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ENTRÉE A ALBI DE LOUIS, DAUPHIN DE FRANCE.

Le 17 mai 1439, Louis, Dauphin de France, qui monta sur le trône sous le nom de Louis XI, entra à Albi, accompagné de MM. les Évêques de Poitiers, de Beziers, d'Agde, de Clermont-Lodève, du comte de Lomagne, du sénéchal de Rouergue et d'un grand nombre d'autres Seigneurs (1).

Aigri contre son père par les Ducs d'Alençon et de Bourbon, le Dauphin forma un parti nommé la Praguerie. Son père le désarma et lui pardonna. Voici la lettre que Charles VII écrivit pour annoncer cette nouvelle.

α

Charles par la grace de Dieu Roy de France, etc. Savoir faisons que nostre tres cher et tres amé fils le Dauphin de Viennois, et nostre tres cher et tres amé cousin le duc de Bourbon sont venus devers nous en toute humilité et obeissance et les avons mis et reçus en nostre bone grace et tout pardonné. Pourquoy voulons et ordonnons que toute guerre et voye de fait à cause de la division dentre nous et nosdits fils et cousin cessent et que dores en avant ne soient pris nuls prisonniers laboreurs ne autres quelconques, ne bestial, et que lon ne face nulles courses, ne prengue places ou forteresses et ne ranconne blés et ne soient abbatues nulles forteresses es païs de nostre dit cousin de Bourbon et de cy en avant toutes gens de quelque estat quils soient puissent aller et venir securement, faisant leurs besoingnes, sans qu'on leur meface aucunement. Si vous mandons et commandons expressement que ceste presente lettre volonté et ordonnance vous faictes crier et publier solempnement à son de trompe par tous les lieux acostumé à fayre criés et publications en maniere que aucun ne puisse pretendre ignorance et icelle feres sans enfraindre. Le 17° juillet mil et XL et de nostre regne le xviii. Signé: CHARLES. >>

Cette pièce est transcrite sur un des registres de la mairie d'Albi, avec des notes sur l'arrivée du Dauphin et d'autres renseignements dont il sera fait mention.

(1) Registre de la mairie d'Albi.

On trouve dans le même registre, sous la date de 1501, la lettre que nous allons reproduire en entier.

Lettre du Roi, Louis XII, aux consuls d'Albi, pour leur annoncer la conquête du royaume de Naples. (1)

« A nos chers et bien amez les consuls, bourgeois et habitans de nostre ville d'Alby.

«

De par le Roy.

Chers et bien amez vous avez pieça peu savoir et entendre l'emprinse que nous avons faicte pour le recouvrement de nostre royaume de Naples et comme au moys d'avril dernier passé, nous feismes mectre sus nostre armée tant de gens de pie comme de cheval pour avecques les cappitaines et chefs que y desputasmes et ordonnasmes lors executer notre emprinse et combien que puis nagaires nos dits lieutenans et cappitaines nous eussent escript et fait scavoir la forme et maniere de la prinse de la ville et cité de Capoue qui fut par la force et d'assaulx et tous ceulx qui estoient dedans pour la deffence d'icelle prins et tués. Ce neantmoins actendans les nouvelles que ce jourdhuy nous sont venues nous ne vous en avons aucune chose faict scavoir et pour ce que presentement sommes acertentz tant par lettres de nos dits lieutenants que dailleurs que par traité, accord et appoinctement faict avecques Domp Ferderic d'Arragon, les villes et cités de Naples et de Gayete et les Chasteaulx neufs de Loeuf et dudit Gayete sont de ceste heure presente entre nos mains et vraye obeissance et ledit Ferderic avecques ses biens retiré en lisle d'Iscle (Ischia). Nous avons bien voulu vous en escripre et faire participans des bonnes nouvelles que nous en avons eues qui sont telles que aujourdhui tout ce qui nous peult et doit appartenir audit royaume est entre nos mains en aussi bonne et vraye obeissance que nulle autre ville ne cité que ayons en cestuy nostre royaume, reservé ladite ysle d'Iscle, laquelle dedans six moys prochains ledit Domp Ferderic est obligé et tenu nous rendre et la bayler a nos dits lieutenans. Qui est la cotelle, fin et perfection de ladite conqueste, en laquelle Dieu nostre createur nous a fait une très grande et singuliere grace et à luy seul aussi en attribuons la louenge et gloire. Vous priant et neantmoins mandant des nouvelles et graces dessus dites, comme nos bons vrays et loyaulx subjets et que scavons aymer et desirer de tous vos pouvoirs le bien, honneur et prospérité de nous et de nos affaires, de faire telle demonstra

