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doive nous surprendre; car leur culte était primitivement renfermé dans les monastères qui les avaient canonisés, et ne s'est étendu que progressivement et lentement aux églises voisines. C'est ainsi que saint Sigisbert, roi d'Austrasie, ne fut honoré, pendant bien des siècles, que dans l'abbaye de Saint-Martin-lès-Metz, dont il était fondateur. C'est ainsi que le bienheureux Jean de Vandières n'était vénéré que dans l'abbaye de Gorze, où il remplit les fonctions d'abbé, et n'avait pas même une mémoire dans l'église du lieu de sa naissance. C'est ainsi que le culte de saint Gauzelin, de saint Dié, de saint Gondelbert, de saint Amé et de saint Hidulf fut longtemps inconnu hors des monastères de Bouxières-aux-Dames, de Saint-Dié, de Senones, de Remiremont et de Moyenmoutier.

3o Il y avait bien peu de fêtes au XIIe siècle en comparaison de celles que l'on célèbre aujourd'hui, où il reste un si petit nombre de jours libres.

4o La plupart des saints que l'on fêtait alors étaient des martyrs des premiers siècles; peu ont disparu de la liturgie actuelle, mais beaucoup ont été reportés à d'autres jours ou ont fait place à des saints modernes, en ne conservant qu'une simple mémoire.

5o L'ordo mentionne en leur temps les solennités proprement dites, telles que noël, la circoncision, l'épiphanie, etc. Il rappelle aussi les rogations; mais il passe sous silence (et la chose n'a rien d'étonnant) la trinité, que l'on ne célébrait encore que dans certaines églises, et la fêteDieu, qui fut établie seulement au XIIIe siècle.

6o A ces marques d'antiquité, on en peut joindre une autre, qui fixe à la seconde moitié du xe siècle la rédaction de l'ordo de Vandières. Je veux parler de l'absence de la fête de saint Bernard. Ce grand homme fut canonisé

en 1174 par le pape Alexandre III, et son culte se répandit immédiatement dans toute l'Europe; en sorte que le silence de notre manuscrit démontre qu'il a été exécuté soit avant l'année 1174, soit peu de temps après; car on a bien certainement accueilli avec empressement la fête de saint Bernard dans une contrée qui fut plus d'une fois le théâtre de son zèle apostolique.

NOTE SUR UNE

TROUVAILLE DE MONNAIES

FAITE

PRÈS DE DIEULOUARD,

PAR M. MONNIER.

En labourant un champ provenant d'un bois assez récemment défriché et situé au nord de Dieulouard, la charrue a mis à découvert, dans les premiers jours de septembre 1861, un vase en terre commune, qu'elle brisa, et qui contenait environ 200 pièces de monnaies. Ces pièces, ramassées par différents ouvriers, ont été, à peu près toutes, recueillies par M. Laurent, le directeur du Musée d'Epinal, ou par moi. Cette trouvaille se composait de 130 pièces environ au type dégénéré de Henri-l'Oiseleur, frappées à Verdun, mais à légende illisible et à titre assez bas; et de 70 pièces de monnaies ducales ou épiscopales, en argent fin. La très-grande majorité de ces pièces provient des évêques de Metz et de Verdun; cinq ou six seulement des évêques de Toul; une de l'archevêché de Trèves; quelques-unes sortent des ateliers de Sarrebourg, Epinal,

Remiremont; un petit nombre est trop fruste pour pouvoir être déterminé avec quelque exactitude; enfin une est ducale sûrement, deux le sont peut-être. La trouvaille se décompose donc ainsi :

Pièces de Verdun, au type de Henri....
Épiscopales de Verdun...

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130

22

28

6

6

2

1

4

Si l'on cherche à se rendre compte de l'époque à laquelle ces pièces ont été émises, on trouve les noms et les dates qui suivent :

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Henri de Lorraine, évêque de Toul...................
Brunon, archevêque de Trèves.

1127-1168

1101-1120

Ces pièces ont donc été émises dans la première moitié du xe siècle, et on pourrait rapporter leur enfouissement à la guerre qui eut lieu entre Simon Ier et l'archevêque de Trèves, guerre pendant laquelle eut lieu le siége de Frouard et la bataille qui se livra près de cette ville, à quelques lieues de Dieulouard seulement, en 1136.

*

EXAMEN DES DIFFÉRENTES PIÈCES DE LA TROUVAILLE.

Un fait qui frappe à première vue est la rareté des oboles. Sur quarante-cinq pièces épiscopales que je possède, six au plus peuvent être considérées comme des divisions du denier. Le denier, cependant, et même l'obole, étaient des monnaies beaucoup trop fortes pour les usages journaliers. L'obole représente à peu près notre pièce de 20 centimes, par son volume et son poids; mais l'obole du XIIe siècle avait une puissance quatre ou cinq fois plus grande que notre pièce de 20 centimes, qui, cependant, serait trop forte aujourd'hui pour les achats de peu de valeur. Il est donc permis de supposer qu'il existait une monnaie courante plus faible, trop peu estimée pour mériter d'être enfouie, et que cette monnaie était ces petits bronzes, ce menu billon romain qui avait encore cours. Ces monnaies romaines, qui faisaient la plus grande partie de la circulation sous les Mérovingiens, n'ont jamais été officiellement démonétisées; elles sont restées dans la circulation jusqu'à nos jours, et durent former le billon courant, jusqu'à ce que, usées ou détruites par l'usage, elles furent peu à peu remplacées par les monnaies faibles et de bas aloi, telles que sont, pour nos contrées par exemple, les menues pièces des ducs Jean, Charles II, etc., et les bugnes, les angevïnes de la cité de Metz. Mais on sait que les petits bronzes émis dans les derniers temps de la puissance romaine dans les Gaules étaient excessivement abondants, et on se rend facilement compte de l'impossibilité absolue où se serait trouvé tout gouvernement de déclarer hors de circulation la monnaie la plus nombreuse, la plus usuelle, la plus indispensable. Les Mérovingiens se con

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