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un habitant d'Albi arrêté dans une autre localité, pour crime ou pour délit, était soustrait à ses juges naturels, un des consuls se transportait sur le lieu de l'arrestation pour sommer le juge ou le bailli de mettre le prévenu à sa disposition.

L'administration des revenus communaux était l'objet de toute leur sollicitude. Ils les employaient de la manière la plus convenable et suivant les besoins de la cité. En 1269, ils n'avaient point encore été assujettis aux taxes royales, et si à cette époque ils votèrent un subside pour la guerre de la Terre-Sainte, ils eurent soin de déclarer que c'était un pur don, et que cette libéralité ne pouvait être un motif pour les obliger, par la suite, à des impositions de cette nature. << Nous sommes, disaient-ils, sujets de l'église et dès-lors exempts de toute servitude » : cùm simus homines ecclesiæ et ab omni liberi servitute. Dans la charte de 1220, l'évêque Gaillaume fait connaître que ni lui, ni ses prédécesseurs n'ont eu à prélever sur les Albigeois aucun des impôts connus sous les noms de quista, tolta et alberga, et que cette coutume sera maintenue, à moins qu'ils n'octroyent eux-même l'impôt de bon gré.

Les ressources de la ville d'Albi en 1362, date du plus ancien budget ou compte de dépenses retrouvé dans ses archives, consistaient en rentes payées par les fermiers de maisons, de propriétés appartenant à la commune, des droits de place, de courtage, de péage du pont, des poids publics, des boucheries; le produit des tailles communales désignées sous les noms de talhs commus, venait accroître ce budget. Les principales dépenses étaient les suivantes : traitements et salaires des employés et des agents des consuls, achat de robes consulaires, réparations des murailles, des chemins, des ponts, frais de corps-de-garde, entretien de la garnison et des sentinelles placées aux tours de St.-Salvi et de Ste.-Cécile. Un trésorier, nommé par les consuls pour l'année de leur consulat, mais qui pouvait être maintenu indéfiniment dans son emploi, recevait les deniers communaux des mains des fermiers ou des préposés à la perception, nommés levadors et ensuite exacteurs, et acquittait les dépenses, sur le vu d'un mandat ou ordre signé par un des consuls. Au renou

vellement des magistrats municipaux, ce comptable présentait son compte divisé d'abord en deux chapitres, recettes et dépenses, presas et mesas. Un bureau, composé de trois commissaires désignés par le conseil général de la commune, avait mission de l'ouïr, d'en vérifier avec soin les recettes et les dépenses, et de l'arrêter définitivement. Le juge de la temporalité ainsi qu'un notaire assistaient ordinairement à cette vérification, afin de spécifier les cas où il y avait lieu à poursuivre le remboursement de certaines sommes avancées par la commune dans l'intérêt du diocèse. Ces comptes furent rendus d'une manière très-régulière à partir de 1395, conformément aux lettres patentes du roi. (1)

Toutes les fois que les consuls étaient obligés de recourir à une imposition, ils convoquaient le conseil général, auquel tous les contribuables devaient être appelés. Le motif de la réunion communiqué, on examinait s'il y avait lieu de voter l'imposition demandée, et dans le cas où la proposition fut accueillie, l'assemblée arrêtait le mode de répartition de la somme imposée. La contribution frappait les personnes, les propriétés et les meubles. Les femmes payaient la moitié de la taxe assignée aux hommes.

Une ordonnance de l'évêque Durand fixa, en 1245 (2), à mille sous raimondains le minimum des tailles communes à imposer annuellement sur la ville, et en autorisa le prélèvement au sou par livre, suivant la coutume de Toulouse et de Montpellier. C'est toujours le peuple et le seigneur qui traitent ensemble. Mais soixante ans plus tard, Bernard de Castanet oblige les habitants à lui payer certains droits pour les ventes, cessions et partages. Cette pièce est publiée avec les documents (3) relatifs aux impôts et aux droits seigneuriaux.

L'impôt, appelé la patz, capitation, fut réglé par une ordonnance de 1316, qui sera également publiée. (4)

Quant à l'impôt qui se prélevait par feux, on n'entendait pas par là une famille ou un ménage, mais bien une valeur en fonds de

(1) Documents et Pièces justificatives No 8. (2) Pièces justificatives No 5. (3) Pièces justificatives No 6. (4) Pièces justificatives N° 7.

terre déterminé à une certaine somme. En 1375 le nombre de feux de la ville d'Albi fut fixé à 247. Les gouverneurs de la Province le réduisirent plusieurs fois à cause des guerres et des maladies qui désolèrent le pays. Les documents feront connaître les autres impôts qui pesaient alors sur les Albigeois. J'y joindrai un budget de 1362, un autre de 1606 approuvé par Henri IV.

Les mesures que l'intérêt du commerce exigeait n'étaient point négligées. Les archives d'Albi possèdent, à cet égard, plusieurs réglements importants. Ce recueil contiendra ceux qui fournissent des détails curieux sur ce qui se pratiquait dans les transactions commerciales, sur les prix des vivres et des denrées, les établissements de foires, les monnaies, les poids de la ville, les enchères, les attributions des courtiers de marchandises, l'entrée des vins étrangers, les réclamations adressées par les consuls à l'assemblé des marchands réunis au port Ste.-Marie, où il est fait mention de la navigation du Tarn, etc. (1)

Le tarif du péage du pont, qu'on appelait las coustumas del pont de Tarn, peut servir à constater l'étendue et l'importance du commerce à Albi, aux 12me et 13me siècles. Il y est fait mention de tous les objets manufacturés à cette époque et en usage dans le pays, des armes employées, des denrées apportées sur les marchés. La houille, (carbo de peira), le pastel, la garance (roia), les chardons, les peaux de cerf, de chevreuil et de daim, y figurent aussi et sont soumis au droit d'octroi. Cet acte, qui au premier coup d'œil, paraît insignifiant, présentera cependant, à celui qui l'examinera avec soin, des indications exactes non-seulement sur le commerce et l'industrie, mais encore sur l'agriculture et plusieurs anciens usages.

