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Parabole de l'Enfant Prodigue en créole de Saint-Domingue, Port-au-Prince.

11. Gnioun hom té gagné dé fils.

12. Plus jeune là dit papa li : Papa, ba moi çà qui pou' moi dans bien ou. Et papa là té partagé io bien là.

13. Pas extrêment long-temps après, plis jeune là dé pitit là io, prend tout cà li té gagné, et quité pays là cỉ là là, pou' allé l'aut' côté loin loin, où ti li gaspillé toute bien li.

14. D'abô li té fini mangé toutes affai' li, grand gout véni dans pays là, et v’là li obligé mendié.

15. Donc li dô sè'vi' gnioun habitant pays là, qui 'voyé li pou' gâ’dé cochons-li n'en z'habitation li.

16. Li té bien vlé mangé çà cochons là io t'a près mangé, pauv' diab', mais pè' sonne pas té vlé bâ li,

17. Li commencé repenti, et li prend songé con çà: Aye, aye, gagne moun' en pile la caye papa-moi, qu'après servi li pou' z'argent et qui pas jamais grand goût, et définitivement mon icit après mouri grand gout.

48. Faut m'allé trouvé papa-moi, et m'a di li; Aye papa, mon connais, mon péché côté bon dié et côté ou.

19. Et m'pas mérité encô, ou hélé moi pitit-ou non; faut ou ga'dez moi tant comme domestique-ou.

20. Don li prend marché, et allé côté papa li; com' li té encô loin cave là, papa li voi li : comme çà fait li d'là peine, li couri ou ti pitite-li, et tien bin li n'en cou pou' bô li.

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21. Et pitite-li di li con çà: Aye papa moi, m'té péché côté bon dié et côté ou, et m'pas mérité encô ou hélé moi pitite-ou.

22. Com' papa li voi çà, li hélé domestiq' li io, et di io pôtez vitement robe là ci là là, qui pis belle passé z'aut' et billez pitite-moi, mettez bague dans doigte-li, et soulié dans pié-li.

23. Couri n'en savanne, prend veau là qui gras passé z'aut' là io, et tuiez li tout suite, pour nous capab fai, bon mangé.

24. Pisq' pitite-moi té mouri, et li reveni, li té pèdi et vlà nous trouvé li. Don toute monde là io prend fai bon mangé.

25. Com' grand frè li quitté sôti dans savanne, veni proche caye là, li tendé bruuie toute monde la io qui après dansé.

26. Li hélé gnioun domestique là io pou' mandé li ça ça té ié.

27. Monde là réponde li: Frè-ou reveni la caye, et papa-ou di nous tuié veau gras là, pace li content, pitite-li tou’né bien pô’tant.

28. Com' li t'endé çà, à force li té en colé li pas té vlé entré caye là, et papa-li sorti pour fai' li entré.

29. Grand frè là di papa-li gagne si long-temps m'après servi ou, ou pas jamais bâ moi nioun cabrite poû moi diverti moi-même avec z'ami-moi io; et a vlà l'aut' pitite-ou, misérab' là qui té mangé toute bien-ou avec drivailleuse là io, veni, ou fait tuier poû' lui veau gras là.

30. Papa là di li: Mon fils; ou sé toujours ou ti moi, et tout à mo gagné li poû' ou.

51. Mais nou té s'obligé fai' çà com' çà poû' frè-ou, pace li té mouri, et li reveni, li té pè' di et nous trouvé li encô.

LIVRE DE RUTH

EN HÉBREU ET EN PATOIS

AUVERGNAT.

PRÉFACE.

L'HISTOIRE de Ruth, Moabite, épouse de Booz, est une si fidèle peinture des mœurs simples et naïves du temps des patriarches, elle nous offre des détails si intéressans sur divers usages politiques et agricoles du peuple Juif, peu après sa transplantation dans la terre de Chanaan, que j'ai cru devoir la joindre à la touchante parabole de l'Enfant prodigue, avec laquelle elle a plus d'un trait de ressemblance. Je l'ai donc mise en patois ou idiome de la paroisse de Chalinargues, canton de Murat, département du Cantal, comme j'avais déjà fait à l'égard de la parabole sous laquelle le Sauveur du monde a représenté avec tant de vérité l'inépuisable miséricorde duTrès-Haut envers le pécheur repentant. J'ai mieux aimé suivre l'original hébreu que la Vulgate latine, ou la version française de Sacy, parce qu'il est toujours avantageux de recourir aux sources, lors même que les ruisseaux qui en découlent n'ont rien perdu de leur pureté primitive. Un autre motif non moins puissant a beaucoup servi à déterminer mon choix : la Société Asiatique, depuis sa naissance, a prodigieusement répandu le goût des langues orientales, par ses encouragemens et par ses exemples. En présentant à la Société royale des Antiquaires de France un morceau

