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des monnaies, etc.; ces circonstances ne corroborent nullement l'étymologie, créée à plaisir, que je viens de rappeler, et je crois qu'il faut s'en tenir, pour la dénomination ancienne de ce village, à la forme qui lui est donnée dans le diplôme de saint Gauzlin, et qu'on trouve reproduite, avec de légères variantes, dans des documents postérieurs1.

II. La seconde charte est du même évèque, mais n'a point de date; on suppose qu'elle doit être environ de l'an 925. Elle est ainsi analysée dans le Sommier de Bouxières: << Sans date. Lettres de saint Gauzlin par lesquelles il dé» clare que le primicier de son église, Angelramne, et son » neveu Hardouin, ont donné à Dieu, à la Sainte-Vierge, » à saint Etienne et aux chanoines de Toul, ce qui leur appartenait dans le Saintois, savoir à Clérey, deux manses ou familles de serfs, et au village dit Escialus, » de semblables possessions. »

D

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L'intitulé de Dom Hilaire de Puibusque porte: «< Charte › de la donation précaire faite par saint Gauzelin à Angelramme et son neveu, leur vie durante, de ce que la > cathédrale de Toul possédait à Isciacus. »

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Il s'agit dans cette charte, comme dans la première, d'une donation, sous réserve d'usufruit, faite par Angelramne et Hardoinus, probablement un autre de ses neveux.

Sous le rapport géographique, cette seconde charte offre deux problèmes assez difficiles à résoudre. Le lieu qu'on y trouve appelé Clarevis est indiqué, dans l'analyse donnée par le Sommier, comme étant le village de Clérey ; ce qui semble pouvoir être parfaitement admis. Quant au comitatus Pontensis, rien ne fait supposer quel devait en

1. V. Dictionnaire topographique de la Meurthe, Paris, imprimerie impériale, 1862.

être le chef-lieu, ni d'où il tirait son nom. Ce chef-lieu ne pourrait être, en se basant sur l'analogie des noms, que Pont-sur-Madon, et il faudrait donner à cette circonscription territoriale une étendue considérable pour que Clérey ait pu y être compris. N'est-il pas probable qu'il y a ici une erreur de copie, et qu'au lieu de Pontinse on doit lire Sanctinse. Le Sommier dit, en effet, que les biens donnés par Angelramne étaient dans le Saintois, dont Clérey faisait partie, et du doyenné duquel il dépendait encore au siècle dernier.

Pour l'Isciacus de la charte, transformé en Escialus dans le Sommier, je n'ose rien avancer. Ce dernier le place dans le Saintois avec Clérey; mais la charte ne lui assigne nullement la même situation. Le mot Isciacus se traduirait assez naturellement alors par Essey, ou bien, peutêtre, en adoptant la version du Sommier, par Xeuilley, et mieux encore par Chaouilley, village qui n'est pas très-éloigné de Clérey, et où l'on sait que l'abbaye de Bouxières avait des possessions.

Mais je m'empresse de dire que ce sont de simples suppositions, données sous toutes réserves, et uniquement dans le but d'appeler sur ce point l'attention des érudits.

III. L'analyse de la troisième charte est ainsi donnée dans le Sommier : « 976. Diplôme de l'empereur Otton II » par lequel il ordonne la restitution de certains biens » que le chevalier Richard avait enlevés à Ermengarde, abbesse de Bouxières, savoir la moitié du bien situé au lieu dit Mansionile Berenhardi ou petite métairie1

:

1. Cette localité avait dû être, en effet, dans l'origine, une métairie ou une habitation de campagne ; mais, à l'époque où fut donné le diplôme d'Otton, elle avait pris certains développements, puisqu'il est fait mention de son église (excepta ecclesia).

» de Bérenhard, sur le bord de la Moselle, dans le pays >> Toulois et le comté du Chaumontois, avec ce qui en » dépend, en serfs de l'un et de l'autre sexe, bois, vignes,

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prés, moulins, terres cultivées et incultes, eaux, cours » d'eaux, droits d'entrée et de sortie, à l'exception de l'église et d'une métairie franche1. Il confirme, de plus, » la donation faite à l'église de Bouxières d'un gagnage à » Havoldange à Château-Salins2, qui lui avait été donné > par Valterus, et la remet en possession dudit gagnage. » Le sommaire de Dom Puibusque porte seulement : Diplôme de l'empereur Otton II pour faire restituer à > l'abbaye de Bouxières certains biens qu'un certain Ruo>> deride lui avait enlevés. »