Les personnes qui passaient sur le pont ne payaient point de taxe. Les Juifs seuls y étaient tenus: chacun d'eux, de quel âge et de quelle condition qu'il fut, devait donner, pour le passage, douze deniers au préposé.

Les ecclésiastiques, à moins qu'ils ne fussent étrangers, jouissaient d'une faveur qui n'était accordée ni au vicomte d'Albi ni à aucun grand (1) Pièces justificatives No 30 et suivants.

personnage, à negun senhor de paratge. Tout ce qui leur était destiné devait être admis en libre circulation.

Une ordonnance du roi Jean accordait aux Albigeois la permission de chasser le gibier et la bête fauve; ils obtinrent aussi, en 1501, le privilège de la pêche dans la rivière du Tarn.

On appelait officiers des consuls le trésorier-receveur, le notaire qui était chargé de retenir les actes les plus importants du consulat, le secrétaire ou greffier pour écrire les délibérations et la correspondance. Des sergents, des préposés à divers services, et des ouvriers se trouvaient constamment à leurs ordres. Ils étaient tenus au serment d'obéissance et de fidélité.

A partir de 1397, l'évêque Bernard de Castanet les autorisa à avoir des armoiries au lieu d'une croix. Dans leur écusson, conservé jusqu'à nos jours, est figurée une tour d'argent, sur les crénaux de laquelle marche un lion d'or crossé, portant en chef un soleil d'or et une lune d'argent.

Les bourgeois du moyen âge (car le moyen âge ne finit pour la France qu'avec les guerres de religion), eurent aussi un blason à eux. Un des cartulaires de la mairie d'Albi contient, avec quelques portraits bien conservés, les armoiries d'un grand nombre de consuls, nobles ou bourgeois et même marchands. Ces marques distinctives sont des armes parlantes, des allusions au nom : ainsi l'écusson de M. Favier représente des fèves; celui de M. Mas un hameau; pour M. Caldagués, ce sont des cailles; pour M. Galaup, un cheval qui va au galop, etc.

Les consuls nommaient pour la garde de chaque porte un capitaine qui avait le droit de prendre, dans l'intérêt de la ville, les dispositions que commandait le maintien de sa sûreté et de son honneur. Dans les circonstances difficiles tous les habitants faisaient, sous ses ordres, un service dont ils ne pouvaient s'exempter. Placés de distance en distance sur les remparts, ils veillaient pour le repos commun. Des sentinelles salariées faisaient le guet le jour et la nuit aux tours et aux clochers et devaient sonner le tocsin (lo toco sens), en cas d'événement. Durant les guerres de religion du 16me siècle,

on organisa des compagnies qui prirent le titre de milices bourgeoises, et dont les Officiers, choisis par les Consuls, étaient agréés par l'Évêque. Les Capitaines avaient pouvoir d'ordonner l'arrestation de ceux qui refusaient de faire un service commandé, de leur infliger des amendes et même de confisquer leurs biens. Plusieurs fois des querelles s'engagèrent entre cette milice citoyenne et les troupes casernées au palais de l'Évêque. En 1594, le Gouverneur de la Province envoya sur les lieux M. de Montberant et M. d'Ambres pour mettre fin à des désordres de ce genre qui lui avaient été signalés.

Au 13me siècle, époque où dominait l'esprit chevaleresque, chacun avait des armes pour sa défense; mais il n'était permis qu'aux Officiers du Roi et de l'Évêque de paraître armés dans les rues et les lieux publics. On peut voir les noms des armes alors en usage, dans une pièce relative à un combat entre les habitants d'Albi et ceux de Castelnau-de-Lévis (1). La ville avait aussi un attirail de guerre assez considérable.

Quant aux troupes qui devaient marcher pour la défense de la patrie, elles ne pouvaient être levées d'abord sans le consentement de l'Évêque, qui se mettait quelquefois à leur tête. Les hommes du Bout-du-Pont se rangèrent tantôt sous la bannière du Sénéchal de Toulouse, tantôt sous celle du Sénéchal de Carcassonne : ils devaient arriver sous les drapeaux armés et équipés. On trouve à la mairie des pièces sur cet objet qui seront reproduites (2).

L'administration consulaire regardait comme un moyen d'ordre et d'amélioration l'enseignement de la jeunesse. Elle se chargeait de son instruction et appliquait à ce but une partie des ressources communales. Il a paru d'un haut intérêt de recueillir les documents sur cette matière.

Un réglement très-ancien existe sur l'école des arts. Un autre, de 1543, offre des particularités intéressantes sur les écoles publiques (3).

Chaque année, à la St.-Jean d'été, ces écoles, où toutes les

(1) Cette pièce sera publiée avec les documents sur Castelnau-de-Lévis.

(2) Pièces justificatives No 35 et suivants. (3) Pièces justificatives Nos 37 et 38.

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