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La trouvaille de Dieulouard, déjà fort intéressante par les pièces nouvelles qu'elle contenait, a cependant une autre importance encore, qui est d'aider notablement à la classification des monnaies épiscopales de Metz.

Une des difficultés de cette classification consiste dans la répétition des mêmes noms d'évêques qui, pendant 140 années, de 930 à 1070, occupent le siége épiscopal. A Adalberon Ier succède Thierry Ier, puis viennent Adalbéron II, Thierry II, Adalbéron III, suivi peu après d'Adalbéron IV. Taut que l'on n'a eu qu'un petit nombre de monnaies de ces évêques, monnaies éparses dans les collections, on comprend toutes les difficultés que dut amener leur classification. Mais les pièces s'augmentant, et quelques trouvailles permettant de fixer d'une manière précise l'époque de quelques-unes d'entre elles, on est forcé d'arriver à un classement différent à quelques égards de celui adopté dans les deux excellents mémoires de M. de Sauley, auquel on doit d'avoir le premier débrouillé les monnaies messines et vulgarisé leur connaissance.

Je regarde comme hors de doute qu'à partir d'Adalbéron Ier et de son successeur Thierry, le poids et le module vont toujours en diminuant. Je regarde également comme certain qu'à chaque époque et sous chaque évêque le denier conserve le même poids, même avec un changement de type, d'où il suit qu'un denier notablement plus faible a été émis à une époque plus rapprochée de nous que le denier fort. De l'examen de nombreuses pièces, il me paraît également ressortir que les types ont, dans leur va

riation, suivi une marche régulière. Ils se modifient peu à peu, et si une cause que nous ne pouvons apprécier fait introduire un type nouveau, ce type se continuera en se modifiant peu à peu, sans doute, mais cependant de telle façon qu'il fera reconnaitre des épiscopats qui se suivent. Après ces observations préliminaires, je passe à l'examen des pièces épiscopales qui m'occupent'.

Pièces semi-impériales.

I. Adalbéron Ier, 930-964. Sauley. Supp. n° 12.

La monnaie du premier Adalbéron n'est pas douteuse. Elle porte le nom de l'empereur Otton autour de la croix, et un temple avec le nom épiscopal. Ce sont exactement les types de la monnaie impériale telle qu'elle se fabriquait de son temps à Metz, avec le nom de l'évêque en plus. L'obole du même évêque, aux mêmes types et légendes, est également connue.

II. Thierry Ier, 964-984. Saulcy. Supp. nos 2 à 11.

M. de Saulcy Th. a donné le dessin de dix pièces qui ne peuvent appartenir qu'à Thierry Ier, et pour lesquelles il ne peut rester aussi aucun doute. C'est le poids, le module et le type des deniers d'Adalbéron Ier. Il n'y a guère de changé que le nom de l'évêque. Mais ces monnaies seules

1. Voir sur le même sujet Lelewel, numismatique du moyen âge. II, p. 201 et suiv.

2. J'indique les deux ouvrages de M. de Saulcy (Recherches sur les Monnaies des évêques de Metz), par ses abréviations. Saulcy, Rech. et Saulcy, Supp.

peuvent être rangées sans contestation à son nom. Quant au no 12 du même recueil, qui est frappé à Epinal et qui ne porte pas le nom d'Otton, j'hésite très fort â l'admettre parmi les monnaies de Thierry Ier. J'hésite parce que ce prélat fut un courtisan assidu, ce qui fait penser qu'il ne s'est pas affranchi de l'obligation d'inscrire le nom de l'empereur sur ses monnaies, mais surtout parce que ce denier d'Epinal ne pèse que 1 gr. 06, tandis que les deniers authentiques pèsent de 1 gr. 30 à 1 gr. 60. Je le crois de Thierry II, et peut-être du duc Thierry.

Je n'hésite pas à attribuer à Thierry II les numéros 1 et 2. Saul. Rech., ainsi que le no 13 de son Supp. Le poids, le type et le module ne laissent pas de doute, et d'ailleurs je possède une pièce tout à fait analogue trouvée en Allemagne avec des deniers d'Otton III et de Henri II.

