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fête du B. Bernard dans tout son diocèse et la fixa au 24 juillet; il ordonna, en même temps, de la célébrer du rit semi-double, et prescrivit le rit de seconde classe dans les domaines du Margraviat qui faisaient partie de son diocèse.

V.

Le mandement du Cardinal témoigne de l'allégresse que causa le bref du Souverain Pontife. Copie en fut transmise aux chanoines de Vic par le P. Lambla, jésuite, confesseur de S. A. Sme la Margrave de Baden-Baden, avec une lettre, datée de Rastadt, le 24 janvier 1771, adressée au doyen de la collégiale, et dans laquelle, après lui avoir indiqué la portée du bref, il l'entretien d'un projet qui intéressait à la fois cette église et le diocèse de Metz tout entier.

« Animé du zèle d'augmenter dans votre église le culte › du B. Bernard de Bade, dit le P. Lambla au doyen, › M. Moreau, vous avez prié le R. P. Louis de Villau> court de vous indiquer les moyens pour parvenir à > votre but. Ce R. P., sachant que j'ai eu la consolation › de travailler un peu dans la cause de la béatification de > notre Bienheureux, m'a honoré de la commission de > vous donner les éclaircissemens que vous demandez. Je m'y prête avec plaisir.

» Voici d'abord le décret de ladite béatification. Pour une bulle ou un bref en forme, il n'y en a point; car › cette béatification est du nombre de celles qui se trai>tent à Rome sous le nom de casus exceptus, et qu'on

1. Louis Villaucourt de Ste Anne des écoles pieuses à Rastadt ", ainsi que porte pour signature une de ses lettres adressée à M. Moreau. Il appartenait à une famille lorraine qui existe encore aujourd'hui.

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» appelle equipolentes, où il ne s'agit que de constater légitimement l'ancienneté et la continuité du culte rendu, pendant l'espace fixé de plusieurs années, à un vénérable serviteur de Dieu. Or, on a prouvé cela d'une façon » fort glorieuse pour notre Bienheureux; témoin le procès » volumineux imprimé à Rome, duquel nous tenons un exemplaire icy.

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» Je joins audit décret les leçons propres pour le 2e nocturne1. Pour obtenir la faculté de dire cet office, et » de célébrer annuellement la fête du Bienheureux, vous » n'avez qu'à vous adresser tout droit à Leurs Eminences Mrs les cardinaux de la Congrégation des Rites, par une espèce de requête où vous détaillerez bien les motifs, qui sûrement sont très-forts pour vous faire espérer » que Rome voudra étendre le culte en question à votre collégiale, et même, si on vouloit le demander, à toute » l'étendue du diocèse de Metz, qui a le bonheur de comp»ter parmi les plus dignes de ses évèques Georges, prince » de Baden et frère du B. Bernard. Quant à la nouvelle » histoire de sa vie, on y travaille encore actuellement : on aura soin de vous en faire passer quelques exemplaires à son tems.

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» Vous croyez avoir, Monsieur, entre autres, l'étendard » du B.: en êtes-vous assez sûr? Il y a, parmi les autheurs » d'icy qui disent que ce n'est qu'un linge dans lequel le » corps du B. fut pendant quelque tems enveloppé à Mont»calier. Si vous avez des preuves de ce que vous avancez, vous nous obligerez en nous les communiquant et en y » ajoutant une courte description du sabre que votre église possède pareillement.... »

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1. V. à la suite de la pièce justificative IV.

Les chanoines ne semblent pas s'être adressés aux cardinaux de la Congrégation des Rites, ainsi que le P. Lamla les y engageait; du moins rien n'indique que cette démarche ait été faite; ils se bornèrent à présenter à l'évêque de Metz la requête suivante, dont on trouve une minute à la suite de la copie de l'ordonnance de M. de Coislin, reproduite plus haut:

« Le chapitre de Vic, dans l'église duquel il y a un grand » concours de dévotion au B. Bernard, et de tout tems, > a l'honneur de supplier S. E. (sic) Monseigneur l'éves» que de luy perimettre de donner la bénédiction du Saint» Sacrement à la messe et aux vespres, au mois de juillet, » soit le jour de la feste (25 juillet1) ou le dimanche sui>vant, et d'en faire l'office propre approuvé à Rome, vû > l'extension du culte et canonization du Bienheureux, » ce pour la piété des fidèles.

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» Il possède de tout tems, dans son église, une figure en relief du Bienheureux, des reliques renfermées dans » un bras antique et fermé hermétiquement, que les témoignages annoncent être des os du Bienheureux2, qui,

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1. Il faut lire 15 juillet.

