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tion les détails variés et intéressants pour l'histoire du pays que contiennent, à partir du 13me siècle, les actes nombreux de son administration consulaire.

A diverses époques on s'est occupé d'explorer et d'inventorier les archives de l'hôtel de ville d'Albi. Au dos de chacune des pièces sur parchemin qu'on y trouve, on lit, avec le numéro qui lui était assigné par l'archiviste ou le secrétaire chargé du dépouillement, une analyse succinte, en écriture du 15me siècle, des faits qu'elle renferme. On y remarque aussi des notes qui constatent une exploration postérieure. En 1667, Jean de Doat, président en la chambre des comptes de Navarre, fut député commissaire, par lettres patentes du Roi Louis XIV, pour rechercher les titres concernant les droits de la couronne, ou qui pouvaient servir à l'histoire, dans tous les trésors des chartes et dans toutes les archives des villes, archevêchés, évêchés, abbayes, prieurés, commanderies et autres communautés ecclésiastiques de Guienne, de Languedoc et du pays de Foix, afin de faire faire des extraits des titres qu'il jugerait nécessaires, par Gratian Capot, pris pour greffier, et de les envoyer au garde de la bibliothèque royale, à Paris. Ce travail fut commencé à Albi le 11 octobre 1669 et dura plusieurs années.

On peut, j'en conviens, parcourir en quelques instants les cartulaires des 14me et 15me siècles qui existent à la mairie d'Albi et qui sont écrits avec toute la richesse de la calligraphie de l'époque; mais pour compulser des dossiers volumineux, pour lire, analyser ou transcrire des titres originaux remontant à une haute antiquité et dont l'écriture et le texte présentent des difficultés sans nombre à ceux même qui sont familiers avec ces sortes d'investigations, il faut beaucoup de temps et de persévérance. Malheur à ceux dont l'ambition impatiente veut tout voir et tout faire en un jour! En pareille matière surtout la précipitation est funeste.

J'ai connu tous les dégoûts qui s'attachent à ce genre d'études; je suis parvenu à les surmonter, et je puis, après beaucoup d'efforts et de patience, publier pour Albi les documents que j'ai découverts et qui me paraissent susceptibles d'exciter de l'intérêt. Je n'ai pas

borné mes recherches aux archives de l'hôtel-de-ville: divers dépôts, notamment celui de la Préfecture du Tarn composé presqu'en entier des papiers des anciens établissements religieux, m'ont fourni des titres très importants. Il y a bien des choses à recueillir encore dans cette dernière collection, soit parmi les pièces antérieures à 1790, soit parmi les actes postérieurs à cette époque et relatifs aux événements particuliers qui se sont passés dans l'Albigeois pendant la révolution française. On peut y puiser des aperçus féconds pour cette partie de l'histoire du pays; celui qui voudra y fouiller sera amplement dédommagé de ses efforts et de ses veilles.

Ce que je fais pour Albi, je le ferai aussi pour plus de cinquante communes auxquelles se sont étendues mes recherches, ainsi que le constate, en mentionnant mon travail, le rapport de M. le Ministre de l'Intérieur déjà cité (1). Chaque localité aura son tour. Je choisirai parmi les nombreuses pièces que je possède, laissant de côté les actes insignifiants dans lesquels les Consuls, à une époque assez rapprochée de nous, ont fait un pompeux et inutile étalage d'érudition (2).

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Les documents qui vont suivre se rapportent aux droits seigneu– riaux, aux coutumes et franchises municipales, à la justice, à la police, au commerce, aux écoles publiques, au clergé, etc. Ils

(1) Notices annexées au rapport de M. le ministre de l'intérieur, page 101.

« Un travail d'un grand intérêt a été entrepris dans le département du Tarn pour l'exploration et la mise en ordre des archives communales: un chef de division de la préfecture s'est chargé de visiter et même d'inventorier les archives des communes. Les pièces inédites qui intéressent l'histoire ou l'administration doivent être copiées pour faire partie du dépôt départemental, et en outre le préfet se propose de faire transmettre aux communes des copies des documents déposés aux archives de la préfecture qui peuvent les intéresser. Déjà les titres de plus de cinquante communes auxquelles se rattachent des souvenirs historiques ont été examinés soit sur les lieux, soit à la préfecture, quand on a pu les y faire transporter. On a aussi découvert les titres des priviléges et franchises de plusieurs communes, particulièrement de celles de Cordes, Gaillac, Rabastens, Montmiral, etc. Il y a des actes en langue romane remontant au 12me siècle et des documents curieux relatifs aux premiers Albigeois et aux premières guerres d'hérétiques. Le plus important de ces dépôts est celui d'Albi, dans lequel se trouvent les cartulaires, priviléges et coutumes concernant l'ancienne organisation de la ville, les annales de ses Consuls et les registres des délibérations du conseil municipal depuis le 14me siècle.

