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sanctuaire, attira surtout l'attention des spectateurs : Un grand cercueil de plomb était supporté par trois barres de fer. Les lames latérales s'étant affaissées, le couvercle avait glissé et laissait à découvert le corps du prélat. La crosse, la mitre et tous les ornemens pontificaux dont il avait été revêtu étaient, après plus de 200 ans, très reconnaissables; mais le plus léger contact les réduisait en poussière. On lisait sur la pierre sépulchrale l'inscription suivante :

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Hospitium ossium et cinerum Alphonsi Delbene quondam episcopi Albiensis, ad novissimum diem, faxit Deus ad gloriam. Verumtamen in imagine pertransit homo. Homo vanitati similis factus, dies ejus sicut umbra prætereunt. Obiit anno 1608, die octava februarii. »

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LXXXV. 1608. Alphonse Delbène II, évêque d'Aure, succéda à son oncle, Alphonse Delbène, dont il était le coadjuteur. Il fut sacré le dimanche des Rameaux, 1608, par les évêques de Vabre, de Cahors et par l'évêque de Nicopolis, coadjuteur de l'évêque de Rodez.

Il sacra la même année, l'église des Capucins et partit peu de jours après pour aller prêter entre les mains du Roi le serment de fidélité. A son retour à Albi, il mit fin aux discussions qui existaient entre les Consuls et le chapitre de Ste.-Cécile, au sujet de la garde d'une clef (1). Il la confia aux Consuls, comme celles des autres portes, et termina aussi quelques années plus tard, un procès sur l'imposition des tailles qui durait entre les mêmes parties depuis 180 ans. Ce Prélat s'occupa de l'embellissement de la ville, obtint des état généraux des fonds considérables pour réparer la porte du Pont, la fontaine de Verdusse, construite depuis l'année 1527; et fit planter les ormes qui bordaient les fossés.

Le 31 juin 1612, le duc de Montmorenci, qui témoignait beaucoup d'amitié à l'évêque d'Albi, fit son entrée dans cette ville, en qualité de gouverneur de la province. Le Prélat le reçut, ainsi que toute sa suite, avec magnificence; lui offrit des fêtes qui durèrent trois jours, et c'est à cette occasion qu'il fit établir dans les fossés un jeu de mail et un jeu de paume.

Dans l'assemblée des états du diocèse, en 1615, il fut décidé, sur sa proposition, qu'une somme de 60,000 livres serait employée au siége de Lombers, occupé au nom du vicomte de Panat, par le capitaine de St. Michel. Une somme de 15,000 liv. fut donnée à celui-ci pour évacuer la place.

M. Delbène fit des réformes dans son Église, se constitua en de grandes dépenses pour repousser les attaques des religionnaires et se montra d'abord très-zélé pour le service du Roi. Il fournit au duc d'Angoulême, envoyé dans l'Albigeois pour combattre le duc de Rohan, quatre compagnies; d'autres disent un régiment de mille fantassins.

(1) La clef de la porte de fer de la Travaille:

Plusieurs manuscrits que nous possédons s'accordent à dire qu'il était généreux et libéral. Pour soulager ses diocésains, il admettait à sa table tous les chefs des nombreuses troupes casernées à Albi, pendant le siége de Montauban. Il contribua aux frais du siége de Briatexte, qui dura un mois, et que le duc de Ventadour leva, le 18 septembre 1622, pour se rendre à Montpellier.

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En 1622, l'évêque Delbène assista aux états généraux de la province, tenus à Beaucaire, et honorés de la présence du roi Louis XIII; il s'y fit remarquer par sa libéralité et par ses connaissances étendues dans l'administration des affaires publiques. Le Roi, disent les manuscrits déjà cités, lui donna deux brevets, l'un de gouverneur d'Albi et de lieutenant du Roi en Albigeois, l'autre de conseiller au parlement de Toulouse, à la cour des comptes, aydes et finances de Montpellier, pour y avoir séance et voix délibérative en qualité d'Évesque, desquels il ne se voulut servir, pour ne pas enfreindre les anciens ordres de ces cours, et pour ne pas choquer le duc de Ventadour, qui estait lors lieutenant du Roi en Languedoc.» Le 19 mai 1623, ajoutent les mêmes documents, il confirma définitivement le collége des Jésuites, auxquels il fit donner 3,000 livres de rente pour faire les classes, savoir: 1,500 livres par la ville, et l'autre moitié sur les fonds du diocèse. Il leur promit en outre 1,000 livres de rente en bénéfices pour enseigner la philosophie, et à cet effet il leur concéda le prieuré de St.-Affric, qui appartenait à la manse du chapitre de St.-Salvi.

