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Dans celle de 1275, il est fait mention des restitutions par le comte de Toulouse à l'abbé de Gaillac, des propriétés situées près de Rabastens et de Buzet, des redevances perçues pour les moulins du pont, et de l'autorisation donnée à l'abbé d'établir un vivier dans les fossés de la ville au-dessous de celui qu'y possédait le Comte (1). Par l'autre lettre, le roi déclare que son sénéchal d'Albigeois est tenu de reconnaître en son nom, devant le chapitre assemblé, qu'il a reçu en fief de l'abbé et des moines les droits seigneuriaux qui lui sont attribués dans la ville de Gaillac. Il les autorise à tenir dans les villages de Montels et d'Avés deux massiers ayant faculté de porter des massues aux armes de l'abbé et du chapitre, et à les employer comme sergents dans ces localités (2).

Une troisième lettre du Roi Philippe-le-Hardi confirma les ventes faites au même abbé par les clercs Guy de Rey et Gilles Camelin, de diverses rentes sur des biens confisqués à Raymond Bernard et Guillaume de Mareux, habitants de la Bégonie près de Cahuzac, condamnés pour hérésie, de redevances sur les moulins de la Pisse près de Lisle, enfin, la cession d'un revenu annuel de 45 sous, dix deniers tournois, que les officiers du roi percevaient sur divers droits de place au-delà des fossés de la ville.

Pour la concession de ces privilèges, Pierre, abbé, paya, en 1286, mille livres tournois à Philippe de Fontaines, lieutenant du trésorier du Roi, à Toulouse, en présence de Pierre de Pradinas clerc du roi, d'Hugues et Gaillard de Pradinas, de Raymond Rossel prieur de Salvagnac, et de Raymond André, notaire de Gaillac.

Ces abbés avaient des co-seigneurs dans leur juridiction, tels que ceux de Berens ou Brens et de Lauriac. Ils prenaient ordinairement le titre d'abbés par la miséricorde divine, seigneurs en paréage avec le Comte ou avec le Roi de la ville et juridiction de Gaillac; mais ils n'en étaient pas moins soumis à l'élection dont les résultats devaient être approuvés par l'évêque d'Albi.

En 1297, un abbé du nom de Pierre fut excommunié par B. de (1) Voir aussi les documents à la suite de cette notice. (2) Voir les documents.

Castanet, évêque d'Albi, parce qu'il avait négligé de remplir cette formalité. Quelques années auparavant (1259), on avait vu Bernard de Combret, évêque du même diocèse, appuyé des secours de plusieurs gentilshommes, ravager les environs de Gaillac et faire la guerre à l'abbé frère Arnaud, l'inquisiteur, soutenu de son côté par Bertrand le jeune, vicomte de Lautrec, et par Bertrand de Bruniquel que l'évêque fit prisonnier. L'abbé et l'évêque armés d'une massue, la mître en tête et portant leurs habits pontificaux, combattirent chacun à la tête de leur corps d'armée. Alphonse comte de Toulouse, se vit contraint d'intervenir dans ce démêlé et de faire condamner à des amendes tous ceux qui avaient pris part à cette chevauchée. (1) Néanmoins des différents subsistèrent longtemps entre l'évêque d'Albi et l'abbé de Gaillac. Ils ne furent appaisés que sur la sentence du cardinal Pilfort de Rabastens, rendue le 2 novembre 1322, dans le monastère de Candeil. D'après ce compromis le monastère de Gaillac était soumis à la juridiction de l'évêque, l'abbé et les moines lui devaient obéissance, et ils étaient tenus aux droits que le prélat avait coutume de perçevoir sur les églises et les monastères de son diocèse. L'abbé devait se rendre au synode du diocèse où la première place après l'évêque lui était assignée; celui-ci s'engageait à le protéger et à marcher pour le défendre en cas de besoin. Nous avons sous les yeux un acte de 1235, par lequel Durand évêque d'Albi, abandonne à l'abbé l'église de St.-Germain près Montels, moyennant la cession de ses droits sur l'église de Berens.

L'abbaye de St.-Michel fut sécularisée en 1534; la bulle originale a été conservée aux archives de la préfecture. Le pape Paul III, en faisant connaître que son prédécesseur avait statué sur la demande du chapitre, la huitième année de son pontificat, ratifie la décision de Clément VII, qui changeait l'état régulier de l'abbaye, érigeait un abbé séculier avec l'exercice des droits pontificaux et réduisait à 12 le nombre de chanoines dont la collation appartenait au roi. En 1660, le Roi abandonna à l'abbé la collation de (1) La chevauchée avait lieu pour la défense du Seigneur, l'ost pour défendre le pays.

tous canonicats, moyennant la cession de celle des prieurés de Lescure, Cestayrols et St.-Robert des filles.

Les titres de l'abbaye furent brûlés en grande partie, en 1568, lors de la prise de Gaillac par ceux de la religion réformée, de sorte, que les débiteurs refusèrent de payer au monastère les rentes et autres droits auxquels ils étaient tenus envers lui. Sur les plaintes des gens du clergé, le roi Charles IX, ayant pitié de l'extrême désolation qu'ils avaient soufferte durant lesdits troubles, et ne voulant que la misère et injure du temps laissassent sans remède ceux du clergé, ordonna aux sénéchaux de Toulouse et de Carcassonne de faire droit à ces réclamations, toutes les fois qu'elles seraient appuyées sur des preuves. Des arrêts des parlements de Toulouse et de Provence, condamnèrent les consuls et les habitants à faire de nouvelles reconnaissances à l'abbé pour tous leurs biens et propriétés situés dans le territoire de Gaillac, et les obligèrent en même-temps à le reconnaître pour co-seigneur en paréage avec le Roi.

