où l'on voit que le chapitre devait posséder encore d'autres pièces; celles qui manquent ont dû, très-vraisemblablement, être envoyées à Metz, en 1770, lorsque les chanoines sollicitèrent, comme on le verra plus loin, l'extension du culte du B. Bernard. Mais il est bien évident que ces < papiers ne contenaient point le procès de la béatification, puisqu'il n'y était pas antérieurement. Ce que rapporte l'Abbé de Senones touchant la chapelle des mines d'argent, est emprunté à l'Histoire des grands prévôts de Saint-Dié, par Riguet, restée manuscrite, et dont un exemplaire se conserve à la bibliothèque publique de Nancy; on y lit (p. 239) : « En la même année (1530), » dans les actes capitulaires (du chapitre de Saint-Dié), ⚫est rapporté un miracle fait par l'intercession de Bernard de Bade, devant son image qui est dans une chapelle argenti fondinæ. D D Ce procès-verbal contient non seulement l'attestation du miracle, mais encore quelques particularités que Riguet n'a pas signalées. On y dit que deux habitants des mines avaient fait ériger, quelques années auparavant, dans l'église desdites mines, une chapelle où ils avaient placé l'image du Bienheureux Bernard de Bade. On savait que, par son intercession, Dieu y soulageait les personnes souffrantes, principalement celles qui étaient infectées de maléfices. Dans ce temps, durant l'octave de l'Assomption Notre-Dame, une femme, tourmentée du démon, se voua au Bienheureux et promit de dire quotidiennement des prières devant son image et d'y brûler des cierges pendant neuf jours. A l'expiration de sa neuvaine, et tandis que le peuple assistait, dans l'église, à l'office divin, cette femme vomit tout-à-coup, et sans douleur, une foule d'objets impurs des clous en fer, des anneaux tordus, des os pointus, des fragments de verre et de bois1. : En ce qui concerne l'abbaye de Saint-Vanne, on ignore comment et à quelle époque le culte du Bon Bernard s'y était introduit. Les historiens de Verdun n'en parlent pas, et M. l'abbé Clouet, à qui je me suis adressé, n'a pu me fournir de renseignements à cet égard : « J'ai vu moi› même, m'écrit-il, le portrait mentionné par Dom » Calmet c'était une peinture à fresque, d'environ un » mètre de haut sur 80 centimètres de large; le Bienheureux était représenté debout, en costume militaire; cette » peinture se trouvait sur le mur qui séparait l'avant» chœur du collatéral méridional, à côté d'un autre > portrait, aussi à fresque, qui était celui du Bienheureux » Richard, abbé de Saint-Vanne au xre siècle. Ces deux » fresques étaient bien conservées; mais elles ont disparu, » avec le mur sur lequel elles se trouvaient, lors de la › démolition de l'abbaye en 1831-1852. On ne sait de quelle manière ni à quelle occasion le > culte du Bienheureux Bernard avait été introduit à Saint› Vanne. Les Bénédictins y disaient des messes en son honneur, à l'intention des malades qui le demandaient; › mais, chose rare dans les annales des pèlerinages et › des messes ex-voto, il était de tradition qu'on ne devait jamais rien offrir au prêtre qui les célébrait, parce » qu'une telle offrande empêchait de tirer aucun fruit de » l'intercession du Saint. » Cette digression, qui trouvait naturellement sa place ici, m'a fait perdre de vue l'examen des derniers passages 1. Voir pièce justificative I. de Dom Calmet relatifs à la mort et à la béatification du Bienheureux. Les uns sont incomplets, les autres inexacts. Suivant Godescard, le jeune prince n'arriva pas jusqu'à Rome; étant parti de Turin au commencement de juillet 1458, pour aller trouver le pape Calixte III, il tomba malade en route, à Montcallier, et on le transporta dans le couvent des Franciscains, où il mourut, le 23 de ce mois, laissant des marques non équivoques de sa sainteté. Il fut enterré dans la collégiale de Sainte-Marie de cette ville, près du grand autel. C'est aussi à peu près ce que disent la plupart des auteurs qui ont parlé de Bernard de Bade; l'un d'eux1 ajoute : Les habitants de Montcallier le prirent pour leur protecteur2, et célébrèrent par une fête l'anniversaire de sa mort. Ensuite, le peuple, non-seulement de cette ville, mais encore de plusieurs autres endroits du Piémont, édifia des chapelles en son honneur, lui érigea des autels et vénéra son image. Iolande, duchesse de Savoie, infor 1. Bollandistes, p. 