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» Les Jésuites furent placés dans une ancienne maison ayant appartenu à M. Dalary, et exempte de tailles et de censives. Le chapitre de Ste.-Cécile y ayant quelques fiefs, la ville les remplaça par d'autres dépendances de la maladrerie de St.-Lazare.

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En 1628, il entreprit à ses dépens le siége de la ville de Réalmont, où s'étaient réfugiés les religionnaires. Le prince de Condé fit ce siége, et remit icelle sous l'obéissance du Roi.

» Le crédit qu'il s'était acquis dans la province et particulièrement sur ceux de la religion réformée, fut cause que le Roi le choisit pour commissaire, à l'effet de procéder à la démolition des fortifications de Castres. Il s'acquitta dignement de cette mission, fit acheter par l'assemblée des états diocésains, au prix de 16,000 livres, les canons, armes et munitions de guerre des villes de Castres et de Puylaurens, et fit porter le tout dans la maison de la Besbie, où il établit un arsenal.

» Ses vacations furent taxées à 12,000 livres qu'il donna; savoir: 6,000 livres aux Jésuites et 6,000 livres aux pères Capucins pour leur Eglise.

» Le cardinal duc de Richelieu vint à Albi, le 9 août 1629. L'Évêque lui présenta

un bataillon d'honneur qu'il avait organisé aux frais du diocèse.

» La peste désolait alors le pays. L'Évêque fit distribuer des secours aux villages

infectés et donna cent pistoles au père hermite de St. Guilhem-du-Désert, qui se chargea de désinfecter la ville d'Albi et qui s'en acquitta dignement.

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C'est sur son conseil, que les Consuls d'Albi firent un vœu à la Vierge Marie, dont l'image est à l'église de La Drèche, à laquelle ils donnèrent une lampe d'argent, du prix de 400 livres, pour être allumée à perpétuité aux dépens de la ville, devant ladite image. Pendant la maladie, les Consuls dépensèrent 60,000 livres.

» M. Delbène avait de l'ascendant sur l'esprit du duc de Montmorenci, aimait ses diocésains, en particulier les habitants d'Albi. Il était versé dans la connaissance des affaires publiques, faisait de grandes largesses, ce qui lui attirait grand nombre d'amis, embrassait avec ardeur les intérêts de la province et allait toujours au bien. »

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Créature de la reine mère, Marie de Médicis, auprès de laquelle étaient l'abbé Delbène, son frère, et deux de ses neveux, l'évêque Alphonse Delbène prit parti pour cette princesse et pour Monsieur, duc d'Orléans. Il engagea, dit-on, le duc de Montmorenci à suivre son exemple.

A l'assemblée des états généraux ouverte à Pezenas, le 22 juillet 1632, l'évêque d'Albi, au moment où l'on parlait de la révocation des élus, se leva et déclara qu'il n'était plus question, ni d'élus, ni de commissaires, mais de se joindre au duc de Montmorenci et de lui faire l'octroi ordinaire. Il ajouta qu'il fallait lui donner pouvoir d'assembler les états généraux, toutes les fois qu'il le jugerait convenable. L'archevêque de Narbonne s'étant fortement opposé à l'adoption de cette proposition, fut arrêté et emprisonné. L'évêque Delbène, doyen d'âge, présida alors les états, leur fit prendre une délibération favorable aux intérêts de son parti, et après leur avoir donné sa bénédiction, alla à leur tête porter l'octroi au duc de Montmorenci qui l'accepta, au nom du Roi.