(2) Quelques-uns de ces actes sont de véritables chefs-d'œuvre de galimatias.

ont été transcrits d'après les originaux ou des copies authentiques. J'ai été exact jusqu'au scrupule pour conserver l'orthographe et le langage de chaque époque. C'est dans le langage en effet qu'on trouve principalement des restes vivants de l'antiquité, que les progrès de la civilisation attenuent chaque jour. J'ai recueilli avec soin tout ce qui concerne l'ancien idiome du pays; je le consignerai successivement dans cet ouvrage.

Ainsi que je l'ai annoncé, les lettres et titres divers sur les guerres civiles et religieuses dans l'Albigeois formeront un chapitre spécial. Quelques-uns de mes lecteurs eussent désiré sans doute de voir en regard du texte une traduction des chartes écrites en latin ou en roman; mais une traduction de toutes ces pièces exigerait un second volume. Ayant à publier beaucoup plus de documents que je n'en ai annoncé, (ce qui m'obligera à augmenter le nombre des livraisons, sans rien changer toutefois au prix du livre pour les souscripteurs), je me bornerai à donner une courte analyse, en tête de chaque pièce latine ou romane. Cette disposition me mettra à même de publier tous les titres qui retracent les coutumes et les usages de nos ancêtres, et tous ceux où les leçons du passé fortement empreintes pourront être recueillies par des mains habiles qui sauront les transmettre, avec des pages nouvelles, au souvenir de la postérité.

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Le vicomte Roger donne en garde à deux chevaliers le Château-Vieux d'Albi (Le Castelviel) et quelques autres Châteaux forts.

Guillaume Frotier et Paganus, fils de Berengère, déclarent par serment tenir de Roger, vicomte de Béziers, le Château vieux d'Albi et les Forteresses de Tersac, Abirac et Marsac, promettant de les garder, de les remettre au pouvoir du vicomte, dès qu'il en fera la demande, et de combattre pour les recouvrer dans le cas où ses ennemis viendraient à s'en emparer.

Anno christi incarnationis millesimo centesimo septuagesimo septimo, Rege Ludovico regnante, notum sit omnibus hæc audientibus quod ego Guilhelmus Froterii et ego Paganus filius Berengeriæ, juramus tibi Domino Rogerio vicecomiti

:

Bitterrensi, filio Sauræ, videlicet Castrum vetus Albiæ et forcia de Terciaco et de Abiraco et de Marciaco, turres Scilicet et omnia forcia et omnes fortalesas quocumque modo sint in Castro veteri et in aliis forciis vel in antea aliquo modo fuerint Quod quoties enim quod Castrum vetus et alia forcia supradicta per te vel per tuum nuncium vel per tuos nuncios, nocte vel die recipere volueris, statim sine omni mora in tua potestate mittemus, et nullo modo tibi vel tuis, illa, vel aliquas munitiones de illis prohibebimus nec prohibere faciemus. Quod si fuerit homo vel fæmina, vel homines vel fæminæ qui Castrum supradictum, vel aliquam munitionem vel munitiones de illo, tibi extorquere ausi sint vel supradicta forcia vel aliquid de illis, cum illo, vel cum illa, vel cum illis societatem nullomodo habebimus, nisi propter Castrum recuperandum et alia forcia; et si Castrum supradictum vel forcia supradicta recuperare poterimus statim atque........ et occasione in tuo posse illa mittemus, vel cui jusseris sine omni lucro, honore...... quod a te inde non exigemus, sicut superiùs dictum est, ita totum integraliter tenebimus tibi Domino Rogerio et tuis in perpetuum, per hæc sancta quatuor evangelia.

Hujus rei sunt testes : Ramundus de Transona et Petrus Ramundi de alto Pullo Albiæ vicarius, et Guilhelmus Petri Albiæ, et Guilabertus filius Isarni Jordani et Amatus Albiæ et Hugo de Genesto, et Guilhelmus ejus frater et Petrus de Paulinio et Bertrandus de Sancto Dionisio et Ermengaudus Oalrici, atque Ramundus de Mala Falqueria; Bernardus Nortarius Domini Rogerii, jussione omnium supradictorum, scripsit hanc chartam in mense aprili feria secunda.