(1) Cette lettre arriva à Albi le 19° jour du mois d'août et fut remise aux consuls par E.ne Le Dieu, hérault d'armes du Roi.

tion de joye que le cas le requiert et par processions, prières et oraisons rendre graces de vos parts à nostre dit créateur de la victoire qu'il luy a pleu nous donner contre ledit Ferderic au recouvrement de nostre royaume et oultre de ce que vous ferez vos debvoirs et la raison, ce nous fera tres agreable plaisir.

Donné à Lyon le vir jour d'aoust.

« Signé : LOYS.

α

:

Et plus bas ROBERTET.

ENTRÉE A ALBI DU ROI ET DE LA REINE DE NAVARRE.

Marguerite de Valois dont le vrai nom était Marguerite d'Angoulème, fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulème et sœur du roi François Ier, fut la princesse la plus accomplie de son siècle et l'ornement de la cour de France par sa beauté, sa douceur, son esprit éclairé et l'élégance exquise de ses manières. Elle se maria, en 1527, à Henri d'Albret, roi de Navarre, dont elle eut un fils mort en bas âge, et Jeanne d'Albret qui fut la mère d'Henri IV. Ces deux Princes vinrent à Albi en 1535. Le procès-verbal de leur entrée est écrit en patois, nous allons en donner une traduction fidèle.

a

• Le samedi, 10me jour du mois de juillet 1535, le roi et la reine de Navarre firent leur entrée en la ville d'Albi. Il faut d'abord noter que la Reine appelée Marguerite, sœur unique du roi de France, entra la première, vers les trois heures du soir. Le Roi n'arriva qu'entre cinq et six heures. Le Viguier d'Albi, le juge de l'Évêque, les Consuls, vêtus de leurs robes consulaires, montant chacun une mule richement harnachée et ornée de grandes housses de drap noir, allèrent au-devant de la Reine, accompagnés de leurs officiers, de docteurs, licenciés, bacheliers, bourgeois, négociants et autres habitants, bien montés, la plupart en robes, marchant dans le plus grand ordre. Ils la rencontrèrent vers l'ormeau de Marchepesol sur le chemin d'Albi à Marsac. La Reine était dans une litière, couverte de velours noir et traînée par deux belles mules portant des housses de velours brodées d'or et d'argent. Deux pages d'honneur montaient les mules, et dans la litière avec la Reine, se trouvait la sénéchale de Poitiers, sa dame d'honneur. A la suite venaient l'évêque de Rodez, des barons, chevaliers ou gentilshommes, ses officiers, et plusieurs dames. Dèsque le Viguier et le juge de la temporalité rencontrèrent la litière de la Reine, elle donna ordre de s'arrêter, reçut les salutations du cortège et écouta avec bienveillance une harangue fort éloquente (prétend le mémoire) prononcée par M. Fabri, licencié et sindic des

Consuls, témoigna beaucoup de satisfaction et dit, après l'avoir entendue, qu'elle saisirait avec empressement l'occasion de faire plaisir et service à la ville et à tous ses habitants, et qu'elle emploîrait volontiers son crédit pour eux auprès du roi de France, son frère. Aussitôt le cortège se remit en marche pour accompagner la Reine, qui passa devant la maladrerie de St.-Jean, se dirigea par le chemin de Sainfons vers le pont de Verdusse, suivit les Lices et entra dans la ville par la porte du Vigan. On ne doit pas négliger de mentionner que, dès que la Reine fut arrivée au lieu appelé le Plo St.-Salvi, on fit jouer, au grand étonnement de la population, les pièces d'artillerie dont les murailles et les boulevards de Verdusse étaient garnis.

