compagnons de Duguesclin, plusieurs allèrent aux croisades et deux tombèrent dans l'hécatombe de Nicopolis; le plus grand nombre guerroyèrent sur tous les points de la France attachés à la personne des rois de France, des ducs de Bretagne ou de divers princes, tandis que d'autres remplirent dans l'Église les plus hautes dignités, el furent archevêques, évêques, abbés ou abbesses. Il y eut des Mathefelon en Anjou, en Berry, en Bretagne, en Poitou, voire même en Bugey et partout, sauf dans cette dernière province, la similitude du blason, indique une communauté d'origine, bien qu'il soit impossible de découvrir le trait d'union qui existe entre ces divers rameaux sortis d'une même tige. L'Anjou paraît avoir été le berceau primitif de la famille et il semble que les premiers Mathefelon doivent se rattacher à l'ancienne maison de Mayenne, dont ils prirent les armes, six écussons 3. 2. 1. Le comte d'Anjou, Geoffroi Grisegonnelle, les chargea, entre 1030 et 1049, de construire sur les bords du Loir, près de Seiche, une forteresse destinée à maintenir dans l'obéissance des vassaux turbulents du voisinage et ils tirèrent leur nom de la mission qui leur était impartie: mater les felons, matefelonium, matefelon. En 1080, Robert de Champagne, fils puîné du comte de Champagne et neveu de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, Parfouru, archiviste du département d'Ille-et-Vilaine et Saulnier, conseiller à la cour d'appel de Rennes, président de la même Société archéologique, ainsi qu'auprès de Monsieur le comte de Toulgoët-Tréanna, membre de la Société des Antiquaires du Centre, l'accueil le plus aimable; de nombreux renseignements, en partie inédits m'ont été prodigués avec une libéralité, dont je tiens à leur exprimer ma bien sincère et bien vive reconnaisance. de Foulques Nerra, épousa l'héritière des Mathefelon, dont Foulques, l'aîné des enfants issus de ce mariage, qui se croisa en 1201, prit le nom et les armes 1. Les relations entre l'Anjou et la Bretagne étaient continuelles et on peut croire qu'une branche de la maison de Mathefelon passa de bonne heure dans cette dernière province, mais jusqu'au xve siècle, on constate bien la présence de quelques personnalités isolées, mais non d'un rameau définitivement fixé dans le pays. C'est ainsi qu'au XIIe siècle, une fille de Thibaud de Mathefelon et de Marquise de Vitré, nommée Adelaïde, fut abbesse de Saint-Georges de Rennes de 1153 à 1164 et que trois autres filles de la même famille occupèrent postérieurement la même dignité dans le même monastère Catherine, fille de Foulques Ier, baron de Mathefelon et de Durestal, de 1294 à 1317, Philippote, sœur de la précédente, de 1317 à 1325, et Alix de Mathefelon, fille de Thibaud III, qui gouverna six années et se démit en 13602. Le Baud, dans son Histoire de Bretagne, dit que Thibaud de Mathefelon qui avait épousé la marquise de Vitré et se trouvait le gendre de Robert de Vitré, l'aida dans la suite à recouvrer sa baronnie sur le duc de Bretagne, qui s'en était emparé. On est enclin à croire 4. Célestin PORT, Dictionnaire historique, biographique et géologique de Maine-et-Loire, p. 614. Pol POTIER DE COURCY, Nobiliaire et armorial de Bretagne, dernière édition, t. II, p. 247 et 248. Note manuscrite de M. Guillotin de Corson. 2. Paul DE LA BR GUE-VILLENEUVE, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes, p. 395, 403 et 404. - Note de MM. Guillotin de Corson et Parfouru. 3. Page 182. 4. LE BAUD, Chroniques de Vitré, p. 24. Note de M. Guillotin de Corson. qu'il reçut de son beau-père, à cette occasion, la terre des Rochers, démembrée de la seigneurie de Vitré, mais rien ne vient confirmer ce fait d'une façon positive et l'installation définitive des Mathefelon dans cette seigneurie n'apparaît qu'au commencement du XVe siècle, avec Guillaume de Mathefelon, chevalier, qui figure dans un acte du 24 octobre 1400, comme seigneur des Rochers, sans que l'on sache comment ce titre était advenu soit à ses ancêtres, soit à lui-même '. (vieux De son mariage avec Jeanne Lenfant, Guillaume de Mathefelon laissa pour seule et unique héritière Anne de Mathefelon, à laquelle notre beau livre d'Heures a appartenu. Elle épousa