Extrait le 29 septembre 1670, des archives de la sénéchaussée de Carcassonne, château de la Cité.

(Anciennes archives du Viguier d'Albi, appartenant à M. Gorsse, membre du conseil général du Tarn.)

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Accord entre le Vicomte de Béziers et l'Évêque d'Albi.

Pour terminer un différend qui existait entre eux au sujet de leurs droits respectifs dans la seigneurie d'Albi et ses dépendances, le vicomte et l'évêque choisissent pour arbitres Sicard, vicomte de Lautrec, Frotard Pierre de Brens, Bernard de Boissezon et Doat Alaman, qui rédigent et font accepter aux parties, dans le château de Lombers, en présence de temoins, la transaction qu'on va lire. Cet acte règle les droits de l'évéque et du vicomte et détermine l'étendue de leur juridiction à Albi.

Conoguda causa sia à totz homes presens et endevenidors que plaigz e contrastz era entrel senhor vescomte de Bezers el senhor Bisbe dalbi, sobrels affars de las

senhorias dalbi e dels apartenemens; e de totz aquels contrastz e daquelas demandas quel vescoms davandig fasia al senhor Bisbe davandig, nel senhor Bisbe à lui, so vengutz simplamens en poder de arbitres et am mes ambas las partz per arbitres lo senhor Sicart, vescoms de Lautrec, en Frotard P. de Berencs, en B. de Boissezo, en Doat Alaman, e an fermat las partz en poder daquestz catre, caduns sotz pena de cent marcs dargent, que tot aco que aquels arbitres diran, arbitran ab cossel d'omes savis per dreg, o per fi, o per acordiers, o en calque manieira, els o diran, o fasen dire, an donat plenier poder las partz als arbitres davandigz que aiho tenguda; e si deguna de las partz revocava ad lor dig, o ambas las partz, quels arbitres davandigz poguesso los cent marcs levar daquela part o dambas, et aver poder damermar à lors obs los cent marcs, o donar à la una de las partz à cal se vol que sio; o se deguna de las partz movia ce à lautra, hun temps pausat aquest acordier, daco quels arbitres diran, que cal que premiers o movria dones à lautra dos cents marcs dargent. E sobre aisso li arbitre an ausidas las rasos de las partz, e vistas lors chartas, an fag lor dig ab cossel d'omes savis: que totas las cavalarias quel senhor Bisbe te el vescomte, co que las tenga per laisa, o per almoina, deu tener del senhor Vescomte, o per compra se ni fazia, ne deu far aitals reconoissemens quels cavasiers fasian, à be et à fe. Et an prepausat mais que totas las senhorias del Castelviel dalbi son totas del senhor Vescomte; et en totas las autras dalbi, de fizansas, de sanguias, e de laironicis, e de cogosamens, e de falses pes, et de falsas mesuras, o de leidas panadas o dautras justizias, al Bisbe las doas partz, el Vescoms la tersa. Et an de leida à Nadal : en cascu mercadier que draps tenga, una cana de drap daital quel te, lini o lani, non des millors ni dels pus auls; et en cada taula de cambiadors, dos solz de ramondencs; et en cada taula de sabatier, xII deniers ramondencs; et en cada taula de mersier, una libra de pebre, et en cada banc de maselher trastotas las lengas de las vacas que hom aucira, e de totz los porcs la camba dreita o esquerra sobrel coide; et en cada pancogola, un pa dun denier ramondenc a Nadal; et en cada tavernier un lial de vi; et en cada fabre, una ferradura de caval; et en cada taula de revendedor, una libra daco que ven, sia fromatges o autra causa; et en cada sali, una copa de sal; et en cada obrador de pelicier una folradura de las millors, de loirias o dautras. Et en totas aquestas causas autras qui so, ad Vescoms las doas partz, el Bisbe la tersa. Et el barri del Pueg Amadenc ad Vescoms per ces, sobre vendemias, un vendemiador en cascu ad be, o un lial de vi, can colan. E tot aiso del Pueg Amadenc es tot del senhor Vescoms; e la leida del Pont es tota del Vescoms, e deu tener lo Pont condreg et obrat et els paradors, à vi deniers ramondencs de ces en cada obrador; e tot aiso an pausat li arbitre davandig, en fero far cartas partidas e sageladas ab los sagels del senhor Vescomte, e del Bisbe per maior fermetatz. E tot aiso fo fag el castel de Lombers. Testimonis en Frezols de Lautrec, en Bernatz de la Roca, en Grimaitz, en Frotartz

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