Imparf. cond. Nŏ saūriens, I saurian. Prétérit. Infinitif. Imparf. cond. Nous serions, Que dze fouisse, etc., Prétérit. . . . Que je fusse, Qu'il fût. Être. Temps comp. Dz'hé oudzē ǎvů, ăů, ču. Temps comp. J'ai eu, T'as ǎvů, etc. (avuio, ital.), etc., etc., Tu as eu, etc., etc. Quelques mots sans suite, cités pour exemples dans le cours de ce préambule, ou entassés par ordre alphabétique dans un vocabulaire, ne sauraient suffire pour donner une juste idée du patois qui fait l'objet de nos recherches, de même que l'on ne connaît pas tout-à-fait une langue par sa syntaxe et par son dictionnaire : il faut étudier les constructions, ses tours; il faut, en un mot, l'entendre parler et la voir écrite. Afin de mettre, autant qu'il est possible, le lecteur à même d'apprécier le rustique jurassien, rassemblons sous ses yeux quelques fragmens de chansons qui soient la naïve expression de la pensée et des sentimens, en plaçant en regard leur traduction littérale. Par celle-ci, une jeune bergère des montagnes de SaintClaude exprime ingénument le désir d'avoir un amant, comme sa sœur aînée, et ses vœux sont couronnés. Cette petite idylle ne manque pas de fraîcheur, quoiqu'elle ne soit pas un modèle de style. Vini cái, pitěl majuton ; Vini, que dze tu carēssa! Que n'é-te berdzi mēgnon, Per que seye ta mětrēssa! Và cùmin ma grand sěraou On gli dět nom ma gněilleta; Mã per mà quin na dělaoй D'etrou tourdz truět pĭtěta! Coŭ pou dări nun bösson, Viens à moi, petit mouton, Caché derrière un buisson, Le couplet suivant, d'une autre chanson montagnarde, n'a rien de gracieux; mais il y respire quelque chose de sauvage et de sombre qui caractérise l'habitant des mêmes. climats. On dzor d'ădĕrri Cudiront se rēdzoi. Tot ền ouna chã. Crůvivån non prà; Et quand dz'iro de coŭtă lašu, Un jour d'automne, Que la neige voulait venir, Tout en une troupe. Les amours du Bressan me semblent passablement bien rendus par la romanceque je vais transcrire on y re connaîtra la bonhomie qui fait son caractère distinctif, et l'on remarquera comme son langage plus efféminé se prête mieux à la tendresse que celui du montagnard. On passera volontiers à une muse villageoise quelques taches. et quelques coups de pinceau donnés de trop dans le portrait d'une Eglé bressanne. Quin dz'ēr'āmō de må Liaudin-na, Drět löŭ mätin à la préliä Lå loŭ pià mëgnon, les mans blincé, En Quand j'étais aimé de ma Claudine, Dès le matin, à la prairie, Elle a le pied mignon, les mains blanches, Elle est réveillée comme une souris, passant de la Bresse aux collines, on passe du mélancolique à l'enjoué, et l'on est sûr que le motif des airs chantés s'y accorde naturellement avec les paroles. En effet la liqueur vermeille semble y colorer le discours, et la gaieté qu'elle inspire y dessiner des scènes grivoises pour les Téniers. Il existe une chanson assez piquante, composée par M. Chevassus, vicaire de Domblans, vers l'an 1783; je n'en rapporterai que dix couplets. C'est un dialogue entre deux commères mécontentes de leurs maris. |