2. Des notes écrites à la suite de la copie de la lettre de Georges de Bade aux habitants de Montcallier, portent ce qui suit:

"Une princesse d'Allemagne* passant ici pour aller épouser le père de Mg le duc d'Orléans d'aujourd'huy, vint en notre église, sur ce qu'elle avoit entendu dire du B. B., y fit ses prières devant son image

Le chapitre veut évidemment parler de Charlotte-Elisabeth, dite la princesse Palatine ou la Palatine, fille de l'électeur palatin CharlesLouis, née à Heidelberg en 1652, mariée, le 16 novembre 1671, à Philippe duc d'Orléans, frère unique de Louis XIV, et morte à SaintCloud en 1722. Elle fut mère du Régent et d'Elisabeth-Charlotte d'Orléans, dite Mademoiselle de Chartres, qui épousa le duc Léopold de Lorraine, le 25 octobre 1698.

» de tout tems, et lors de la visitte de M. de Coislin, sont » exposés sur un autel collatéral, à gauche, comme des› tiné en l'honneur du Bienheureux frère de M. George › de Baden, évêque de Metz.

» Le culte du Bienheureux est constant dans cette église › d'un tems immémorial, et c'est de la part du prince › margrave de Baden, parent du Bienheureux, que le › chapitre est invité de le rendre plus solennel, depuis le > bref de Clément XIV...

Le prince avait déjà lui-même, par une lettre en date du 1er août 1770, demandé à l'évêque de faire célébrer la fête de son parent, le Bienheureux Bernard, dans tout son diocèse; et, néanmoins, le prélat avait rendu, le 31 du même mois, une ordonnance par laquelle il restreignait cette fête aux paroisses du diocèse situées dans les Etats de ce prince, mandant à ce dernier qu'une plus grande extension auroit été une nouveauté qui eût pu être sujette à de grandes difficultés. »

avec grande dévotion, et pour marque de sa confiance en luy, demanda au chapitre le pommeau de son épée, qu'elle emporta avec joye.

"Le chapitre a aussi envoyé à la princesse de Bade, vers l'an 1717, le taffetas où avoient reposé les reliques du B. B., envoyées au chapitre de Vic par celuy de Montcallier.

"Le chapitre a conservé longtems de beaux et riches ornemens aux armes de Bade, qui lui avoient été donnés par cette illustre Maison. "

Enfin, on lit dans un nécrologe de la collégiale, à la date du 23 mai :

Le jour susdit, Mre Didier Perrin, chanoine de céans, a fondé la solempnité de St Didier... et a donné vingt cinq gros de rente annuelle et perpétuelle pour faire le service. Lesdits 25 gros ont estez employez pour pendre la cloche du Bienheureux Bernard 1628, ladite cloche estoit dans la luquarne en hault et servoit de timbre. " On voit aussi, dans ce nécrologe, que, le 15 juillet, le chapitre dépensait 21 sous « à cause du beal Bernard ».

Tel est le sens de la réponse qui fut faite, le 12 juillet 1771, au doyen de la collégiale de Vic, par M. de Vareilles, vicaire général de l'évêché de Metz, en l'engageant à continuer comme il avait fait jusqu'alors, sans vouloir se presser à rendre un nouveau culte au Bienheureux.

Ce culte, les chanoines l'indiquent ainsi dans une note communiquée à un des biographes du Bon Bernard, et reproduite par les Bollandistes:

« La fête du B. Bernard se célèbre chaque année à Vic le 15 juillet, jour où l'on y voit accourir une grande multitude de peuple. Dans le cours de l'année, beaucoup de personnes, tant de la ville que du voisinage, viennent implorer son intercession pour être délivrées de leurs maladies, et, après leur guérison, elles font célébrer des messes dans la chapelle où son image est représentée par une œuvre de sculpture.

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VI.

Vingt années à peine s'étaient écoulées depuis les dernières tentatives faites par le chapitre de Vic pour accroître le culte du B. Bernard dans son église, que cette église était vendue comme propriété nationale, et le chapitre dispersé. La statue échappa comme par miracle au besoin de destruction qu'on éprouvait alors pour toutes les choses saintes et sacrées, et, de l'autel de la collégiale, érigé en l'honneur du Bienheureux, elle vint occuper une modeste place dans l'église paroissiale.

Quelle que soit sa valeur artistique, elle n'en mérite pas moins le respect : elle rappelle d'anciens et de pieux souvenirs, et les noms glorieux des deux Maisons de Lorraine. et de Bade, qu'on vit unies au xve siècle.

Au reste, si ce vieux morceau de sculpture n'inspire à

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