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probation donnée par les députés à cette nouvelle destination des deniers publics.

A la suite de ces deux assemblées générales, signalons quelques conventions particulières. Au mois d'août, les habitants des bailliages de Caen, du Cotentin et de l'ancien ressort de ces juridictions accordèrent 25,000 1. t. pour le recouvrement du MontSaint-Michel (66); 10,000 1. furent payées avec le premier paiement de l'aide de 180,000 l., 15,000 1. avec le second. Peu de temps après, les bourgeois de Caen, de Bayeux, de Carentan et de Saint-Lô désignèrent Jean Anseré et Guillaume Biote, vicomte de Caen, pour veiller à ce que cette aide fût appliquée au but que l'on s'était proposé (67). Le receveur général fut autorisé par Henri VI (27 février 1429) à verser entre les mains de ces deux particuliers les 15,000 1. du second terme, et bientôt après il reçut l'ordre de leur remettre en outre une somme de 11,000 saluts pour faire venir d'Angleterre ce qu'il fallait de gens d'armes et de vaisseaux pour bloquer par mer le Mont-Saint-Michel (68). Le cardinal de Winchester avait promis d'envoyer 50 lances et 950 archers, et pour cela on avait dû lui faire passer 4,725 saluts; mais cette somme reçut une destination différente: après être restée quelques mois dans la caisse de la recette générale, elle fut dépensée, sans qu'on indique de quelle manière, pour la garde

(66) Bib. Imp., 9436 [5], 101.

(67) Un Jean Anzéré avait été nommé vicomte de Caen par Henri V, en 14418. (L'abbé De La Rue, Essais hist. sur la ville de Caen, t. II, 266.)

(68) Bib. Imp. 9436 [5], 214.

du pays et Basses-Marches de Normandie (69). Sur le premier paiement de l'aide de 25,000 1., on avait donné 650 1. au bailli du Cotentin, Jean de Harpeley, pour achever de le rembourser de 1,400 l. qu'il avait avancées pour les frais de la construction d'une bastille à Genets, sur le bord de la grève. La nécessité de cet ouvrage avait été reconnue par le duc de Bedford et par le Conseil du roi (70). Tant d'efforts contre l'héroïque garnison du Mont-Saint-Michel furent impuissants pour la réduire : Louis d'Estouteville et ses 119 chevaliers résistèrent aux nombreuses troupes que commandait le sire de Scales. Les noms de ces intrépides soldats furent inscrits avec leurs armes dans le chœur de l'église abbatiale, distinction glorieuse et assurément méritée, puisque, grâce à eux, il resta toujours en Normandie un coin de terre qui fut préservé du contact de l'étranger (71).

Trois mois après l'assemblée du mois d'août, le régent invita les bourgeois de Caen, Bayeux, Carentan, Saint-Lô et Coutances à envoyer, le 28 novembre, deux députés par chaque ville par devers Raoul Le Sage, l'abbé du Mont-Saint-Michel et le premier président du parlement de Paris, Philippe de Morvilliers, pour traiter de certaines grosses besognes. L'objet des délibérations n'est pas autrement déterminé : il est assez vraisemblable qu'il s'agissait encore du siége du Mont-Saint-Michel (72).

(69) Bib. Imp., 198.

(70) Ibid., 211.

(71) M. Le Héricher, Avranchin monumental, t. II, 259, 264. (72) Bib. Imp., 9436 [5], 693.

1429

Cette année, le déclin de la puissance anglaise dans notre pays s'annonça par un désastre. Les ennemis perdirent sous les murs d'Orléans un nombre considérable de soldats, Salisbury, un de leurs généraux les plus renommés, et enfin des sommes énormes. Là s'évanouit leur prestige et se ranimèrent pour ne plus s'éteindre l'espoir et le patriotisme des Français. Il résulte de lettres patentes de Henri VI que, du 12 octobre 1428 au 3 mars 1429, les dépenses du siége s'étaient élevées à 40,000 1. t. par mois. Bedford fit généreusement le sacrifice d'une partie de ses trésors i ordonna à tous les officiers du roi, de quelque état qu'ils fussent, de prêter un quartier d'an de leurs gages. Le gouverneur s'engageait à n'employer les fonds prêtés qu'au siége d'Orléans et à en faire restitution sur tous les revenus de France et de Normandie, sur les aides, les gabelles et les confiscations (73). Cela fut loin de suffire: il fallut faire appel à l'Angleterre. Le régent demandait au nom du Conseil privé 200 lances et 1,200 archers pour la continuation du siége; mais le trésorier du roi déclara que les finances du royaume étaient dans un si déplorable état, que tous les revenus disponibles ne suffiraient pas pour soutenir les charges de la guerre (74).