115. D'après un document inédit, que j'aurai occasion de citer, mais dont je n'oserais garantir l'autorité sur ce point, Bernard, après avoir salué les églises des apôtres, serait venu à Montcallier, où, au bout de quelques jours, renonçant à l'idée de revoir son pays, il aurait fondé un hôpital, el, s'y faisant pauvre lui-même, se serait dévoué au soulagement des pauvres. (V. pièce justificative II.) 2. Antoine Monbelli, patrice de la ville de Montcallier, a publié, en 1722, la Corte sanctificata dalla Vita et dalle virtu del B. Bernardo Marchese di Baden, PROTETTORE della cita di Moncalieri. Il a joint à cet ouvrage un poème sur le serviteur de Dieu, dédié à Louis, margrave de Bade. On trouve aussi l'éloge des vertus du B. Bernard dans Tritheme, Chron. Hirsaug., p. 459, et dans Irenicus, in Exegesi Germaniæ, t. 3, c. 101. Sa vie, écrite en italien par J.-B. Blancardi, a été traduite en allemand par le P. Hornig, jésuite, et imprimée à Strasbourg en 1686. (Godescard, p. 277.) mée des miracles que Dieu opérait par l'intercession de son serviteur, obtint de Sixte IV, le 23 décembre 1480, un bref de béatification qui consacra l'authenticité de ces miracles1. Cette version diffère quelque peu de celle que donne Godescard, laquelle s'appuie sur un document positif, reproduit par les Bollandistes2, et dont nos Archives possèdent une copie c'est une lettre écrite, le 12 février 1478, par l'évêque Georges de Bade, aux syndics, conseil et communauté de Montcallier, pour délibérer avec eux sur la béatification de son frère, dont il avait fait placer le portrait dans l'église collégiale de Vic, où déjà plusieurs miracles s'étaient opérés. A la suite de la demande de l'évêque et des habitants de Montcallier, auxquels s'était probablement jointe la duchesse de Savoie, le pape Sixte IV nomma, le 23 décembre 1478, des commissaires pour informer sur la vie et les miracles de Bernard. Il choisit de nouveau, le 4 août 1479, les évêques de Turin et de Carpentras pour continuer la procédure. Enfin, en 1484, il publia le décret 1. Fide dignorum relatione accepimus, " porte le bref de Sixte IV, quod divina clementia multa ostendit miracula ad tumulum " et imaginem insignis memoriæ Bernardi marchionis Badensis, cujus " corpus in ecclesia collegiata Sanctæ-Mariæ Montis-Calerii requies"cit." (Bollandistes, p. 115.) A la suite de ce bref, les Bollandistes donnent une longue énumération des miracles opérés par l'intercession du B. Bernard, principalement à Montcallier. 2. Ils l'indiquent en ces termes Hæ sunt fragmenta epistolæ » quam integram invenire non potui, etsi Blancardus eam in archiva "Moncaleriensi conservatam fuisse tes tetur. » La copie conservée dans les archives de la collégiale de Vic, est également incomplète. de la béatification du serviteur de Dieu, laquelle fut célébrée du vivant de la mère de Bernard et d'une partie de ses frères1. La date de 1480, ou de 1481, selon notre manière de compter, est donc celle qu'il faut adopter avec la plupart des auteurs, et Dom Calmet s'est évidemment trompé en indiquant celle de 1469. IV. Aussitôt après la béatification du Bienheureux, ses images se répandirent de toutes parts et servirent d'attestation au culte qui lui était rendu. Il en existait notamment une très-belle dans le couvent des Franciscains de la ville d'Asti. On en voyait aussi plusieurs dans le collége des Jésuites de Bade et dans le monastère des religieuses de Lichtenthal, près de cette ville; mais elles différaient toutes, plus ou moins, les unes des autres; la plus authentique paraît être celle que les Bollandistes ont placée au milieu du texte de leur ouvrage. Le jeune prince y est représenté la tête nue, entourée d'une auréole; il est vêtu d'une tunique qui cache en partie son armure, et il tient une palme de la main gauche. Au-dessous, on lit cette inscription : VERA EFFIGIES B BERNARDI Marchionis Badensis qui obiit XV julii Christophe, 1. Godescard, t. VI, p. 276. Cet auteur ajoute "margrave de Bade, fils de Charles, fit frapper, dans les années " 1501, 1512, 1513 et 1519, différentes médailles d'or et d'argent " où le Bienheureux Bernard est représenté en casque et en cuirasse, "la tête environnée d'une auréole, tenant d'une main l'étendard de "Bade et de l'autre l'écu de sa Maison, avec cette inscription : " Beatus Bernardus Marchio. " |