Guillaume de Sévigné suivant contrat de mariage du mardi 10 mars 1410 style), par devant un notaire des cours de Vitré et du Désert et lui apporta la terre des Rochers en Vitré. Guillaume III de Sévigné, chevalier, seigneur de Sévigné et du Chastelet en la paroisse de Cesson près de Rennes, était fils de Guillaume II de Sévigné et de Marguerite de Châteaugiron, fille du baron de Châteaugiron, dont le mariage avait eu lieu en 1384; il était en 1402 membre de la noble confrérie d'Argentré. Son sceau, que l'on possède, appendu sur une pièce de 1417, présente un écu écartelé d'argent et de sable, I. DE BROUSSILLON, La maison de Laval (Revue historique de la Mayenne, t. XIII, p. 437). Note de M. Guillotin de Corson. 2. L'année du mariage d'Anne de Mathefelon est bien 1410 et non 1427 ou 1435, comme on l'a dit par erreur. On possède d'ailleurs son acte de mariage qui a été retrouvé aux archives départementales du Finistère. GUILLOTIN DE CORSON, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, II, p. 368. Note manuscrite de M. Saulnier. supporté par deux griffons, timbré d'une couronne et d'un casque cimé d'une tête de griffon 1. Il est facile maintenant d'identifier les armoiries peintes sur le livre d'Heures. Les armes qui sont à dextre sont celles de Guillaume de Sévigné : au 1, d'or au chef d'azur, qui est le blason des Châteaugiron, à cause de sa mère Marguerite de Châteaugiron; au 2, écartelé d'argent et de sable, armes personnelles des Sévigné; quant aux armes qui sont à senestre, de gueules à six écussons d'or 3. 2. 1., ce sont celles des Mathefelon, Il est bon d'ajouter à ce qui précède quelques renseignements complémentaires. Guillaume III ne vivait sans doute plus en 1436, car à cette époque c'est son fils Guillaume IV qui rend aveu à Jean V, duc de Bretagne, et obtient de ce prince, dont il était chambellan, l'érection, le 4 novembre 1440, de la terre de Sévigné en Châtellenie bannerette et c'est depuis son veuvage qu'Anne fit faire les Heures, à en juger par la forme de losange donnée aux écussons. Elle même vivait encore en 1448, car le 17 janvier de cette année elle rendait hommage au baron de Vitré comme dame de Sévigné et des Rochers, pour ses terres, domaines et métairies, fiefs et juridictions des Rochers, des Boulay et des Chantelou 3. La date de sa mort n'est pas connue; elle fut enterrée dans le Prieuré de Notre-Dame de Vitré où l'on voit encore ses armoiries *. 1. Note manuscrite de M. Guillotin de Corson. 2. GUILLOTIN DE CORSON, II, 308. 3. Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de Vitré; --(note de M. Guillotin de Corson). 4. Note de M. de Toulgoët. Cinq enfants étaient issus de son mariage: 1° Guillaume IV, seigneur de Sévigné, des Rochers, etc., qui fut marié le 25 février 14271 à Isabeau de Malestroit; il a continué la postérité; 2o Jeanne l'aînée, mariée à Guillaume, sire de Pontbriant ; 3° Gillette, mariée à Pierre de Beaucé; 4o Valence, mariée à Simon, sieur d'Epinay et de la Rivière ; 5o Jeanne la jeune, mariée le 20 juillet 1432 (alias 1430) à Jean du Guesclin, sieur de la Roberie 2. En terminant cette étude, il n'est pas sans intérêt de signaler qu'Anne de Mathefelon ne fut pas la seule dame de sa famille qui aima les beaux livres richement historiés. Le British Museum possède un psautier sur lequel on lit une inscription latine dont voici la traduction : « Ce livre appartient à noble et illustre dame Brunisande de Périgord, dame de Parthenay et de Mathefelon, qui l'a fait faire à Vouvant pour la louange et l'honneur de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie, l'an du Seigneur 1411. Je prie le Christ, qu'elle implore sans cesse, de mettre son nom sur le livre de vie ». On connaît quelques fragments d'un second livre dont 1. C'est la date du mariage de Guillaume IV qui a été confondue avec celle de Guillaume III. 2. Note manuscrite de M. Saulnier.. 3. Département de la Vendée, canton de la Châtaigneraie, arrondissement de Fontenay-le-Comte. 4. Manuscrit nouvellement acquis par le Musée Britannique, n° 31.833, Psautier de la dame de Parthenay, volume sur parchemin, petit in-4°, 188 feuillets (Bibliothèque de l'École des Chartes, année 1882, page 428.) |