Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Sabran, Guillelmet, Bertrandet et Montolieuve, sur cette même seigneurie au prix de 13; 000 sous tournois (1).

Le Pape Clément IV, par une bulle donnée à Viterbe, le 14 juin 1268, révoqua toutes les aliénations et concessions de droits quelconques, consenties pendant la vacance de l'abbaye (2). Par une autre du 17 août de la même année, il attribua à la maison hospitalière de Saint-Antoine les dons et legs faits à l'église du prieuré. Ce sanctuaire fut honoré de la visite de Charles d'Anjou, en 1274, et de celle de Thibaud, roi de Navarre, en 1286 (3).

Nous voyons Bernard de Montemirato acquérir de Raimond Regannas et de Marguerite de Tarascon, sa femme, les droits qu'ils possédaient dans le village et le territoire de Graveson, au prix de 7,600 sous provençaux coronats (4).

Le 5 juillet 1285, Raimond d'Aurons reconnaît tenir sous le domaine du même abbé ce qu'il possédait à Pélissane (5).

Quand Bernard fut nommé à l'évêché de Tripoli, Jacques d'Aiguières, prieur de N. D. de la Mer, fut provisoirement chargé de l'administration du monastère.

C'est un moine de Saint-Gilles, assure Chantelou,

(1) 2 avril 1267, Ch. Pertuis, no 46.- On avait reconnu à ces enfants le domaine du Bourguet et de douze de ses habitants, le droit de faire un four, la propriété d'une condamine, etc. Transaction du 24 mai 1263, not. Gamelli. Ch. Pertuis, n. 43.

(2) Une autre bulle du même Pape enjoint à l'archevêque d'Arles de s'abstenir de visiter Montmajour. 15 avril 1266. Privil. no 41.

(3) Aimar Falco, 3e partie, chap. 22 et 25.

[ocr errors]

(4) Charte du 25 nov. 1279. Montmajour avait déjà acheté les droits de Rostaing Imberti sur Graveson au prix de 30,000 sous raimondins (Ch. Tarascon, n° 39) et ceux de Guillaume, comte de Forcalquier pour 25,000 sous. Acte du 7 avril 1213, Ch. Tarascon, n° 4, Arch. đẹp.

(5) Acte dressé par Allamand, notaire. Arch. dép, Ch. Pélissanne,

no 12.

[ocr errors][merged small]

que l'on choisit ensuite pour lui confier la direction de l'abbaye, Etienne de Monteareno. Le premier soin de celui-ci, lors de sa nomination (1287), fut d'affirmer les droits de sa maison sur Pertuis il s'y fit recevoir comme seigneur dominant, avec douze de ses religieux, posa sur la grande tour de la ville une coule noire (atram cucullam), en signe de sa puissance, et fut traité par Bertrand de Baux (1), comte d'Avelin, qui, l'année suivante, lui prêta hommage pour la moitié de la ville (2).

Nicolas IV adressa à Étienne deux rescrits. Par le premier (3), il lui donna le pouvoir de réconcilier la grande église de Notre-Dame et celle de Saint-Pierre de Montmajour, aussi bien que celle de Saint-Antoine en Viennois et les cimetières voisins, si jamais ils venaient à être souillés par l'effusion du sang ou toute autre cause, pourvu, toutefois, que l'ordinaire eût préalablement procédé à la bénédiction solennelle de ces lieux consacrés. La seconde bulle du Pape (4) lui accorda le droit pour lui et ses successeurs de bénir le peuple aux fêtes de la Résurrection, de l'Invention de la SainteCroix et de la Toussaint, quand ils célébraient la messe en ces jours-là dans l'enceinte de l'abbaye ou dans les églises tributaires de Montmajour.

Dès la première année de son administration, Étienne convoque les moines en chapitre général. Cette assemblée s'applique à réprimer la licence qui s'était glissée

(1) Le 2 mars 1288. - Raimond Pelissery, Arch. dép.. Ch. de Pertuis, no 5, et B, 1420.

(2) Le 2 juin 1289. — Un accord avait été passé entre eux à Tarascon le 8 février précédent. Pertuis, no 56.

3) En date du 21 janvier 1289, Privil. n° 44. Il reçut encore en février 1288 l'hommage des habitants de Graveson et celui de Hugues de Saint-Chamas, pour Cornillon. Gall. Christ., I, 610. (4) 8 mars 1289. Privil. n° 45.

dans le monastère, et porte des peines contre ceux qui se mettent par force en possession de bénéfices. Elle défend aux religieux un séjour prolongé à Arles, règle certains détails de costume, et confirme la permission d'user d'aliments gras à certains jours à cause de l'insalubrité de l'air. (1).

Le 18 juillet 1292, l'abbé de Montmajour abandonne à Charles II, roi de Sicile et comte de Provence, les droits de pêche et de haute justice à Jonquières-lèsMartigues, autrefois concédés au monastère par la maison de Fos, Il reçut en échange tous les autres droits seigneuriaux de ce fief. (2)

La sévérité d'Etienne excita contre lui un grand nombre de moines: conduits par quelques prieurs, ils allèrent jusqu'à porter la main sur lui et à le dépouiller de ses livres, de ses divers meubles et des titres concernant les propriétés et les priviléges de l'abbaye. Après avoir commis ces excès, ils créèrent de leur propre autorité un cellerier et un prieur claustral.

