tentèrent de fabriquer la monnaie d'or, destinée aux grandes transactions, et à fixer les rapports financiers des populations avec l'Etat. Charlemagne substitua à l'étalon d'or le denier d'argent fin, pesant en moyenne 1,20 grammes et d'une assez grande valeur pour l'époque; mais, ni lui, ni ses successeurs ne pouvaient songer à détruire la monnaie de cuivre, dont la grande abondance rendit de nouvelles émissions inutiles pendant fort longtemps au moins. Un second fait à remarquer, est la présence des deniers au type dégénéré de Henri-l'Oiseleur, et frappés à Verdun. Ce fait prouve que ces pièces n'ont pas cessé d'entrer dans la circulatien depuis 925 jusqu'au commencement du XIe siècle. Notre trouvaille confirme ce que j'en avais avancé dans mon Mémoire sur les ducs bénéficiaires', à savoir que ces monnaies étaient émises par les ducs d'abord, et, après la séparation du Barrois d'avec la HauteLorraine, par les comtes de Bar. C'est l'évêque Albéron ou Adalbéron qui, vers 1132, fit cesser ce monnayage. Les comtes de Bar se prétendaient Voués de Verdun, et, à ce titre, usaient du droit de monnayage, et en usaient, comme les faits le montrent, simultanément avec les évêques. Cette prétention à la vouerie ou au comté de Verdun, l'usage des droits que ce titre emportait, avaient donné lieu à plus d'une difficulté entre les comtes et les évêques. Vers 1120, le comte Renaud avait introduit de vive force l'évêque Henri dans la ville de Verdun, et bâti ou reconstruit une tour connue sous le nom de Tour du Voué. C'est de cette tour que, très-probablement, partaient les deniers. de bas alois dont nous nous occupons. On lit dans Dom Calmet (t. 11, col. 115) que l'évêque Albéron s'empara par 1. Inséré. 、 surprise de cette tour, et la fit raser, et que les évêques > ses prédécesseurs faisaient fabriquer dans leur ville une » monnaie à leur coin, qui avait cours dans tout leur › diocèse. Les malheurs des temps ou l'avarice des officiers › des évêques avaient apporté une grande altération dans le » métal qu'on y employait, ce qui était cause que les étrangers ne voulaient pas recevoir la monnaie de Verdun. Le peuple fit sur cela des remontrances au prélat, » et lui fit entendre le préjudice que ce mauvais alliage › apportait à son commerce. Adalbéron, sans consulter » son intérêt, fit porter toute cette mauvaise monnaie au › billon, défendit qu'on en frappât davantage, etc. » Sans nous arrêter au mot billon, d'où il semblerait résulter qu'outre les deniers, les évêques émettaient du billon, nous remarquons qu'Albéron fit fondre toutes les mauvaises monnaies et en défendit la fabrication ultérieure. Il le pouvait, étant maître absolu dans Verdun, et assez puissant pour remettre, peu de temps après, l'administration du comté à quatre notables bourgeois (Dom Calmet, t. II., col. 119). Mais s'il fit fondre les mauvaises monnaies cela veut-il dire que ce fut bien celles au nom de ses prédécesseurs? Je pense qu'ici il y a une erreur dans le récit du savant abbé de Senones. Une trouvaille assez récente nous a fait connaître, en effet, les monnaies de Thierry et de Richer. Celle de Dieulouard nous donne les deniers de Henri et d'Albéron. Or, nous pouvons affirmer que la monnaie de ces derniers, comme celle d'ailleurs, de Thierry et de Richer, est d'un métal fin et d'un bon poids, qu'elles sont pour le moins égales à celle des évêques de Toul et de Metz, et qu'ici Dom Calmet donne un peu cours à son imagination. Laurent de Liége, qn'il cite, dit simplement, en effet, «per quindecim annos quibus præsul sedet plebi> culæ suæ ita pepercerit, ut percussuram propri; nu mismatis, depravatam, mox post primum annum depo» suerit; ce qui signifie seulement qu'il fit cesser le monnayage dépravé, l'émission de la monnaie de bas aloi à son nom. Les plaintes contre les monnaies verdunoises ne peuvent donc s'appliquer qu'aux monnaies du Voué ou aux mauvaises monnaies qu'à leur exemple, les évêques avaient parfois fait fabriquer à leur profit. Quelle que soit l'interprétation que l'on donne au texte de Dom Calmet, l'année 1132 paraît l'époque finale des deniers au type de Henri-l'Oiseleur. Ils avaient duré pendant deux siècles. Examinons maintenant, en détail, les différentes monnaies de la trouvaille. En premier lieu se présentent, comme nous l'avons dit,. les deniers au type de Henri-l'Oiseleur. Les légendes du droit, qui étaient à l'origine Henricus et Virduni, sont remplacées par des sortes d'I ou de barres verticales entremêlées de points. Au champ de l'avers on lit : cıx en grandes lettres, au lieu de REX. Dans nos pièces, le c est même en grande partie couché sur les deux autres lettres. J'ai publié, il y a peu de temps, dans ma Notice sur les monnaies des ducs bénéficiaires, le dessin de cette monnaie, d'ailleurs assez commune. Les autres monnaies sont : I. Évêques de Verdun. No 2. HENRICVS EPS. Le P barré en signe d'abréviation. Au champ, une croix. R. MARIA VIRGO. Tête voilée, de profil à gauche. Poids: 0,81 (sur une moyenne de cinq pièces), argent fin. Pl. I, fi. 1. 6 |