pierre venant du Fourchaud il m'a coûté 8 livres ; «<les chandeliers argentés des enfants de chœur << venant de Saint-Outrillet ils m'ont coûté 12 livres; << trois chappes blanches avec le grand Christ qui « est sur le tabernacle 72 livres; et aux dépens de la confrérie de la Vierge une garniture de «< chandeliers argentés avec le Christ 114 livres. «Et j'ai dit la messe au maître-autel pour la pre«mière fois, après son remplacement, à minuit « veille de Noël. J'ai aussi acheté la Vierge de pitié qui est actuellement dans le cadre du << maître-autel, il m'a coûté 1 louis, il était aux « Bénédictins de Bourges. >> Cette note est de la main d'un ancien curé de Salbris, l'abbé Bezard, excellent homme que tous les partis respectèrent à tel point qu'il ne cessa, à travers la tourmente révolutionnaire, de rester à la tête de sa paroisse où le culte ne fut interrompu que pendant quelques jours, à l'époque de la Terreur 1. Il était originaire de Bourges et ce fut sans doute, autant par ses relations de famille avec cette ville que par ses ráp. 1. Émile Vanderburch, l'auteur du Gamin de Paris, était son parent et a écrit sa vie dans un volume intitulé: Le Curé de Salbris ou le Fénelon du village. (Paris, Magen, Louis Janet, 1838, in-8°). Cet écrivain raconte que l'abbé Bézard avait caché en même temps, dans les communs de son presbytère, un royaliste qui avait vu guillotiner les siens à Orléans et le Représentant du peuple Laplanche qui avait fait couler tant de sang dans le Berry et l'Orléanais. Ces deux ennemis venaient isolément s'asseoir à sa table sans que l'un pût se douter de la présence de l'autre. Laplanche, à l'époque de la réaction thermidorienne, était venu demander à M. Bézard de le cacher. Il con ports nécessaires avec le siège de l'autorité d'où ressortissait sa paroisse, qu'il put connaître et saisir dans l'intérêt de cette dernière l'occasion d'une acquisition avantageuse. L'autel venant de l'église des Carmes de Bourges a gardé, à Salbris, sa destination de maître-autel. C'est une œuvre importante de la fin du XVIIe siècle. Il est en pierre de Charly, de 3 m. 55 de longueur, 1 m. 10 de profondeur et 2 m. 50 de hauteur, gradin et tabernacle compris. Le corps de cet autel, à profil ondulé, est décoré de panneaux moulurés et, au milieu, d'un médaillon circulaire accosté de branches de lis et renfermant le chiffre couronné de la sainte Vierge. Sur les angles, retombent des guirlandes de feuilles. Le gradin est orné de gerbes de blé et de branches de vigne. Le tabernacle, soutenu de deux beaux rampants en volutes, montre en sculpture, sur ses côtés, les instruments de la Passion et, sur sa face antérieure, deux palmiers à droite et à gauche de la porte. L'amortissement audessus de la corniche est décoré de têtes d'anges. Tous les ornements sont finement sculptés et dorés. L'ensemble est fort beau. Les trois petits autels, de même provenance, sont en bois et n'ont rien de remarquable. Les fonts baptismaux, autrefois à l'église de SaintAmbroix, sont également du XVIIe siècle. Ils sont en naissait déjà Salbris, y étant venu prendre femme. C'était la toute jeune fille du seigneur de Salbris, Mlle de Coince, qu'il avait exigée et obtenue: on ne résistait guère au Représentant du peuple. Ce révolutionnaire a passé le reste de ses jours à Salbris, où on voyait encore sa tombe, il y a quelques années, dans le cimetière. pierre de Charly. La cuve, ornée de cannelures, repose sur un balustre quadrangulaire décoré de moulures et de rinceaux. Le bénitier provenant de Notre-Dame du Fourchaud a une cuve de 0 m. 95 sur 0 m. 60 taillée dans un beau bloc de marbre 1, espèce de brèche, d'un rouge violacé, sans sculpture. Le pied brisé a été remplacé par un balustre en pierre semblable à celui des fonts. L'abbé Bézard fixa son choix sur ces objets parmi, sans doute, d'autres pièces plus précieuses du moyen âge ou de la Renaissance, limité qu'il était probablement dans ses ressources ou plutôt parce qu'ils lui semblèrent plus appropriés au style de son église et qu'ils étaient dans le goût de l'époque à laquelle il vivait. Tout cela a un véritable intérêt comme type de mobilier religieux d'époque déterminée et de provenance connue, mais ne vaut pas, même en ce qui concerne le beau maître-autel des Carmes, d'arrêter longtemps l'attention. Il en est autrement de la statue de NotreDame de Pitié de l'abbaye bénédictine de Saint-Sulpice, que le bon curé de Salbris acquit pour le prix infime d'un louis. C'est une sculpture de très haute valeur qui n'est pas signée mais peut être attribuée à un grand maître. Nous la croyons du commencement du XVII ou de la fin du XVIe siècle. En présence de la photogravure jointe à cette note, d'après un excellent cliché de M. l'abbé Plat, nous n'avons pas à insister sur la perfection de l'anatomie, 1. Et non en pierre, comme l'a dit l'abbé Bézard. |