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Frahier: Ce village reçut en 1449, une charte d'affranchissement. Son église nommée dans la bulle de 1178, est de la filiation de celle de Châlonvillars qui conserva sur elle jusque dans le 18e siècle ses droits de maternité (1).

: Plancher-Bas. La bulle de 1178 indique ce lieu parmi les possessions de Lure. Il avait un seigneur territorial qui paya un droit d'aide à l'abbé Pierre de Beauffremont pour la reprise de ses régales (1288). En 1317, Jehannenot, maire de Plancher, fit avec le monastère un traité dans un but semblable. En 1355, Guy de Plancher, chevalier, messire Alard, chanoine de Remiremont, et Jehannenot, frères, vendirent à l'abbaye toutes leurs possessions en ce village. Guyot de Plancher, écuyer, et Béatrice, veuve de Guillaume de Lomont appartenaint à la même famille. Ils paraissent dans un acte de 1585. Des affranchissements particuliers eurent lieu en 1424 et 1527. L'affranchissement général est de 1552. Mais les droits seigneuriaux furent toujours expressément réservés dans ces divers titres. Les habitants étaient tenus d'approvisionner et de pêcher les étangs, et de transporter à Passavant le gibier tué dans les montagnes. Les tailles furent fixées à 104 liv., 15 gros, 6 niquets, et le droit de garde à 81. 4 gros. Il y avait autrefois quatre foires dans ce village. Elles tombèrent en désuétude; une requête présentée à l'abbé pour en obtenir le rétablissement demeura sans effet.

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En 1295, le curé de Plancher avoua le droit de patronage que l'abbaye de Lure exerçait sur son église, et les redevances qui y étaient attachées. Elles s'élevaient à 5 mesures de froment,

(1) Perreciot, dans son Almanach du Comté de Bourgogne pour 1789, pag. 145, avait cru trouver Frahier dans le nom de Franahis d'une charte du douzième siècle au profit de l'abbaye de Buthaine. Mais ce document, qui est du 28 août 1152 (Histoire des sires de Salins, I, pr. No 50), désigne Franabit et Genubit, deux localités voisines, dont la première (Franabie) a disparu au quatorzième siècle, et la seconde (Chenebie) n'a jamais cessé de faire partie de l'ancienne seigneurie d'Héricourt,

5 setiers et une channe de vin. En 1527, l'abbé céda aux habitants les deux tiers des offrandes qui se faisaient dans l'église. En 1732, après de longues difficultés, il conclut un accord avec le desservant, en vertu duquel celui-ci devait percevoir désormais le quart des dimes attribuées au monastère, de plus 100 liv. pour supplément de portion congrue et 120 liv. pour les dixmes novelles. Belfahy et Plancher-les-Mines dépendaient de l'église de Plancher-Bas. Leurs habitants cherchèrent à s'en détacher et y parvinrent non sans peine. Un curé fut établi à Plancher-les-Mines. En 1743 il prit possession de cette paroisse dont Belfahy était une dépendance. Enfin ce dernier village a, depuis 1840, une église qui vient d'être érigée en succursale (1844).

Plancher-les-Mines, autrefois nommé Plancher-Haut, est depuis longtemps célèbre par les mines que l'on exploite sur son territoire. Elles appartenaient à l'abbaye de toute ancienneté. Le premier acte connu qui en parle est daté de 1425. C'est un désistement de Jean, comte de Thierstein, reconnais→ sant qu'il n'a aucun droit sur ces mines et quelles font partie du domaine de l'église de Lure. L'abbé Claude de Rye découvrit vers 1456 une mine d'argent qu'il fit exploiter. La propriété en fut disputée à son successeur, Jean Stoer, par le grand Bailli d'Alsace, Pierre de Hagenbach (1469), dont nous avons raconté les exactions et les violences. Après des enquêtes et des procédures, Charles-le-Téméraire permit à l'abbé de jouir par provision des mines de Plancher (1472). Des traités d'amodiation eurent lieu en 1515, 1645, 1661, 1680. Les enquêtes de 1548 portent à 9500 liv. le produit annuel de cette exploitation. Abandonnée à la fin du 17e siècle, elle fut reprise en 1705 par les ordres du comte de Loewenstein, abbé-prince de Lure et de Murbach. Son secrétaire dressa un ample mémoire sur l'état de ces mines. On y voit qu'elles étaient au nombre de six, savoir : la Grande montagne, mine