• A l'entrée du boulevard du Vigan, on voyait les armes du roi de France avec celles du roi, de la reine de Navarre et de la ville d'Albi; des arcs de triomphe de verdure étaient placés de distance en distance et les rues pavoisées jusqu'à l'église de Ste-Cécile et au palais de l'Évêque, de riches tentures de tapisseries ou de toiles peintes. Quatre consuls, portant un dais de damas cramoisi, semé de fleurs de lis d'or et orné des armes du roi de France, vinrent le placer au-dessus de la litière de la Reine et le soutinrent ainsi, la tête découverte et à pied, jusqu'à la cathédrale, où attendaient des ménestriers jouant merveilleusement du hautbois, ainsi que les trompettes du roi et de la reine de Navarre. Arrivée au premier escalier de l'église, la Reine fit baisser jusqu'à terre sa litière et en sortit avec sa dame d'honneur. M. Pierre de la Porte, chanoine de la cathédrale, à la tête du clergé en chappes de drap d'or, vint lui faire sa harangue et lui présenter à baiser la précieuse relique du bras de Ste.-Cécile. La réception terminée, la Reine monta avec le clergé les marches du grand escalier et alla se prosterner au pied du maître-autel pour assister au Te Deum.

a

Après la cérémonie, le viguier, le juge et les consuls remontèrent à cheval pour aller au-devant du roi de Navarre. M. de Fabri le harangua et reçut du Prince l'assurance qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour être utile et agréable aux habitants d'Albi. On suivit la même route et on observa le même cérémonial que pour l'entrée de la Reine. L'artillerie se fit encore remarquer. Les gentilshommes à la suite du Prince assuraient qu'à Toulouse les décharges d'artillerie n'avaient pas été aussi brillantes (1). Un pavillon de damas violet fut porté par quatre consuls au-dessus de la litière du roi de Navarre, qu'on conduisit ainsi au palais de l'Évêque où l'attendait la Reine. La ville fut illuminée et des torches de cire placées depuis la porte du Vigan jusqu'à l'évêché. Les consuls annoncèrent eux

(1) Nota. Voici de quoi se composait alors l'artillerie de la ville :

1° Cinq fauconneaux de métal.

2o Dix grosses pièces de fer.

3o Quatorze arquebuses à crochet et à main.

mêmes au maître-d'hôtel qu'ils mettaient à la disposition des Princes, du vin blanc à discrétion, deux douzaines de chapons et quatre veaux. Ils offrirent aussi 25 setiers d'avoine pour leurs mules. Ces dons furent acceptés avec reconnaissance. Les Dames d'estat de la ville, invitées le lendemain, dimanche, à assister au petit lever de la Reine, l'accompagnèrent au sermon qui fut prêché par son aumônier dans le chœur de Ste.-Cécile. Le soir elles furent mandées pour lui tenir compagnie ainsi qu'à ses demoiselles. Les consuls rendirent à Henri d'Albret les mêmes devoirs.

Le lundi, le Roi et la Reine partirent pour Rodez, en passant par Combefa. Avant leur départ, les consuls allèrent leur faire la révérence et les accompagnèrent ensuite jusqu'à l'oratoire de l'Arquipeyre, où les princes les saluèrent gracieusement, en leur renouvellant la demande qu'ils leur avaient faite en faveur des religieuses de Fargues.

D'autres documents établissent les dépenses faites par la ville à l'occasion de la réception de ces Princes. On y voit que les pièces d'artillerie de l'évêché furent portées sur les remparts de Verdusse, qu'on emprunta des canons à la ville de Toulouse et qu'on employa 50 livres de grosse poudre fabriquée à Albi, au prix de 3 sous la livre. Le feu de joie (Johannada) couta 6 sous. Les arcs de triomphe occasionnèrent une dépense de 3 livres 6 sous 1 denier, etc.

Les nombreuses pièces annoncées sur les guerres de religion feront l'objet d'un article spécial qui embrassera les quatre arrondissements du département du Tarn.

VOYAGE A ALBI D'ARMAND-JEAN DU PLESSIS, CARDINAL,
DUC DE RICHELIEU.

Après l'édit de paix accordé par Louis XIII aux réformés, une seule ville, Montauban, refusa de se soumettre. Le cardinal de Richelieu, ayant sous ses ordres le maréchal de Bassompierre, se chargea pour la réduire, de conduire l'armée contre elle. Le maréchal prit les devants, et le cardinal ne se mit en route qu'au commencement du mois d'août 1629. Il fit annoncer qu'il arriverait à Albi par le chemin de la montagne, du côté de Lacaune. On travailla en toute

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