Pour Ciney, l'on a aussi : Brariatus, Cerialis, Pacus.

Le cimetière de La Motte-le-Comte et celui de Nismes remonteraient aussi, au moins quant à leur origine, avant la fin du IIe siècle, comme le démontrent les produits de Sextus et de Virilis qui y ont été exhumés.

Enfin, si les inductions tirées des sigles de potiers, à raison de la possibilité d'une durée plus ou moins grande de l'industrie dans les mains d'une famille', peuvent paraître manquer encore de précision, on ne refusera pas de reconnaître un degré suffisant de certitude aux marques de tuiliers: si les tuiles au sigle HAMSIT appartiennent au IIe siècle, au plus tard, il est presque évident qu'elles déterminent l'époque de la construction de la villa d'Anthée, comme de tant d'autres, où on les a trouvées, et la reportent fort vraisemblablement aux deux premiers siècles (comme en Hesbaye et OutreMeuse ), pendant l'époque florissante qui comprend les règnes de Trajan, Hadrien, Antonin-Pie et Marc-Aurèle, etc. Ainsi, d'induction en induction, on arrivera peut-être à tirer des sigles figulins, quelques éclaircissements sur la situation de la Belgique sous les Romains.

L'auteur s'est-il trompé? a-t-il été trop loin dans ses conjectures?

Sa justification sera dans ce qu'il a dit et répété ailleurs : mieux vaut pour l'histoire une erreur qu'on puisse réfuter, qu'un silence auquel on ne puisse répondre.

H. SCHUERMANS.

1 Comme cela existe notamment pour les Frontinus, puisque l'on a même

l'indication d'une Frontiniana fabrica.

Bull. des comm, roy, d'art et d'archéol., V, 489; VI, 284.

MONNAIES INÉDITES ET ÉNIGMATIQUES

DU COMTÉ DE NAMUR.

A Monsieur le chanoine Cajot.

Monsieur le Chanoine,

J'ai suivi, avec un vif intérêt, les travaux concernant la numismatique du comté de Namur, que vous avez insérés dans les Annales de la Société archéologique de cette province.

Si je me permets de vous adresser ces lignes, c'est dans le but de faire connaître quelques deniers qui, restés inédits ou inexpliqués jusqu'ici, comblent une lacune importante de la numismatique namuroise. Ces indications vous mettront peut-être à même de compléter la collection de monnaies, déjà si nombreuse et si intéressante, qui est formée par vos soins au local de la Société archéologique.

Il y a dix-sept ans environ, j'ai pu déterminer, au moyen d'un dépôt de monnaies que M. J. Borgnet, secrétaire de la Société, m'a communiqué, le numéraire frappé par Henri

l'Aveugle, comte de Namur, et par deux de ses successeurs immédiats'. Les attributions que j'en ai faites ont été admises par tous les numismates; personne du moins ne les a contestées. C'est encore grâce à un autre dépôt de monnaies, que je suis parvenu à reconnaître le numéraire du prédécesseur immédiat de Henri l'Aveugle et à déterminer plusieurs pièces énigmatiques.

Ce dépôt fut trouvé dans une localité du Condros, circonstance qui me faisait supposer, avec raison, que le numéraire du comté de Namur devait y être représenté. Mon attente ne fut point trompée. Outre les deniers de Henri II, évêque de Liége (1145 à 1164), et de Godefroid-le-Barbu, duc de Lothier (1106 à 1140), j'y reconnus des monnaies de Namur, dont l'âge est parfaitement déterminé par les années des règnes des princes que je viens de citer.

Voici, Monsieur le Chanoine, les pièces que j'attribue aux comtes de Namur :

1o Av. Portail d'église de style byzantin, flanqué de deux tours cylindriques; légende: ...+MM+MM+ '.

Rev. Croix cantonnée de deux globules et de deux perles, et inscrite dans un grènetis; légende semblable à celle de l'avers. (V. pl. ci-jointe, fig. 1.)

2o Av. Portail d'église, semblable à celui du no précédent; légende :

..MAM..

Rev. Croix cantonnée de quatre globules et inscrite dans un grènetis; légende GOD..RIDVS (fig. 2.).

Un autre exemplaire porte au revers: +G..VDs, qui forme encore le mot Godefridus, dont les lettres sont transposées.

2

1 Revue de la Numismatique belge, 1re série, t. VI, p. 56.

* Nous représentons par un M le monogramme figuré sur les monnaies de la planche ci-jointe et qui ressemble assez bien au signe X accosté de deux I.

Celui que j'ai trouvé dans la collection de M. le docteur Dugniolle, à Bruxelles, et qui provient du même dépôt, porte GODFRI........

3o Av. Portail d'église flanqué de deux tours cylindriques, et dont le gable est surmonté d'un grand fleuron; légende : +M+M... M.

Rev. Semblable au no 1 (fig. 3.).

Telles sont les monnaies trouvées dans le Condros et que j'attribue au comté de Namur.

Les légendes du n° 2 ne laissent pas le moindre doute concernant le personnage au nom duquel il fut frappé. Godefroid, comte de Namur (1105 à 1139), est le seul prince qui puisse le revendiquer. Ce point admis, je me permets d'appeler votre attention sur l'analogie qui existe entre les types des nos 1 et 2, analogie tellement évidente, qu'il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de la nier. J'en conclus donc que ces deux monnaies appartiennent au même prince et au même atelier monétaire, et que le caractère м inscrit sur le n° 1 forme le monogramme de Namur, dans lequel on trouve les lettres NAM parfaitement indiquées.

Si, comme je n'en doute pas, ma manière de voir est exacte, il en résulte que les deniers suivants, empreints de pareilles légendes, sont également du comté de Namur.

4o Denier en tous points semblable au no 1, qui ne faisait pas partie du dépôt du Condros. Il en diffère seulement quant aux ornements des contours de la croix (fig. 4.).

5o Av. Portail semblable à celui du no 1, sauf en ce qui concerne les deux perles qui surmontent l'édifice.

Rev. Croix cantonnée de quatre V et inscrite dans un grènetis; légende: +м+м+м... qui, combinée avec le v de la croix, forme NAMV (fig. 5.).

Cette monnaie, que M. J. Borgnet m'avait communiquée il y a quelques années, dans le but de la déterminer,