de plomb; la Notre-Dame, mine d'argent; la Montagne sainte Barbe, mine de plomb; Cramaillot, et Saint Jacques, mines de cuivre. Le comte de Loewenstein, après avoir essayé de les faire valoir à ses frais, dut abandonner ce travail et céda à Claude Sterchle « la jouissance de telle mine qu'il lui plairait >> pour en recommencer l'exploitation (1717). Ses résultats demeurèrent nuls ou à peu près. En 1755, Floid, anglais de nation, chef d'une société d'entrepreneurs, ayant obtenu plusieurs concessions soit en Alsace, soit en Bourgogne, voulut aussi faire valoir les mines de Plancher. Il construisit des usines dans la forêt de Saint-Antoine, éleva des fonderies et des raffineries, et sur les réclamations de l'abbé, lui offrit une somme de 500 florins d'or pour les bois qui avaient été coupés, et le 40 des produits de l'extraction. Ces propositions ayant été acceptées furent l'objet d'une convention qui ne s'exécuta point. Floid quitta quelque temps après, pour aller s'établir à Giromagny, dans la Haute-Alsace, laissant à un autre Anglais la direction des travaux de Plancher. Le territoire de ce lieu fournissait alors peu de minerai d'argent, mais en revanche, beaucoup de plomb et de cuivre. Au contraire celui de Giromagny plus abondant en argent, manquait des deux autres métaux. On les tirait à Plancher, pour raffiner les fontes d'argent faites à Giromagny. Le 50 novembre 1736, les entrepreneurs recurent du Roi des lettres-patentes quileur assuraient toutes les concessions qu'ils avaient obtenues précédemment. Mais l'abbé de Lure, lésé dans ses droits, se pourvut au conseil d'Etat. Il réclama le dixième du produit, selon le taux fixé par les anciens traités. Cette affaire n'eut pas de suite, à cause de la cessation des travaux. La mauvaise direction qu'on leur avait donnée et les ressources insuffisantes des entrepreneurs firent abandonner les mines en 1760. Dans ces derniers temps, plusieurs projets ont été formés pour la reprise de l'exploitation; mais ils sont restés sans effet,

bien qu'il y ait lieu de croire que plusieurs filons pourraient être exploités avec bénéfice.

Sous le gouvernement de l'abbaye, Plancher-les-Mines avait sa justice particulière, scs officiers, ses franchises. Plusicurs faits le démontrent suffisamment. En 1485, une sentence criminelle fut rendue à Plancher par les juges du lieu. Elle condamna deux individus, l'un à une peine pécuniaire, l'autre au suppliee de la rouc pour homicide. En 1531, le prévôt des mines fut affranchi par les religieux. On trouve des tenues de justice de 1666 et 1673. L'abbé avait une résidence dans le village, et en 1755, on y voyait encore les restes d'une prison.

Mandrevillars (moindre ou petit village) à une lieue d'Héricourt, au nord-est, est mentionné dans une charte de l'abbaye de Lieucroissant d'environ 1160, et dans une bulle du pape Célestin III, contenant les possessions du chapitre de saint Mainbœuf de Montbéliard (1196). Une concession de rente faite à l'abbaye de Lure par Olton, avocat de Montbéliard, chevalier (1229), et une vente de l'an 1507, par laquelle Colin, maire de Châlonvillars, cède à notre monastère ses droits sur plusieurs villages, offrent encore le nom de Mandrevillars. Ce licu était, comme Tavel, sous la souveraineté commune de l'abbé de Lure et du seigneur d'Héricourt qui prétendaier.t tous deux y avoir droit à l'exclusion l'un de l'autre. De là des contestations qui avaient commencé dans la seconde moitié du 15° siècle et qui éclatèrent principalement de 1562 à 1573 (1). En 1714, les officiers de la seigneurie d'Héricourt s'opposèrent à la plantation du poteau, signe de la justice seigneuriale, que les officiers du bailliage de Lure avait entrepris de placer sur le territoire de Mandrevillars. Néanmoins cette plantation eut lieu, et procès-verbal en fut dressé. Depuis la réunion de la

4) Annuaire de la Haute-Saône, 243,

paroisse de Buc au diocèse de Strasbourg, Mandrevillars, qui en faisait partie, est devenu une dépendance de l'église de Chagey, quant à ses habitants catholiques. Mais leur usage est encore de faire à Buc leurs devoirs paroissiaux, et l'autorité ecclésiastique l'a toléré jusqu'à présent.

Tavel. Nous avons rapporté dans le cours de l'histoire de l'abbaye de Lure, les principaux traits relatifs à ce lieu dont les annales ont une assez grande importance. Il suffira d'ajouter ici que les sujets du monastère formaient la majorité de la population, et que le culte catholique rétabli à Tavel par arrêt du parlement de Besançon (16 mai 1684) et garanti aux mêmes conditions par la paix de Ryswick (1697), y fut seul exercé publiquement jusqu'à l'an II de la république. Mais à l'entrée de l'an V, le culte simultané recommença dans l'église de Tavel. Il subsiste encore aujourd'hui. On peut consulter sur les démêlés qni s'élevèrent entre l'abbé de Lure et la maison de Wirtemberg, au sujet de la souveraineté de Tavel et de la réforme, la partie des titres de l'ancien comté de Montbéliard, maintenant déposée aux archives de la préfecture de la Haute-Saône (1).

(1) Girard, curé de Tavel, fut en même temps l'un des chapelains de Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard, qui lui accordait une grande confiance. En l'année 1501, lorsque ce prince était sur le point de se rendre à Paris pour y négocier la paix entre le roi de France et les grands barons du comté de Bourgogne, armés contre le monarqne, il chargea Girard « de prendre en >> l'arche de la grande tour du château quatorze cenz et quatorze livres, en gros >> tournois et estellins en argent et en menus deniers, pour faire lou paëment >> des robes que furent achetées pour ledit conte et sa maignie » et pourvoir aux autres dépenses du voyage, auquel prit part le bon curé. - Un autre curé de Tavel, Jean Catherin, était chanoine de Montbéliard, et fit son testament en 1388. (Note de M, Duvernoy.)

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