Il fallait apporter un prompt remède à cette confusion. L'abbé et les moines jetèrent en même temps les yeux sur Guillaume de Mandagot, protonotaire du Saint-Siége, que ses vertus devaient élever plus tard aux dignités d'archevêque d'Embrun et de cardinal. Ils le choisirent pour arbitre de leurs démêlés (3).

Ce sage prélat exigea d'abord que les rebelles offrissent à l'abbé une satisfaction complète; déclara nulles et vaines les nominations qu'ils avaient faites, et condamna chacun des prieurs coupables à une amende de 200 livres, à l'exception de Guillaume de Sabran,

(1) 2 février 1291, notaire Pierre Joannis.

(2) V. Arch. dép. Cour des Comptes, Reg. Perdicis, fo 150.

(3) Compromis en date du 24 février 1294, notaire Raimond Guiraudy. Arch. dép.

[ocr errors]

prieur de Carluc, élu abbé de Saint-Victor de Marseille (1). Guillaume avait été pendant un an cellerier de Montmajour et il avait formé son neveu, Elzéar, fils de son frère Hermengaud, à la pratique des vertus qui l'ont fait mettre au rang des saints (2).

Guillaume de Mandagot, après avoir ainsi rétabli la paix entre l'abbé et la communauté, rendit pour réformer le monastère une constitution en 16 chapitres, dans laquelle il s'étudia à porter remède aux divers maux dont il avait découvert les sources. Il faut signaler ici plusieurs dispositions de ce document. Le droit à la collation des bénéfices et prieurés est reconnu à l'abbé seul; défense est faite de nommer à ces dignités des personnes étrangères à l'ordre de Saint-Benoît; l'abbé ne pourra désormais recevoir aucun moine en dehors du monastère, bien qu'il prétendit avoir ce droit partout; les postulants nonvellement admis dans la maison ne pourront d'un an entier s'absenter, si ce n'est pour une juste cause; les moines de Montmajour, qui, tout en demeurant d'ordinaire dans leur couvent, se retirent parfois dans les monastères d'un autre ordre dans l'espoir de s'y faire attribuer quelque bénéfice, devront être expulsés, à moins qu'ils n'aient été autorisés à passer tout à fait dans cet ordre. Le droit de retirer à certains religieux leurs prieurés ou les administrations qui leur étaient confiées, ne sera plus, comme autrefois, subordonné à la haine, à l'injustice, à

[ocr errors]

(1) Ruffi nous apprend qu'il occupa ce poste près de 30 ans, qu'il tint quatre chapitres généraux et fut fait ensuite évêque de Digue. Hist. de Marseille, t. 2, p. 154.

(2) Saint Elzéar de Sabran fut canonisé par le bienheureux Pape Urbain V. Il avait épousé Delphine; dame de Puymichel, de la maison de Signe, qui a donné plusieurs bienfaiteurs à Montmajour. Elle mourut en odeur de sainteté le 25 nov. 1360. Urbain V en 1363 donna commission à l'archevêque d'Aix et aux évêques de Vaison et de Sisteron pour informer sur sa vie, V. Bouche, Hist. de Prov., 11, 305.

-

l'arbitraire; l'abbé ne pourra en user qu'en alléguant une cause plausible; un chapitre général sera tenu chaque année à la Toussaint; il sera nommé un prieur claustral pour diriger l'abbaye en l'absence de son chef: les prieurs qui changent de résidence ne pourront emporter les effets qui leur sont particuliers que s'ils ne laissent aucune dette; - les messes d'anniversaires fondées par les religieux devront être scrupuleusement célébrées; - de trois en trois ans le produit de la dîme devra être affecté aux réparations de l'abbaye, dont le séjour est devenu impossible en certaines saisons et par les temps pluvieux (1).

VII

Demêlés de Montmajour avec la maison de SaintAntoine. Erection de ce prieuré en abbaye sous Boniface VIII et constitution d'une pension en faveur des Bénédictins.

Étienne fut impliqué dans des difficultés plus graves avec la maison hospitalière de Saint-Antoine. Il avait fait citer les Hospitaliers devant le Souverain-Pontife; mais on ne donna pas immédiatement suite à l'instance; elle fut poursuivie sous Clément IV, Grégoire X et les autres Papes qui régnèrent ensuite jusqu'à Nicolas IV. Enfin les amis des deux maisons, voyant quels scandales naissaient de ces luttes prolongées, et en même temps temps quel désavantage elles causaient à l'une et à l'autre, conseillèrent de choisir pour arbitre Bertrand de

[ocr errors]

(1) Constitution du 14 avril 1294. Raimond Guiraudy, notaire, Arch. dép. Privil. n° 50 La ratification capitulaire de la sentence ci-dessus' fut faite le 19 août 1294 et dressée par P. Joannis, notaire. Arch. dép. Privil. 51.

« AnteriorContinuar »