Le numéro 14, Saul. Supp., est de l'époque d'Etienne ou de celle de Thierry III. Le numéro 15 (1. c.) est de l'époque d'Etienne, c'est très probablement une monnaie du voué, du chevalier de Saint-Goëric. Les pièces numéros 16 et 17 ne sont pas épiscopales, peut-être pas messines, malgré la légende. Elles peuvent être considérées comme municipales ou comme des contrefaçons des monnaies municipales.

Pièces purement épiscopales.

III. Adalbéron II, 984-1004. Saul. Supp., no 20, 21, 22.

Avec ce prélat cesse le nom impérial sur la monnaie. Le poids du denier tombe à 1 gr. et 0,80 et le type se modifie. C'est bien encore le temple, mais ce temple est plus étroit, il est à colonnes plutôt qu'à portique; le nom

d'Otton, qui cantonnait la croix, est remplacé par Mettis, et on voit même apparaître la tête, dont l'habitude commence sous les Otton.

Je discuterai plus tard les motifs qui me font rapporter à Adalberon III le type de Saint-Etienne à genoux. Je ferai seulement remarquer que le temple se retrouvera sous Thierry II, ce qui me paraît montrer que jusqu'alors il n'avait pas cessé d'être usité.

IV. Thierry II, 1004-1046. Saulcy. Rech. 1, 2, Supp. 12, 13.

Je range parmi les premières monnaies de Thierry celles où se retrouve un temple. Ce temple diffère de celui d'Adalbéron II en ce qu'il est à dôme arrondi. Sur deux pièces de ma collection on lit: mediomatricum en légende. Sur une pièce de M. de Sauley on lit: Spinal (Voir aussi Rollin, Trouv. de Charmes, pl. II, f. 16). Un second type est celui où il fait dessiner sa tête. Saul. Rech., no 2. C'est encore une imitation d'un denier de son prédécesseur.

Enfin, dans un troisième type, il inscrit le nom de l'atelier en grandes lettres dans le champ. Je possède des pièces à ce type pour Metz, Epinal et Marsal', et enfin une quatrième portant au lieu de nom d'atelier S'-Petrus.

Je considère ce type comme l'un des deniers de cet épiscopat si long et si agité.

Le poids des deniers de Thierry II varie entre 0,80 et 100, comme ceux de son prédécesseur Adalbéron II. C'est cette considération qui me porte à penser que le numéro 12 de M. de Sauley, Supp., pourrait être du même évêque.

1. Cette pièce vient confirmer ce que dit M. de Sauley, Supp., p. 30, sur l'ancienne possession de Marsal par les évêques de Metz.

Il faudrait admettre alors trois types pour Epinal pendant cet épiscopat. Celui au temple à dôme arrondi; celui avec Spinal en grandes lettres, et enfin celui avec un édifice à deux étages, et qui paraît le type imité dans les grands deniers de l'époque d'Etienne, à moins que l'on ne considère le denier comme ducal.

V. Adalbéron III, 1046-1072. Saulcy. Rech., 3, 4, 5, 6 Supp., nos 18, 19, 25, 24, 25 et 26.

J'attribue, comme on le voit, ces deniers avec SaintEtienne à genoux, à l'évêque Adalbéron III. Deux raisons m'y portent, dont la principale est que la trouvaille de Dieulouard prouve qu'il faut donner à Adalbéron IV tous les deniers à tête. Saul. Rech., 9 à 13, etc. D'où il suivrait que si l'on attribue à Adalbéron II ceux où SaintEtienne est à genoux, il n'en resterait aucun pour Adalbéron III.

L'autre raison est que les premiers deniers de Hériman sont tout à fait semblables à ceux que j'attribue à Adalbéron III. (Saul. Rech. 15 et 17). Ce qui montre que ce type était en usage au moment de la nomination de Hériman. Le type du Saint-Etienne à genoux au surplis, persiste après Hériman, pendant l'épiscopat de Poppon.

Les deniers d'Adalbéron III pèsent de 0 gr. 80 à 100. J'en possède sans doute de plus faibles, mais qui sont ou altérés par le frai ou même rognés.

VI. Hériman, 1072-1090. Sauley. Rech. 17, 15. Supp. 65. 2e type. Rech. 14, 16. Supp. 63, 64, 66, 68.

Poppon, 1093-1105. Sauley. Rech. 18. Supp. 74, 75, 76, 77, 78.

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