Vers cette époque les revenus de l'abbaye provenant de la dîme des censives et d'autres droits seigneuriaux, (quelques dimaires réservés), étaient affermés à MM. de Paule et Barutel, au prix de 4,500 livres. Ceux-ci devaient en outre payer des pensions de blé et de vin aux religieux du monastère, aux vicaires de St.-Michel, pourvoir à plusieurs nécessités de la maison et lui procurer un médecin, un notaire, un cuisinier, un barbier et un domestique.

L'abbé et le chapitre de Gaillac perçevaient d'abord la dîme au 9e pour plusieurs denrées; plus tard la dime du raisin fut fixée au 12e et celle du chanvre au 11o.

Nous verrons tout à l'heure quels étaient les rapports des abbés de Gaillac avec les juges et les consuls de cette localité.

L'église de St.-Michel dont l'autel fut consacré comme on l'a vu en 972, et dont il subsiste encore quelques gracieux fragments dans les chapelles qui entourent le chœur, dut être détruite, au moins en partie, durant les guerres des Albigeois, car nous retrouvons un acte relatif à sa reconstruction en 1271; l'église de St.-Pierre mentionnée dans le procès-verbal de consécration de la cathé

drale éprouva aussi de grands dommages. Le jour de Ste.-Luce, 1271, tous les habitans de Gaillac assemblés dans l'église de St.-Pierre devant le frère Pons du Puget, de l'ordre des frères Prêcheurs, donnèrent plein pouvoir à cet inquisiteur ainsi qu'aux consuls, assistés de quatorze prud'hommes, de prendre toutes les mesures qu'ils jugeraient nécessaires pour la reconstruction de ces deux églises. Cette pièce mérite d'être conservée (1).

Un autre document que possèdent aussi les archives départementales, prouve que ces deux édifices furent presque entièrement démolis pendant les guerres religieuses du 16° siècle. M. Blanquet vicaire-général de M. Charles de Peyruse, duc d'Escars, abbé de Gaillac, passa un accord le 12 novembre 1591, avec les consuls de cette ville pour la reconstruction de l'église de St.-Michel.

L'église de St.-Pierre dont il est question ci-dessus, fut unie par l'évêque Guillaume de Pierre, en l'année 1172, (2) à l'hôpital St.-André de Gaillac qui prit le titre de commanderie séculière. Fondé dans des temps très reculés, au moyen des secours de la bienfaisance publique, non-seulement pour les pauvres de la localité, mais encore pour tous les étrangers qui y venaient demander asile, cet établissement prit une grande extension, et ses revenus étaient déjà considérables vers la fin du 12e siècle. Il obtint en 1182, des largesses de Guillaume, évêque d'Albi, les églises de Senouilhac, de Boissel et de Caudaval. Il fut démoli en 1381, ainsi que l'église de ce nom, pour que les Anglais ne pussent pas s'en emparer et nuire de là à la ville. Les consuls de Gaillac qui avaient ordonné cette mesure furent excommuniés, et restèrent pendant un an sous le poids de l'excommunication. On travailla alors à la reconstruction du bâtiment, et la ville contribua à la dépense pour de fortes sommes. Les statuts de cette maison furent définitivement arrêtés par M. Guillaume de la Voulte, évêque d'Albi, en l'année 1390, sur la proposition de M. Bertrand de Foucaud, Commandeur, et des consuls de ladite ville représentés par Pierre Abelhou un de leurs collègues.

(1) Voir les documents. (2) Voir les documents.

Ces statuts que nous désirerions pouvoir reproduire ici en entier portent que le commandeur doit être choisi parmi les frères collégiés et élu par eux, de concert avec les consuls auxquels était attribué depuis longtemps ce droit de patronnage. L'élection était soumise à l'approbation de l'évêque. Rien n'indique quel était le nombre de frères, mais il paraît qu'il était considérable et qu'il augmentait ou diminuait suivant que les revenus de l'é– tablissement étaient plus ou moins forts. Des frères et des sœurs veillaient aux soins des pauvres infirmes. Ceux qui étaient valides, s'y rendaient le soir et repartaient le lendemain pour aller mendier. Les biens de l'hôpital étant plutôt la propriété des pauvres que celle des frères collégiés, s'il arrivait que les revenus de la maison ne fussent pas suffisants pour l'entretien des pauvres, le commandeur devait diminuer le nombre de frères, afin d'avoir plus de ressources à sa disposition.

Un article digne de remarque, prescrit au commandeur de recevoir dans l'établissement les orphelins, de donner une nourrice à chaque enfant trouvé qui y sera exposé, et de fournir aux uns et aux autres des moyens d'existence, jusqu'à ce qu'ils pussent se les procurer eux-mêmes. Cet usage, dit le réglement de 1390, était observé déjà depuis long-temps à Gaillac.

Les coutumes de la commanderie sont réglées par des dispositions particulières, l'ordinaire de la vie des frères y est arrêté jour par jour; aujourd'hui c'est un brouet noir qui sert à leur nourriture, demain d'autres aliments dont l'usage pour la plupart est encore conservé. Maintenant que l'histoire est une encyclopédie et qu'il y faut tout faire entrer, nous conseillons à ceux qui voudront écrire la monographie de cette ville, de consulter ce document déposé aux archives départementales. Ils y trouveront des indications curieuses pour les usages de la vie domestique aux 13o et 14° siècle (1).

La commanderie de St.-Pierre et St.-André fut souvent regardée comme un véritable bénéfice et accordée comme tel par l'évêque (1) Voir un extrait de ces réglements à la suite de cette notice.

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