de patois auvergnat, je me suis proposé de lui donner. pour base un morceau écrit dans une des langues qui sont l'objet spécial des travaux de la Société Asiatique. C'est un hommage que je rends tout-à-la-fois aux deux compagnies savantes qui m'ont fait l'honneur de m'admettre parmi leurs membres. Ma traduction conservera le souvenir d'un dialecte qui s'éteint insensiblement; et l'original, imprimé en regard, fournira l'occasion de remonter à un dialecte antique, perdu depuis des siècles, de les comparer ensemble, et de se convaincre qu'ils ne sont pas sans analogie entre eux, quoiqu'on les ait parlés à des distances si éloignées pour le temps et pour le lieu.

Le livre de Ruth, dans l'Ancien Testament, vient ordinairement à la suite du Livre des Juges dont il doit faire partie, suivant quelques écrivains ecclésiastiques, et dont il n'a été séparé que parce qu'il fait un tout complet et qu'il a un objet distinct. D'autres critiques le regardent comme l'ouvrage du biographe de David, et comme une espèce de préambule à la vie de cet illustre prophète. Ainsi donc, de l'avis de tout le monde, cette courte pièce est un épisode de la grande histoire du peuple de Dieu, renfermant la généalogie de David, qu'on n'a pas voulu placer dans l'endroit qu'elle devait naturellement occuper afin de ne pas interrompre le récit, ou qu'on en a détachée pour la publier à part.

Ce livre est généralement attribué à Samuel, parce qu'on y remarque des locutions qui ne se trouvent que dans le premier livre des Rois, dont Samuel est l'auteur jusqu'au chap. 24. Cependant, le célèbre Jahn pense qu'il a été composé sous les derniers rois de Juda. Voici les raisons qu'il allègue à l'appui de son opinion. La généa

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logic de la Famille Royale est une preuve que l'auteur a écrit depuis le règne de David; il n'est pas moins évident qu'il a écrit long-temps après, 1o par la contexture de cette assertion: lorsque les juges régissaient le peuple d'Israël, ce qui semble indiquer un long espace de temps écoulé depuis; 2o par l'explication de l'usage de livrer la sandale ou le soulier, pour assurer le contrat de vente ou d'achat; et par l'oubli du nom du parent d'Elimélech; 3° par les locutions chaldaïques dont le style est semé, ce qui annonce le dernier période du royaume de Juda (1).

Il est impossible de déterminer l'époque à laquelle arriva la famine qui contraignit Elimelech et Noémi, son épouse, de se retirer dans le pays de Moab. Ussérius, mal à propos ce me semble, la place sous Samgar, 120 ans après Josué. Les Rabbins prétendent qu'Elimelech arrêta miraculeusement le soleil, et qu'il occasionna par ce prodige la famine dont les environs de Bethléem furent désolés. Ils disent aussi qu'il était frère de Salmon, père de Noémi. Mais leurs conjectures, sur ce point comme sur bien d'autres, sont marquées au coin de la frivolité et du ridicule.

(1) Etas libri: ex adjectá genealogiá stirpis regia, liquet, auctorem non ante, sed post Duvidem, et quidem recentiori ovo scripsisse; nam 1o præfinitio temporis: quum judices regerent populum Israel, cup. I, vers. 1, arguit, jam longiori ævo regnasse reges; quod 2o etiam prodit explicatio ritús, emtionem et venditionem traditione sandaliorum firmari solitum fuisse, cap. IV, vers. 7, et ignotum nomen propinquioris cognati, qui per aliquis certus, designatur, cap. IV, vers. 1 ; 3° denique haldaica, quibus lingua intermixta est, ultimum saltem regni Juda seculum innuunt. - Introduct., ad lib. Sacr. veteris fæderis, pag. 238.

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