Le parlement de Toulouse, par un arrêt du 13 août 1632, ordonna, pour cause de rébellion, la saisie des revenus de l'évêque d'Albi; mais Delbène, rentré dans sa ville épiscopale, après la séparation des états, chercha à entraîner le habitants dans le parti de Monsieur. Le comte de Moret, fils naturel d'Henri IV, du parti du duc d'Orléans, arriva en toute hâte, et entra dans Albi, pendant la nuit, à la tête de 500 hommes de renfort et de quatre cornettes de cavalerie. Le duc de Schomberg s'avança, avec l'intention de s'emparer de cette ville, mais arrivé à Labastidede-Lévis, il apprit que le comte de Moret s'en était rendu maître. Il recula devant une tentative de siége. L'Évêque alla joindre Monsieur à Lodève, et lui présenta, contre le cardinal de Richelieu, des vers satiriques que celui-ci ne lui pardonna jamais d'avoir publiés.

Albi resta occupé par une partie des troupes du comte de Moret, jusqu'au combat de Castelnaudary. La défaite du duc de Montmorenci changea totalement les esprits. Les habitants d'Albi s'empressèrent de se remettre sous l'obéissance du

Roi, et le 4 septembre 1632, ils chassèrent, avec les secours qu'ils recurent du maréchal de Schomberg, Alphonse Delbène, qui se retira à Florence, où il demeura tout le reste de la vie du cardinal de Richelieu. Ils chassèrent aussi la garnison forte d'environ 500 hommes. Les Jésuites et les Capucins, quoique comblés des bienfaits de ce Prélat, excitèrent le peuple, assure Dom Vaissete, à expulser l'Évêque, et demandèrent sa bibliothèque qui leur fut accordée.

Le maréchal de Schomberg reçut la soumission des habitants d'Albi et les cléfs de cette ville à Castanet. Il ordonna qu'en mémoire de cette soumission, le clergé ferait une procession générale où tous les habitants assisteraient.

Les revenus de l'évêque furent saisis par ordre du Roi. Le parlement de Toulouse ordonna qu'il fût informé contre ce prélat, et, sur la demande du Roi, des commissaires du Pape, chargés d'instruire le procès, le citèrent à leur tribunal. La citation fut signifiée au palais épiscopal et affichée à la porte de la cathédrale. L'évêque de St.-Flour, un des subdélégués du St.-Siége, se rendit deux fois à Albi pour recueillir des informations et dresser la liste des témoins. Une sentence du 19 juillet 1634, déposa Alphonse Delbène de l'évêché, le déclara criminel de lèse-majesté, en le condamnant à des amendes et à des œuvres pies (1).

(1) Jugement prononcé contre M. Delbène II, évêque d'Albi.

Jean-Jaubert de Barrault, archevêque d'Arles et président; Victor de Bouthilier, ancien évêque de Bologne, maintenant coadjuteur de Tours; Charles de Noailles, évêque de St.-Flour, et Achille de Harlay-de-Sansy, évêque de St.-Malo, conseiller du Roi en ses conseils, vu les brefs du Saint-Siége apostolique, les diverses pièces du procès; après avoir invoqué le saint nom de Dieu et qu'il nous est bien et duement apparu par le dire de gens dignes de foi et qui ont été par nous confrontés et répétés sur leurs dépositions, dans lesquelles ils ont été invariables, que le sieur Alph, Delbène, évêque d'Albi, a machiné contre l'état et gouvernement du Roi très-chrétien, notre Sire, et contre la tranquillité et repos d'iceluy, qu'il a, à cette fin, séduit l'esprit et le cœur du duc de Montmorency, gouverneur pour Sa Majesté en la province de Languedoc, et l'a porté, par divers moyens et artifices, à armer contre le Roi; que lui, Delbène, a encore fait soulever la même ville d'Albi, chef-lieu du diocèse, contre le service et fidélité dus à Sa Majesté ; qu'il a mis en icelle garnison soudoyée à ses dépens; qu'il a appelé et reçu le comte de Moret avec grand nombre de cavaliers; qu'il a assemblé ce qu'il a pu de soldats dans ladite ville pour s'y rebeller, et commis quantité d'autres crimes, desquels il apparoit par les actes qui sont au procès, où il n'a rien oublié pour être parfaitement criminel de lèse-majesté, et d'autant que sur toutes ces accusations qui lui ont été signifiées et sur lesquelles lui avons donné temps compétent, soit de se deffendre, soit de nous recuser ou de s'excuser, il a négligé de comparoir.

