SUR LA CONDITION FORESTIÈRE DE L'ORLÉANAIS AU MOYEN AGE ET A LA RENAISSANCE PAR M. RENÉ DE MAULDE Ancien élève de l'École des Chartes, Membre de la Société archéologique ORLÉANS HERLUISON, LIBRAIRE-EDITEUR Rue Jeanne-d'Arc Il est d'usage de considérer les bois comme un reste des temps barbares. Les économistes se sont donné le mot pour en prêcher la destruction; les administrateurs des deniers publics ont réclamé l'anéantissement des grandes forêts de l'État; un historien croit avoir tout dit pour caractériser une époque lointaine quand il a proclamé que des bois déserts couvraient tout le pays. L'on convient généralement que la guerre aux bois est la formule dernière de la civilisation. Enfin, ces vieilles idées ont fait leur temps. Enfin des hommes plus éclairés ont élevé la silviculture au niveau des autres sciences. Toutefois un seul de nos infatigables chercheurs l'a jusqu'à présent transportée dans le domaine historique.Sans partager absolument toutes ces appréciations de détail où le doute est si facile, les amis des bois doivent au savant M. Maury, membre de l'Institut, directeur général des Archives, cette reconnaissance singulière de leur avoir le premier résolûment tracé la voie par son remarquable livre des Forêts de la Gaule et de l'ancienne France. Dès lors il a été facile d'apercevoir l'intérêt qui s'attacherait peutêtre à déterminer avec le plus de précision possible la limite de nos anciennes forêts, à examiner quelles causes en ont reculé la frontière ou bien les ont brisées en ilots jetés çà et là dans les champs: quels secours elles ont fournis à l'agriculture: les ressources de chauffage, de construction qu'elles ont offertes: leur rôle stratégique, au temps des guerres même, et pourquoi la passer sous silence? leur influence inspiratrice sur l'esprit des hommes qui allaient méditer à leur ombre, ne voulant, comme saint Bernard, <<< d'autre maître que les hêtres et les chênes. >> Comment le moyen-âge organisa-t-il l'administration, la justice forestiéres? comment comprit-il l'aménagement des coupes et des réserves, les repeuplements et les défrichements? Questions historiques qui ont bien leur intérêt: nulle part on ne sent, on ne voit le passé, le présent, l'avenir enchaînés par une plus intime alliance; car la vie d'un de nos vieux chênes a usé bien des vies d'hommes; nous recueillons directement le fruit et des négligences et des travaux de nos aïeux du quinzième, du seizième siècles, et nous semons ce qu'on récoltera au vingt-et-uniéme, au vingt-deuxième. De même que nous donnons la main à l'avenir, le Moyen-Age nous est encore tout vivant en la personne de ces arbres an |