considérables de monnaies romaines, de statuettes et objets divers; il y a une quarantaine d'années qu'il avait été trouvé, dans la contrée de Berthaucourt, plusieurs vases en argent en forme de patères, et dans la contrée des Vérines, une figurine en bronze représentant Janus. Feu M. de Fiennes, numismatiste à Bar-le-Duc, possédait dans sa collection une autre statuette en même métal, qu'on croit représenter une divinité champêtre (fig. 1re). En 1843, on a également trouvé un buste en bronze de Minerve, casquée, très-bien conservée et d'un beau travail (fig. 2), ainsi qu'un éperon en acier oxidé, mais d'une belle forme et d'une bonne conservation (fig. 8). Ces deux objets font partie de ma collection. J'indiquerai plus loin les monnaies et autres objets, qui, trouvés parmi ces ruines, à diverses époques, sont parvenus à ma connaissance, ainsi que les cabinets dont ils faisaient partie. Mais quel a été le nom de cette antique localité? A quelle époque a-t-elle été détruite? C'est ce qu'il est impossible de préciser, et on ne peut émettre, sur ces deux questions, que des conjectures. Il ne paraît pas douteux que cette localité ait été populeuse, industrielle et probablement riche; cependant on se demande aujourd'hui quel fut son nom. L'histoire ne nous en a laissé aucune trace. Les habitants d'Autrécourt prétendent, seulement par tradition, que le nom latin de leur village était Autrium; ne serait-ce point le nom de l'antique localité, auquel on aurait ajouté plus tard la terminaison Curtis, si communément employée dans nos contrées, lorsqu'une humble métairie remplaçait quelque vicus gallo-romain? ou celle de Curia, quand le christianisme s'est établi dans nos contrées, et on en aura fait une demeure presbytérale appelée Autrium curia? Quant à l'époque de sa destruction, il serait impossible de la rechercher, si les médailles trouvées dans le sol ne nous venaient en aide en nous servant de guide, d'une manière sinon positive, du moins approximative; c'est donc sur elles que je m'appuierai pour établir mes conjectures. On n'a découvert jusqu'alors, dans le sol qui composait la localité en question, que je nommerai Autrium, aucune monnaie postérieure à Honorius; ce fait établi, recherchons maintenant par suite de quels événements a dû avoir lieu la destruction d'Autrium. De l'année 552 à 355, époque de l'arrivée du César Julien dans les Gaules, les barbares ravagèrent entièrement le pays, et Autrium fut peut-être du nombre des localités qui, comme tant de villes florissantes, furent ravagées et réduites en cendres'. On pourrait aussi rapporter cette destruction à une nouvelle invasion des Germains dans les Gaules, sous Valentinien Ier, qui les défit près de Scarpone et les força de s'enfuir jusqu'auprès de Châlons-sur-Marne, où était leur principale armée2. Ou bien encore sous Honorius, en 407, à une autre invasion des Germains, plus désastreuse que les précédentes. Enfin, ne peut-on pas plutôt l'attribuer à Attila, le fléau de Dieu, lorsque ce barbare, qui brûlait et saccageait tout sur son passage, prit sa direction par les défilés de l'Argonne, pour se rendre dans les plaines catalauniennes, après avoir partagé son innombrable armée en trois co 1. Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, par Edwart Gibbon, chap. xix. 2. Ibid., chap. xxv. 3. Ibid., chap. xxx. lonnes, vers le 20 avril 451, et s'être mis à la tête de celle qui prit Verdun et traversa l'Argonne ? Honorius a régné jusqu'en 423; de là à l'invasion d'Attila dans les Gaules, en 451, il n'y a que vingt-huit ans ; je crois donc rester dans la vraisemblance en attribuant la ruine d'Autrium à cette dernière invasion de barbares; ce qui coïncide aussi avec la tradition locale'. 4. M. l'abbé Bouillevaux, dans ses Pèlerinages champenois, page 12, attribue aussi la destruction de Perthes, capitale du Perthois, à l'invasion d'Attila. Dom Calmet, en rappelant l'entrée d'Attila dans les Gaules, en 451, lui attribue la prise et le sac de Metz, de Rheims, etc. Moreri dit également qu'en 451, sous prétexte d'attaquer les Visigoths jusque dans l'Aquitaine, Attila, après avoir saccagé Metz, Trêves Tongres, Arras et toutes les villes qui se trouvèrent sur sa route, assiégea Orléans. Paul de Lombardie attribue également une ruine de Scarpone au même roi barbare. DESCRIPTION DES OBJETS ANTIQUES EN BRONZE ET ACIER, TROUVÉS DANS LES RUINES D'AUTRIUM, PARVENUS A MA CONNAISSANCE. (Fig. 1re). Statuette en bronze antique, de 17 centimètres de hauteur, couverte d'une belle patine verte. En 1820, M. Guillaume, receveur des domaines à Autrécourt, a trouvé, en faisant creuser dans un de ses champs, situé sur les ruines de l'antique localité d'Autrium, une figurine en bronze haute de 17 centimètres, couverte d'une magnifique patine verte. Cette statuette, que j'ai examinée très-souvent, est parfaitement conservée; elle représente une divinité antique, Vertumne peut-être, car elle est nue, ne portant sur le corps que l'écharpe de sa pannetière, tel qu'il dut apparaître à Pomone à sa dernière visite. Les cheveux sont assez longs et enroulés; la pannetière, attribut distinctif de sa divinité, et qu'il tenait avec ses deux mains, a disparu entièrement. Cette belle statuette, que M. de Fiennes avait obtenue de M. Guillaume, a fait partie de son cabinet jusqu'à sa mort, arrivée il y a quelques années, époque à laquelle elle a été vendue, avec d'autres objets curieux qu'il possédait, à des marchands d'antiquités de Paris, de Metz ou de Nancy. Un particulier de la même localité avait aussi découvert, dans un de ses champs, un piédouche en bronze fort oxidé, portant un cartouche sur lequel existait une inscription |