Nous, commissaires susdits, pénétrés d'une douleur extrême de voir un évêque tombé en de pareils crimes, de l'autorité du Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, et par la puissance apostolique qui nous est ci-dessus donnée, avons déclaré ledit Alph. Delbène, évêque d'Albi, vrai contumax, atteint et convaincu du crime de lèse-majesté. Pour l'expiation duquel crime, suivant les décrets des saints canons, nous l'avons privé à jamais dudis évêché et de tous autres

M. Alphonse Delbène, rentré en France, après la mort du cardinal de Richelieu, s'adressa à l'assemblée générale du clergé, tenue en 1650, et exposa, dans une requête qu'il lui présenta, qu'il avait déclaré, en 1632, au Présidial de Béziers qu'il voulait demeurer fidèle et obéissant au Roi, qu'il ne s'était retiré à Florence que parce qu'il avait été excepté de l'amnistie accordée par sa Majesté, qu'enfin, à son retour en France, ayant demandé le renvoi de l'affaire devant ses juges naturels, l'archevêque de Bourges et ses suffragans, M. de Lude, avait formé opposition à sa demande. L'assemblée du Clergé nomma des commissaires pour reviser le procès, écrivit au Pape pour se plaindre de la sentence rendue contre Alph. Delbène; mais ce Prélat étant mort à Paris, au mois de décembre 1651, l'affaire ne fut pas suivie.

Le Roi ordonna en 1632, sous le pontificat de M. Delbène, la démolition des châteaux de Lombers et des fortifications du Castelviel. Ce dernier château, plusieurs fois rebâti, renfermait de belles statues qui furent transportées au couvent de la Visitation du Bout-du-Pont.

M. Delbène fit des réglements en faveur des pauvres, nous les rapporterons avec les documents.

LXXXVI. — 1635. Gaspard de Daillon du Lude, évêque et comte d'Agen, abbé du Chastelier, ou Castellar, prieur du château de l'Hermitage, seigneur et baron du Monteil, de Jalas et des Fourneaux, était fils du comte François de Daillon du Lude, lieutenant-général du Roi en Auvergne, et de Françoise de Schomberg, sœur du maréchal de France de ce nom. Son père, qui signala sa valeur par des actions d'éclat, dans plusieurs combats et surtout au siége d'Arras, où le Roi se trouvait en personne, reçut des mains de S. M. les titres de duc et pair et de chevalier de ses ordres. Son grand père Guy de Daillon, marié à dame Jacqueline

bénéfices ecclésiastiques quels qu'ils puissent être, lesquels nous déclarons dès ce moment vaccants et impétrables, et l'avons déclaré indigne et inhabile d'en posséder à l'avenir aucun. Et en outre nous déposons, dégradons, dépouillons ledit Alphonse Delbène de la dignité épiscopale, de tout ordre et privilége clérical, et nous disons qu'il doit en être réellement et immédiatement deposé, dégradé et dépouillé, et de plus le condamnons en 2,000 livres tournois, applicables à la fafrique de l'église de Ste.-Cécile d'Albi, 1,500 livres envers l'Hôpital de la même ville, 1,000 livres au grand Couvent des Augustins, et 1,000 livres à l'Hôpital de la Charité de Paris; lesquelles sommes nous voulons être prises sur tous ses biens. Cependant, nous prions et nous conjurons autant qu'il est en nous notre Roi très-chrétien qui marche sur les traces des Rois ses ancêtres et qui se souvient qu'il est le fils aîné de l'église, de vouloir bien traiter avec clémence ledit Alphonse Delbène, revêtu naguère d'une dignité sacrée qui le rendoit le successeur des Apôtres, et trouver bon qu'il demeure dans un monastère pour y pleurer son crime le reste de ses jours, se nourrissant du pain de douleur et de l'eau d'affliction. Donné à Paris, dans le couvent des Augustins, le 19 juillet 1634. Suivent les signatures.

(Traduction conservée dans un registre appartenant au chapitre de Ste.-Cécile.)

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