Dans les premiers jours de juillet 1429, il y eut à

(73) Bib. Imp., 9436 [5], 787.

(74) Rymer, t. IV, iv, 143.

Harfleur une assemblée de bourgeois et d'officiers du roi, des bailliages du Cotentin, de Caen et d'Alençon. Raoul Le Sage, l'abbé du Mont-Saint-Michel et le receveur général y comparurent en qualité de commissaires du gouvernement. Il s'agissait d'aviser à l'approvisionnement des bonnes villes de ces bailliages, et de pourvoir à la sûreté de Harfleur. Cette assemblée ne dura que peu de jours. Elle était terminée vers le 9 juillet (75).

Ce fut sans doute dans cette convention que les députés normands affectèrent au siége d'Orléans le restant de l'aide votée pour le siége d'Angers. Ce renseignement nous est fourni par le compte de 14281429. Le receveur Pierre Surreau mentionne « qu'il «< retourna en toute haste de Paris à Harfleur, en la «< compagnie de monsг. de Clamecy, conseiller du «< Roy, pour faire requeste aux gens du païs que l'aide « pour le siége d'Angers feust converty pour le fait << du siége d'Orléans et armée à l'encontre des enne« mis (76). »

Presque immédiatement après, l'inquiétude gagnant le régent à l'aspect des succès de l'armée française, il adressa un nouvel appel aux bourgeois de Caen, Bayeux, Saint-Lô et Coutances. Il les informa par lettres closes que les ennemis étaient devant Troyes, et les invita a envoyer à Rouen, le 20 juillet, un ou deux députés par ville « pour oyr ce « que dit leur seroit de par lui... par Messieurs les « Abbés de Fescamp et du Mont-S.-Michiel, Monsr « de S. Pierre et Mons" de Rouville, conseillers du

(75) Bib. Imp., 9436 [5], 626, 627. — Gaignières, 266. (76) Bib. Imp., 9436 [5], 655, 256.

« Roy et sur ce donner leurs advis et consentement «< au nom des habitans (76 bis). »

Au mois de septembre, les vicomtes et les gens des trois états des bailliages de Caen et du Cotentin furent convoqués de nouveau à Harfleur et à Honfleur, « pour pourvoir au paiement des soudoyers « des garnisons et des creues et à d'autres affaires << touchant le bien du Roy et la seurté des forteresses « et chasteaux du pays de Normendie. » Pierre Surreau, l'abbé du Mont-Saint-Michel, Raoul Le Sage, le cardinal d'Angleterre et autres membres du Grand Conseil, s'y présentèrent comme délégués du gouvernement (77). Nous ne saurions dire quelle était la raison de cette convocation particulière dans des localités aussi peu centrales.

Au mois de novembre, les trois états de toute la province furent assemblés. Ils votèrent 140,000 1. t. pour le paiement des gens d'armes et de trait des garnisons, pour le siége des places de Torcy, Aumale, Conches et autres forteresses d'environ et non ailleurs, et pour la démolition de certaines places que les Français avaient déjà fortifiées ou s'occupaient de fortifier (78). Ces états étaient terminés avant le 26 du mois de novembre. Le premier paiement de 80,000 1. dut être effectué avant le 20 décembre (79).

(76 bis) Bib. Imp., 5436 [5], 740.

(77) Ibid., 624, 627 et 657.

(78) V. deux pièces des 8 et 26 mars 1 429 (v. s.), à la Bih. Imp., S. F., 4770, et aux Arch. Imp., K, 648. Arch. de la S.-Inf., ETATS, nos 36-40.

(79) Arch de l'Eure, B, 109.

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