«

Quatre noms de lieux sont mentionnés dans le diplôme impérial: Teudonis villa (Thionville), où était l'empereur lorsque l'abbesse Ermengarde vint se plaindre à lui des spoliations dont son monastère avait été victime; — Buxerias (Bouxières), indiqué, quoique au nominatif, sous une forme accusative qu'on rencontre dans un certain nombre de titres du xe siècle ou antérieurs à cette époque; - Mansionile Berenhardi, super ripam Mosellæ fluminis, in pago Tullensi, in comitatu Admontensi; enfin, Hau

voldingas, in pago Salinensi, in comitatu Dextreio. Cette dernière localité est facile à reconnaître c'est Haboudange, situé dans le Saulnois et dans le comté dont le vil

1. Mansus indominicatus, d'après Ducange, voulait dire un domaine que son propriétaire faisait cultiver : « Mansus dominicatus, " indominicatus, dominicus, dicebatur proprius et peculiaris do» mini mansus, quem dominus ipse excolebat, cujusque fructus perci" piebat. "

2. Ce sont les mots in pago Salinensi auxquels le rédacteur du Sommier a appliqué cette étrange traduction.

3. Je ne sais où le copiste a pris ce nom, qui ne se trouve pas dans le diplôme.

lage actuel de Destry (Moselle) était le chef-lieu1. Il n'en est pas de même de la précédente, et je me trouve réduit à émettre des suppositions bien plus vagues encore qu'au sujet d'Isciacus.

D'abord, Mansionile n'a de correspondant parmi les noms de nos localités situées à peu de distance de la Moselle, que le Ménil-Mitry et Richardménil. La commune de Ménillot, dont la dénomination se rapprocherait davantage de la forme latine indiquée ci-dessus, est environ à six kilomètres de cette rivière, c'est-à-dire beaucoup trop loin pour qu'on puisse lui attribuer les expressions : super ripam Mosellæ.

Ménillot était bien dans le pays Toulois, tandis que le Ménil-Mitry appartenait au Saintois, et Richardménil au Chaumontois.

Il y a aussi la cense de Ménil-Saint-Michel,

commune

de Benney, peu distante de la Moselle, et qui était dans le Saintois, comme le village dont elle dépend.

Enfin, si la position géographique qu'il occupe permettait d'y songer, je citerais Bénaménil, qui reproduit presque littéralement les mots latins Berenhardi (par corruption Bernardi) mansionilis.

D'un autre côté, quel est ce comitatus Admontensis dont parle le diplôme, et qui faisait partie du Tullensis pagus? Je n'en ai rencontré nulle part le nom, auquel je ne saurais trouver un synonime français. Y aurait-il ici, comme pour le Pontensis comitatus, une erreur de copie? je serais tenté de le croire, en m'en référant à l'analyse donnée par le Sommier on a très-bien pu, en effet, lire Admontensi pour Calmontensi.

1. V. ce mot dans le Dictionnaire topographique de la Meurthe.

Mais une autre difficulté se présente : comment le Chaumontois et le Toulois peuvent-ils se trouver enclavés l'un dans l'autre ?

D'après les notions géographiques admises, le Chaumontois s'étendait depuis les Vosges jusqu'au confluent de la Meurthe et de la Moselle, au-dessus du village de Custines; le Toulois le bornait à l'ouest et en était séparé par l'immense forêt de Haye il n'y avait done pas, si l'on peut s'exprimer ainsi, de contact entre ces deux territoires, surtout si l'on s'en tient à la signification ordinaire du mot pagus. Mais il n'en est pas de même si on lui donne le sens plus large qu'il avait quelquefois, et qui correspondait à celui de civitas1, etc. C'est peut-être ainsi qu'il faut interpréter les mots pagus Tullensis, qu'on traduirait alors par civitas Leucorum, cité que représentait, au xe siècle, le diocèse de Toul, et dans laquelle le Chaumontois était compris. La même signification semble même s'être étendue au mot comitatus, puisqu'une bulle d'Innocent II, de l'an 1137, dont je m'occuperai en dernier lieu, place Bouxières in comitatu Leucorum.

Cette explication tranche une des deux difficultés que j'ai rencontrées, mais elle ne résout pas l'autre, car il y a loin de Berenhard ou Bernard à Richard, et par conséquent de Berenhardi mansionile à Richardménil, dont il n'est parlé dans aucune charte concernant l'abbaye de Bouxières. Je crois donc qu'il n'y a moyen de formuler aucune hypothèse raisonnable, et qu'il est plus prudent et plus sage à la fois de s'abstenir.

IV. Il n'y a point d'intitulé à la quatrième pièce dans

1. V. Topographie ecclésiastique de la France, par M. J. Desnoyers, dans l'Annuaire de la Société de l'histoire de France, année 1859, p. 83.

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