on s'emparerait d'abord d'Orléans. En conséquence, le 12 octobre, l'armée de Thomas Montague, comte de Salisbury, vint s'établir sous les murs de cette place. On affecta au siége d'Orléans l'aide qui avait été votée pour le siége d'Angers. Toutefois les états durent intervenir afin de ratifier ce revirement de fonds; ils furent convoqués à cet effet une première fois à une époque que nous ne saurions fixer au juste, mais qui précéda certainement le 15 avril 1429, date du mandement royal pour la levée du second paiement de l'aide de 180,000 l. On trouve en effet, expressément mentionnée dans ce mandement, l'ap

(64) Bib. Imp., 9436 [5], premiers feuillets.

(65) Après la mort de Salisbury, Bedford écrivait au roi d'Angleterre « Alle thing there prospered for you til the tyme of the «siege of Orleans taken in hand, God knoweth by what advis. >> Rymer, t. IV, iv, 141.

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